Amour, Mensonge et Quiproquo - Warston

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Et tu es rentré dans ma tête, ce jour-là, comme une maladie.

Le retour de Rome n’est pas facile pour Isabella. Elle s’est octroyée une semaine de vacances, une semaine qui lui a fait un bien fou. Mais, malheureusement pour elle, la jeune femme se retrouve désormais ensevelie par la montagne de travail qui l’attend. Entre les rendez-vous qui s’enchaînent, les collections qui se multiplient et la communication constante de l’entreprise, elle peine à rattraper son retard. Mais ce n’est pas seulement son boulot. Elle a l’esprit ailleurs, peut-être encore un peu en Italie, malgré elle. Son séjour avec Toby était merveilleux, vraiment, mais il ne les a pas laissés indemnes. Elle n’oublie pas tout ce qu’il lui a dit, tout ce qu’il lui a confié, ce soir-là où il avait malencontreusement bu de l’alcool. Elle n’arrive pas à oublier, le veut-elle seulement ? Sa relation avec son meilleur ami est devenue une source de préoccupation, ce dont elle n’avait vraiment pas besoin en ce moment. Son couple avec Luke devient plus fragile, elle s’en rend bien compte. Ce n’est pas lui qui agit différemment avec elle. Au contraire, il est présent en ce moment, tout du moins il l’était. Même si, depuis son retour, les bruits de couloir au sein de la Kingston Corporation n’ont pas cessé. Ce ne sont que des rumeurs, des rumeurs totalement dingues, fondées sur quelques photos où on la voit proche d’un autre homme que son mari. On lui prête un amant qu’elle n’a pas, tout en ignorant celui qui existe. L’être humain est vraiment un animal étrange. Décidé à lui pourrir la vie, surtout. Elle revient tout juste de vacances, Isa, qu’elle est déjà épuisée. Lasse. A moins que ce soit le manque de son amant qui devient trop intense.

Elle n’a pas encore eu l’occasion de voir Nikolaï. Elle en crève d’envie, pourtant, elle n’attend qu’un moment de liberté pour être avec lui. Mais entre tout ce qui lui tombe dessus, elle ne parvient pas à trouver une seule heure pour lui. Et ça la rend dingue. Ils n’ont jamais été loin l’un de l’autre si longtemps. Son sourire malicieux lui manque, son regard si pénétrant aussi. Son rire quand il la taquine, sa voix plus grave quand il se confie à elle. Et son corps, bon sang, son corps. Elle a tellement fantasmé sur lui qu’elle a fini par recoucher avec Luke. Elle ne l’avait pas fait depuis sa petite séparation avec son amant. Mais à chaque fois qu’il entrait en elle, c’était Nikolaï qu’elle imaginait. Même quand elle faisait tout pour le sortir de sa tête, des images de lui revenaient sans cesse. Une fois son orgasme terminé, elle s’est sentie horrible. Presque… Sale. Elle est tout de suite allée se laver sans attendre, presque sans un mot pour son mari. Elle ne sait pas vraiment ce qui se passe, Isa. Elle arrivait parfaitement à séparer les moments qu’elle partage avec son amant, de ceux avec Luke. Mais cela devient de plus en plus difficile. Elle ne pense pas à son époux, pourtant, quand elle est avec Nikolaï. C’est quand elle est avec Luke qu’elle ne peut s’empêcher de penser à Nikolaï. C’est peut-être là le problème.

Plongée dans l’étude d’une vidéo de promotion pour les fêtes de fin d’année, elle a la tête ailleurs. D’ordinaire, elle aurait déjà inscrit toute une page de notes pour tout ce qu’il y a à revoir. A la place, elle la regarde sans la voir vraiment. Elle sort brusquement de ses pensées quand elle entend taper à la porte. Elle sait qu’elle avait un rendez-vous avec un certain Raminez, mais elle l’avait presque oublié. Elle n’a pas le temps de dire quoi que ce soit qu’elle voit la porte s’ouvrir. – Je ne vous ai… Elle s’apprête déjà à le rembarrer quand elle tombe subitement nez à nez avec Nikolaï. Nikolaï est là. Son cœur manque un battement alors qu’elle bondit presque de son siège. – Nikolaï, qu’est-ce que tu fais là ?  Elle lui pose la question mais là, tout de suite, elle s’en fiche. Elle est beaucoup trop heureuse. Elle s’avance très vite jusqu’à lui pour aller l’embrasser. Ses lèvres retrouvent les siennes avec un plaisir non dissimulé. – Je suis tellement heureuse de te voir ! Il lui avait manqué. Plus encore qu’elle n’a bien voulu se l’avouer.

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Et tu es rentré dans ma tête, ce jour-là, comme une maladie.

Elle est heureuse, mais tellement heureuse de voir Nikolaï. Elle ne s’est pas doutée une seule seconde qu’il s’agissait de lui. Si leur rencontre a eu lieu dans ce bureau, ils n’ont jamais commis l’affront de s’y retrouver depuis que leur liaison a débuté. Il faut dire que, outre toutes les personnes dans ce bâtiment qui attendent avec impatience la chute de madame Kingston, il y a son mari à quelques mètres seulement. C’est de la folie, à bien y réfléchir, que son amant vienne la voir au sein même de son travail. Il n’a jamais été si proche de sa vie, sa vraie vie, celle qu’elle a lorsqu’elle n’est pas avec lui. Mais elle n’y songe pas, Isabella. Pas un seul instant. Elle est bien trop euphorique de le voir enfin. Cela fait quelques jours seulement mais elle a la sensation qu’une éternité est passée. Ce n’est pas faute de vouloir le voir, pourtant, mais le temps lui a manqué. Alors elle se réjouit de sa venue, malgré tous les risques, malgré toutes ses préoccupations. Elle est juste heureuse de le voir. Secouant la tête, l’air amusé, alors qu’il termine sa phrase à sa place, avant de se lever. Il a bien de la chance que ce soit lui. Un autre se serait fait envoyer paitre sans ménagement. Mais la belle n’attend guère plus longtemps pour aller le retrouver. – Tu as très bien fait. assure-t-elle, imprudemment, avant de capturer enfin ses lèvres dans un baiser. Baiser tendre qui se prolonge, un peu trop, jusqu’à ce qu’elle sente cette chaleur qui submerge tout son ventre. Elle entoure ses bras autour de son cou, instinctivement, alors qu’il l’enlace lui aussi. A bout de souffle, elle recule finalement ses lèvres, totalement retournée par leur baiser, mais ne s’éloigne pas pour autant de lui. Son attitude toute entière montre à quel point elle est heureuse de le voir, mais pourtant la jeune femme prend la peine de le dire, juste au cas où. Elle apprend à confier ce qu’elle ressent avec lui. Quand il lui avoue qu’elle lui a manqué, elle lui sourit avec tendresse. – Toi aussi, tu m’as manqué… Tu n’imagines pas à quel point ! En Italie, déjà, elle l’a ressenti. Mais c’est pire encore depuis qu’elle est rentrée. Retrouver son quotidien, retrouver sa vie, mais ne pas le retrouver lui, c’était insupportable. Il a pris une telle importance dans son cœur, Nikolaï. Peu à peu, elle s’en rend compte. Elle a du mal à se l’admettre complètement, à cause de son mariage, à cause de toutes ces choses qui rendent toute possibilité d’un avenir en commun inenvisageable. Mais c’est le cas pourtant. Elle n’a pas seulement envie de sa présence, elle en a besoin. Il est là depuis quelques secondes, une minute ou deux grand maximum, mais elle le dévore déjà des yeux. Elle approche une nouvelle fois pour lui voler un autre baiser, tout aussi désireux, mais elle se recule plus rapidement. C’est beaucoup trop dangereux d’être si proche de lui, surtout dans ces lieux. – Je t’assure que je voulais te voir ! Mais je suis tellement débordée depuis mon retour, je n’ai pas une minute à moi. Sinon, pour sûr, elle aurait accordé cette minute à Nikolaï. A eux. – Je dois admettre que l’idée du rendez-vous était plutôt bien trouvée…. Mais c’est totalement inconscient, tu le sais, ça ? Et déjà, elle retrouve son sens de la raison. La preuve qu’elle est restée beaucoup trop longtemps loin de lui.

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Et tu es rentré dans ma tête, ce jour-là, comme une maladie.

C’est irresponsable. Il est irresponsable. Irresponsable, imprudent, et visiblement totalement inconscient. Mais elle ne l’est pas elle, elle ne l’a jamais été. Elle est le modèle même de la femme responsable. Seulement c’est différent quand Nikolaï est dans les parages. Avec lui, sa raison disparaît au profit de ses envies. C’est plus vrai encore quand elle se retrouve loin de lui pendant si longtemps, trop longtemps. Trop heureuse de le retrouver, la belle ne songe pas tout de suite aux risques qu’il prend. Les risques qu’ils prennent tous les deux, rien qu’en se trouvant aussi proches dans ce bureau où n’importe qui pourrait vouloir entrer à tout moment. Leur baiser se prolonge avec envie, avant qu’elle n’y mette fin pour se reprendre et affirmer combien il lui a manqué. Elle sourit quand il la taquine en lui demandant de lui montrer à quel point. En guise de réponse, ses lèvres viennent s’emparer une nouvelle fois des siennes. Elle en perd la tête. Il lui fait perdre l’esprit. Lui, ses lèvres, leur douceur. C’est tellement bon de le retrouver et, en même temps, elle doit se souvenir qu’elle ne doit pas trop le retrouver. Se détachant brutalement du jeune homme, Isa s’éloigne non par envie… Mais par précaution. Elle sait qu’elle doit garder une distance raisonnable avec lui. Raisonnable, encore, oui. Se reculant jusqu’à son bureau, elle tente de lui expliquer qu’elle mourrait d’envie de le voir mais qu’elle n’en a pas eu le temps, pas l’occasion, depuis son retour. Elle est totalement débordée. Mais elle lui fait aussi remarquer son imprudence alors que, très fier de lui, il lui explique qu’il a pris ses précautions. Elle laisse échapper un sourire amusé. Elle voudrait bien paraître plus convaincante, mais elle n’y arrive pas. Elle est trop heureuse de l’avoir en face d’elle. – Si tu as mis des lunettes de soleil, alors, ça change tout effectivement. le taquine-t-elle, non sans malice. Mais il ne l’écoute pas, il ne l’entend même pas. Il lui affirme que c’est amusant de prendre des risques. C’est… Excitant, elle ne peut pas le nier. Mais c’est surtout extrêmement dangereux. Aussi dangereux que de le voir s’approcher d’elle, encore et encore. Beaucoup trop. – Nikolaï… souffle-t-elle alors qu’elle sent son corps frôler le sien. Sa main contre sa joue, ses lèvres qui s’aventurent sur le coin de ses lèvres et descendent délicatement contre son cou. Il n’imagine pas l’état dans lequel il est en train de la mettre. D’autant plus après qu’elle se soit passée de lui si longtemps. – Ce n’est pas l’envie qui m’en manque. avoue-t-elle dans un murmure. Mais elle doit faire attention. Ils doivent faire attention. C’est ce que son cerveau lui hurle mais son corps, lui, est totalement sous l’emprise de Nikolaï. Elle ne s’attend pas du tout, toutefois, à le voir reculer subitement pour lui parler de… Son nouvel amant. Elle le regarde, l’air déstabilisée. Encore troublée par ses baisers mais déroutée aussi par ses mots. – Ne me dis pas que tu lis ce genre de presse.

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Et tu es rentré dans ma tête, ce jour-là, comme une maladie.

Tout sens de la raison disparaît chez Isabella à la seconde même où les lèvres de son amant viennent se poser contre sa peau. Elle est faible, vulnérable. A sa merci. Il a beaucoup trop d’emprise sur elle, Nikolaï. Il pourrait l’inciter à faire n’importe quoi, en dépit de toute conscience, simplement en jouant de ses charmes sur elle. C’est une sensation qu’elle adore… Autant qu’elle la déteste. Elle tente de le mettre en garde, elle tente de se mettre en garde. Mais c’est peine perdue. Elle est sous l’effet de ce manque de leurs étreintes, de son corps, de ses baisers… De Nikolaï tout entier. Elle meurt d’envie de le retrouver. Elle a beaucoup de mal à garder contenance sous ses assauts, ou même ne serait-ce qu’à contrôler ses propres envies. Elle a voulu résister en s’éloignant, c’est tout ce dont elle est capable, mais il est revenu à la charge. Il est en train d’effacer toute volonté d’elle alors qu’il lui murmure, de cette voix qui la fait chavirer, d’écouter son envie. Elle peut craquer d’un instant à l’autre. Elle va sûrement craquer. Elle a l’impression d’avoir le diable en face d’elle. Et elle n’imagine pas à quel point elle a raison. Parce qu’elle ne s’attend certainement pas à la douche froide qu’il lui balance soudainement. En une seconde, il l’a fait passer de ce trouble si agréable, si envoûtant, à un autre beaucoup moins à son goût. La jeune femme essaie de retrouver ses esprits même si elle est encore déroutée, déstabilisée même par son interlocuteur. Elle le regarde, la mine déconfite, comme s’il la réveillait violemment d’un beau rêve. Son trouble laisse peu à peu place à la surprise, à la méfiance même alors qu’il évoque ces maudits ragots sur la Latina. Elle aurait pu déjà se braquer, s’il ne s’agissait pas de lui. Mais elle le contemple sans dire un mot. Comprenant que c’est en entendant les employés de l’entreprise qu’il a pu être mis au courant. Ce n’est pas vrai… Elle n’a vraiment pas besoin qu’ils donnent plus d’importance encore à ce magazine stupide. Mais apparemment, elle n’a pas d’autre choix. Elle écoute le jeune homme évoquer de lui-même ses vacances à Rome au bras d’un nouvel amant. Elle ne sait pas s’il y croit, en fait elle ne se pose même pas la question, tant il est évident qu’elle n’a aucun amant. Aucun autre amant que lui, cela va sans dire. – Ce ne sont pas mes employés. lâche-t-elle dans un soupir. Sinon, elle aurait fait le ménage il y a longtemps. Mais c’est tout ce qu’elle trouve à répondre. Reculant un peu, elle baisse les yeux. Lassée, fatiguée. Elle en a assez de se battre constamment, elle se bat depuis qu’elle est née. C’est épuisant. Finalement, elle se décide tout de même à reprendre la parole. – Je suis au courant…. Et je n’arrive vraiment pas à croire qu’ils trouvent le moyen de suivre les gens hors du pays.  

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Et tu es rentré dans ma tête, ce jour-là, comme une maladie.

Elle en a assez, Isabella. Cette prétendue notoriété est en train de la tuer à petits feux. Au début, quand elle a rencontré Luke, elle l’a acceptée. Elle faisait partie des règles du jeu. Seulement ce qui s’apparentait à des commérages au bureau est en train d’empiéter sur sa vie privée, sa vie personnelle. Et Dieu sait qu’elle déteste laisser entrevoir sa vie personnelle. Depuis toujours, alors même qu’elle n’était qu’une adolescente à la vie peu banale, elle s’est évertuée à préserver son intimité. Elle a eu si tôt des secrets à conserver. Trop tôt sans doute. Parce qu’aujourd’hui, elle est terriblement réservée sur elle-même. Chaque jour, au quotidien, même avec les personnes qui lui sont le plus proches. Alors voir sa vie publiée en première page d’un pauvre magazine, c’est vraiment loin d’être évident. Elle ne parvient pas à s’y faire, elle ne s’y habitue pas. Peut-être ne le fera-t-elle jamais parce que... Ce n’est pas son monde. Ce n’est pas elle. Elle le voit bien, elle, que cette célébrité ne dérange nullement son époux. Il est irrité par les mauvais articles comme celui qui vient de sortir au sujet de la Latina. Mais elle, elle l’est toujours, même lorsqu’il s’agit d’une simple photo d’une soirée mondaine, elle se sent épiée. Agressée. Alors entendre évoquer sa relation, déjà compliquée, avec son meilleur ami, c’est encore plus insoutenable. Entendre que même Nikolaï, si loin de la presse à scandales, est au courant, c’est un nouveau coup dur pour la belle. Elle est déconcertée, un brin désespérée par ce nouveau scandale. Si bien qu’elle ne sait même plus comment réagir, balançant quelques mots qui n’ont pourtant aucune importance. A la réponse du jeune homme, Isa reste silencieuse un instant. Elle n’est pas la patronne dans cette entreprise, elle a un poste important que, pour beaucoup, elle ne mérite même pas. Mais elle n’a aucune emprise sur les employés, encore moins sur ce qu’ils peuvent dire d’elle. Glissant ses mains contre son bureau derrière d’elle, la belle s’y appuie à peine alors que son regard s’abaisse sur le sol. - Ce n’est pas moi qui suis célèbre, c’est mon nom. Elle le dit d’un ton dramatique, presque, fataliste. C’est un fardeau qui devient de plus en plus lourd à porter. Elle pense à Toby aussi, Toby qui risque d’avoir des problèmes plus inquiétants encore que les siens. Elle retient un soupir avant que son amant ne la sorte de ses songes. Il se moque de l’article. Cela en fait au moins un. Mais tout le monde n’est pas comme lui, non. Dommage. - C’est bien le problème... murmure-t-elle alors qu’il se rapproche déjà d’elle. Il lui demande comment elle va. Il a ce regard préoccupé, comme s’il s’inquiétait pour elle. Un faible sourire apparaît pour la première fois depuis cette conversation sur les lèvres d’Isabella. - Ne t’en fais pas... J’ai connu pire. Son corps, ses ébats, elle tout entière a été exposée sans la moindre retenue dans une vidéo. Ce n’est pas une photo d’elle et Toby qui se tiennent la main qui va lui faire honte. - C’est juste... Fatiguant. Je suis fatiguée de tout ça. avoue-t-elle finalement alors que son regard croise le sien. Il peut y lire une certaine détresse. Elle a juste envie de partir loin, loin d’ici. Le comble, c’est qu’elle vient à peine de revenir. - C’est quand même dingue qu’on sorte de tels articles à mon sujet alors que c’est toi que je vois en secret. termine-t-elle avec un petit sourire un peu forcé, comme pour détendre l’atmosphère, même si le cœur n’y est pas vraiment.