I need your love. (Nikolaï)

✩ I need your love.

Aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours pu compter sur Nikolaï plus que sur n’importe qui d’autre. Là où son père n’était pas suffisamment présent, là où sa mère ne la comprenait pas. Là où sa propre sœur était en conflit avec elle. Là où ses petits-amis ont tous fini par l’abandonner. Lui, il a toujours été d’un soutien sans faille. Sans faille, jusqu’à son départ de Los Angeles. Elle ne lui en a jamais voulu, Cassey. Il faisait sa vie, simplement, c’était sûrement mieux pour lui. Mais pas pour elle. Alors qu’il avait toujours été là pour réparer ses conneries, ou même les empêcher, elle se retrouvait brusquement seule. Seule avec une fille en pleine crise d’adolescence, seule avec des milliers de dollars de dettes, seule avec tous ses problèmes. Elle s’en serait mieux sortie s’il avait été là, c’est certain, mais jamais elle ne lui en parlera. Elle refuse qu’il culpabilise d’avoir uniquement pris sa vie en mains. Mais elle est heureuse, malgré tout, de sentir qu’il est tout aussi heureux qu’elle de retrouver leur relation. À la différence près qu’il y a une chose pour laquelle elle ne lui demandera pas son aide. – J’aurais toujours besoin de toi, Nik’. lui assure-t-elle sans l’ombre d’une hésitation, tendre sourire sur les lèvres. Elle sait que, quelque part, il en a besoin lui aussi. C’est peut-être pour cette raison qu’elle s’est toujours sentie autant en sécurité avec lui. Il a besoin d’elle, presque autant qu’elle a besoin de lui. C’est ce qui renforce, aussi, incontestablement leur complicité, leur relation tout entière. Ils se complètent quelque part. Pourtant, le jeune homme lui affirme qu’ils sont exactement pareils. Mais elle ne voit pas pourquoi, Cassey. Pas par rapport à leur attitude avec les petits-amis de l’autre, en tout cas. – Je ne sais pas tout ? Comment ça, je ne sais pas tout ? Que ne lui a-t-il pas dit ? Qu’a-t-il pu apprendre de pire que ce qu’elle sait déjà sur ses ex ? À moins que ce soit elle qui ait fait fuir des copines à lui sans le savoir, mais elle en doute. Elle a l’impression qu’il a passé toute sa vie, ou presque, avec Claire. Mais il est avec une autre femme, maintenant, une femme qu’elle ne connaît pas très bien mais dont visiblement, lui non plus, ne sait pas encore tout. – C’est ce qui faut pour te captiver, de toute façon. confirme-t-elle avec un léger sourire. Sourire qui s’agrandit devant sa petite déclaration. Non, elle n’imaginait pas que son avis pouvait vraiment importer. Il lui avait bien fait comprendre que non, d’ailleurs ! Mais elle sait qu’il est heureux qu’elle apprécie la femme qu’il aime. Il vaut mieux pour elle surtout. – Mais j’serais là. Un vrai pot de colle, tellement que t’en auras assez, et elle aussi ! rétorque-t-elle avec un petit rire. Il s’éloigne à nouveau, retournant à ses taches, alors qu’il lui demande ce qu’elle raconte de nouveau. Tout de suite, c’est à son agression qu’elle pense. Celle dont elle a encore une marque bien visible, cachée sous ce petit pull. Mais il est hors de question d’en parler à son frère. – Oh, rien de particulier, tu sais. J’ai une vie calme et ennuyeuse. Il ne va pas la croire si elle en rajoute autant. Alors, elle décide de reprendre la parole finalement. – Avec Arya, c’est toujours compliqué. Elle n’a jamais la même attitude d’une rencontre à l’autre. M’enfin, au moins, elle accepte de me voir.

✩ I need your love.

Il y a toujours eu quelque chose de particulier avec Nikolaï. Quelque chose de plus. Sa personnalité s’est forgée par rapport à celle de son grand frère. Petite fille, elle le suivait partout, constamment, de sorte qu’ils ont adopté un humour similaire et, surtout, une complicité sans faille. Puis, il a toujours été présent pour elle. Lorsqu’elle est tombée enceinte d’Arya, c’est lui qui a été son meilleur soutien. Elle n’y serait pas arrivée sans lui, elle aurait craqué sous toute la pression, elle aurait pu craquer tant de fois. Elle a besoin de lui dans sa vie. C’est peut-être ce qui les rend si proches, finalement, le fait qu’elle se soit toujours autant raccrochée à lui, sans jamais chercher à s’en détacher comme lui, il n’a jamais cessé de veiller sur elle. Et, quelque part, cela la rassure de savoir qu’il sera là, toujours, peu importe ce qui peut lui arriver. – Je le sais. lui dit-elle en toute sobriété, un doux sourire sur les lèvres. Elle est heureuse de l’avoir retrouvé, tellement heureuse. Pour autant, cela signifie aussi qu’il risque de beaucoup trop se mêler de sa vie privée sans qu’elle ne lui demande rien. Déjà, en l’écoutant parler, elle se rend compte qu’il y a visiblement des choses dont elle n’est pas au courant. Elle est intriguée, Cassey. Un peu inquiète, aussi, de savoir ce qu’il a bien pu faire car elle sait qu’il n’a aucune limite.Tout à coup, elle se pose des dizaines de questions. Et elle ne le lâchera pas. Pas avant qu’il ait craché le morceau. – Non, non, non ! Tu me dis tout de suite ce que tu entendais par « tu ne sais pas tout » ! s’exclame-t-elle avec énergie, bien décidée à savoir. Et il la connaît, il se doute bien qu’elle risque de le rendre dingue tant qu’il ne l’aura pas fait. Même si elle sent bien que cela ne va pas beaucoup lui plaire. De son côté, la blondinette ne s’est jamais mêlée de la vie amoureuse de son frère. Par contre, elle l’écoute attentivement lui expliquer tout ce qu’il veut bien lui confier sur celle qui fait battre son cœur. Il a l’air tellement mordu, Nikolaï. Elle lui sourit avec amusement, attendrie par ses paroles, mais préférant plutôt le taquiner. – C’est clair ! Si elle te supporte, toi, elle est parée à tout ! Elle laisse échapper un rire léger. Elle aime trop l’embêter. Mais son sourire disparaît vite quand il commence à la questionner sur sa vie. Il est déjà convaincu qu’elle est beaucoup moins ennuyeuse qu’elle ne le laisse entendre. Mais elle ne rebondit pas, Cassey. Elle ne veut pas qu’il se rende compte de quoi que ce soit. À la place, c’est de sa fille qu’elle décide de lui parler. – Ouais. C’est vrai. Mais elle me manque tellement, Nik’. T’imagines pas... avoue-t-elle dans un soupir. Elle a l’impression de perdre tellement de temps aux côtés d’Arya. Elle n’a jamais supporté de rester en conflit avec les personnes qu’elle aime, Cassey. Elle n’est pas du tout rancunière, sûrement pour cette raison, mais sa fille ne tient pas d’elle sur ce point. Curieuse, elle sort de ses pensées pour demander subitement. – Et toi, tu penses que tu vas faire de moi une tata un jour ?  

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Il ne veut pas lui dire. C’est tellement horrible qu’il ne veut rien lui dire. Sauf qu’il est hors de question qu’elle ne sache pas ce qu’il lui cache, Cassey. Déjà, fouineuse comme elle est, elle ne supporte pas l’idée de ne pas savoir quelque chose. Mais là, en l’occurrence, elle est la principale concernée. Elle saute de son comptoir pour le rejoindre, certainement pas décidée à le laisser tranquille. Il ne va pas s’en sortir si facilement. – Je plaisante pas, Nik’ ! Tu me dis ce que tu me caches tout de suite ! Elle ne le lâchera pas, pas tant qu’il ne lui avouera pas la vérité. Et il aura beau la fuir, elle ne le lâchera pas d’une semelle jusqu’à ce qu’il crache le morceau. Elle est beaucoup inquiète d’ignorer ce qu’il a bien pu faire. Elle le connaît, son frère, il a tendance à la surprotéger. Il a surtout tendance à voir le mal là où il n’est pas. Ou presque. Elle redoute un peu de savoir ce qui l’attend. Mais elle le saura, c’est certain.

La conversation se poursuit néanmoins plus tranquillement entre le frère et la sœur. Entre une chamaillerie et quelques taquineries, ils finissent par parler de celles qui font battre leur cœur. Sa fille, pour Cassey. Sa petite-amie, pour Nikolaï. Les yeux rivés sur lui, elle l’écoute avec plus d’attention que jamais, parce que c’est d’Arya qu’ils sont en train de parler. – J’vois pas de quelle fierté tu parles. Quand on aime quelqu’un, on veut le retrouver, c’est tout. dit-elle dans un soupir. Parce qu’elle n’est pas comme ça, Cassey, elle ne laissera jamais son égo dépasser ses sentiments. Mais elle sait que ce n’est pas le cas de son frangin. Pas le cas non plus, malheureusement, de sa propre fille. Et ça la rend dingue. Elle ne sait pas combien de temps elle va pouvoir supporter cette distance sans péter un câble. Néanmoins, parce qu’elle n’a aucune idée de se laisser envahir par ses idées noires, la belle change complètement de sujet pour revenir sur lui. Si elle n’a pas l’habitude de se mêler de la vie de son grand frère, elle est tout de même heureuse de le voir nager dans le bonheur. Curieuse, aussi, de savoir s’il compte s’arrêter à cette étape ou… Multiplier cet amour par deux. Mais il sa réponse la déçoit, juste un peu. – T’as peut-être envie mais juste peur de ce qui pourrait arriver. Elle ne tourne pas autour du pot, elle parle comme elle le pense, sans trop de délicatesse. Mais elle sait ce qu’il a vécu, elle sait combien il en a souffert. Elle veut juste éviter que ce soit sa peur qui parle pour lui. – Tu devrais y réfléchir… Avant d’être trop vieux pour courir après un bambin. ajoute-t-elle finalement, un petit sourire en coin sur les lèvres, juste pour que l’atmosphère conserve cette légèreté qui leur est propre.

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Mais c’est dingue. Il refuse encore de lui dire ce qu’il lui cache. Et, franchement, elle n’a pas l’habitude qu’il résiste autant à sa curiosité. Elle commence sérieusement à s’inquiéter de ce qu’elle ne sait pas, Cassey. – Mais t’as pas le droit de balancer une info pareille sans rien ajouter ! lâche-t-elle en croisant les bras, visiblement peu satisfaite. Mais il ne prend même pas la peine de répondre. Bien. Elle va attendre le moment propice pour remettre ce sujet sur le tapis, puisqu’il ne lui laisse pas le choix. C’est d’un ton un peu plus boudeur qu’elle envoie balader sa remarque sur la fierté des Warren. Forcément, là, elle lui en veut surtout d’avoir gardé le silence. Mais elle oublie rapidement sa rancœur parce qu’ils sont tout de même en train de parler de sa fille. Et Arya, elle sera toujours plus importante que n’importe quel homme dans sa vie. Elle écoute Nikolaï lui répéter, peut-être pour la millième fois, combien elle se sent abandonnée. Sauf qu’elle sent de plus en plus ce goût d’injustice à force d’entendre ces mots, Cassey. D’autant plus que si elle, elle l’a éloignée, c’était uniquement pour la protéger, bon sang. Mais elle ne le sait pas, sa fille. Pas plus que son frère. Elle part s’appuyer contre le comptoir pour tenter de se contenir. En vain. – Ouais, bref, ça me saoule cette conversation. conclue-t-elle alors, toujours aussi mesurée dans ses propos. Mais elle va finir par péter un câble si elle entend encore une fois dire qu’Arya a besoin de temps pour lui pardonner ce prétendu abandon qui n’en est pas un. Elle est une bombe à retardement, Cassey. Elle pourrait exploser à tout moment alors que ce serait la dernière chose à faire avec sa fille. Mais elle n’a plus envie d’en parler, comme elle l’a laissé entendre. Elle essaie au contraire de détourner totalement le sujet pour arriver sur le couple formé par son frère et Isabella. Elle est curieuse de savoir s’ils envisagent des enfants parce qu’elle connaît cette envie chez lui. Mais, en l’écoutant, elle comprend surtout que c’est sans doute un peu trop tôt encore. – T’es complètement accro, toi. dit-elle avec un sourire amusé sur les lèvres. Parce que clairement, pour que Nikolaï Warren apprenne à se taire et se montre patient pour une femme, c’est qu’il doit être vraiment mordu. Elle ne l’a jamais vu ainsi, Cassey. Elle se met à rire quand il fait le tour de ses qualités avec toute la modestie Warren. – Oui, oui, c’est ça. En tout cas, c’est tout à ton honneur de te montrer patient mais… Si jamais t’en ressens vraiment l’envie un jour, tu devrais essayer au moins de savoir ce qu’elle en penserait. lui conseille-t-elle avec un peu plus de sérieux. Elle attrape sa lime à ongles dans son sac alors qu’à nouveau, il cherche à en savoir plus sur elle. – J’vois pas pourquoi je te dirais quoi que ce soit sur ma vie alors que tu refuses de me dire ce que tu me caches sur, encore, ma vie. dit-elle, avec ce petit air insolent sur le visage. Non, il est hors de question qu’elle lui avoue ne serait-ce que son plat de la veille. C’est qu’elle peut être une vraie peste quand elle veut, Cassey, plus encore avec son grand frère.   

✩ I need your love.

Cela devient de plus en plus dur. Entendre les reproches de sa fille, de sa sœur et, maintenant, de son frère. Elle sait qu’Arya a souffert de ce déménagement brutal à New York. Seulement, c’est elle sa mère. Elle l’a fait pour de bonnes raisons, elle sait lesquelles. Elle a agi comme elle devait le faire pour le bien-être, et surtout pour la sécurité, de sa fille. Mais cela, elle ne peut l’expliquer ni à elle, ni à Nikolaï. Et c’est frustrant, énervant. C’est pourquoi elle préfère écarter complètement cette conversation avant de dire quelque chose qu’elle regretterait assurément. S’il ne rebondit pas à son propre sujet, son grand frère lui confie toutefois se sentir coupable de son côté. Les yeux de la blondinette se relèvent vers lui pour l’écouter. – Ce n’est pas vrai. T’es son oncle, t’as toujours assuré avec elle… Tu pouvais pas… Elle laisse échapper un lourd soupir, puis détourne le regard en reprenant. – T’es pas son père, Nik. Tu ne l’as pas abandonnée, t’étais même pas obligé de faire tout ce que t’as fait pour elle. T’avais le droit de mener un peu ta vie aussi. Elle se rend compte, surtout, qu’Arya a un énorme passif avec l’abandon. Elle, Nikolaï, son petit-ami… Et ça a commencé avec son propre père. Elle doit croire que personne ne s’intéresse vraiment à elle, bordel. – Je crois que… Je crois que je ne lui ai pas donné la sécurité dont elle avait besoin. avoue-t-elle enfin, la voix plus chargée par l’émotion qu’elle ne le voudrait. Et encore, elle ne parle pas du danger dans lequel elle l’a plongé. Non, elle parle de ce sentiment dont tous les enfants ont besoin. Celui de se sentir aimé, entouré, quoi qu’il puisse arriver. Son père absent, c’était à elle de le faire. Et elle a failli, Cassey. Elle essaie d’évacuer la boule qui se forme dans sa gorge. Heureusement, ils en viennent à changer de conversation, et ça lui fait du bien. Elle offre un faible sourire lorsque son interlocuteur lui demande si ses sentiments pour sa petite-amie sont si visibles. Ils le sont, c’est certain, mais c’est une bonne chose. Cela fait longtemps qu’elle ne l’a pas vu ainsi. Elle voudrait que son bonheur soit complet. Lui, contrairement à elle, il ferait un bon parent assurément. Mais il n’a pas l’air aussi sûr qu’elle à ce sujet. Il redoute surtout qu’Isabella ne soit pas du même avis. – Peut-être un peu plus tard alors… Après tout, elle est plus jeune que toi, t’as de la chance. le taquine-t-elle avec un petit rire. Et elle retrouve ce petit air radieux. Se saisissant de sa lime à ongles, elle commence à s’en occuper quand elle entend Nikolaï la relancer au sujet de sa vie privée. Sauf qu’évidemment, elle n’a pas oublié, Cassey. Elle lui fait comprendre qu’il n’obtiendra rien de sa part puisqu’il ne veut rien lui dire non plus. Du chantage ? Elle bat des cils innocemment. – J’vois pas de quoi tu parles. Je te dis simplement que je ne te dirais rien dans ces conditions. affirme-t-elle avec un sourire malicieux. En réalité, elle sait qu’il est curieux, trop pour perdre l’occasion d’en savoir plus. Même s’il ne saura rien. Et, enfin, il crache le morceau. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle ne s’y attendait pas. – Ta façon de penser ? Donc… Tu les menaçais, c’est ça ? Elle entrouvre les lèvres de stupeur le temps que l’information remonte dans son cerveau. Elle finit par sauter du comptoir, la lime à ongles toujours dans sa main qu’elle pointe vers lui, l’air accusateur. – T’es en train de me dire que t’as sorti de MA VIE MES PETITS-AMIS ?! Mais t’es complètement dingue, t’as fait ça combien de fois ? Elle ne veut même pas l’imaginer. Des petits-amis, elle en a eu plein. Pas de quoi faire sa vie avec eux, pas de quoi tomber amoureuse d’eux. Mais… Merde, il est dingue. Son frère est dingue, y’a pas d’autre explication.