mirage (alma)

T’enfonce le casque sur ton crâne, la boucle que tu fermes sous ton menton, a califourchon sur l’engin, les vibrations qui secoue tout ton corps. La nuit est déjà bien entamée quand tu la bécane dans un rugissement métallique, un écho imparfait qui rencontre les murs avoisinants. Un tour de poignet et tu quittes déjà le trottoir, laissant un léger nuage de fumer derrière toi. La ville danse encore, les samedis soir enflammés de ces âmes en peine de but, d’amour ou juste de sensations. Tu passes devant plusieurs bars, devant plusieurs clubs, croise des groupes euphoriques qui oublient bien vite que le cours de leur vie minable reprendra au petit matin. Tu traverses la ville, à toute vitesse, oubliant les règles de sécurité routière, te fichant bien des lois et des règles. Tu l’aimes cette sensation de conquérant, l’adrénaline qui coulent dans tes veines, ces impressions de liberté, et encore plus ce sentiment de contrôle qui te satisfait. tu traverses les quartiers, les uns après les autres, gare l’engin derrière le club « 33 », te défont rapidement de tes affaires. T’apprécie tout particulièrement de terminer tes nuits ici, constater les recettes de la veille, veiller à ce que tout soit parfait, régler comme du papier à musique, comme tu l’as décidé. C’est toi qui donnes les ordres ici, qui gère le personnel d’une main de fer. Tu croises quelques-uns de tes employées, en salut quelques-uns avant d’être absorbé par la vision miraculeuse qui passe l’entrée du club, la chevelure brune indomptée qui tombe en cascade sur un corps divinement parfait. Bam, touché en plein cœur tu en perds le fil de ta conversation, les minutes qui coule comme du miel, les ralentis quand elle passe à ta hauteur, son regard qui effleure le tien dans une oreillarde bien trop furtive. Tu la veux, tu l’auras. C’est décider, gamin capricieux tu feras tout pour qu’elle soit tien ce soir, qu’elle se donne à toi. T’observe le corps et la démarche chaloupée qui s’éloigne, te tourne rapidement vers le bar, claque des doigts pour que l’on te prépare deux coupes de champagne. Tu connais ce genre de fille, pour en avoir connu quelques-unes, pour les connaitre encore, les pratiquer souvent. Elles se donnent de grands airs, jouent les divas avec une coupe de Dom Pérignon au bout des doigts, ne vous accordent pas un seul regard si votre compte en banque n’a pas quelques zéros à afficher. Tu l’imagines comme toutes les autres, quoique avec une beauté bien différente, une beauté bien plus authentique, bien plus sauvage et surement bien plus réel. Tu t’approches, t’impose devant elles, on ne t’a pas invité mais te voilà dans le cercle, proche d’elle, de son ami qui t’observe déjà, incrédule. Ton sourire amusé les saluts déjà, tu leur tends une coupe à chacune, fais glisser ton regard sur son amie, bien moins jolies. « Bonsoir… », c’est finalement sur elle, sur la belle brune que se pose enfin ton regard, accroche ses yeux, les iris noisette, « offert par la maison ».