on a frôlé la vie (cash)

traits de caractère /
y a casey dans cash, y a l'gamin derrière les rictus mauvais. l'gamin qu'est caché par la crasse d'ses vices et d'ses péchés. t'as beau frotter, t'écorcher les mains jusqu'au sang, bah, ça n'part pas. c'est là d'puis trop longtemps, t'vois. casey s'fond dans cash, ou cash s'fond dans casey. il n'sait plus. il s'noie dans ses propres mensonges. qui est l'personnage et qui est l'foutu créateur ? il oscille entre raison et folie.
cash. vipère. monstre d'arrogance et d'égoïsme. branleur diplômé. enflure notoire. les mots, tantôt susurrés, tantôt crachés, comme poison. dealeur de secrets. arracheur de dents. la manipulation dans le sang. charogne qui s'nourrit des péchés et des vices du queens. l'corps toujours en ébullition. enragé. pétales violettes sur fond blafard. un cerveau prodigieux, qui fuse. les chiffres, les cartes, l'pognon, c'est les seules idoles qu'il vénère. drogué à l'adrénaline. à la poursuite de l'extase. il n'vit que quand il goûte au danger.
alors il sombre,
sombre,
encore plus profond,
sans jamais atteindre le fond.
il veut toujours plus,
il lui en faut toujours plus,
juste pour ces quelques secondes d'ivresse.
tornade, il détruit tout sur son passage. pantin désarticulé. brisé. détraqué. un coeur qu'il enterre derrière un sourire inconscient et une attitude provocante. mais il bat toujours, et si ce n'est que sang et chair, p'tain, qu'est-ce que ça fait mal. plus d'réduis d'innocence, mais toujours l'myocarde d'un enfant.

maman, elle d'vait rentrer avec deux beaux bébés, en bonne santé et tout. des filles d'préférence, qui n'chialent pas trop, v'voyez, c'était le plan. p'is elle s'remettrait au travail, son véritable amour. p'is papa il s'rait content parce qu'il aurait enfin un héritier, avec qui il pourrait parler base-ball. mais la vie c'est une sacrée pute, ouais.
maman, elle est rentrée dans la maison trop grande, trop froide, avec qu'un seul bébé. casey. p'tain, elle est morte un peu, elle aussi, là-bas. y avait un éclat dans son regard que son mari n'reverra jamais. y avait ce berceau vide, c'trou dans leurs cœurs, et casey qui n'arrête pas d'brailler. maman, elle est tombée dans une dépression sourde, arrosée d'morphine l'matin et d'antidépresseurs l'soir. papa, lui, il est allé s'consoler sous les jupes d'son assistance. quel cliché. p'is casey, on lui a foutu une nourrice, et maman l'gâtait trop sans pouvoir l'toucher de peur de l'érafler, et papa n'pouvait pas le voir sans s'rappeler de celui qui n'était plus là.
casey c'tait un bon gamin, qu'elle dit, maman, seulement quand elle a trop bu. toujours sage, un gentil garçon, souriant et tout. bien comme il faut, presque parfait, parce qu'il n'était jamais assez, ou toujours trop. mais faut dire qu'elle n'la jamais compris son rejeton. introverti, calme, trop calme, pourtant ça fuse dans sa caboche. intelligent, trop intelligent sûrement. il est seul, surtout, atrocement.
l'gamin se réfugie dans les chiffres, tangibles et bien réels. ils sont toujours là, eux, d'une logique implacable. ils ne le déçoit jamais.
il y a un manque, un gouffre, qui l'bouffe, et il n'sait pas d'où ça vient. paraît qu'lorsqu'on vous ampute un membre, vous avez la sensation qu'il est toujours là. casey il s'dit qu'c'est comme s'il avait perdu un bout d'lui.
casey grandit. plus les années défilent, plus maman perd la tête, plus papa n'est là qu'pour faire joli sur les photos. casey s'fait chier. c'toujours pareil, à manhattan. les même gueules, les mêmes esprits étriqués, les même règles à la con, et toujours ce foutu dimanche à l'église, pour faire genre. casey s'ennuie. les gens l'dégoutte. il s'sent vide, malade de l'insignifiance, d'la banalité d'son existence. alors, il commence à boire, à fumer, p'is un jour, il découvre la drogue, les douces d'abord, celles qui vous font doucement planer. p'is quand ça pue vraiment, à la maison, il s'aventure vers les dures, celle qui vous foutent à l'envers. p'is il se sent vraiment vivre, alors qu'il jouit des démons d'minuit. il goûte à la vitesse, aux combats d'rue, aux jeux d'argent. alors, il en veut plus. tout pour crever la monotonie. sentir l'sang bouillir sous son épiderme.
casey s'ennuie. tout est gris. papa l'trouve un jour au pieu avec un mec. papa l'frappe, pas qu'une fois. y a toujours l'souvenir sur son arcade qui n'a jamais cicatrisé. c'tait pas la première - il était habitué à c'que papa éclabousse les murs d'violence -, mais ce fut la dernière. quand il a vu l'regard inexpressif de sa mère, il n'a juste pas pu. p'is il s'est cassé. adieu silencieux. la jambe droite qui boite, quelques côtes fêlées.
casey s'ennuie toujours. il a trouvé une piaule, au queens. il dilapide c'qu'il lui reste de l'argent d'son géniteur. l'vide enfle. c'toujours plus difficile de l'combler. p'is y a trois ans, on l'repère. sûrement qu'sa réputation d'voleur en chemise-cravate le précédait. la bande à pavlo, un réseau d'criminels. ça l'fait vibrer. l'danger. l'adrénaline. viser gros, toujours plus gros. plumer ces pauvres types. inconscient, fou, il s'érafle, s'fracasse la gueule contre le bitume, s'relève, s'frotte toujours à plus grand. il doit d'l'argent à des sales mecs, pas l'genre d'numéro avec qui on plaisante. mais il joue toujours. suicidaire.
et l'vide enfle, enfle,
et parfois il a l'impression qu'il va tomber dedans.