demons within (ézéchiel)

La jambe qui tremble et les phalanges encore écorchées.
Du bleu et du rouge pour couler sous le derme, marquer les mains calleuses.
Le calme balayé pour une question de fierté.
La raison bousillée pour gagner une dernière bataille.
Le loup, il a toujours cherché les ennemis au-delà des dunes. On lui a jamais dit que les pires se cachaient là, à la porte d’à côté - et dans le miroir. Un battement de cils et les souvenirs se déversent sur ses rétines. Le goût du sang est encore là, à lui taquiner les papilles, et ses terminaisons nerveuses vacillent sur des relents de colère. Il n’a jamais été très discipliné, plongeant tête la première dans la plus brutale des violences. Ni fou, ni idiot. Il est juste déjà mort. Il est à terre depuis longtemps, McGrath. Roi sans couronne qui rampe dans les ruelles crasseuses, dans les restes souillés d'un passé faste et clinquant. Tu crois que ta mafia m’fais peur ? Vous pensez avoir assez de cran pour en finir avec moi ? Alors il reste là, immobile tandis que l'autre dégénéré sort son attirail pour le loger sur sa jugulaire. Sourire, une main agrippe le poignet du biker. Il la retire pas, il appuie Lobo ; reste impassible devant la mort, alors que son sang glisse. « Appuie plus fort, connard. » Les principes sont dilués dans un verre de trop. Les mots débordent et font chavirer la raison. Les esprits sont échauffés, pour un regard de travers, une remarque déplacée pour une femme qui n’est même pas là. Ils auront l’temps de réagir avant que tu te vides de ton sang, tu crois ? C’est la guerre que tu veux ? Crois moi, tu l’auras. Faudra pas venir te plaindre des dommages collatéraux, on verra bien qui sortira gagnants.
« T'crois que t'vas réussir à vider ta vessie avant qu'ils vident leur chargeur sur ta gueule ? » Sarcasme de répétition. Sale petit con, le dédain aux coins des lèvres, il n'a peur de rien le loup. « Que j'crève, c'pas un problème. Des McGrath y en a plein mon frère. » Partout, comme de la mauvaise herbe. Vérité distillée dans le sang. Lobo, juste un pion, un de plus.
Souffrance encadrée dans l'entaille du plomb. Il se penche lentement, les pensées emmêlées dans l'agitation du club. Une âme au vent. Des identités chevauchées au creux du palpitant. Mec à la dérive car le mal est réel. Dans chaque coin de la pièce. Dans chaque étincelle de lumière. Le regard perce, défi. « Par contre, toi t'es tout seul ducon. J'dois commencer à t'appeler Rambo ? » Il se moque, bien que d'un coup 'accidentel' il pourrait crever. Mais c'est pas ça qu'il fait Ezéchiel, il se glisse dans son dos. « T'es sérieux là ? Arrêtes t'vas me faire bander. »
Dis a tes clébards de s’tenir tranquilles. D'une main, les chiens se calme. Des Cerbère du chaos, portant leurs armes aiguisées entre les murs du club. Et la lutte infernale d'un vice qui gangrène dans la nuit. Des échanges de poudreuses transformées en bains de sangs. En règlements de comptes criminels. Ils ont l'habitude. Alors personne ne bouge, si ce n'est le loup et le fou, et les derniers mots lui glacent le sang. L'indifférence se brise. j’reviendrai, l’jour où tu t’y attendras le moins. je te rapporterai la tête de saraï, pour que tu chiales pendant que je te trancherai la gorge.
Y a quoi ?
T'as peur qu'on te vole ta proie, Lobo ?
Ou t'as juste peur, pour elle, pour vous ?

@ézéchiel lachance