It’s like an angel sighing. (Toby)

♛ it's like an angel sighing.

Life is a mystery, everyone must stand alone I hear you call my name And it feels like home. When you call my name it's like a little prayer I'm down on my knees, I wanna take you there In the midnight hour I can feel your power Just like a prayer you know I'll take you there. I hear your voice, it's like an angel sighing I have no choice, I hear your voice Feels like flying I close my eyes, Oh God I think I'm falling Out of the sky, I close my eyes Heaven help me...

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Elle ne saurait dire si elle croit en Dieu, Isabella. De la religion, elle garde les souvenirs de sa mère. Beauté frappante, au caractère de feu, qui ne s’adoucit que lorsqu’elle s’adresse au tout-puissant. Elle se souvient des prières qu’elle entendait, chaque soir, des prières qu’elle faisait avec elle parfois. Puis, sa mère est morte. Et elle, elle n’a plus eu le temps de prier. Elle a dû se relever, pour sa famille, pour elle-même. Elle a pris conscience que, si elle voulait avoir une chance de survivre dans ce monde, ce n’est pas sur Dieu qu’elle doit compter mais bien sur elle-même. Alors elle ne sait pas. Généralement, la religion n’a aucune place dans sa vie. Encore plus depuis qu’elle est mariée à un homme bien trop pragmatique pour être capable d’avoir la foi en quoi que ce soit. Mais la Catholique en elle revient, par moments, quand elle laisse ses pensées vagabonder. Et puis, elle vient ici, à l’Eglise, une fois par mois. Elle ne vient pas pour l’office, habituellement, mais pour offrir des vivres à la paroisse. Elle ramène des présents, des vêtements, et tout ce qui peut améliorer la vie de ceux qui ont moins de chance qu’elle. C’est quelque chose qu’elle a, presque, fait automatiquement quand elle a commencé à gagner sa vie. Mais c’est depuis sa rencontre avec Finn qu’elle en mesure l’ampleur. C’est peut-être ce qui la pousse, aujourd’hui, à rester durant la cérémonie. Ou c’est peut-être simplement parce qu’elle a envie de retrouver Toby.

Toby, c’est le prêtre de cette paroisse. Elle l’a rencontré il y a trois ans, grâce à ses visites occasionnelles. Peu à peu, ils sont devenus amis. Elle ne le considère plus du tout comme le prêtre de cette église, il est bien plus désormais à ses yeux. Mais peut-être justement grâce à sa fonction, il a su avoir ce qu’elle ne donne que trop rarement aux autres... Sa confiance. Avec lui, elle est capable de se livrer. Admettre les peurs qu’elle cache au reste du monde, confier les doutes qui la taraudent. Avant son mariage avec Luke, quand elle s’est demandé si elle faisait le bon choix, c’est à lui qu’elle s’est adressée. Comme en attente d’une approbation, comme dans l’espoir qu’il sache ce qu’elle ignorait alors. Elle estime Toby plus que n’importe qui, c’est peut-être pour cette raison que son opinion a tant d’importance pour elle. C’est peut-être pour cette raison aussi que, pour la première fois depuis sa liaison avec Nikolaï, elle sent la culpabilité l’envahir. Jusqu’à présent, elle a toujours refusé obstinément de s’en vouloir. Elle a vu cette relation purement comme un moyen de pallier ce que son couple ne lui offre pas, pas suffisamment du moins. Mais durant toute l’office, alors qu’elle tente d’écouter son ami, c’est surtout cette culpabilité qu’elle entend résonner en elle. Elle s’efforce de se reprendre néanmoins. C’est sûrement le lieu dans lequel elle se trouve qui la pousse à éprouver cette sensation. L’adultère est un pêché, aux yeux de l’Eglise plus encore que n’importe où.

Elle sort de ses pensées quand elle voit les personnes autour d’elle se lever tout à coup. Bon sang, elle ne saurait même pas dire le sujet du serment. Elle laisse échapper un bref soupir avant de se lever à son tour. Mais, contrairement aux fidèles, la Latina ne prend pas la direction de la sortie. Au contraire, elle s’approche de l’autel où se trouve toujours Toby sous quelques regards curieux auxquels elle ne fait pas attention. Quand elle arrive à sa hauteur, elle se met instinctivement à sourire bien qu’elle reste encore en retrait. Il discute avec un homme mais, au bout de quelques secondes, elle les entend se dire au revoir. Elle n’attend même pas que l’homme s’éloigne. - Bonjour Toby. le salue-t-elle aussitôt de sa voix douce pour éviter de le faire sursauter. Elle ne sait pas s’il l’a remarquée lors de son office mais elle se doute bien que peu de ses fidèles l’appellent par son prénom. Mais elle est surtout son amie, Isabella. Ce n’est pas le prêtre mais l’ami qu’elle a envie de retrouver.

CODAGE PAR AMATIS

Toby célébrait la messe. Il n'était pas le curé ici, mais les gens le respectaient tout autant, malgré son plus jeune âge, et ses quelques étourderies. Il fallait dire que c'était une personne très accessible, et que, depuis son arrivée dans cette église, il y avait de cela trois ans, il avait proposé diverses idées, qui avaient abouti et satisfait la communauté. Il ne supportait pas l'injustice et de voir des gens dans le besoin sans pouvoir réagir, si bien qu'il prenait parfois quelques risques. Le groupe de parole pour les toxicomanes en était un. D'ailleurs, cela lui valait parfois quelques menaces, de la part de dealers, mais, fort heureusement, il ne s'était jamais frotté à de gros bonnets, ou qui que ce soit qui puisse représenter un danger imminent à sa vie. En bref, il avait été accepté dans ses lieux, même s'il lui arrivait parfois à penser au petit village en Italie, où il avait d'abord vécu et exercé sa vocation. La différence était immense, que ce soit au niveau de ce que l'on attendait de lui, ou même de la mentalité de la population. De plus, il n'avait ici qu'une paroisse, suffisamment grande pour représenter un travail conséquent, alors que dans les zones rurales, il devait gérer plusieurs églises différentes. Cela avait été un bond.

Au début de l'office, ses yeux se posèrent sur l'entrée, apercevant avec surprise son amie Isabella, qui s'était frayé un passage vers l'un des bancs, prenant place. Il savait qu'elle n'était pas foncièrement croyante et la voir à l'office l'étonna, mais lui fit grandement plaisir. Il la quitta cependant rapidement du regard pour se concentrer sur sa tâche. La messe toucha à sa fin et il se sentit pressé de rejoindre la demoiselle, espérant bien qu'elle n'allait pas partir sans le saluer. D'autres personnes vinrent échanger quelques mots, poser quelques questions, ou demander des renseignements. Et enfin, il la vit devant lui, debout, un sourire sur les lèvres et cet air songeur qui, étonnement, la magnifiait grandement. De sa voix douce, elle le salua et il lui offrit le plus beau des sourires. C'était l'une des premières personnes qu'il avait rencontré à New-York, en-dehors des gens liés directement à la paroisse. Elle venait donner ce qu'elle pouvait, aider comme elle le pouvait, bien qu'elle ne fut guère pratiquante.
"Hey Isa..." souffla-t-il, ne remarquant pas les regards surpris et parfois désapprobateurs qui se posèrent sur eux, signe que quelques racontars devaient s'être mis en route récemment. "Je suis heureux de te voir, c'est une excellente surprise!"

L'abbé la considérait peut-être comme sa meilleure amie, il lui était arrivé de lui faire part de ses idées et de ses doutes. Il avait sur qui compter, à présent, notamment son propre frère, mais avec Isabella, c'était différent. Vraiment différent. On ne pouvait décrire leur relation qu'en utilisant les mots amour et amitié. Il l'aimait beaucoup, et elle l'aimait beaucoup également. Toby ne la regardait jamais autrement que les yeux remplis de tendresse et de douceur. Son sourire faisait le reste. Il posa délicatement une main contre son épaule et se baissa pour l'embrasser, un petit baiser sur chaque joue, une habitude qu'il n'avait jamais perdu, un geste presque mécanique tant il avait été fait et refait, mais toujours pourvu de la même sincérité. On le connaissait tactile et cela ne choquait plus grand monde, si ce n'était quelques fermés d'esprit, ou peut-être trop méfiants. Ou mauvaises langues. "Comment vas-tu?" demanda-t-il naturellement. Il descendit les petites marches devant l'autel, en sa compagnie, se dirigeant vers la sacristie, lui indiquant de le suivre sans hésiter. Il se demandait bien ce qui avait pu mener la jeune femme à se rendre à la messe, ce jour-là... Elle préférait de coutume passer après l'office, et se diriger directement vers le presbytère plutôt que l'église.

♛ it's like an angel sighing.

Life is a mystery, everyone must stand alone I hear you call my name And it feels like home. When you call my name it's like a little prayer I'm down on my knees, I wanna take you there In the midnight hour I can feel your power Just like a prayer you know I'll take you there. I hear your voice, it's like an angel sighing I have no choice, I hear your voice Feels like flying I close my eyes, Oh God I think I'm falling Out of the sky, I close my eyes Heaven help me...

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Tous ses songes, toutes ses sombres pensées disparaissent dès l’instant où son regard croise le Sien. Celui de Toby. Il a ce pouvoir étrange sur elle, celui de l’apaiser, comme ça, sans rien faire. Simplement par sa présence, il est capable de lui procurer ce bien-être si particulier. C’est peut-être parce qu’il a lui-même cette foi si forte, si inébranlable en la vie. Il croit en l’Humanité, bien plus qu’Isabella. Et il lui donne envie, à elle, d’en faire de même. A défaut de pouvoir le faire avec Dieu, ou même avec les Hommes, elle croit en lui, sans l’ombre d’un doute. Il lui offre ce sourire qui a un certain don pour la faire craquer, elle, et sûrement beaucoup d’autres. Puis, il la salue, par ce simple diminutif. Isa. Ils ne sont que trop peu à l’appeler ainsi. D’ordinaire, la plupart des gens, à commencer par son propre mari, lui donnent son prénom complet. Elle préfère Isa, cela lui ressemble plus, à elle, qu’Isabella, l’épouse Kingston cible de beaucoup trop de racontars. Instantanément, en l’entendant, elle sait qu’elle a bien fait de venir aujourd’hui. Elle en a peut-être davantage besoin qu’elle ne le croyait jusqu’alors. Le jeune homme, lui aussi, paraît heureux de la voir. Il ne s’y attendait pas, et elle n’est pas surprise de son côté. Elle ne fréquente que rarement les messes mais quelque chose, elle ne saurait dire quoi précisément, l’a poussée à entrer au sein de l’église en ce jour. Peut-être, au fond, n’a-t-elle pas envie de connaître ses raisons. L’important est qu’elle soit là, auprès de lui. – J’avais très envie de te voir. lui confie-t-elle, la voix tendre, avant qu’il ne s’approche d’elle pour l’embrasser. Sans plus de cérémonie, sa propre main se pose sur le bras de son interlocuteur alors qu’elle dépose elle aussi deux baisers contre ses joues. C’est devenu une habitude, une habitude à laquelle elle ne fait guère plus attention. Pourtant, contrairement à son ami, la jeune femme sent malgré elle certains regards qui s’attardent un peu trop sur eux. C’est probablement parce qu’elle y est coutumière. Depuis son mariage, son visage n’est plus aussi anonyme qu’elle le voudrait. Mais, généralement, c’est lors des soirées huppées, dans les coins les plus riches de New-York, qu’elle s’en rend compte. Pas alors qu’elle se trouve dans un quartier bien moins favorisé, au sein d’une église qui plus est. Mais elle imagine peut-être des choses là où il n’y a rien.

Entraînée par son ami vers la sacristie, elle tâche d’oublier cette brève sensation pour se laisser guider. Elle ne répond pas tout de suite à sa question, peut-être car elle ne sait que lui répondre. Elle va bien, en apparence. Rien ne va mal dans sa vie en tout cas. Mais beaucoup de choses se passent ces derniers temps, des choses qu’elle ne maîtrise pas autant qu’elle le voudrait. C’est peut-être pour cette raison qu’elle a ressenti le besoin de retrouver Toby, précisément Toby et personne d’autre. Il est, de son entourage entier, la seule personne capable d’apaiser son cœur autant que son esprit. Il a quelque chose en plus, Toby. Au début, elle a cru que c’était dû à ses fonctions. Il voue sa vie à celles des autres, il offre à tout le monde, sans rien espérer de leur part. Mais cela va au-delà de ses croyances. C’est quelque chose qui existe entre eux, seulement entre eux. Elle est attachée à Toby, peut-être un peu trop, peut-être un peu plus qu’elle ne le devrait. Peut-être, aussi, plus qu’au goût de certains. – Je vais bien, je crois. admet-elle, sans tenter d’enjoliver ce qu’elle éprouve, comme elle a tant l’habitude de le faire. – Il se passe beaucoup de choses dans ma vie ces derniers temps, des choses que je ne maîtrise pas forcément. C’est assez… Déroutant. déclare-t-elle, pensivement. Elle détourne la tête, instinctivement, laissant ses prunelles s’attarder sur les quelques curieux qui les suivent du regard. – Et toi, comment vas-tu ? Tout va bien en ce moment ? Elle ne peut s’empêcher de demander. Ou peut-être aussi qu’elle a besoin de dévier la conversation. Elle n’a pas peur de confier ses états d’âme, pas à Toby. Mais parler de ce qui la préoccupe, c’est aussi rendre cette vérité plus réelle encore.

CODAGE PAR AMATIS

La douce voix de son amie le mettait aussitôt dans une situation de tranquillité et de douceur, comme s'il était plongé dans un océan de tendresse. C'était étrange cette sensation, car il ne la ressentait avec personne d'autre. Mais, au fil des années, Toby s'était habitué, et il ne se posait plus aucune question quant à cette drôle d'impression, à ce sentiment peut-être trop fort qu'il avait envers sa chère Isabella. D'ailleurs, il n'oublierait jamais combien cela lui avait étrange de la marier. En vérité, il avait trouvé cela presque désagréable.
Tout sourire aux lèvres, il indiqua à la demoiselle de le suivre vers la sacristie, où ils pourraient discuter sereinement, loin de la foule des paroissiens se tenant devant l'église, pour prendre les dernières nouvelles et discuter entre familles. Il poussa un petit soupire. "Tu m'as manqué aussi..." déclara-t-il. Il était vrai que les deux jeunes gens étaient tant habitués à se voir, que dès lors qu'ils ne se fréquentaient plus pendant une ou deux semaines, le temps semblait alors devenir des mois.

Arrivés dans la sacristie, il ôta son écharpe, puis sa chasuble, qu'il déposa tous deux sur un cintre, puis dans l'armoire. Il en prit grand soin, tout en écoutant ce qu'avait à lui raconter son amie. "Tu crois?" demanda-t-il en levant les sourcils, relevant la façon dont elle lui annonçait se sentir bien. Elle n'avait guère l'air très sûre de ce qu'elle était en train d'affirmer, bien au contraire. Remettant sa veste, pourvue d'une broche en croix, il se tourna subitement vers elle. "Rien de grave, j'espère?"l'interrogea-t-il alors. Il se souciait réellement de son bien-être, et il avait toujours été là pour elle, et le serait toujours. Et notre abbé savait pertinemment qu'il pouvait compter sur elle, et ce quelque soit ses problèmes, même s'il était plus du jour à tendre la main aux nécessiteux qu'à se faire aider lui-même. "Je suis là, s'il le faut, n'oublie pas... Tu peux tout me dire et tout me demander..." souffla-t-il, lui indiquant ainsi qu'elle pourrait lui parler si elle le désirait. Elle pouvait lui faire confiance et ne devait pas avoir peur qu'il la juge ou qu'il se fâche. Il n'était pas de ceux-là, surtout avec elle. Elle qui était si particulière dans son coeur, sans même qu'il ne s'en rende réellement compte. Isabella ne se tenait alors qu'à quelques centimètres de lui, leur souffle se mêlant, si proches que l'on pourrait penser qu'ils allaient s'embrasser d'une minute à l'autre, mais il se contenta de déposer un nouveau petit baiser contre sa joue, comme on le ferait avec une soeur... Ou avec la jeune femme que l'on apprécie bien plus que les autres. Ils avaient l'habitude de cette proximité, qui ne les gênait pas, bien au contraire, elle faisait partie du paysage. Toby adressa un nouveau sourire à la demoiselle, chaleureux et sincère.

"Je vais bien. Un peu fatigué, je l'avoue." déclara-t-il, haussant les épaules. "Je cours partout, j'ai beaucoup de choses à faire... Mais si tu me faisais le plaisir de me tenir compagnie ce midi, dans un bon restaurant, j'en serai absolument ravi..."l'invita-t-il doucement. Bien sûr, ils iraient dans le petit bistrot du coin, mais ce serait assez convivial. De toute façon, peu importe l'endroit du moment qu'ils étaient ensemble et pouvaient se parler sans crainte.

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Life is a mystery, everyone must stand alone I hear you call my name And it feels like home. When you call my name it's like a little prayer I'm down on my knees, I wanna take you there In the midnight hour I can feel your power Just like a prayer you know I'll take you there. I hear your voice, it's like an angel sighing I have no choice, I hear your voice Feels like flying I close my eyes, Oh God I think I'm falling Out of the sky, I close my eyes Heaven help me...

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Jamais, elle n’a tenté de mettre de mot sur sa relation avec Toby. Il est son ami, sans aucun doute, que serait-il d’autre ? Mais il n’est pas un ami comme les autres, il n’a rien en commun avec les autres. Elle a toujours eu tendance à catégoriser les gens, Isabella. Il y a ceux de son passé, qu’elle tente autant qu’elle le peut de conserver. Il y a ceux qu’elle a rencontré depuis son mariage avec Luke. Et puis, il y a Toby. Toby qu’elle ne pourrait mettre dans aucune catégorie. Peut-être parce que, peu importe la vie qu’elle mènerait ou bien les choix qu’elle puisse faire, elle sait que Lui, il sera toujours là. Il n’est pas un bout de sa vie, il en fait partie intégrante. C’est même lui qui a célébré son mariage un an plus tôt, devenant celui qui a lié la femme qu’elle était alors à celle qu’elle serait à l’avenir. Un choix qui, pourtant, n’a pas été aussi évident qu’on pourrait le croire pour elle. Comme si, au fond, ce n’était pas son rôle à lui de l’unir à un autre homme. Ou peut-être simplement est-ce une certaine possessivité inattendue de la part de la jeune femme qui a du partager cette amitié si particulière, le partager lui. Elle ne l’est pas, pourtant, avec personne. Mais Toby a toujours été son trésor à elle. Il est son point de chute, son socle quand elle perd pied. Elle serait simplement incapable de vivre sans lui, Isa. Ces quelques jours passés loin de lui, plus prolongés qu’à l’accoutumée, en sont une preuve. Elle retrouve une part d’elle-même, puis cette sensation de bien-être dans laquelle il la plonge à chacune de leurs rencontres. Perdue dans cette bulle de douceur qu’elle ne connaît qu’avec lui, la Latina lui adresse le plus tendre des sourires quand il déclare qu’elle lui a manqué, elle aussi. Elle en est sincèrement touchée, peut-être plus qu’elle ne le devrait. Mais c’est sa faute pourtant. C’est elle qui a quelque peu omis de lui donner de ses nouvelles ces derniers temps. Il y a, entre le retour de sa petite sœur et l’arrivée de son amant dans sa vie, beaucoup trop de choses qui sont venues la perturber. Mais elle est revenue vers Toby. Elle revient à chaque fois vers Toby.

Le regard posé sur lui, sans gêne aucune, alors qu’il retire peu à peu sa tenue d’église, elle ne semble pas s’en formaliser. Elle apprécie, au contraire, de retrouver peu à peu l’homme derrière le prêtre. Elle aime la délicatesse avec laquelle il range ses affaires. L’image de Luke qui, sûrement trop habitué à avoir des employés derrière lui, balance avec nonchalance ses vêtements au sol, la frappe un instant, avant qu’elle ne la chasse de ses esprits. Elle se concentre plutôt sur la conversation, conversation qui crée une certaine inquiétude dans le doux regard de son ami. Elle s’en rend compte aussitôt, ce qui la pousse à le rassurer d’emblée. - Non, non, tu n’as aucune raison de t’en faire... Elle a juste commis l’un des actes les plus répréhensibles de la Bible. Ses yeux se posent un instant sur la petite croix qui se trouve sur la veste de Toby, avant qu’elle ne baisse le regard. Elle prend appui sur le meuble derrière elle, comme pour garder contenance. C’est lui qui attire à nouveau son regard quand il s’approche pour lui rappeler qu’il sera toujours là pour elle. Instinctivement, un doux sourire, sincère, vient se dessiner sur les lèvres de la belle. Elle le sait, bien sûr qu’elle le sait. Elle se demande pourquoi elle est aussi déboussolée à l’idée que lui apprenne ce qu’elle fait. C’est probablement à cause de ses convictions, ses croyances, ou encore le fait qu’elle se retrouve face à un prêtre. Ou peut-être bien que c’est simplement parce qu’il s’agit de Toby. Son regard se noie quelques secondes dans le sien alors qu’elle confie d’une voix chargée en émotions. - Évidemment, je le sais bien Toby. Il faut seulement qu’elle ne l’oublie pas comme il le dit si justement. Pour effacer ses dernières craintes éventuelles, elle met fin au mystère en avouant alors. - C’est juste... Ma sœur. Elle est revenue subitement après des années d’absence et, tu me connais, je ne peux pas m’empêcher de m’interroger. Sa sœur n’est qu’une partie de tout ce qui la préoccupe. Mais il est parvenu, pour le moment, à l’apaiser. Elle sait qui il est, elle sait qu’elle n’a aucune raison d’avoir peur de ses réactions. Et elle n’est pas censée être comme ça, d’ailleurs, Isabella. Il n’y a qu’avec lui qu’elle peut s’inquiéter autant de ce qu’il pourrait dire ou... Ressentir. Il a une place beaucoup trop particulière dans son cœur pour s’il en soit autrement. Prenant une profonde inspiration, la jeune femme le voit approcher d’elle, plus encore qu’ils ne le sont déjà. Elle ferme les yeux à son baiser contre sa joue, puis n’y tenant plus, relève les bras pour entourer son cou. - Tu m’as vraiment manqué, Toby. murmure-t-elle à son oreille avant de se décider à se détacher de lui. Elle sait qu’il ne s’en offusquera pas. Cette proximité entre eux fait partie intégrante de leur amitié. Elle n’est toutefois pas aussi... Démonstrative, d’ordinaire. Elle l’est davantage avec lui qu’avec les autres, sûrement parce qu’il est lui-même relativement tactile. Mais, à cet instant, elle en a eu vraiment besoin.

Retrouvant un doux sourire, Isa dépose délicatement sa main contre la joue de son ami à l’entente de ses mots. - Tu sais que tu dois aussi te reposer. Même le seigneur l’a fait le dernier jour. lui dit-elle avec un petit air malicieux, mais non moins sincère pour autant. A toujours penser aux autres, l’abbé omet bien trop souvent de penser à lui. Mais elle est là pour le lui rappeler, elle. A sa proposition, elle saisit aussitôt l’occasion de passer du temps avec lui. - Avec plaisir, je suis toute à toi ! Elle attrape son sac à main, prête à le suivre aveuglément là où il le voudra. L’important est qu’il soit tous les deux.

CODAGE PAR AMATIS

La complicité qui liait les deux jeunes gens depuis ces trois dernières années pourrait bien paraître effrontée, à des yeux extérieurs. Beaucoup devaient douter de la pureté de leur relation. Certains avaient mis des mots durs sur ce qu'ils voyaient, mais Toby ne s'en était jamais formalisé et cela n'avait jamais posé problème. Et même si c'était le cas, il refuserait toujours de mettre une distance avec Isabella. Car c'était elle. Elle était une flamme dans sa vie, un visage qui lui donnerait toujours le sourire, un souffle qui l'apaiserait en toute situation, une chanson éternellement douce à ses oreilles. Son coeur battait plus rapidement en la présence de la demoiselle et son corps tout entier se sentait dans une bulle protectrice, comme enveloppé d'une douceur salvatrice. Jamais il n'avait douté de l'amitié qu'il lui vouait et vice-versa. C'était une évidence, d'une clarté aussi nette que le Soleil à ciel découvert. Un clarté qui brillait étrangement avec amour. Si bien qu'il s'était senti étrangement mal le jour du mariage d'Isa, alors qu'il aurait dû simplement être heureux pour son amie et le fêter comme il se le devait. Jusqu'à présent, il ne s'était jamais posé de véritable question sur la raison de cette sensation étonnante et malvenue. Parfois, il rougissait, puis il se décidait qu'il n'y avait rien de mal à une certaine possessivité, tout en taisant ce que son coeur pourrait avoir à lui dire.
Il arqua un sourcil, inquiet, lorsque la demoiselle lui affirma rencontrer des difficultés. Elle le rassura aussitôt, coupant court à ses élucubrations et à tout ce qui pourrait en découler. Elle lui expliqua que sa soeur était de retour, après des années d'absence. Il fronça les sourcils, cette fois.
"T'interroger? " lui demanda-t-il, désireux de la laisser poursuivre et expliquer davantage son embarras si l'envie lui venait, tout en lui laissant la possibilité de mettre court à la conversation si elle n'avait guère envie de discuter de sa fratrie. Dommage que cela ne tourmente son amie, alors que le retour d'un être proche devait davantage être une joie, un moment de bonheur dans une famille. Mais les choses n'étaient pas toujours simples, tel était le lot des êtres humains.
Il sourit de plus bel, s'approchant, déposant un baiser contre son front, dans une tendresse merveilleuse. Elle en profita pour l'attraper, le serrer contre elle, en le tenant de ses bras derrière son cou. Son sourire fait écho au sien, alors qu'ils s'enlacent simplement. Les mots qu'elle murmura alors à son oreille le firent frémir de douceur et de plaisir. Il ferma les yeux, d'émotion. Avant qu'elle ne se détachât de lui, il en profita pour lui faire un bisou d'esquimau, collant son nez contre le sien, comme le ferait un gamin malicieux à sa meilleure amie. Il sourit de nouveau, revigoré et heureux de cette visite surprise, qui illuminait sa journée. Bien qu'aucune des journées de Toby ne soit maussade, chacune apportait son lot de défis et de difficultés, et la présence d'Isabella venait poser la cerise sur le gâteau, le rayon de Soleil manquant. "La journée était déjà belle, mais maintenant que te voilà, elle est somptueuse! Tu devrais me faire cette surprise tous les jours!" s'exclama-t-il en riant, rougissant un peu. Ce n'était pas de la drague, pas même une tentative. Il ne voulait pas la voir autrement que comme la grande soeur qu'il n'avait jamais eu, même si son coeur lui soufflait parfois des pensées étranges. La main d'Isa vînt lui caresser la joue, avec douceur. "Tu es la sagesse même..." indiqua-t-il. "Tout le monde me le répète, mais je n'en fais qu'à ma tête. Je crois que je suis incapable de rester en place..." ajouta-t-il ensuite, avec cette candeur presque enfantine dans le regard, cet éclat serein dans les pupilles.

Finalement, il lui proposa de se rendre ensemble au restaurant, ce qu'elle accepta avec grande joie. Elle se saisit de son sac à mains et ils sortirent tout deux de la sacristie, que l'abbé ferma à clef, avant de sortir de l'église. L'édifice était relativement ancien, sans être pour autant un monument historique. Il y avait des travaux de rénovation à effectuer, et les finances ne se portaient pas forcément suffisamment bien pour les mettre en place dès à présent. Mais il ne pensait pas à cela en descendant les marches, après la lourde porte d'entrée, mais simplement à la plaisante compagnie qu'il aurait l'honneur de partager ce jour-là pendant le déjeuner.
Ils entrèrent dans le bistrot, où le tenancier, un fervent catholique et paroissien, les accueillit avec sincérité. Il les installa à une table, dans le fond. "Je vous offre un thé, c'est pour la maison!" s'exclama-t-il en déposant les menus. Il savait à quel point Toby aimait ce breuvage chaleureux et, d'une nature généreuse, ne put s'empêcher de faire ce geste. Malheureusement, la bonhomie du gérant fut grisée par les voix de certaines personnes, assises non loin de là. Elles parlaient d'une voix basse, mais le bistrot étant vide, le son émis par leurs lèvres atteignaient sans difficulté les oreilles de notre jeune prêtre. "Il ne se cache même pas ! C'est une honte... J'espère au moins que ce n'est pas avec l'argent de la quête qu'il l'invite au restaurant..." soufflait une femme. Celle assise à ses côtés, hochait la tête pour finir par répondre, d'un air déterminé et accusateur. "Ouais... Celle-là je l'ai vue avec lui plusieurs fois. J'ai pensé que c'était sa soeur, mais tu parles! T'as entendu pour la petite, là... ? Tu sais la bénévole.... Il paraît qu'il en a plein...C'est pas la seule... Un homme comme ça!" déclara-t-elle ensuite. "On dit bien que le Diable se pare d'une auréole la première fois qu'il se montre à nous!" Et la troisième, bien moins mauvaise langue, se contenta de faire une remarque sur le physique de Toby, qu'elle jugeait avantageux, avant de rétorquer qu'elles exagéraient, mais qu'elle ne serait pas étonnée qu'il ait cédé à certains appels de la nature.

Et, alors qu'il était entré dans ce restaurant le sourire aux lèvres, et de l'optimisme lui recouvrant le visage, un filet de joie sur ses traits fatiguées, ce fut une lueur de tristesse qui parut dans ses yeux. Une lueur extrêmement marquée, tout en restant subtile. De coutume, il n'en avait que faire des qu'on-dira-t-on, mais ils étaient devenus son quotidien. Les commérages, qu'ils pensaient voir s'éteindre au fil des jours, n'avaient fait que croître. Pourquoi voulait-on lui faire du tort alors qu'il n'avait toujours fait que de son mieux? Il déglutit, n'osa pas se retourner pour observer les demoiselles qui parlaient de la sorte, et avala quelques gorgées dans le verre d'eau posé à ses côtés, droit comme un "I".

♛ it's like an angel sighing.

Life is a mystery, everyone must stand alone I hear you call my name And it feels like home. When you call my name it's like a little prayer I'm down on my knees, I wanna take you there In the midnight hour I can feel your power Just like a prayer you know I'll take you there. I hear your voice, it's like an angel sighing I have no choice, I hear your voice Feels like flying I close my eyes, Oh God I think I'm falling Out of the sky, I close my eyes Heaven help me...

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Jamais, elle ne s’est inquiétée de ce que les gens peuvent penser de sa relation avec Toby. Jamais, elle ne s’en est formalisée, simplement parce que c’est Toby. Il est l’être le plus pur, le plus beau, qu’elle ait eu la chance de connaître. Il est tout ce que l’être humain devrait être. Ce qu’elle ressent à son sujet n’a rien à voir avec ses fonctions de prêtre, c’est un fait. Mais, en l’occurrence, c’est aussi ce qu’il est. Et, peut-être naïvement, elle a toujours eu dans l’idée que ce seul détail suffise à faire taire les mauvaises langues. Elle a pourtant l’habitude des racontars, des ragots sur sa propre personne. Mais ce détail a suffi à l’empêcher, elle, de se poser trop de questions sur leur amitié un peu trop particulière là où elle l’aurait fait pour n’importe quel autre homme. Elle n’est pas si tendre avec ses amis d’ordinaire, elle n’est pas non plus aussi attachée à eux, à ce qu’ils peuvent penser ou non. Mais Toby… Toby est un ange. Et personne ne devrait vouloir lui ôter son auréole. Alors, les on-dit, ils ne devraient pas exister. Ils n’existent pas quand ils sont tous les deux, plongés dans cette bulle qui n’appartient à personne d’autre. Plus rien n’existe dans ces moments. Et fort heureusement pour Isabella, car elle n’a aucune idée de ce qu’elle ferait sans lui. Il est l’instant de douceur dans sa vie bien trop rythmée, sa bouffée d’oxygène quand l’air devient trop irrespirable. Il est l’amour dont elle a besoin quand elle ne sait plus comment faire. Plus comment aimer, comment être aimée. Ce n’est peut-être pas vraiment de l’amitié, pas totalement de l’amour. Ce n’est peut-être pas si sain, finalement, d’entretenir un lien aussi fusionnel. Mais en a-t-elle seulement conscience, Isabella, alors qu’à ses yeux, il n’existe pas d’âme plus pure ? Ce n’est pas sans raison qu’elle parvienne avec tant de facilité à se livrer à lui sans faux-semblant, sans faux sourire. Juste en étant elle-même. Même si, fatalement, elle est incapable de lui avouer sa tromperie, comme si, en fin de compte, elle redoutait sa réaction autant que celle de son propre mari. A la place, elle évoque Peyton. Peyton, sa petite sœur, son bébé. Elle est heureuse de la retrouver, heureuse de l’accueillir chez elle qui plus est. Mais sa tendance naturelle à toujours envisager le pire la pousse à s’interroger. A s’inquiéter, plus exactement. – Oui, je me demande si elle m’a tout dit… Elle est revenue subitement après trois ans d’absence alors qu’elle adorait la vie qu’elle menait. Elle a l’air heureuse mais… Peut-être qu’elle a eu des problèmes là-bas… énonce-t-elle avant de laisser échapper un faible soupir. Elle sait qu’elle se pose sûrement beaucoup trop de questions. Avec sa famille, elle est beaucoup trop protectrice. Ce n’est pas pour rien que Peyton avait quitté la ville, et que Ben refuse encore aujourd’hui de lui parler. Mais c’est dans sa nature, c’est comme ça. C’est ainsi quand on a appris dès son plus jeune âge à être une maman. Parfois, elle aimerait que son cerveau prenne des vacances. Elle tente bien de le mettre sur pause mais elle n’y arrive pas sur commande. Toby sait mieux s’y prendre encore. Alors qu’il lui offre un doux baiser, elle se saisit de l’occasion pour aller se blottir dans ses bras, tout contre lui. Elle respire quelques secondes, quelques secondes de trop, son odeur familière et rassurante. Et, instantanément, elle se sent mieux. Elle sourit sans s’en rendre compte. Un sourire qui s’agrandit quand il vient coller le bout de son nez au sien. Ils ont l’air de deux enfants insouciants. Elle est tout le contraire, Isa, mais l’illusion lui fait un bien fou. Elle est là, sa bouffée d’oxygène. Tous ses doutes s’évaporent avec une rapidité incroyable. A sa remarque, elle le fixe d’un air mi amusé, mi attendri. Il est craquant quand il rougit, Toby. – Je voudrais bien mais ce serait trop injuste pour les autres que je t’accapare autant. déclare-t-elle avec un clin d’œil espiègle. Elle le sait, parce que chacune de leurs rencontres a tendance à s’éterniser bien plus que de raison. C’est pourquoi, aujourd’hui, elle a libéré une partie de sa journée pour la passer avec lui. Si elle est souvent beaucoup trop surchargée de travail, elle a conscience que son ami n’est pas en reste. Elle le contemple avec un brin d’inquiétude alors qu’il avoue être incapable de se reposer. Comme une sœur le ferait, comme une épouse le ferait. – Je vais peut-être tâcher de venir tous les jours pour vérifier que tu prends la peine de t’arrêter manger, finalement. rétorque-t-elle, à moitié sérieuse. Ce midi, en tout cas, elle va s’en assurer.

Ils ne mettent que quelques instants pour quitter l’église et rejoindre le restaurant le plus proche. Un bistrot simple, convivial. Loin des cinq étoiles huppés qu’elle a l’habitude de fréquenter. Elle apprécie la chaleur des lieux, Isabella. Celle de l’homme qui les accueille également. Elle préfère le café au thé, mais elle évite de le préciser. Elle est beaucoup plus simple que ses tenues ou bien son statut le laissent entrevoir. Elle remercie aimablement le propriétaire des lieux avant de s’installer à cette table au bout de la salle, en face de son ami. Mais elle a tout juste l’occasion de profiter de cet instant en sa compagnie que des murmures viennent à leurs oreilles. Au tout début, elle ne se rend pas compte que ces femmes sont en train de parler de Toby. C’est tellement saugrenu pour elle qu’elle ne l’envisage pas. C’est quand elle entend parler de quête, et de bénévole, qu’elle réalise. C’est de lui qu’elles parlent, lui et elle. La surprise l’envahit instantanément. – Qu’est-ce qui leur prend ? lâche-t-elle, encore totalement abasourdie d’entendre des mots pareils au sujet de celui qu’elle considère comme son ange, tout en relevant les yeux vers lui. Mais, bientôt, la stupéfaction laisse place à la colère. C’est quand elle voit ce regard si triste, si peiné chez le prêtre. Elle ne supporte pas une telle scène, Isa. Ça lui déchire le cœur. Littéralement. Elle sent, tout doucement, monter en elle l’envie d’aller dire à ces vipères le fond de sa pensée. Mais elle se retient, pour Toby. Parce que ce qui la préoccupe le plus, c’est lui, et ce qu’il peut bien ressentir. – Toby, est-ce que tu as des problèmes ? Elle a le regard rivé sur lui, ignorant les mégères qui poursuivent inlassablement leurs élucubrations. Elle doit se contenir, elle le sait. Et si d’ordinaire, elle en est tout à fait capable, Isa ignore si elle va pouvoir le faire longtemps cette fois. Car elle perd toute raison quand il s’agit de lui. Personne ne touche à Toby.

CODAGE PAR AMATIS

Le lien qu'entretenait Toby et la jeune femme était si intense qu'il n'y avait pas vraiment de barrière, de limite à ne pas dépasser entre eux, du moins, en ce qui concernait les sentiments et les discussions. Il était évident que si le trentenaire ne s'était pas voué à la prêtrise, il en serait sorti quelque chose de différent... Ou bien, ils ne se seraient jamais rencontrés, car Toby ne serait sans doute jamais venu à New-York. La vie aurait été bien différente sans elle, et de cela, il n'en doutait pas. Il lui manquerait une petite lumière, un petit quelque chose, mais qui pesait lourd, qui prenait de la place en kilomètres cube dans son coeur.
Isabelle lui indiqua que sa petite-soeur semblait lui cacher quelque chose. Toby se contenta de hausser les épaules et afficher un nouveau sourire serein.
"Laisse-la prendre ses marques..." souffla-t-il. "Si elle veut t'en parler, elle le fera le moment venu. L'important, quoi qu'il soit arrivé, c'est qu'elle soit heureuse maintenant, n'est-ce pas?" déclara-t-il. Et c'était bien vrai, peu importait le passé, il fallait vivre le présent et préparer l'avenir. Après tout, chacun pouvait devenir une meilleure personne, avec quelques efforts bien répartis. Chacun pouvait se battre pour atteindre des objectifs plus ou moins grands, surtout quant à son âme. Un petit baiser d'esquimau, et quelques cajoleries suffirent à lui redonner encore une fois le sourire. Lorsqu'il était avec Isabella, il se sentait indestructible... Car elle prenait soin de lui, elle le protégeait aussi. Elle était un peu comme un ange qui veillerait à ce qu'il ne fasse pas de bêtises. Bien que Toby ne soit pas un coquin ni un espiègle, il lui arrivait parfois de se tromper de direction, comme tout un chacun, et ses discussions avec sa meilleure amie l'aidaient toujours à y voir plus clair. "Haha! Moi je suis pour!" s'exclama-t-il en riant lorsqu'elle indiqua qu'elle viendrait vérifier tous les jours qu'il avait pris un peu de temps pour lui. "Mais ne t'inquiètes pas, je suis un amoureux de la table, alors... Je ne vais jamais me laisser mourir de faim." Et c'était évident, quelqu'un de gourmand comme lui ne risquait pas de se laisser aller en ce qui concernait la nourriture. Il ne mangeait pas bien tous les jours, mais il aimait s'offrir quelques douceurs de temps en temps, peut-être trop souvent.

Finalement, il invita son amie à partager un bon repas, dans une brasserie fort sympathique du quartier, à proximité de l'église. Il était certain de passer un excellent moment jusqu'à ce que des voix parviennent à ses oreilles. C'était trois demoiselles qui avaient l'air très acaparées par sa présence. Les remarques se firent désobligeantes et une lueur de tristesse vînt subitement voler l'éclat de joie de notre abbé. Il ne se retourna pas. Il pourrait se lever, et aller leur faire la morale, leur rappeler à quel point le fait de répondre des rumeurs n'était pas chrétien, mais il ne voulait pas non plus donner l'impression de se justifier. Isa sembla chagrinée, mais surtout furieuse par ce qui était en train de se dire dans leur dos. Toby se contenta de hocher la tête négativement en réponse à son inquiétude.
"Ne t'en fais pas..." répondit-il simplement. "Il y a des ragots qui courent à mon sujet, à cause d'un simple... quiproquo. Ca fait des jours que c'est comme ça. Je pensais que ça allait s'amoindrir, mais j'ai l'impression que c'est de pire en pire..." souffla-t-il, dépitée, avant de laisser paraître un petit sourire timide. Oui, le 'baiser' de quelques secondes échangés avec Bonnie n'était rien d'autre qu'un quiproquo, une jeune femme qui avait mis sa confiance dans son pasteur et avait voulu tenter une certaine chose. Rien de plus. "On raconte que je profite de la faiblesse morale de mes paroissiennes pour avoir leurs... faveurs..." désigna-t-il les choses, sommairement, d'une façon plus raffinée que ce qui se disait dans la rue en ce moment. Il haussa ensuite les épaules. "Mais ne t'en fais pas... Les ragots finissent toujours par disparaître, je n'ai rien à me reprocher." Et sans se contrôler, parce que c'était sans sa nature, il vînt poser sa main contre celle de la brunette, comme à leur habitude, sans arrière pensée. Par contre, ce geste ne passa pas inaperçu pour les trois vipères.

"Vous avez vu ça?" s'exclama l'une d'elle, pensant chuchoter alors qu'on l'entendait très bien. "C'est dingue... En public, et il n'en a rien à faire... Honnêtement, je songe à changer de paroisse... Il profite de la fragilité. J'aurais jamais cru, dire qu'il se montre si 'dévoué'... " argumenta-t-elle tandis que son interlocutrice lui répondait: "Ouais, dévoué de 'tout son être', peut-être qu'on devrait envoyer une lettre au diocèse..."
A ces mots, Toby s'immobilisa. Il retira sa main de celle d'Isa, et à son oeil, une unique larme coula. Il l'effaça de sa manche, avant de pousser un soupire, d'attraper sa tasse de thé et boire une gorgée. Le patron venait de déposer devant eux une affichette indiquant les plats du jour, mais notre trentenaire avait du mal à se concentrer pour la lire.

♛ it's like an angel sighing.

Life is a mystery, everyone must stand alone I hear you call my name And it feels like home. When you call my name it's like a little prayer I'm down on my knees, I wanna take you there In the midnight hour I can feel your power Just like a prayer you know I'll take you there. I hear your voice, it's like an angel sighing I have no choice, I hear your voice Feels like flying I close my eyes, Oh God I think I'm falling Out of the sky, I close my eyes Heaven help me...

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Envisager sa vie sans Toby lui est impossible. Elle a bien des personnes, pourtant, qu’elle aime de tout son cœur mais qu’elle ne voit plus dans son quotidien. Il y a son frère et, jusqu’à très récemment, il y avait aussi sa sœur. Il y a aussi les personnes parties trop tôt, celles qu’elle ne reverra plus. Mais Toby… Toby, elle ne peut pas envisager pouvoir se passer de sa présence. Il est comme une douce mélodie dans sa vie. Parfois, elle se fait très basse, quand le temps vient à leur manquer,, puis d’autres fois, le volume est à plein régime, et ils ne se lâchent plus. Mais, jamais, la musique ne s’arrête. Elle ne peut simplement pas imaginer que tout puisse s’arrêter. Aujourd’hui encore, c’est vers lui qu’elle est venue trouver refuge quand, dans sa tête, tout commençait à se chambouler. C’est avec lui, aussi, qu’elle parle de ce qui lui est le plus cher… Sa famille. Et ça fait du bien. Le simple sourire, si doux, si serein de son ami parvient à lui ôter le poids qu’elle a sur le cœur. L’inquiétude qu’elle ressent à l’égard de Peyton n’est pas rationnelle, elle en avait déjà conscience, mais elle est incontrôlable. Pourtant, avec ses paroles remplies de bienveillance, Toby arrive au doux miracle de la rassurer. Il est plein de bon sens et, surtout, réellement de bon conseil. Elle acquiesce de la tête, plus apaisée qu’auparavant. – Tu as raison. Comme toujours. Elle doit laisser sa petite sœur venir à son rythme. Puis, peut-être est-elle simplement un peu trop surprotectrice. Peyton a l’air heureuse, c’est tout ce qui compte à ses yeux. Elle en est reconnaissante au jeune homme pour sa bonne parole, mais elle ne le remercie pas. Cela fait longtemps qu’ils ont dépassé ce stade, tous les deux. Tout est naturel entre eux, autant au niveau des mots que dans les gestes d’affection. Quelques instants plus tard seulement, c’est d’ailleurs elle qui veut prendre soin de la santé de Toby. – Je suis heureuse de l’entendre ! assure-t-elle, bien qu’elle ne connaisse déjà que trop bien son penchant pour les bonnes choses. Il est d’ailleurs temps pour les deux amis d’aller déjeuner. Le sourire tout retrouvé, quelques câlineries et taquineries plus tard, ils quittent les lieux pour se rendre au petit restaurant du coin.

S’ils sont tous les deux très heureux de partager ce moment, leurs sourires sont pourtant de courte durée. A peine installés à leur table, ils peuvent entendre les murmures de quelques femmes assises non loin d’eux. Des murmures contre Toby. La belle ne s’y attend pas, pas une seule seconde. Elle sait à quel point la nature humaine peut être mauvaise. Elle a bien souvent fait l’objet de spéculations, de rumeurs, et surtout de jugements très violents parfois. Ils sont encore bien trop présents au sein de l’entreprise de son mari. Mais, jamais, elle n’aurait pu croire qu’on puisse s’en prendre à un homme comme Toby. Qu’elle, la jeune Latina, se fasse critiquer parce que son époux puissant et plus âgé lui ait offert un statut si important, c’est une chose. Mais que les gens puissent être aussi cruels avec un prêtre toujours présent pour ses fidèles, un homme aussi bon… Toby, merde. Ça, c’est inadmissible. Et plus elle entend les explications du brun, plus elle est abasourdie. Plus elle est en colère, surtout. – Je n’arrive pas à y croire… L’idée qu’il puisse profiter de qui que ce soit lui est franchement inimaginable. Elle n’a pas besoin de connaître précisément le quiproquo en question, cela lui importe peu. Elle n’a besoin d’aucun détail, elle n’a pas besoin de l’entendre dire qu’il n’a rien à se reprocher. Tout cela, elle n’a aucun doute là-dessus. – Comment est-ce qu’elles peuvent croire… Et colporter qui plus est des choses pareilles sur Toi ? Toby, un ange. C’est incroyable, bon sang. Elle se sent mal, pour lui, vraiment. Elle ne veut pas qu’il affronte des choses pareilles, encore moins tout seul. Lorsqu’il vient poser sa main contre la sienne, Isabella s’en saisit tout de suite pour la serrer. Un petit geste, un simple geste qui ne pousse que davantage le trio de serpents à continuer à déverser leur flot de haine.

Elle ne réagit pas, pas tout de suite. Elle se mordille la langue, même, comme pour garder son calme. Mais quand elle entend l’une de ces femmes parler du diocèse, elle sait déjà qu’elle ne peut pas rester sans réagir. C’est pire encore de voir Toby contraint de retirer sa main de la sienne, comme s’il faisait quelque chose de mal, comme s’il était quelqu’un de mauvais. Il laisse même échapper une larme qu’elle voit distinctement. Elle en est tellement touchée, Isa, qu’elle ne réfléchit plus. Elle se lèvre subitement pour rejoindre leur table. Ce n’est pas elle, elle n’est pas une personne impulsive. Mais, quand quelque chose la révolte, elle peut devenir beaucoup plus explosive qu’elle n’y paraît. Elles s’en sont prises à la mauvaise personne en attaquant Toby, assurément. – Vous disiez ? – Non, non, c’est…. Elle se fait couper par son amie, la pire des trois qui reprend sans la moindre once de gêne. – En tant qu’homme de Dieu, il y a des choses qui ne se font pas. Son attitude est totalement inappropriée. – Parce que les prêtres n’ont pas le droit d’avoir des amis ? C’est aussi un être humain ! Il a besoin d’être respecté, d’être écouté, et d’être considéré autant que n’importe lequel d’entre nous ! – Je crois que c’est surtout d’autre chose dont il a besoin ! Elle croit halluciner, Isa. – On ne pense pas à mal, on veut simplement protéger les jeunes femmes vulnérables d’une telle influence… – Vous parlez d’un homme qui ne répand que du bien autour de lui ! Un homme qui fait tout son possible pour aider le maximum de personnes, quitte même à prendre des risques pour elles ! Il ne profite de personne, c’est l’homme le plus intègre et le plus pur qui puisse exister ! Prenez en de la graine au lieu de le juger !

CODAGE PAR AMATIS

Toby était heureux que ses mots, pourtant si simples, mais remplis de tendresse, avaient pu rassurer la demoiselle. Il y avait ce lien entre eux, inéfritable, qui faisait que de simples regards parvenaient à les tranquilliser l'un l'autre, qu'ils ne pouvaient être ensemble et anxieux à la fois, même lors des plus grandes épreuves. Bien évidemment, la tristesse venait parfois s'immiscer entre eux, mais quoi de mieux qu'un échange de sourire pour y mettre un terme. Ils prirent donc tous deux joyeusement la direction de la sortie pour se rendre dans ce petit restaurant, convivial et simple. Les yeux de Toby s'étaient rivés sur la carte, parcourant le menu qu'on leur avait apporté, contenant les plats du jour, sans le voir. Il luttait pour cacher sa déception. Les ragots, il en avait connu d'autres, et il n'y avait jamais fait attention, mais, cette fois-ci, c'était plus qu'avant. Et cela touchait d'autres personnes, telle qu'Isabella. D'ailleurs, lorsqu'il lui expliqua ce qu'il en était, la jeune femme ne put y croire. Elle semblait se métamorphoser sur place, son visage souriant commençait à fulminer et la colère s'emparait sans nulle doute de son être. "C'est pas grave, ça arrive..." souffla-t-il pour la calmer, mais sa remarque fut ignorée. Voyant que son interlocutrice se donnait l'impulsion pour se lever, il tenta de la retenir, dans un geste désespéré, essayant de s'agripper à son bras, mais n'y parvînt guère. Il devînt alors tout rouge. Il ne voulait pas de scandale, et encore moins qu'Isabella ne prenne sur elle cette affaire de racontards stupides.

Il finit par se tourner, observant la façon avec laquelle elle le défendait. Les mots qu'elle utilisa pour le décrire le remplirent d'émotion, et lui arrachèrent un petit sourire, tout en le plongeant dans une certaine gêne. Il était quelqu'un de bien humble et l'idée que quelqu'un prononce des éloges à son sujet, c'était trop. Il était un pécheur, comme tout être humain sur cette planète. Il commettait des fautes et il était loin d'être parfait. Il essayait tout bonnement de faire de son mieux, mais cela devrait être considéré, à ses yeux, comme la normalité. Toby poussa un large soupire pour se calmer et finit par se lever pour rejoindre le petit groupe, où le ton était à présent haussé et la tension planait, fumante, dérangeante. "Isa, je t'en prie, arrête...." déclara-t-il doucement, presque timidement, dans un regard suppliant sa meilleure amie de revenir vers lui, de quitter la meute pour retourner en silence à leur table.

"Isa..." souffla une des trois demoiselles, la plus âgée du lot. "Des amis... Cette intimité n'est pas purement amicale, il suffit de voir vos regards pour savoir que vous n'êtes pas aussi innocents que vous voulez nous laisser faire croire... A quoi bon faire des promesses pour les briser." déclara-t-elle. Toby leva simplement les mains en signe de paix, il ne voulait pas de disputes, il voulait le calme et que chacun puisse manger un repas dans la bonne humeur. De plus, il n'y avait vraiment pas de quoi tergiverser ou se raconter des histoires, encore et encore.
"Mesdames, je suis désolé si certains de mes gestes portent à confusion, et peut-être que j'ai dit ou fait quelque chose qu'il ne fallait pas, peut-être que c'est ma faute, c'est possible, même fort probable.... mais tout ça, c'est faux. Je ne suis pas parfait, mais je peux vous assurer que vous faîtes fausse route... Et toutes ses histoires me touchent et..." Il allait poursuivre son discours quand son interlocutrice reprit de plus bel.
"Mon père, on sait se faire une idée par nous-mêmes." rétorqua-t-elle simplement, un sourire malicieux sur les lèvres, ses yeux se baladant entre Toby et Isabella.
Le jeune abbé garda les yeux rivés sur les trois demoiselles, affichant un léger sourire, sincère malgré les mots durs à son encontre. Elles ne le croyaient pas, et bien tant pis. Il était là pour passer un bon moment avec son amie, et non pour se défendre d'accusations erronées. "Et bien... Bon appétit." déclara-t-il finalement. Il attrapa Isa par le bras et indiqua au gérant qu'il voulait changer de place, aller plus au fond, là où ils n'auraient pas à écouter toutes ces sornettes, sans pour autant lever la voix envers les jeunes femmes.
"On sera mieux ici..." dit-il. Ses joues étaient encore rouges d'émotion. "Je ne veux pas créer d'histoire. Les gens parlent, puis ils oublient." dit-il ensuite. Tout comme il pouvait comprendre l'attrait que l'on pourrait avoir pour ce type de romance. La littérature y était pour beaucoup, tout comme son jeune âge. Il paraissait également qu'il avait un physique avantageux, du moins, c'était ce qu'on lui avait indiqué bien souvent. "Si j'étais vieux et moche, personne ne raconterait ça..." ajouta-t-il ensuite en riant, montrant à la demoiselle que même s'il avait été touché dans un instant de fragilité, il n'était pas prêt à prendre tout cela trop à coeur.

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