COMBUSTIBLE (sami)

il en fait toujours trop. trop de rouge sur les mains et trop de poudre dans les veines, à renifler comme un chien, sourire factice serpent chimère. on croit toujours qu'il est joyeux, baz, parce qu'il sourit par réflexe, instinct de survie pour essayer de pas se faire péter la gueule -en général ça marche moyen. là, on ne lui a rien fait, c'est son cerveau qui lui joue des tours, imagine les yeux trop bleus et la peau olive sur les murs crasseux d'une ville trop grande, pourtant trop vide. ça lui fait mal de perdre ce qu'il n'a jamais eu, mal de se dire qu'il est né dans la caniveau, que malgré les tentatives d'en sortir il y retournera, toujours. baz a des ailes, mais il se les invente, fausse liberté et plans sur la comète: au fond il le sait, tout l'monde le sait, qu'il finira crasse, dans un endroit miteux ou sans souffle sur le trottoir. ça fait encore plus mal ce soir quand il pense à sami, qui s'en est sorti sans lui, qui est sûrement heureux quelque part. il sait même pas si c'est tout ce qu'il lui souhaite, est-ce qu'on peut demander à quelqu'un d'être malheureux pour le faire rester? il n'est pas à ce point un connard. pourtant à l'intérieur, ça fait vide, ça fait creux. sans lui. putain, c'est sûrement la drogue qui le fait délirer, c'est pas lui ça, à errer comme un chien sans maître entre les immeubles
pourtant, inconsciemment, il cherche. là où ils ont pu rire, se retrouver, là où dans ses souvenirs il peut encore le regarder. même si les mois ont passé et que sami n'est pas revenu. il s'en fout. il s'en fout, pas vrai?