I need your love. (Nikolaï)

✩ I need your love.

Elle ne pourrait pas lui dire la vérité. Même si elle le voulait, elle n’y arriverait pas. Elle aurait trop peur de sa réaction, trop peur aussi qu’il veuille la sortir lui-même des ennuis dans lesquels elle s’est plongée toute seule. Elle s’y refuse, Cassey. Il l’a déjà beaucoup trop souvent sauvée. Il a dépassé son rôle de grand frère avec elle. Depuis qu’elle est née, il prend soin d’elle. C’est précisément ce qu’elle lui dit pour Arya, c’est même pire encore pour elle qui est censée être adulte. Il ne devrait pas s’inquiéter pour elle, il ne devrait pas penser à elle mais seulement à lui. Et peut-être à sa nièce, oui, mais sûrement pas à elle. – Tu as essayé de garder contact avec elle… Et tu avais tes propres problèmes. Tu étais dans une mauvaise passe mais, regarde, tout ce que tu fais encore maintenant pour elle, c’est bien plus que ton dû. Elle ne veut pas qu’il se flagelle lui-même comme il est en train de le faire. Il ne devrait pas être si dur avec  lui-même, il est le meilleur oncle qu’Arya aurait pu espérer avoir. Contrairement à elle qui n’a pas été la mère qu’elle méritait d’avoir. Mais c’est au tour de Nikolaï de la réconforter, ce qui la ferait presque sourire, si elle ne souffrait pas autant de cette situation. – J’ai fait tout ce que je pouvais mais ce n’était visiblement pas assez… laisse-t-elle échapper dans un petit soupir. Mais il a pourtant raison. C’est à eux, à présent, de prouver à la jeune femme à quel point elle est importante pour eux. À quel point ils feraient n’importe quoi pour elle. L’air un peu plus combattif, la jolie blonde acquiesce d’un signe de la tête. – T’as raison. On doit… Regagner sa confiance. Elle sait qu’elle ne doit pas baisser les bras, pas maintenant. Pas au moment où sa fille cherche justement à tester les limites de son amour. Elle doit lui montrer qu’il n’en a aucune. Elle ne sait juste pas combien de temps elle pourra encore tenir. Mais elle sait qu’elle a le soutien de son grand frère, ce qui lui fait un bien fou. Retrouvant un peu de sa légèreté, Cassey n’hésite toutefois pas à le remercier en le taquinant au sujet de son âge. Elle n’est pas bien plus jeune que lui, pourtant, mais elle reste malgré tout sa petite sœur. Et si cela signifie qu’elle peut l’embêter autant qu’elle le veut sans représailles, cela inclue aussi la possibilité qu’il joue au grand frère surprotecteur… À son insu. Elle est stupéfaite, abasourdie même d’entendre Nikolaï lui affirmer qu’il a voulu effrayer d’anciens petits-amis à elle. Elle secoue la tête, sous le choc, qu’il ait pu aller aussi loin. – Mais comment t’as pu faire une chose pareille ? Et si j’étais passée à côté de l’amour de ma vie à cause de tes menaces, hein ? Toujours dans l’extrême, Cassey. Mais, dans son esprit, tout est possible. Elle ne compte pas le nombre de fois où elle s’est demandée pourquoi. Elle sait maintenant pourquoi. Nikolaï, bien sûr, Nikolaï. – Et je me mets en colère si je veux ! rétorque-t-elle, sa lime à ongles toujours pointée sur lui comme pour le menacer alors qu’il lève les mains en signe d’innocence. Et elle conclue, la voix boudeuse. – Oui, bien sûr. Je ne te dirai plus jamais rien sur aucun mec, tu peux rêver. Il peut toujours courir, il ne saura plus jamais rien.  

✩ I need your love.

Il leur faudra du temps. Assurément, ils auront l’un comme l’autre besoin de temps pour retrouver la confiance de la petite Arya. Mais son frère a raison sur une chose : Ils doivent être capables de lui montrer à quel point elle est importante pour eux. Peu importe tous les doutes qu’elle peut avoir, il faut qu’ils lui ôtent cette idée qu’elle ne compte pas pour sa famille de la tête. Et elle se sent un peu mieux finalement, Cassey, d’avoir pu se confier sur le sujet avec lui. Il est toujours de bon conseil. Elle avait presque oublié à quel point avec la distance. Mais il a peut-être beaucoup de qualités, Nikolaï, il a aussi un sacré défaut dont elle ne pourra jamais faire abstraction. C’est celui de se mêler de ce qui ne le regarde pas. Elle est abasourdie d’apprendre qu’il a pu s’immiscer dans les relations amoureuses qu’elle a pu avoir. Elle se demande combien d’hommes il a pu pousser à fuir, combien l’ont fait. Elle commence même à se dire qu’à force de la surprotéger, il a pu la priver d’une véritable histoire d’amour. Tout ce qu’il trouve à lui dire, c’est que ces hommes n’étaient rien d’autre que des boulets. Elle le fusille du regard. – Et alors ? C’était à moi de décider s’ils me convenaient ou non, pas à toi ! Peut-être qu’elle allait droit dans le mur avec eux. Quand bien même, c’était son problème. Grand frère ou non, il ne peut pas prendre de telles décisions au sujet de la vie de la blondinette. Elle lui en veut à mort, oui, mais il est loin de la prendre au sérieux. Il se moque même d’elle tandis qu’elle le fixe toujours d’un regard noir. – Je te déteste. Non. Bien sûr que non. Mais il est certain qu’elle lui en veut pour cette histoire. Elle va lui en vouloir longtemps. Et elle se promet, surtout, de ne jamais le laisser s’immiscer dans sa vie amoureuse. C’est pourquoi, sans hésitation, elle l’informe du fait qu’elle ne lui dira absolument plus rien. Et ce psychopathe ne trouve rien de mieux à lui répondre qu’il pourra parfaitement continuer de s’en mêler, puisqu’il est flic. – T’es un grand malade, toi. Elle fronce les sourcils tout en croisant les mains alors qu’il part à nouveau dans ses travaux comme si rien ne s’était produit. Oh, non, c’est certain. Elle ne le laissera plus se mêler de sa vie. Ah, si elle savait.