I used to live alone before I knew you. (Warston)

♛ I used to live alone before I knew you.

Elle est amoureuse de lui. Folle amoureuse. Elle n’aurait jamais pu rester sans rien faire alors qu’il se faisait tirer dessus, elle n’aurait jamais pu assister en simple témoin à une chose pareille. Elle n’a pas réfléchi, Isa. C’est son instinct qui a agi, non sa raison. Alors elle est loin d’imaginer qu’il puisse véritablement lui en vouloir. Elle a peut-être pris des risques, mais c’était pour le sauver lui. Car, si elle n’avait pas bougé, c’est lui qui aurait pris cette balle. Et peut-être bien que, contrairement à elle, il ne s’en serait pas sorti. Luke a vraiment voulu le tuer, il le visait bel et bien. Il n’aurait pas eu la même chance qu’elle. Alors, quoi qu’il en pense, elle sait qu’elle a fait le bon choix, Isabella. Ce n’était même pas un choix, c’était la seule chose qui s’imposait à elle. Et puis, de toute manière, cela n’a plus aucune importance désormais. Ils ont tous les deux survécu, ils vont pouvoir tourner ensemble cette page de leur vie. Elle est tout à fait d’accord avec son petit-ami pour cesser d’en parler. Tout ce qui compte, à présent, c’est eux. Eux et seulement eux. La nuit a été éprouvante. Ils ont tous les deux besoin de repos. Mais si la jeune femme est d’accord pour se reposer – ses paupières n’attendent que cela – Nikolaï, lui, est bien décidé à rester auprès d’elle. Sauf qu’elle refuse, bien sûr qu’elle refuse. Elle n’a aucune envie qu’il passe sa nuit à dormir sur le siège inconfortable d’une chambre d’hôpital. Il a vraiment besoin de se reposer, d’autant plus qu’il a subi plusieurs blessures lui aussi. C’est ce qu’elle essaie de lui faire comprendre… En vain. Il a ce petit sourire déterminé sur les lèvres alors qu’il lui affirme qu’il ne partira pas d’ici. – Tu as aussi des blessures, je ne veux pas que tu te réveilles en plus avec des courbatures… Mais il insiste encore. En réalité, il ne semble même pas lui laisser le choix. Il se rassoit déjà sur son siège avant de prendre sa main dans la sienne. – Mais c’est insensé… Tu pourrais simplement revenir demain matin… Enfin, tout à l’heure. précise-t-elle un peu perdue. Elle n’a plus vraiment de notion du temps. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’il a besoin de se reposer. Et pas sur une chaise. – En plus, tu as… Du sang sur toi. Vraiment, cela te ferait du bien de rentrer Nikolaï. Mais elle comprend bien qu’il ne changera pas d’avis. C’est même ce qu’il lui a demandé, de ne pas essayer de le faire changer d’avis. Elle marque un petit silence comme pensive avant de finalement se redresser, doucement cette fois, pour lui accorder une concession. – Ou alors, tu viens avec moi.  

♛ I used to live alone before I knew you.

C’est fou combien il peut être têtu. Elle va bien… Elle va vraiment bien. Il n’est pas obligé de rester à son chevet comme si elle était entre la vie et la mort. Il pourrait simplement aller se reposer, pour revenir plus tard, en meilleure forme. Elle ne comprend pas pourquoi il est si déterminé à s’infliger la torture de dormir sur une chaise après la nuit qu’il vient de vivre. Mais elle ne se rend sûrement pas compte, Isa. Même si elle a décelé sa peur, elle ne se rend pas compte à quel point elle a pu être forte. A quel point il a imaginé le pire. Alors elle tente de faire appel à sa raison, elle tente de lui donner tous les arguments très rationnels dont elle dispose. Mais c’est comme parler à un mur. Il laisse même échapper un rire, ce qui parvient à la faire sourire elle aussi. Peu à peu, ils retrouvent leur légèreté, cette complicité qui lui fait du bien. – Tu es irrécupérable. lui dit-elle simplement en guise de réponse, comprenant bien qu’il n’abandonnera pas. Il compte rester à ses côtés qu’elle le veuille ou non. Et, malheureusement pour elle, la jeune femme n’a pas la force de lutter contre lui. Pas aujourd’hui. C’est de cette manière que l’idée lui vient, le plus naturellement du monde. A défaut de dormir dans son lit, il peut dormir dans un lit. Celui-ci, avec elle. Une fois n’est pas coutume, Nikolaï ne semble pas contre cette idée. Seulement il lui fait vite remarquer qu’ils risquent d’être à l’étroit. Tant pis. Elle préfère dormir trop près de lui que trop loin. – Depuis quand la proximité avec moi t’effraie ? demande-t-elle d’une voix taquine comme pour le convaincre. Mais il paraît inquiet de l’embêter. – Je ne dors jamais aussi bien qu’avec toi, tu sais, ce qui signifie que c’est un devoir pour toi de venir me porter secours. Elle le regarde avec malice avant de le tirer, comme elle peut, par la main pour le pousser à la rejoindre. – De toute manière, c’est soit tu acceptes, soit je te fais mettre dehors. Je suis très sérieuse, crois-moi !