-- les enfants maudits

traits de caractère / vive, observatrice, bavarde, sarcastique, effrontée, arrogante, loyale, impulsive, charmeuse, têtue, curieuse, énergique, indépendante, rebelle, passionnée, agile, franche, courageuse, tête brûlée, sûre d'elle, déterminée.

la poudre aux lèvres,
le vide au coeur,
elle s'effondre sur le bitume.

et dans l'ombre de sa silhouette étendue, les supplications s'élèvent dans l'épais brouillard.

– mamá ?

Les genoux écorchés sur les graviers, elle griffait ses joues de ses ongles mal taillés. Mamá les coupait toujours trop courts. C'est tout ce dont elle se rappelle. Les écorchures sur la peau affadie de sa mère. Elle a oublié le voile sur les yeux de mamá et l'odeur acide de son corps poisseux. Les grondements des vapeurs et le froid du goudron. Il n'y avait plus rien – les ténèbres aspiraient les derniers espoirs, à mesure que son poignet se glaçait entre ses doigts d'enfant. On l'agrippait par le bras, les murmures s'entremêlaient dans ses cheveux ébènes et les chants des sirènes. - Reste pas là, petite. Et elle fronçait les sourcils en trébuchant jusqu'au bout du trottoir. Traînée par la main sur le cuir usé d'une voiture de police. Et ensuite, c'est le vide.

mamá est morte.

Ses ongles trop longs grattaient le tissu rugueux de la couverture de fortune. Les draps usés. L'odeur âcre de poussière. Neuf. Elle ne dormait pas, isabel. Les yeux grands ouverts sur les espoirs froissés d'une enfant apeurée. Peut-être qu'elle reviendra peut-être bientôt.

Mais elle ne reviendra jamais.

Elle tombe, tombe, soufflée par la violence des regards – et l'indiscrétion des mots. On a pitié de la gamine des bas quartiers, dont la mère s'est poudré le nez une fois trop fort. Elle rampe au jour suivant. Les lits sont les mêmes – usés et inconfortables. On ne pose pas de questions. C'est la solitude qui s'imprime entre ses côtes. Trop jeune, trop fragile. On la manipule sans précaution. Les gentils ne sont que façade. Les méchants seulement de passage. Rien ne dure. Et elle est là, toujours. Trimballée en silence. Un coup sur la porte, et la voilà ailleurs. Un autre lit. La même odeur. Les quartiers se ressemblent, les visages s'oublient.

Et bientôt, elle relève le menton en glissant à la liberté. Dix-huit. Les lueurs sont faibles – flouées par les poussières qui étouffent. Il n'y a personne. Seulement les battements de son cœur entre ses côtes, qui lui murmurent leurs espoirs. Et elle écoute. Et elle avance.

Le bitume est dur contre sa peau fragile. Il lui rappelle la nuit de la fin. La terreur s'étend sur ses bronches, soir après soir. Il n'y a personne.

Le café brûle ses poignets. La respiration saccadée – elle faufile sa silhouette ondulante entre les quelques tables d'un restaurant bondé. Guidée par l'indécence de ses ambitions, elle voulait vivre, Isabel. Emportée par les rêves qu'elle gravait sur les murs abîmés des foyers. On lui avait donné une chance.

Puis elle est là, glacée sous les néons d'un club à l'enseigne usée. vingt-et-un. Frémissant sous les regards avisés. Le son de sa respiration pour musique. Elle danse. Belle. L'alter-ego au mystère. Dont les regards se perdent dans l'immensité de l'obscur. Elle dansait car rien n'était suffisant. Car sa fureur de vivre dépassait les loups qui rongeaient ses chevilles. On l'avait jetée dans la fosses – elle s'écorchait les paumes sur les façades. Pour s'en sortir.