La mort viendra et elle aura tes yeux. - Ainswell

Elle se sent vide. Vide de toutes émotions. Vide de tous sentiments. Et pourtant au fond et malgré elle, elle est toujours folle amoureuse de la femme qui lui a brisé le cœur quelques jours plus tôt, Kristina. Au fond et malgré elle, elle le sait, elle, ne pourra jamais oublier Katheryn. Pourtant, elle tente d’y parvenir. Elle a pleuré toutes les larmes de son corps jusqu’à se déshydrater, elle a passé des soirées à se saouler, à boire, jusqu’à finir ivre morte, elle a tout essayé, tout, mais rien n’y fait. Elle pense à Katheryn tout le temps. Il n’y a pas une seconde qui passe sans qu’elle ne pense à elle, sans qu’elle ne soit dans un coin de sa tête. Il y a de la colère, bien évidemment. La colère suite à la façon dont elle l’a quitté, dont elle l’a laissé partir comme une malpropre alors même qu’elle lui avait demandé de vivre avec elle quelques jours plus tôt. Il y a aussi de l’incompréhension, l’incompréhension face à ce bonheur brisé sans aucune raison. Ce bonheur gagné après des mois et des mois de batailles incessantes. Ce bonheur que Katheryn a envoyé valser sans aucune explication. Sans aucun remord. Et elle la déteste, Kristina. Elle la déteste de lui avoir fait mal encore une fois. Elle la déteste pour avoir jouer avec son cœur. Pour l’avoir brisé sans ménagement. Elle la déteste, parce qu’elle a cru. Elle a cru à un avenir avec elle. Elle s’est projetée, elle l’a imaginé. Elle a dit au revoir à sa mère sans aucun regret pour Katheryn, alors que cette dernière l’avait prévenu. Elle lui avait dit que sa relation avec la quadragénaire ne durerait pas, qu’elle se servait d’elle. Mais elle n’a jamais voulu la croire. Et même maintenant, elle ne parvient pas à s’y résoudre. Parce qu’elle l’aime. Elle l’aime et ce qu’elle ressent, plus que tout, c’est de la tristesse. L’étudiante à la sensation de suffoquer, elle a la sensation que son cœur est pris dans un étau menaçant de le faire exploser à tout moment. Sans Katheryn, elle n’y arrivera jamais. Elle en est convaincue. Et elle ne parvient pas à continuer sa vie normalement. Elle ne parvient même plus à dormir, elle tourne en rond dans tous les sens, parce que ses nuits, elle les passe dans les bras de Katheryn depuis des mois. Et il est hors de question pour Kristina de passer encore une nuit à pleurer, à penser à elle, à avoir l’impression qu’elle va mourir chaque seconde de son existence. Elle quitte le domicile d’Isabella, chez qui elle a élu domicile, pour rejoindre l’appartement d’une de ses amis. Il fait encore jour mais une fête se prépare, une fête à laquelle elle se rend dans le but d’oublier sa souffrance. Mais alors qu’elle marche dans les rues du Queens, elle passe devant un café et la reconnaît immédiatement. Elle. Katheryn. Elle, accompagnée d’une autre femme. Une femme qu’elle n’a jamais vue auparavant. Une femme qu’elle n’a jamais vu alors qu’elle est restée plusieurs mois en couple avec la blonde. Elle son sang ne fait qu’un tour. Elle ne réfléchit pas. Elle ne réfléchit plus, se laissant bien trop guider par ce qu’elle ressent, et elle s’approche alors d’elle. - Tu ne perds pas de temps ! Sa voix est brisée. Identique à celle qu’elle avait lorsque Katheryn a mis un terme à leur relation. Et dans sa tête, les idées se bousculent, les paroles de Madison aussi, qui lui disait que Katheryn passerait à autre chose à la vitesse de l’éclair. Mais la jolie rousse le sait très bien, elle ne pourra pas le supporter. 

Elle ne parvient pas à comprendre comment Katheryn peut balayer leur histoire si rapidement. Comment elle peut vivre, comme si rien de tout cela n’était arrivé. Comment elle peut oublier ces mois magiques passés ensemble. Peut-être qu’elles n’ont pas ressenti la même chose, les mêmes émotions, après tout. Peut-être que ces mois étaient magiques pour Kristina uniquement. Peut-être qu’elle est tombée amoureuse, mais que ce n’était pas réciproque. Pourtant, Katheryn lui avait affirmé l’aimer. Elle lui avait affirmé être complètement amoureuse d’elle. Elle lui avait même avoué qu’elle n’avait jamais aimé Madison comme elle l’aimait elle, lui faisant croire qu’elle était bien le grand amour de sa vie. Et elle y a cru, Kristina. Elle y a cru. Bon sang ce qu’elle a été bête. Bête d’espérer le moindre avenir avec une femme aussi compliquée qu’elle. Et elle a tellement de regrets. Elle regrette jusqu’à la première fois qu’elle lui a fait des avances, dans sa salle de classe. Elle regrette d’être tombée dans le panneau. Elle regrette de s’être battue pour elle, de s’être tant donnée, tant attachée. Mais c’est parce qu’elle souffre. C’est parce qu’elle est complétement détruite qu’elle ressent autant de colère en elle. Et alors qu’elle tombe nez à nez sur Katheryn, accompagnée de cette femme, elle ne parvient pas à rester loin d’elle. Elle a besoin de lui faire du mal, elle aussi. Besoin qu’elle ressente sa souffrance aussi vivement qu’elle la ressent elle-même. Et elle en déduit immédiatement que la quadragénaire est déjà de nouveau en couple. - Ce n’est pas ce que je crois ? C’est aussi ce que tu avais dis à Madison quand tu as commencé à sortir avec moi ? Elle est dure, blessante, son visage est fermé mais elle est tellement malheureuse. Elle lui en veut tellement de s’être jouée d’elle. Et elle commence à douter de tout. De tout ce qu’elles ont vécu. Elle en vient à se demander si Katheryn n’a été sincère avec elle, ne serait-ce qu’une fois. Kristina ne prête même pas attention à la femme avec elle, elle jette simplement un coup d’œil vers elle, et elle remarque simplement qu’elle doit avoir à peu près l’âge de Katheryn. - Je n’ai vraiment été qu’un jeu pour toi, c’est ça ? Un moyen de te prouver à toi même que tu étais encore assez jeune ? Un défi. Un moyen de s’échapper de son mariage. Exactement comme le lui avait dit sa mère. Exactement comme Madison le lui avait dit, elle aussi. Et son cœur ne fait que se briser un peu plus à chacun de ses mots. Elle est incapable de rester loin d’elle, incapable de prendre sur elle. Elle devrait, pourtant. Elle devrait rester forte et lui montrer qu’elle n’en a plus rien à faire d’elle. Mais elle l’aime, elle l’aime tellement, Katheryn. Elle l’aime, et elle voudrait arrêter, mais elle ne peut pas.