absence makes the heart grow fonder. // léonard

il est des jours où l'être humain fait des choses stupides. certains, trop stupides, quittent les gens qu'ils aiment par fierté. et d'autres, à l'inverse, tentent de créer des liens par une forme de charité intéressée. en cet instant précis, scarlett allait être une de ces personnes dont la vie change par un détail. une envie passagère, un truc qui prend aux tripes le temps d'une journée, et part aussi vite qu'il est arrivé. ce matin, en se levant, scar avait déjà pris sa décision. d'une voix monotone, elle l'avait annoncé à sa mère : m'man, j'vais l'voir aujourd'hui. elle ne savait pas quand, devait-elle s'y précipiter ? ou attendre que la journée se soit déjà installée ? elle prit la décision de manger avant de se mettre en route. rien de trop copieux, elle avait peur que son estomac ne tienne pas le coup lorsqu'elle se retrouverait face à lui. et là, maintenant qu'elle était devant la porte, une boule coincée au fond de sa gorge, et les larmes lui montant déjà aux yeux, elle sent sa motivation la quitter peu à peu. elle se demandait si c'était une bonne idée. et si elle ouvrait, et qu'il l'envoyait sur les roses ? elle serait certes fixée, mais elle aurait la certitude de ne pas avoir d'autres familles que sa mère. elle avait besoin de cet homme, de le questionner, de savoir ce qu'il s'était passé, de voir dans ses yeux le reflet de son père. mais, où trouver le courage suffisant ? ainsi devant la porte, elle reste les bras le long du corps. incroyablement tendue, comme si elle allait à l'abattoir. et s'il n'était pas seul ? et s'il était au travail ? et s'il lui fermait la porte au nez ? des tas de questions se bousculaient dans son esprit, et aucune n'y trouvait de place définitive. elle avait mal au ventre, l'estomac noué, l'envie de vomir. c'était trop pour elle. son médecin lui disait de ne rien faire de trop alarmant, mais elle se moquait bien de ce que la vue de cet homme pouvait bien provoquer chez elle. elle se devait de venir éclaircir les choses.
elle finit par appuyer sur la sonnette, d'un geste fébrile. le coeur s'accélère alors qu'elle entend des pas se rapprocher. c'est lent. elle a l'impression que les secondes se transforment en minutes, c'est étouffant. jusqu'à ce que la porte s'ouvre d'elle-même, sur un homme dont le visage lui est bien connu. elle balbutie. elle ne sait comment garder une contenance face à lui, alors, comme pour empêcher un silence trop pesant de s'attarder sur eux, elle prend la parole. « bonjour ... je m'appelle scarlett. je ... vous avez quelques minutes à m'accorder ? » les mots ont eu beaucoup de mal à franchir ses lèvres, et ils auront certainement encore du mal à fuser après cela.

un soupir las et lourd s'échappe de tes lèvres. cet appartement semble calme. bien trop calme, au fond, quand on y pense. bien trop, ouai. et tu te surprends à penser qu'il manque la présence d'une certaine personne. mais non. elle t'horripile, la blonde. et t'as certainement pas envie de la voir. tu soupires un peu et te pinces les lèvres. dossier qui n'a rien d'intéressant, dossier qui t'emmerdes au plus au point. t'as pas envie. t'as jamais eu envie. nouveau souffle qui s'échappes, tandis que tu repousses le dossier, presque dédaigneux. tu te mords l'intérieur de la joue et tes doigts glissent contre ton visage, las, tandis que tu attrapes ton portable, traînant un peu plus loin sur le bureau. tu te désintéresses totalement de ce dossier. tu y reviendras sans doute plus tard, pourquoi pas au milieu de la nuit, quand on y pense. tu souffles un peu et te lèves, quittes ce bureau qui abrite sans doute tes plus grands secrets. et une poignet d'argent sale, aussi. tu te pinces brièvement les lèvres en entendant sonner. tu lèves les yeux au ciel, déjà agacé. tu pars ouvrir tout de même, qui sait ? tu fronces les sourcils en te retrouvant face à une gamine. bonjour ... je m'appelle scarlett. je ... vous avez quelques minutes à m'accorder ? tu te pinces très brièvement les lèvres. y'a un truc qui cloche. tu restes silencieux de longues secondes, et ton regard croise celui de la gamine. ce regard qui te semble si familier. et il t'effraie, presque, en même temps. je suppose. tu réponds finalement, en te décalant un peu pour la laisser entrer. tu glisses tes doigts contre ton visage, presque las. pourquoi maintenant ? pourquoi est-ce que le passé te revient en pleine gueule ? tu sais déjà de qui il s'agit, même si elle va sans doute s'expliquer de sa présence ici, t'en sais trop rien. tu refermes la porte. tu veux boire quelque chose ? tu demandes finalement.

elle est impressionnée. se retrouver ainsi face à celui qu'elle avait souvent rêvé de rencontrer, lui provoquait des sensations contradictoires. de la joie. celle d'enfin voir son visage, pouvoir essayer d'y retrouver ses propres traits. peut-être se ressemblaient-ils, scar avait du mal à se faire un avis sur la question. le bonheur d'une page qui s'écrit. depuis petite, elle veut le rencontrer, elle veut pouvoir lui parler, lui demander des explications, savoir enfin les causes de son éloignement. mais, en même temps, beaucoup de négatif dans son esprit. de la peur. celle qu'il lui ferme la porte au visage. après tout, pourquoi il l'écouterait ? elle n'avait rien à lui apporter, à part des souvenirs très douloureux à digérer. alors, le souffle court et l'impression de se rendre dans un abattoirs, elle souffle enfin quelques mots à son intention. à sa réponse, quelque chose se débloque dans le coeur de scarlett. après tout, il avait peut-être plus de temps à perdre qu'elle ne l'avait imaginé. il était un homme très occupé, alors comment le savoir ? le voyant se décaler pour la faire entrer en sa demeure, scar reprend espoir. il semble ne pas avoir envie de l'envoyer sur les roses. la belle marche doucement, pas trop sûre d'elle. lentement, elle regarde autour d'elle, essayant de se situer dans l'espace. elle n'ose pas avancer davantage, préférant attendre que l'homme arrive à sa hauteur, et se laisser guider. elle se racle la gorge, essayant de garder une certaine contenance, et se contente de répondre. « un verre d'eau suffira, merci. » elle avait toujours entendu qu'il était impoli de refuser à boire, alors elle préférait se contenter d'un verre d'eau plutôt qu'un refus net et précis. elle croise ses mains dans son dos, la mâchoire tremblante. « écoutez, je n'veux pas vous prendre trop de votre temps ... » les larmes lui montaient aux yeux, elle essayait de les stopper, refusant de fondre en larmes devant cet homme qui, pour l'instant, n'était qu'un inconnu. mais l'émotion lui bloquait la gorge. « ma mère attendait un enfant au moment de ... » l'accident. mais le mot ne vient pas, il reste bloqué au seuil de ses lèvres.  « je suis votre nièce. »