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 Tears in Heaven

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Message Sujet: Tears in Heaven   Tears in Heaven Empty Mer 14 Nov - 10:03

Tears in Heaven
Free


Qu’est-ce qu’il faisait là-bas ? Nous n’étions pourtant pas clients chez cette banque. A moins que … . A moins qu’il ne m’ait pas dit toute la vérité ? Non, je ne peux pas le croire. Impossible que notre relation ait été bâtie sur le mensonge et le secret. Je refuse de l’admettre. Et puis quand bien même, j’aurais eu quelques soupçons. Des indices auraient forcément dû me donner l’éveil. S’il m’avait caché quelque chose, je m’en serais aperçue en près de huit ans de relation. Qu’est-ce qui m’arrive ? Pourquoi est-ce qu’une petite partie de moi, s’efforce à croire que l’homme avec lequel j’ai partagé ma vie toutes ces années, n’a pas toujours joué franc jeu et s’est évertué à me dissimuler des choses ? Tsss, c’est grotesque. La fatigue me fait complètement déraisonner. Excuse-moi de douter de toi. Ce n’est vraiment pas le jour, en plus. Mais essaye de me comprendre. On t’a arraché à moi si violemment, que cela m’est insupportable. J’essaye coûte que coûte de trouver une explication. Un motif. Une raison. Seulement, rien ne semble être en mesure de justifier l’impardonnable et l’inexplicable.

Bon aller, ce n’est pas tout ça, mais il faut encore que je finisse de me préparer. Aux prises avec le zip de ma robe fourreau noire, je me contorsionne et me tortille afin de la fermer entièrement. Encore une situation banale du quotidien, où tu me manques cruellement. Toi et tes mains agiles, qui m’ont tant et si délicatement habillées et déshabillées. Bien, alors ensuite chaussures. Hum … va pour une paire d’escarpins à bride noirs. Pas de chichis ni de fioritures. C’est loin d’être la meilleure occasion pour. Ohlala, un petit raccord maquillage s’impose. Couvrir et dissimuler ces cernes de la taille du Brésil, c’est vraiment tout sauf du luxe. Un petit coup de blush au passage, pour rehausser la couleur de cette face de demie-lune blafarde, ça ne peut pas faire de mal non plus. Rah, mais où sont-elles ? Où ai-je encore bien pu les ranger … . Ah, voilà ça y est. Les boucles d’oreilles qui tu m’as offertes pour notre troisième anniversaire de mariage. Bon, pour les cheveux qu’est-ce que je fais ? Attachés, détachés ? Tu n’aimais pas trop quand je les nouais en chignon. Selon toi, cela me donne un air sévère. Tu disais que je te faisais penser à une de tes maîtresses d’école, qui t’a traumatisé jadis. D’accord, laissons les tels quels alors.

Il fait encore assez doux pour un mois de Novembre, mais je vais quand même mettre un petit spencer, on ne sait jamais. Noir, évidemment. Oh, il ne faut pas que j’oublie les fleurs sur le balcon. J’ai suivi scrupuleusement les instructions du fleuriste, qui m’a conseillé de les laisser au frais afin qu’elles ne flétrissent pas. Des Callas noirs. Pour une chanteuse d’opéra, c’est tout indiqué. C’était tes fleurs préférées. Tu disais qu’elles te faisaient penser à moi, de par leur caractère unique, leur côté majestueux et aussi sombre. Pas facile d’en trouver à cette saison. J’ai écumé un grand nombre de boutiques avant de trouver ces arums noirs, guère prisés par les fleuristes. Mes lunettes de soleil … voilà. On peut y aller. Il m’est devenue très difficile de sortir dans la rue de jour. Je te vois constamment dans le regard des gens. Avant, ils semblaient heureux de me voir. On me saluait d’un petit air chantant, et des fois même, on avait un petit mot gentil à mon égard. Maintenant, c’est avec pitié et tristesse qu’on me regarde. Je sens des trémolos dans leur « bonjour », et de la compassion dans leur illusion de sourire. Eux aussi, ils t’aimaient et t’appréciaient. Cela t’aurait certainement fait très plaisir, à toi qui a toujours eu peur que l’on ne t’aime pas pour ce que tu es.

Arrivée au bout de la rue, je hèle un taxi. En montant et m’installant, je prie le chauffeur de bien vouloir me conduire au cimetière Saint Matthew dans le quartier le plus arboré et vert du Queens. Par chance, il ne semble pas me reconnaître. Le trajet se fait donc dans le silence. Ou presque. Seul le son, par moments grésillant de l’autoradio, vient mettre un peu de vie dans le véhicule. Un bon petit quart d’heure plus tard, me voici arrivée à destination. Je m’acquitte du montant de la course, puis sors rapidement du véhicule en n’omettant pas de remercier le chauffeur pour son obligeance et sa gentillesse. Je reste un instant immobile à contempler ce lieu de recueillement. Un soupir. Puis, une grande inspiration afin de me donner du courage. D’un pas leste mais terriblement lent, je m’avance vers le portail. Le couinement, provoqué par les gonds de la porte en fer forgé lorsque je la pousse, me fait frissonner des pieds à la tête. Très désagréable comme sensation. On croirait entendre le hurlement de douleur d’un enfant, à qui l’on tordrait le bras. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas foule. Une poignée de personnes, tout au plus. Pas un souffle, pas un bruit. Seuls mes talons faisant chanter le gravier, viennent troubler la quiétude de ce lieu.

Après avoir sinué et serpenté dans les allées, je finis par m’arrêter devant une tombe faite en un alliage de granit et de marbre, non loin d’un petit point d’eau. En posant les fleurs sur le petit monument, j’en profite pour balayer d’un revers de la main, les aiguilles d’if qui gisent sur la pierre, faisant ainsi apparaître les lettres d’or. Lars Perkins : 1985-2018. Je lève les yeux au ciel et me concentre sur ma respiration, afin de ne pas m’effondrer une fois de plus en sanglots. En me relevant, j’aperçois une botte de roses blanches dans la petite potiche juste à droite. Je me demande bien, qui a bien pu venir les déposer. Ta sœur peut-être ? Ou bien un membre de ton groupe de musique, qui sait ? Même si je peine à les imaginer un bouquet de roses à la main. Ils seraient plus du genre à boire une bière ou fumer un joint en chantant vos titres adossés contre la stèle. Une autre forme d’hommage, qui ne manque pas de charme. Je prends soin de scruter les alentours afin de m’assurer qu’il n’y ait personne. Triturant machinalement mon annulaire gauche jadis annelé d’une alliance, que je ne me suis finalement résolue à enlever, je dis alors :

« Bonjour mon chéri. C’est moi : Meï. Si tu étais là, je sais très bien ce que tu dirais. « Quoi ? Tu parles aux pierres maintenant ? T’as fumé toute l’herbe dans la table de chevet, ou quoi ? ». Je t’aurais très certainement gratifié d’une moue boudeuse, puis tu aurais ri de bon cœur avant de me porter sur ton épaule. Je me serais débattue pitoyablement en battant des pieds dans le vide et cognant des poings contre ton dos, en scandant à tue-tête de bien vouloir me lâcher. Puis tu m’aurais jeté fougueusement sur le lit … et fait passer toute envie de bouder ou te résister. ». En m’imaginant la scène, je ne peux m’empêcher de baisser la tête et de sourire avec mélancolie. Si tu savais à quel point tu me manques Lars. J’aimerais tant que tu sois encore là, parmi nous. Je donnerais tout ce que j’ai de plus cher, pour entendre de nouveau ton rire boréal et revoir ton regard lagon si intense. Je ne me souviens même plus des derniers mots que je t’ai dit, avant de partir pour cette tournée en Europe. A la longue, j’ai peur d’oublier d’autres petits morceaux de toi. Rien ne m’effraie plus que cette pensée. J’espère simplement que … que tu es parti sans avoir de regret. J’espère également être parvenue à te combler et te rendre heureux, durant ces huit dernières années. Je joins les mains en prière et me mords subrepticement la lèvre avant de poursuivre.

« C’est le Docteur qui m’a conseillé de faire cela. Selon lui, ça pourrait m’aider à surmonter cette épreuve. Je suis assez sceptique et ne suis guère convaincue, mais bon cela ne coûte pas grand-chose d’essayer. Il m’a aussi dit d’être la plus honnête et sincère possible. Alors … . ». Une fois encore, je m’interromps. Je cherche en moi la force nécessaire, pour te confesser ce que j’ai sur le cœur. De nouveau, j’examine les alentours pour voir si personne ne se trouve à proximité. Une petite brise fraîche se lève soudain. Je remets une mèche de cheveux derrière mon oreille, et me frotte la racine du nez, tête basse. Autant que faire se peut, je tente de réprimer des larmes qui ne demandent qu’à embrumer mes yeux. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir devenir sans toi à présent ? Qu’est-ce que je dois faire ? Qu’aurais tu voulus que je fasse ? Cette ribambelle d’interrogations, n’a de cesse de venir se heurter à moi depuis ces trois derniers mois. Je n’ai plus envie. Plus envie de rire. Plus envie de chanter. Plus envie de rien. J’ai perdu ma boussole. Mon phare en pleine mer. Mon oxygène. Alors pourquoi ? Pourquoi continuer à me démener et à me débattre ? Avec la force du désespoir, je parviens quand même à « déballer mon sac », comme disent les psys. « J-je … j’espère que où que t-tu … où que tu sois, tu me pardonneras un jour. Mon chéri, je t’en prie pardonne-moi. Tout … tout est de ma faute. J-j’ai … j’ai tué notre bébé. Quand … quand tu es parti, c’est tout mon monde qui s’est écroulé. Je me suis dis … à quoi bon continuer ? Je n’avais … je n’avais plus qu’une envie : te rejoindre. Mais au lieu de ça, j’ai … j’ai … . ». La voix déjà haletante par les pleurs, je ne peux continuer davantage. Ca y est, les écluses sont de nouveau ouvertes. Me voici redevenue un torrent lacrymale, que rien ne semble pouvoir arrêter. Les mains portées à la bouche, je tente désespérément d’étouffer le raffut provoqué par mes sanglots. D’une main tremblante, je retire mes lunettes de soleil afin de sécher au mieux mes yeux. C’est hélas pire. La lumière du jour les agresse et les irrite, m’arrachant ainsi encore quelques larmes. Les seules qui ne te sont pas directement adressées.
(c) DΛNDELION
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