te voler quelques baisers (vax)

vanille, elle adore les espaces confinés, en général. s’il existe l’inverse de la claustrophobie, alors c’est vanille tout craché. elle aime la proximité avec jax, les miroirs qui réflechissent leurs deux corps et qui lui renvoient les quatre faces du jeune homme. pas possible de se cacher, de feindre l’indifférence. c’est vrai qu’il y a ce côté un peu glauque de la cabine silencieuse qui grince légèrement dans la nuit, mais la belle n’est pas du genre à avoir la chair de poule pour si peu. elle est contente de rentrer accompagner, ne vous y trompez pas, mais elle n’a jamais peur de rentrer toute seule. non, jamais, en dépit des zonards de son quartier qui la hèlent bien souvent. s’ils veulent lui chercher des noises, qu’ils essayent, elle aussi peut délier sa langue et lancer deux-trois insultes bien placées – seulement par nécessité, jamais pour le plaisir. heureuse que la situation se soit un peu apaisée entre jax et elle, vanille se décale discrètement dans sa direction, s’écartant d’une dizaine de centimètres de la paroi de l’ascenseur pour venir effleurer son bras avec le sien, dans une atmosphère presque trop chaude pour ce petit habitacle. et au moment où elle va pour tourner la tête vers lui, l’ascenseur s’ouvre dans un grand bruit de ferraille rouillé, réveillant tout l’immeuble et mettant les trois voyageurs infortunés aussi mal à l’aise que possible. nouvel arrivant qui ne la ménage pas, prend bien plus de place qu’il n’y en a, et elle est rassurée de se sentir collée à la poitrine de jax, éloignée de cet inconnu qui ne la met pas particulièrement à l’aise. la tension semble remonter à nouveau entre eux deux. les voilà dans la rue, et voilà jax qui se met à parler de la pluie et du beau temps – plus précisément du vent – comme s’il faisait face à une parfaite inconnue. comme si vanille et lui pouvaient ignorer cette attraction qui les électrise presque. il essaye de l’amener sur un sentier moins dangereux et elle le sent, elle le voit se débattre à coups de commentaires anodins et inutiles mais elle n’est pas dupe. elle jette un regard en coin à son pantalon en cheminant en direction de la rue adjacente, où est visiblement garée la voiture du jeune homme – ou peut-être qu’il compte la ramener à pied ? - , et il lui semble apercevoir à nouveau cette bosse si caractéristique du désir masculin. elle peut se tromper, mais son envie est attisée à cette idée. elle a envie de tout envoyer se faire foutre, les faux-semblants, les pertes de temps, les petits jeux et les actes manqués. il paraît qu’il vaut mieux avoir des remords que des regrets. et puis chaque instant passé avec jax vaut deux jours passés avec quelqu’un d’autre, tant leur relation est intense. alors elle balaie ses remarques futiles d’un haussement d’épaule et le saisit impulsivement, presque violemment par le col de sa chemise pour le pousser contre le mur du bâtiment en brique qui fait l’angle de sa rue, plaquant sa bouche contre la sienne pour étouffer les derniers mots qui en sortent. tout ça est tellement con. ils sont en train de se priver de souvenirs inoubliables alors qu’il est si facile d’échanger des caresses langoureuses. l’alchimie a toujours si bien fonctionné entre elle et jax, et elle n’arrive plus à se retenir. elle passe une cuisse contre son entrejambe, la bouche gourmande, se disant que s’il veut la repousser et la planter là, il est libre de le faire. mais elle, elle ne tient plus.

vanille, elle ne jouit pas quand c’est trop rapide, trop dur. elle prend du plaisir quand elle sent que son partenaire cherche à la satisfaire, qu’il se concentre sur elle et non sur son propre orgasme, et jax, il ne fait pas vraiment attention. peut-être bien qu’il lui fait payer son caprice de tout à l’heure – après tout, il l’a accompagnée jusqu’en bas pour rien, avant de remonter. attention, elle adore ce qu’il lui fait, frissonne dans tous les sens, sent le sang lui monter aux joues, mais il lui semble impossible de se relâcher entièrement pour arriver à l’apogée de l’acte. elle le regarde en se demandant s’il n’y a pas un peu d’égoïsme dans cette relation. plus certaine qu’il sera toujours là en cas de besoin. avant, elle n’a jamais eu peur de l’appeler en pleine nuit pour le retrouver, de se pointer chez lui sans prévenir, mais elle a le sentiment qu’il veut mettre des barrières. peut-être à cause de leur discussion précédente. elle attend de savoir ce qu’il a en tête en plongeant son regard lumineux dans le sien, si foncé et dur, se mordille la lèvre alors qu’il ralentit un peu. elle ne va pas s’en plaindre, elle aime quand son partenaire reste… humain. jax semble à la limite entre l’homme et le loup enragé et ça, c’est peut-être un peu trop. non pas qu’il lui fasse peur – jamais – mais elle n’aime pas se sentir objectifiée, vanille. elle le sent songeur alors qu’il ouvre la bouche pour lui répondre. passe une main sur ses omoplates, lui carresse lentement la nuque, passe sa main dans ses cheveux alors qu’elle ne le quitte pas du regard. vanille, elle a toujours l’esprit clair, même en plein acte. incapable de se laisser entièrement aller, et surtout pas ce soir, alors que leur dynamique semble si fragile et forte à la fois. elle en profite pour prendre de grandes inspirations, ralentit les battements de son cœur qui s’affole un peu trop. pas bon, ça. le cœur de vanille, il fatigue déjà bien assez sans que jax ne s’amuse à le faire s’accélerer brusquement. elle ne répond rien, car après tout il n’a rien dit qui l’incite à réagir. s’il veut se murer dans un silence dont seul le temps pourra le sortir, soit. elle lui en laissera autant qu’il veut. elle a l’impression sourde qu’il serait prêt à s’ouvrir s’il se lançait, mais il s’y refuse. elle se retourne, le laisse s’affairer dans son dos, un peu distraite, ses gémissements diminuant lentement alors que ceux de jax s’accentuent. vanille, elle cache son visage dans ses cheveux, qu’il ne voit pas les émotions contraires qui la traversent. crie une ou deux fois de plus pour qu’il ne se doute pas qu’elle n’a plus trop la tête à ça, qu’elle se concentre davantage sur la douceur de sa main dans la sienne que sur ce qui se passe entre ses jambes. qu’elle essaye de se rappeler du contact de sa peau, si ça devait être la dernière fois. jax, il lui fait du mal moralement, ce soir. c’est la première fois qu’ils en arrivent là. mais elle lui pardonne. elle ne cherchera pas à lui faire du mal en retour, elle tient trop à lui pour ça. elle le sent venir dans son dos alors qu’ils se couchent tous les deux sur le lit, haletants, collés l’un à l’autre, bain de sueur et de chaleur qui les laisse pantelants. elle le détaille encore un instant, l’embrasse sur le front. sa décision est prise, c’est fini pour ce soir. elle se détache du garçon en murmurant "je passe à la douche et je te laisse finir ta nuit", un sourire doux se dessine sur son visage et la belle se détourne. elle ne demande jamais si elle peut rester dormir. il ne sait que trop bien le lui dire quand il en a le désir. se dirige vers la salle de bas, encore nue, ses longs cheveux noirs descendant dans son dos jusqu’à ses fesses. qu’il profite de la vue.

vanille, c’est une putain d’éponge. et le pire, c’est qu’elle aime ça. sentir les moindres changements d’humeur de ses interlocuteurs, lire dans l’esprit des gens comme seul un mourant peut le faire. se préparer à mourir, c’est comme un superpouvoir. ça vous rend plus sensible, plus attentif, plus vif. vanille, elle a changé avec cette maladie cardiaque, elle n’a envie que de vérité et d’authenticité. jax, il lui donne tout le contraire. il lui donne un entre-deux insatisfaisant, une ambiguïté frustrante qui ne les rend heureux ni l’un ni l’autre. elle préfèrerait qu’il lui balance à la gueule que non, elle ne l’intéresse pas pour ce qu’elle est. pour ce qu’ils peuvent être. simplement pour son petit boule et ses seins fermes, et leurs baises régulières. elle s’en porterait mieux, pourrait alors se donner entièrement sous ces termes du contrat sans être incertaine de leurs envies. il lui répond et elle se taît, s’éloigne pour se diriger vers la douche, érige un mur entre eux deux. elle aimerait qu’il ne la retienne pas. qu’il reste alangui sur le lit, indifférent comme il l’a peut-être toujours été, finalement. elle tressaille légèrement lorsqu’il lui emboîte le pas, ses phalanges blanchissent imperceptiblement alors que le muscle de sa mâchoire se tend quelques peu. mais vanille, elle n’est pas du genre à repousser quelqu’un qui tente de renouer le dialogue. alors elle prend sur elle, rentre dans la douche rapidement et le regarde à nouveau, souriante. sans l’inviter ni le repousser, laissant l’eau chaude ruisseler dans son dos nu et quelques gouttes se perdre dans les méandres de ses courbes. c’est la première fois que jax la voit nue sans être occupé à lui faire l’amour, debout, immobile. c’est la dernière aussi, peut-être. c’est la première fois que jax la voit sous la lumière crue d’une salle de bain, l’ampoule trop vive éclairant son corps sans lui faire de cadeau. pas grave. s’il doit la trouver moche au grand jour, qu’il y aille. elle est elle-même et n’esquisse pas de mouvement pour fermer le rideau, le laisse la contempler dans son plus simple habit avant de demander, douce et détachée. "tu t’es jamais dit elle m’aime bien mais elle est trop timide pour me le dire ?" simple question, énoncée en le regardant de ses yeux bleu-verts alors qu’elle attrape le savon pour se nettoyer, passant ses mains sous la courbe de ses seins pour en enlever la sueur.