B&W ; skadden.

les phalanges crispés contre l’volant d’ta caisse, tu t’stationnes à l’arrache d’vant la piaule d’tes vieux, d’ta jeunesse. portière qu’t’ouvres aussitôt qu’tu coupes le moteur, rompant ainsi l’concert qui s’extirpe des enceintes, celui qu’t’impose à tout l’voisinage sans une once d’compassion pour leurs pauvres oreilles. ils t’endurent d’puis qu’t’es gosse, c’pas la première fois qu’t’arrives en trombe, surtout que, aujourd’hui, t’as une putain d’bonne excuse !
escaliers qu’t’enjambes à coup d’deux avant qu’la pulpe d’tes doigts rencontrent la poignée d’la porte d’entrée.
– VERITY !
porte qui s’claque, ponctuation d’ta gueulante.
défroque qui slalom entre la flopée d’jouets qui jonchent le sol, bruit sourd d’tes pas qu’embrassent vigoureusement l’parquet, qu’annoncent rien d’très folichon.
tu rentres jamais aussi tôt, preuve flagrante qu’ta présence ici n’est pas pour t’intégrer au dîner familial, mais plutôt pour v’nir chercher une vérité.
celle d’verity.
couloir qu’tu sillonnes comme un boulet d’canon, prêt à tout détruire sur ton passage, tout c’qui s’dressera en travers d’ton ch’min.
p’is c’est d’vant la porte d’sa chambre qu’t’atterris, c’te dernière qu’t’ouvres sans aucune putain d’gêne, lui laissant même pas l’temps d’revêtir son indépendance. la stupéfaction qui maquille son visage t’laisse de marbre, ton r’gard assassin qu’affronte le sien sans même sourciller.
– pourquoi lui hein ? POURQUOI ?
t’attends pas sa réponse.
trop insulté.
piqué à vif comme si on v’nait de t’planter un couteau dans l’dos.
pourtant, les trahisons sont fréquentes entre skadden, mais tu n’pensais pas qu’elle pourrait s’rendre jusqu’à coucher avec l’ennemi, rien qu’pour t’faire chier. parce que c’bien ça, la seule raison qu’t’envisages.
– parmi tous les putains d’mecs qu’existent sur terre, y a fallu qu’tu t’tapes LUI ? sérieusement ?
traits déformés par ta colère fulminante, celle qu’tu tentes même pas d’étouffer. rien à foutre qu’les vieux t’entendent, qu’sami pointe l’bout d’son nez dans l’embrasure d’la porte d’sa chambre.
si c’la guerre qu’elle cherche, elle l’a trouvé.
mains qui s’plaquent contre ton visage, paupières qu’tu frottes vigoureusement en espérant t’extirper de c’putain d’cauch’mar. doigts qui s’glissent derrière ta nuque, tu tournes le dos à ta frangine pour pousser un énième beuglement.
– j’vais l’défoncer putain. J’VAIS L’TUER !
menace qui déferle d’entre tes lippes, ces dernières qu’tu devrais sceller l’une contre l’autre, d’temps en temps.
neuf fois sur dix, en fait.
mais t’as beau t’engueuler avec verity l’trois quarts du temps, c’est d’ta sœur dont il s’agit. d’ton sang. d’ton corps. t’apprécies pas des masses qu’quelqu’un s’autorise à la palper comme si elle était rien d’autre qu’un morceau d’viande.
p’is c’uniquement d’ta faute, lyes.
à force d’t’attirer des ennuis, à force d’accumuler les ennemis, t’es dev’nu ta propre nuisance, skadden. tout ça pour qu’on s’tape ta frangine, qu’on salisse la seule chose à laquelle t’as aucun moyen d’riposter.
excepté avec les poings.
of course.

@verity skadden

tu débarques en trombe, comme une putain d’bombe atomique. prêt à tout faire sauter autour de toi, tout décimer. tant pis pour les ravages, les objets cassés et les paroles dévastatrices !
t’as l’caractère explosif, d’un skadden. un vrai bâton d’dynamite sur deux pattes ! t’as la langue aussi meurtrière qu’un projectile, aussi sensible qu’une gâchette. tu détones à rien, lyes.
à putain d’rien.
mais, ça, elle le sait, verity. et pourtant…
son air complètement détaché, blasé. elle qu’a mis un moment avant d’quitter son livre des yeux. ses cours clairement plus intéressants qu’toi et tes r’marques incendiaires. oh mais, skadden, t’es loin d’en avoir terminé.
– je suis désolée, mais j'ai peur de te demander d'être plus précis. histoire que t'arrêtes de me faire perdre mon temps le plus vite possible.
elle t’cherche, t’provoque, t’nargue. comme si t’étais d’humeur à jouer, lyes. comme si t’avais la tête d’un type qu’envie d’rire. t’as pas la patience, t’as les nerfs à vif, à deux doigts d’exploser – littéralement.
chargé à bloc.
loadé comme un putain d’gun.
– oh, p’tite…
pute ?
garce ?
traînée ?
toutes ces réponses ?
mais tu t’contentes d’pincer les lèvres, violemment. parce qu’tu sais qu’pas loin y a sami qui vous écoute. qui t’écoute. et t’as beau être l’grand frère l’plus naze du monde, ça t’arrive – parfois – d’réfléchir avant d’parler.
et y a tous les muscles d’ton corps qui s’crispent, l’envie d’frapper un truc. dans un mur.
n’importe quoi, merde !
tes mains qu’tu passes vigoureusement sur ton visage pour tenter d’te r’saisir, d’te calmer.
et c’contre son pieu qu’ces dernières s’écrasent. l’mat’las qui s’enfonce sous ton poids. tes iris qui percutent les siens – brutalement.
les yeux revolvers, les mots comme des putain d’balles.
– j’te jure, verity… c’un jeu qui s’joue à deux. et crois-moi, t’veux pas t’retrouver contre moi. pigé ?
l’ton qu’a pourtant baissé d’un cran, malgré la rage qu’tu n’tentes même pas d’cacher. ça s’lis, dans ton r’gard. ça s’voit, dans tes traits. ça s’entend, dans ta voix… qu’il t’en faudrait pas plus pour faire un scandale.
monstre.
et tu t’redresses, l’rictus arrogant qui t’pends aux lèvres, t’déforme l’visage. y a pourtant franchement rien d’drôle, lyes. mais tu souris, à défaut d’pouvoir lui en coller une sur sa p’tite gueule d’ange hypocrite.
– t’sais très bien d’qui j’parle. t’es la plus brillante d’la famille, non ? alors tu d’vrais savoir qu’t’as intérêt à pas m’prendre pour un putain d’débile.
les bras qu’tu croises contre ton torse, les sourcils haussés pour lui rapp’ler qu’elle a intérêt à n’pas s’foutre de toi. parce qu’ta vengeance, lyes, elle s’ra terrible, destructrice. t’épargneras rien, ni personne.
parce qu’t’es prêt à tout pour n’pas perdre la face.
pour n’pas perdre contre verity.