art deco.

01/ san francisco, c'était sa vie, avant. elle a toujours aimé cette ville bien qu'elle ait toujours su qu'elle n'y finirait pas ses jours. san francisco c'était sa vie de famille, aujourd'hui elle y pense avec une grande nostalgie, revivant son enfance et son adolescence dans cette maison, autour de ces repas, avec les jumeaux, à se battre et se piquer, à partager des histoires, des rires, taquiner l'autre sur une éventuelle petite copine. ça gueulait dans cette maison, ça gueulait souvent parce que les trois dawkins étaient des teignes, chacun à sa façon. avec seulement deux ans d'écart, ils faisaient presque tout ensemble. le trio infernal, différents mais complémentaires. chacun sa vie, mais chacun présent dans la vie de l'autre. ils s'aimaient fort dans cette famille, aucun doute dessus. ils s'aimaient fort et arrivaient encore à se regarder dans les yeux en riant. aujourd'hui ces rires et ces engueulades ne sont plus que des longs silences malheureux, des repas lourds et les yeux de la mère mouillés et rouges. la belle famille est devenue brisée, attristée par la mort de l'un des jumeaux, portant le deuil de l'un de ses membres. 02/ toujours la tête de la classe, ska a mené une scolarité presque sans problèmes dans son travail. c'est une scolaire, dotée d'une très bonne mémoire ce qui a facilité les choses. de toute manière, ska a toujours su se débrouiller, depuis toujours. elle a toujours su rendre un travail à l'heure même en faisant des tonnes de choses en même temps, remonter une note, gagner quelques points. son but ultime, en grande amoureux de la belle new york, était d'intégrer la très sélective et prestigieuse columbia law school. un de ses plus grand challenge, une de ses plus grandes ambitions. elle n'a malheureusement pas été admise immédiatement, commençant une année à san francisco avant de recevoir l’ultime récompense de son travail acharné. new york. dix-neuf ans. 03/ les années d'études passent à une vitesse monstre, entre les partys, les amis, la nouvelle vie, les semaines à s'enfermer pour réviser les examens. on ne peut pas dire qu'elle n'a pas profiter de sa jeunesse ska, sérieuse mais pas trop. joueuse mais pas trop. elle s'est découvert un pouvoir. le pouvoir de la femme. pouvoir obtenir ce qu'elle veut. c'est à la fac qu'elle a tout appris, qu'elle s'est prise ses plus gros fou rires, mais également ses murs. elle a appris à se relever quand la vie la fout à terre et surtout à avoir confiance en elle. ska n'a jamais autant grandi qu'à new york, l'influence de tous ces hipsters ou ces geeks qu'elle a rencontré. ces amis et ces amours. ces professeurs et ces déceptions. 04/ déceptions, elle en a vécu. pas qu'une, mais c'est comme ça qu'on devient quelqu'un de fort. ska a cette tendance à craquer pour les mauvaises personnes, celles qui ne pourront que la faire souffrir. à se demander si elle n'est pas maso à ce point-là bordel. elle a déjà rencontré l'amour, mais beaucoup moins de fois qu'on ne peut le penser. elle n'a eu qu'une véritable histoire. et putain elle en a souffert. elle se savait, pourtant, que ça allait mal se terminer et elle s'est lancée tout de même, droit dans le mur, prête à se briser les os. elle l'a bien cherché. tomber sous le charme d'un petit flirt innocent entre une élève et un professeur, c'est de l'amateurisme pur et dur. elle s'est pétée les dents, homme marié qui lui fait des promesses, c'est digne d'un mauvais scénario de film et pourtant elle est tombée. ska la future avocate, ska l'avenir de la famille dawkins. tu parles, une amatrice. le pire c'est que ça recommence. encore un mauvais choix, celui de prendre le risque de souffrir à nouveau, celui de l'insécurité et de l'irresponsabilité. elle est déjà tombée pour lui de toute manière, impossible de faire marche arrière. putain de cœur, putain d'ares. 05/ dans la lignée de sa réussite, ska vient de décrocher un contrat avec le cabinet d'avocat dans lequel elle a effectué son stage de fin d'étude. la petite nouvelle, l'avocate qui est censée se taper tous les cas désespérés, les histoires de vols de cartes pokémon et de bagarre dans la rue. c'est blasant, elle qui se voyait changer le monde à 25 ans. mais elle aime ça. qu'est-ce qu'elle aime ça. elle sait que les débuts sont durs, chiants, humiliants, mais qu'un jour elle aura un mot à dire, qu'on l'écoutera, qu'elle atteindra tous ses objectifs. bordel d'ambitieuse, ouais. elle fout sa tête dans son travail, se déconnecte du monde et de ces conneries de réseaux sociaux pour avancer sa carrière, surtout pour éviter de penser à la mort récente de son petit-frère. se remplir le crâne de blabla juridique sans queue ni tête juste pour combler ses idées, ses pensées, éviter à ses yeux de verser des torrents. elle est malheureuse, très malheureuse celle qui a tout ce qu'elle désirait.