I'll give you the sun (kathleen)

01/ Je suis issu d'une famille très nombreuse. En plus de mon jumeau, qui devrait compter pour deux voire trois enfants en plus dans la fratrie, j'ai une ribambelle de frères et sœurs. Nous sommes huit au total, le plus jeune n'ayant que sept ans. Je peux vous assurer que ce n'est pas de tout repos et que les cris font parti de notre quotidien. Je crois qu'on peut officiellement dire que la contraception n'existe pas chez les Duncan. 02/ Notre mère s'est barrée à peine un mois après la naissance du petit dernier. Un jour, elle a fait ses valises et elle n'est jamais revenue. Je savais que ça n'allait plus vraiment entre nos parents, mais je ne pensais pas que l'un d'entre eux serait capable de tous nous abandonner, sans même nous laisser un message. 03/ Le moins qu'on puisse dire, c'est que notre vie a changé du tout au tout. Le ranch dans lequel on tous grandi a été vendu et puis, sur un coup de folie de notre géniteur, nous avons tous déménagé à New York pour, je cite ''repartir du bon pied et laisser les mauvais souvenirs derrière nous.''. D'un simple claquement de doigts, mes dix-huit années d'existence sont parties en fumée. Et tout ça pour quoi ? Pour qu'il finisse tout de même par sombrer. Il n'a jamais accepté la trahison de l'amour de sa vie et, un peu plus chaque jour, il s'enfonce dans les abysses de sa peine. 04/ Pour moi, mon avenir était tout tracé et même si ce n'était pas un rêve de gosses comme pour beaucoup, j'étais bercée par cette illusion. Je me voyais devenir une grande avocate ou juge, pourquoi pas. Seulement, en voyant la descente aux enfers de notre unique pilier, j'ai décidé de lâcher mes études et de reprendre la famille en main. Je ne pouvais décemment pas regarder le peu qui me restait partir en fumée. La famille avant tout. 05/ Malheureusement, on ne peut pas dire que ce soit l'avis de toute la tribu. Toute cette histoire nous a marqué et continue de laisser en nous une empreinte indélébile. Petit à petit, on se déchire et je ne compte même plus le nombre de fois où je suis obligée de hausser la voix pour remettre les plus jeunes dans le droit chemin. Entre les disputes incessantes des uns et les bêtises des autres, on n'a jamais le temps de s'ennuyer. 06/ Je m'efforce de montrer l'exemple aux plus jeunes, d'être l'irréprochable de la famille quitte à faire croire à tout le monde que je suis trop coincée et sans aucun sens d'autodérision. Même si, je l'avoue, j'ai besoin de toute contrôler, que tout soit réglé au millimètre près, il m'arrive parfois de me laisser aller plus que de raison. Je suis loin d'être parfaite. 07/ Je déteste cette ville. Oui, je déteste New York. Depuis toutes ces années, je ne me suis jamais habituée à toute cette effervescence. Trop grand. Trop de monde. Trop de tout. Je regrette l'époque où il fallait rouler plusieurs kilomètres avant d’apercevoir le sommet d'un building. Et puis, la vie au milieu des chevaux me manque. 08/ Mes parents se sont longtemps vantés de mes talents de cavalière. Ils racontaient à qui voulait bien l'entendre que je savais monter à cheval bien avant de savoir marcher. Des balivernes, évidemment, mais vous savez, la fierté des parents, c'est quelque chose de bien particulier. J'ai participé à de nombreuses compétitions, gagnés quelques prix. J'étais douée, oui, mais pas de quoi en faire toute une montagne. Quoi qu'il en soit, l'équitation – western s'il vous plaît – à toujours fait partie de ma vie. 09/ Vous l'aurez sans doute compris, je suis une grande sportive. Et si j'ai arrêté l'équitation en arrivant ici, j'ai compensé avec beaucoup d'autres sports. Notamment grâce à l'université qui m'offrait tout un panel de possibilité. Ainsi, le tir à l'arc, l'escrime, l'escalade ou encore le judo ont été testés et approuvés. Aujourd'hui, le temps ne me permet tant pas de pratiquer autant que je le souhaiterais, je me contente d'un petit footing matinal avant de partir travailler. 10/ Je ne suis jamais tombée amoureuse. J'ai eu des petits copains, mais je n'ai jamais rien ressenti pour eux. J'ai peur d'avoir un cœur de pierre, de m'être construit, sans le savoir, une muraille infranchissable et d'avoir enfermé mon cœur à double tour dans un coffre. Mais je ne perds pas espoir, un jour, je trouverais la personne à qui confier la clef.