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 absolution (freyja)

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Message Sujet: absolution (freyja)   absolution (freyja) Empty Mer 22 Aoû - 23:30

freyja. ce prénom éveillait en elle des sensations qu'elle croyait endormies depuis bien trop longtemps. ses cheveux de lin, ses yeux noisette, son sourire éclatant. il y avait quelque chose d'angélique, dans cette fille. pourtant, elle lui semblait bien humaine. alors, pourquoi était-elle là, dans ses songes ? elle hantait ses nuits. elle murmurait son nom, lorsque tout lui semblait perdu. mais elle ne pouvait pas. elle ne pouvait pas être comme ces hommes, pitoyables, pathétiques, qui ne désirent sa pureté que pour la lui voler ; qui ne la voient comme simple réceptacle de leurs inavouables concupiscences. elle refusait de s'abaisser à leur niveau. ce serait trop humiliant. elle s'était déjà suffisamment compromise seule. mais elle ne pouvait se résoudre à l'oublier, depuis qu'elle l'avait vue lors de son dernier séjour chez savas. depuis, elle n'arrivait plus à vivre comme elle l'avait toujours fait. plus aucun éclair de génie sur ses toiles, qui devenaient de plus en plus médiocres. il lui manquait quelque chose. et le vin n'y changeait rien. pourtant, seule, elle l'a toujours été. personne ne lui avait jamais manqué. pas même ses propres parents. et puis, elle ne la connaissait pas, freyja. à peine avait-elle osé l'entrevoir, la dernière fois qu'elle était venue. pour ne pas éveiller les soupçons, et parce qu'elle avait honte. elle ne le méritait pas. pourtant, son innocence pouvait n'être que feinte. pour attirer la convoitise. elle-même savait à quel point les hommes pouvaient aimer cela. cette angoisse ne la quittait jamais. elle la poursuivait, lors de nuits sans sommeil, où elle se tournait encore et encore dans ce lit glacé. paranoïaque. doutant de tout, de chaque trace de bon chez l'humain. elle ne supporterait pas d'avoir été abusée. il fallait qu'elle sache. qu'elle s'assure de l'authenticité de ce pas hésitant, ces paroles naïves, cette douceur d'âme qui l'avaient tant bouleversée. il lui était insupportable d'imaginer freyja en fine calculatrice. elle avait besoin, désespérément besoin de cette sincérité à laquelle elle avait renoncé au profit du crime. il fallait qu'elle la voie. elle, et seulement elle, à l'abri de la surveillance perverse du maître des lieux. rien ne pouvait être véridique en un tel endroit. ni l'amour, ni la bienveillance. alors elle avait rusé, contourné la méfiance de son impitoyable geôlier. elle lui avait donné rendez-vous, profitant d'un moment d'inattention de ses gardiens, dans un chuchotement. le théâtre attenant à la maison close. lieu de rendez-vous idéal. trop risqué, sûrement. elle avait dû profiter d'une représentation pour entrer discrètement. ce lieu qu'elle abhorrait par-dessus tout. peut-être encore plus que le bordel. elle haïssait l'illusion, le faux, elle qui était pourtant maîtresse à ce jeu. ces acteurs qui prétendaient être quelqu'un d'autre, se fondant avec une justesse effrayante dans un personnage qui ne leur appartenait pas. cela lui donnait la nausée. elle n'avait même pas lu l'argument de la pièce. l'ennui ne faisait que nourrir son obsession pour la petite colombe. elle comptait les heures, les minutes. jusqu'au tomber de rideau. la délivrance. sagement, avec une patience qui lui était peu commune, elle attendit que tous se soient éclipsés de la salle. quand il ne resta plus un comédien, elle se glissa dans les coulisses. tout cela lui procurait un délicieux frisson. elle était connue de la maison. elle ne pouvait laisser personne l'apercevoir. elle se délectait de se jouer ainsi de savas et de ses sous-fifres. peut-être était-ce la raison de ce choix aussi risqué de lieu de rencontre. juste sous son nez. elle avait peur, aussi. peur qu'elle ne vienne pas. peur qu'elle la laisse ici, esseulée, avec ses lubies de pseudo-artiste. "freyja." appelant son nom, sans attendre de réponse, tout en prenant le risque inconsidéré d'être aperçue. mais elle se mourait de ne pas la voir, elle et son doux visage, derrière le velours terni d'un rideau. enveloppée dans son long manteau noir, elle n'était qu'une ombre parmi les autres. un fantôme rongé par la mélancolie de la rédemption. et elle, un soleil, un rayon de lumière qu'elle voudrait pouvoir enfermer. le garder pour elle seule. mais c'était impossible, elle le savait. elle pourrait lui promettre la liberté. une chance de s'enfuir, loin de cette vie minée par la péché. c'était un billet assuré pour les cieux. une chance de rédemption. mais cela aussi, elle en était incapable. l'illusion seule suffirait. juste pour ce soir.
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Message Sujet: Re: absolution (freyja)   absolution (freyja) Empty Lun 3 Sep - 11:53

ABSOLUTION
artemisia & freyja

« You know there's still a place for people like us, the same blood runs in every hand. You see it's not the wings that make the angel, just have to move the bats out of your head. For every step in any walk, any town of any thought, I'll be your guide. »
Artemisia … Artemisia. Patronyme chuchoté, murmuré. Secret inavoué sur le bout de la langue, qu'il ne faut prononcer à voix haute sous peine de se brûler les papilles. Elle y a songé, encore et encore. A cette façon dont elle l'a abordée, lueurs étranges dans le regard, dans les sinuosités d'une journée similaire à la précédente. A mi-chemin entre l'impatience et le désespoir, en équilibre. Ce rendez-vous aux atours de cachotteries. Loin des regards, de ses attentions à lui surtout. Vermeil, aux nuances obscures. Là toujours, là en permanence, à glisser vers elle des œillades félines dont elle ne saurait expliquer la teneur. Il la protège, il la préserve. Des autres, de ceux qui la convoitent. Pourquoi ? Elle n'en sait rien. Pour la vendre ? Pourquoi attendre dans ce cas ? Pourquoi ne pas l'avoir déjà fait ? Accumuler les gains, broyer cette innocence qui meurt malgré tout à demeurer cloîtrée à l'intérieur. Elle aspire au dehors, à cette liberté qui s'éloigne chaque fois qu'elle regarde sa chambre, qu'elle hausse les épaules et se dit platement, que, finalement, ça n'est pas si mal. Les circonstances sont moins terribles que ce qu'elle aurait pu imaginer. Elle est nourrie, logée. Aucune menace pour venir navrer sa peau albâtre, si ce n'est celles qui grondent à l'intérieur d'elle chaque fois qu'elle imagine fuguer au loin pour leur échapper. Mais quand elle brave le dehors, décide d'aller se promener, chaque fois elle revient. Rendue docile, malléable à loisir. Freyja a si peur de toute l'effervescence de cette ville. Elle l'attire, elle l'effraie. Comment survivrait-elle, là dehors, toute seule ? Mais seule, elle l'est déjà à l'intérieur. Dans cette prison dorée, qui murmure à son oreille des psaumes sulfureux. Elle n'a pas pu fermer l’œil la nuit dernière. Il y avait trop de ces bruits gutturaux alentours. Des mélodies si absconses, terrifiantes et attirantes à la fois. Seule alors, seule chaque fois qu'elle se lèvre, qu'elle entreprend de faire un pas. Seule chaque fois qu'elle les regarde, féminités déchues, sublimes et immondes tout à la fois. Elles la regardent toutes comme l'incarnation d'une menace fébrile. Petit agneau fragile qu'elles rêveraient d'égorger pour s'abreuver de son sang. Et en même temps, à travers cette forme de jalousie qui mord sa chair chaque fois qu'elles l'observent, Freyja perçoit de cette compassion attendrissante qui lui rappelle que les bienfaits dont elle est l'objet ne sont que passagers. En sursis, le temps qu'il se lasse. Le temps qu'il trouve comment parachever la déchirure du rêve qui l'a attirée dans ses filets. En sursis, et seule. Sans alliées dans cet univers dont elle commence à percevoir les codes sans pour autant en accepter les indécents contours. Jusqu'à ce murmure, prononcé à la dérobée. Artemisia … Aux yeux noirs, aux cheveux ébène. Féminité obscure et dérangeante, en laquelle elle a tout de suite voulu se mirer. Sans même savoir, sans même connaître. Muée par le désespoir d'une solitude qui la ronge au point de la consumer. Elle a fixé le lieu de leur rencontre près de la scène du théâtre, où Freyja ne s'est véritablement rendue qu'une fois ou deux. Depuis sa chambre, elle entend parfois la musique de la scène. Écho lointain et indistinct, qui sait la bercer comme nul autre. Sous couvert de la nuit, elle l'a rejointe. Pile à l'heure, guettant l'échéance avec une impatience irrépressible qui rend les gestes plus indistincts et précipités. Rarement elle sort aussi tard, ne s'aventurant pas à braver les limites qu'on lui impose par crainte de réduire à néant toutes les libertés factices dont elle dispose. Un gilet sur ses bras nus, dans les couloirs elle se glisse, les laissant défiler tour à tour. Une porte dérobée, puis une autre. Elle rencontre une autre fille qu'elle salue à peine, parvient enfin dans les coulisses assombries du théâtre Vermeil. Tapies dans l'ombre elle cherche, repoussant un morceau de décor, traquant le signe qu'elle ne l'aurait pas oubliée.

Son timbre s'élève. Chuchotement indistinct. Chuchotement qui rend le secret plus attirant encore. Un sourire illumine déjà les traits de Freyja. Elle ne la connaît pas pourtant. Pas tant que ça. Artemisia, cette alliée d'un soir. Cette alliée oui .. Oui peut-être. Guidée par sa tessiture, elle se fraye un chemin jusqu'à elle, apparaît dans le clair obscur des coulisses dissimulées du théâtre. Incapable de réfréner son ravissement, elle lance aussitôt qu'elle l'aperçoit : « Artemisia ? Vous êtes là ? Oh vous êtes venue ! » Une envie de la prendre dans ses bras la saisit de part en part. Un besoin vital, un contact, même factice. Dont elle a cruellement besoin. Mais soucieuse de ne pas envahir son espace sensible trop brusquement, à la place, ses doigts se saisissent des siens, y apposant de légères pressions qui trahissent largement la joie qu'elle éprouve de la voir ici ce soir. « Vous ne savez même pas à quel point je suis heureuse, de voir quelqu'un d'autre ! Quelqu'un de l'extérieur … Quelqu'un qui est véritablement libre. » L'aveu est sans fard. Freyja, elle est comme ça. D'un spontanéité parfois dérangeante, qui lui fait admettre les choses les plus crues et les plus dérangeantes sans même sourcille. Elle la couve en tout cas de regards bienveillants, qui se meuvent bientôt en des lueurs espiègles. « Si Vermeil apprend que vous êtes venue me voir, ça ne va pas lui plaire vous savez. » Mais elle n'a pas peur. Au contraire, cela a quelque chose de grisant, de braver un peu sa surveillance. A cette idée, elle dissimule un rire derrière ses doigts, rejetant l'une de ses longues mèches rousses vers l'arrière. « Ce qu'on ignore ne nous fait jamais de mal, paraît-il. »
(c) DΛNDELION
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Message Sujet: Re: absolution (freyja)   absolution (freyja) Empty Jeu 6 Sep - 16:12

le silence chuchotait son nom. esclave moderne. les fers ne semblaient lui laisser qu'une marque douce, laissant leur cicatrice comme un ornement. jamais elle n'avait haussé le ton. jamais, lors de ses visites erratiques, chargées en vin et en désirs inassouvis, elle ne l'avait vue se rebeller contre le bien triste sort qui lui avait été réservé par son maître. ce n'était pas la lâcheté, qu'elle entrevoyait dans le miroir azur de ses yeux mélancoliques. la résignation, plutôt. l'abandon ? elle l'ignorait. elle restait simplement là, pensive. entretenue soigneusement comme une jolie fleur. dans le brouhaha permanent de l'établissement, entre les rires et les gémissements, elle restait farouchement mutique. comme si elle avait oublié, ce qui l'attendait à l'extérieur. c'était injuste. tellement injuste. c'était elle-même qui aurait dû être à sa place. dans cet enfer. mais dieu était cruel, et réservait ses agneaux les plus vertueux à ses épreuves les plus sévères. ceux-là étaient bénis, si seulement ils ne succombaient pas à la souffrance et à la facilité du mal. elle savait que freyja était forte. la chevelure rousse, attribut flamboyant d'une femme de qualité. du moins, il en avait toujours été ainsi, d'après son expérience. il ne manquait que l'étincelle faiblarde pour embraser sa peau lactée. elle le savait. elle soupire. ferme les yeux. voit la nébuleuse de taches de son sur sa jolie clavicule. comme des étincelles. annonciatrices de l'embrasement proche. le réveil de la belle endormie. celui qui prendra avec lui cet eldorado de corruption, son empereur, et toutes ses fidèles suivantes. mais cette délicieuse vengeance n'était pas d'actualité. pas encore. et, plus fort que ses fantasmagories apocalyptiques, il y avait ce désir égoïste. voler cette minuscule bluette, étouffée sous cette immense cloche de verre. qu'elle ne brille que pour elle, seulement elle. et puis il y avait la réalité. l'odeur humide des coulisses. la couleur atroce des rideaux. la solitude. l'angoisse. la folie. les conséquences. elles seraient terribles. oh, oui. la mort. peut-être même pire. mais peu lui importait, puisqu'elle aurait fait quelque chose de bon. l'après. pas la mort. toujours l'après. elle devait s'en souvenir. l'après. "artemisia ? vous êtes là ? oh vous êtes venue ! " quoi de plus délicieux que le timbre caressant de l'objet de toutes ses rêveries pour la tirer de ces bien sordides songes ? "évidemment." ça la faisait sourire, la façon dont elle prononçait son nom, avec cet accent étrange. elle était exactement comme elle l'avait imaginée. tout y était. sa voix. ses vêtements. ses mains. c'était presque trop, pour une première rencontre. même le grain de sa peau, de ses doigts graciles contre les siens, gercés par la peinture. c'était agréable. relaxant, presque. elle se demandait si lui aussi, elle l'avait touché ainsi. aussi tendrement. sa gorge se serra. "vous ne savez même pas à quel point je suis heureuse, de voir quelqu'un d'autre ! quelqu'un de l'extérieur … quelqu'un qui est véritablement libre." elle était adorable, la petite colombe. sa naïveté ne faisait que nourrir son absurde obsession. elle aurait pu le lui dire. lui épargner la souffrance future. la désillusion. personne n'était vraiment libre, à l'extérieur. mais elle n'en avait pas le coeur. elle aurait tout le loisir de découvrir cela seule, une fois libre. " si vermeil apprend que vous êtes venue me voir, ça ne va pas lui plaire vous savez." pourquoi ? pourquoi encore lui ? son regard s'assombrit. sa main libère la sienne. elle ne supportait pas l'emprise qu'il possédait sur elle, un asservissement que même elle ne pouvait exiger de son orphelin bien-aimé. "ce qu'on ignore ne nous fait jamais de mal, paraît-il." ces sourires malicieux n'annonçaient rien de bon. elle la savait aventureuse. mais elle pouvait aussi se montrer imprudente. comment aurait-elle pu connaître le danger, le vrai ? comment pouvait-elle imaginer se briser un jour, alors qu'elle était jalousement gardée dans un écrin de velours ? "ne prends surtout pas cet homme à la légère. tu ne sais pas ce qu'il nous ferait, à toi et à moi, s'il te découvrait ici." le ton était devenu menaçant. affolé. des deux, c'était certainement elle qui le craignait le plus. elle aussi, soumise à sa tyrannie, d'une certaine façon, encore plus pernicieuse. mais elle ne devait pas brusquer le petit agneau. effrayée, elle pourrait retourner se fondre dans les ombres de l'arrière-scène. ce serait le coup fatal. il lui fallait la détenir à ses côtés. saturer chacun de ses sens de sa présence. avant qu'elle ne s'éloigne, définitivement. "mais, comme tu le dis si bien, il ne le sait pas. nous serons discrètes. il ne s'apercevra de rien." la voix se veut rassurante, adoucie. pour autant, en était-elle réellement convaincue ? "ne restons pas là. il y a tellement de choses que je voudrais te montrer..." et si peu de temps. elle se permet de reprendre la paume délicate. fébrilement, elle la guide à travers le dédale de couloirs. hagarde, terrorisée à l'idée de croiser un de ces hommes de main qui lui glaçaient le sang. elle serait capable d'en tuer un. de les tuer tous, si cela pouvait lui permettre de s'enfuir de cet endroit maudit, avec elle. freyja. elle ne lâchait pas le bras, jusqu'à enfoncer les ongles dans la chair tendre. une fois à l'extérieur, seulement, elle l'affranchit de sa poigne implacable. la nuit était noire, vaguement éclairée par quelques candélabres tremblotants. ici, il n'y avait pas de maître. pas de valets. seulement des visages inconnus, dévisageant le couple avec désintérêt, et des trottoirs sales. "ce n'est pas parfait, j'en conviens. mais c'est toujours mieux que ce que tu as là-bas. non ?" elle-même préférait aux larges gratte-ciels new-yorkais les petites maisons de brique rouge de sa ville natale. cependant, elle avait choisi d'être ici. et elle voudrait que cela soit de même avec freyja. sincèrement. "maintenant, nous sommes libres. nous pouvons aller où bon nous semble. il suffit de demander. alors, dis-moi." voir le petit moineau étendre les ailes et se révéler pleinement à elle. la saisir dans toute sa franchise. la soustraire à ce monde immoral auquel elle n'avait jamais appartenu.
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Message Sujet: Re: absolution (freyja)   absolution (freyja) Empty Mar 18 Sep - 14:05

ABSOLUTION
artemisia & freyja

« You know there's still a place for people like us, the same blood runs in every hand. You see it's not the wings that make the angel, just have to move the bats out of your head. For every step in any walk, any town of any thought, I'll be your guide. »
Elle est là, Artemisia. Elle est là et elle l'enchante. Elle ne la connaît pas pourtant, mais elle n'a jamais été aussi heureuse de la voir, voyant en elle de ces alliées sorties de l'ombre pour venir vous arracher, le temps d'un moment éphémère, à une réalité si indicible que vous peinez seulement à en tolérer les contours. La pulpe de ses doigts rencontre la texte de la sienne, devine les stigmates d'une passion acharnée pour la peinture. Elle la dévisage, arborant une avidité qui transparaît dans les regards bienveillant qu'elle lui porte sans même être capable de se contenir. Elle aimerait qu'elle comprenne, à quel point sa présence la soulage, à quel point elle lui fait du bien. Ce que cela représente à ses yeux, au regard de semaines dont le sens lui échappe totalement, si bien qu'elle a l'impression de ne plus avoir aucune prises sur elle. Freyja a cessé de compter les jours, les heures, passées loin de chez elle. Chez elle … Ces mots là la laissent exsangue. Elle se souvient des paroles de sa mère lorsqu'elle a réussi à la contacter pour lui expliquer la situation. Ne rentre pas ma fille … Ne rentre pas. Tu es mieux là-bas. Je n'aurais plus rien à t'offrir si tu reviens à la maison. Alors reste avec lui. Reste avec lui oui … Il veillera sur toi. Ne reviens pas … A chaque mot qu'elle avait prononcé, elle avait senti son cœur se fendre un peu plus, jusqu'à se briser entièrement. Ne reviens pas. Elle n'aurait pas dû être surprise, connaissant le tempérament versatile et corruptible de sa mère depuis l'enfance, mais malgré tout, quelque chose en elle s'était brisé. Une part d'innocence, qui plus jamais ne lui appartiendrait. Elle pouvait apprendre à feindre, déployer des sourires en guise de subterfuges … Mais à l'intérieur, elle sentait ses entrailles se mouvoir, son âme se tordre, sa personnalité grandir. Grandir. Le verbe lui faisait si peur. C'est ce qu'elle était en train de faire pourtant. Cela faisait si mal. Un mal terrifiant.

Freyja est exaltée, rien ne semble pouvoir la faire redescendre de l'euphorie qui la taraude. Elle semble se maîtriser à l'extérieur, mais à l'intérieur, cela bouillonne. Elle crève de la questionner, de savoir comment cela se passe, au dehors. Dans cette ville aux milles et une lumières aveuglantes, dans laquelle elle a manqué de se perdre chaque fois qu'elle s'y est aventurée. La candeur en étalage, à l'évocation de Vermeil,  c'est à une forme de panique de la part de la jeune femme qu'elle se heurte. Incapable de maquiller sa surprise face à cette réaction à laquelle elle ne s'attendait pas, l'irlandaise hausse un sourcil. Elle n'a jamais songé aux conséquences qui pourraient retomber sur leurs épaules si Savas en venait à savoir. La vérité, c'est que cela lui est bien égal. Il n'a jamais précisé qu'elle devait rester dans sa chambre à toutes heures, ou qu'elle devait systématiquement lui demander l'autorisation de sortir. Il n'a pas non plus exigé qu'elle lui présente toutes les personnes qu'elle rencontre. Pourquoi aurait-elle dû, dans ce cas, lui dire qu'elle rencontrait Artemisia ce soir ? Freyja ignore tout des rapports qu'ils entretiennent tous deux. Elle sait que l'accord tacite passé avec le maître des lieux est d'une toute autre nature. Tant qu'elle ne fait rien pour entraver la pureté qu'il souhaite garder intacte, et qu'elle rentre chaque fois sans découcher, elle peut bien faire ce qui lui chante. Cet accord là lui convient dans la mesure où elle n'a jamais eu l'envie, ou même l’opportunité de le rompre.

« Vous avez raison, j'ignore ce qu'il nous ferait. Mais cela m'est égal. Si je devais craindre tout ce que j'ignore, je vivrais terrée, la peur au ventre. » glisse-t-elle pour toute réponse, sur un ton empreint d'une assurance surprenante.

Mais plus elle y songe, moins elle parvient à s'en convaincre. Parce qu'elle reconnaît qu'une part d'elle-même a toujours craint Vermeil. Une sombre partie de lui, qui l'attira dans ses filets tout en déchaînant dans son ventre des peurs inavouables. Plus le temps passe, moins elle le craint cependant. Parce qu'il ne l'a jamais menacée, ou même touchée de manière inappropriée. Qu'il la protège, même si elle devine que la finalité de ses attentions n'est pas aussi anodine qu'elle l'imagine.

« Je ne lui dirais pas que nous nous sommes vues, vous pouvez me faire confiance. » affirme-t-elle, comme pour la rassurer à son tour. Parce qu'elle semble réellement le craindre, sans qu'elle ne sache exactement pourquoi.
Sa paume se glisse au creux de la sienne, emplit son cœur d'une légèreté nouvelle et bienvenue. Freyja esquisse un sourire en demi-lune pour toute réponse, la suit dans le sillage presque féroce qu'elle entreprend de tracer  vers l'extérieur. Dehors, elle aspire une longue bouffée d'air, contemple le ciel à peine visible à cause des lueurs criardes des lampadaires.

« Rien ne vaut l'extérieur … Et puis, ce n'est pas si mal, par rapport à l'endroit où je vivais … Avant. »

Elle songe à sa ville, à cette ruelle sans lumières qu'elle avait traversé trop de fois pour pouvoir les dénombrer. Les bouteilles en verre morcelées sur le sol, les tâches d'huile de moteur, les ordures qui forment des fresques d'immondices. Non, Artemisia avait raison, ce soir, ce n'était pas si mal, en fin de compte. Et c'était mieux que l'endroit d'où elle venait, même si elles ne pensaient sans doutes pas exactement au même.

« Hmm … Vous aimez l'art n'est-ce pas ? Vous avez de la peinture … Sur les mains. Montrez-moi ce que vous aimez … Ce qui vous inspire. Les musées d'art sont-ils encore ouverts à cette heure ? On m'a dit que cette ville ne dormait jamais … » murmure-t-elle à son encontre, douceur infinie, douceur indissoluble.

Elle veut savoir, cette passion qui l'anime. Cette passion qui rend fou, ceux qui s'y adonnent avec un peu trop de tourments. Cette même passion qu'elle éprouve, irrépressible, chaque fois qu'elle se perd dans la musique.  Alors montre-moi, montre-moi, Artemisia. Ce qui constitue ton univers, ce qui le façonne, ce qui vient murmurer à ton oreille toutes les inspirations d'un ailleurs qui n'appartient qu'à toi, et toi seule.

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Message Sujet: Re: absolution (freyja)   absolution (freyja) Empty Ven 28 Sep - 23:22

la nuit est calme. sereine. la lune luisait, juste au-dessus de la façade soigneusement entretenue du théâtre. comme un oeil gigantesque, qui scrutait les deux fugitives. elles auraient beau courir, se cacher, il serait toujours là, aussi blafard et attentif. à l'image du couple vermeil, dont elle savait ne pouvoir se jouer très longtemps, avant que son subterfuge ne soit découvert. mais ils ne lui faisaient pas tant peur que ça, toutes choses réfléchies. ils n'étaient qu'une femme. et un homme. et freyja était plus que cela. un ange au visage doux, aux yeux clairs et aux joues fraîches et roses, comme les poupons ailés des tableaux néoclassiques. ébahie, elle regardait partout autour d'elle, observait la petite rue avec une curiosité touchante. seulement, dans ses yeux peints au lapis-lazuli, il y avait ce reflet énigmatique. cette mélancolie ; et puis cette force d'âme, qu'elle pouvait deviner à la manière dont elle se jetait, corps et âme, dans chaque ouverture qu'elle lui proposait, chaque nouvelle possibilité. ce petit oiseau n'était pas fait pour vivre en cage. elle en était convaincue. "rien ne vaut l'extérieur … et puis, ce n'est pas si mal, par rapport à l'endroit où je vivais … avant." elle n'osait même pas imaginer, tout ce qu'elle avait dû traverser, pour se retrouver ici, aujourd'hui. toutes les frasques, les ignobles choses que les monstres de ce monde, avides de sa pureté, lui avaient fait pour tenter de l'entacher. peut-être des parents. des amis. un amoureux. toutes ces personnes, qui auraient pu lui donner tant de choses, la révéler comme elle le méritait, et qui n'avaient fait que la traîner dans la boue. en vain. elle regarde les longs fils roux onduler au gré du vent, recouvrant son visage, son cou. "oublie cet endroit. oublie savas. oublie tout. pense plutôt à ce que tu pourrais être, autre part. là où les gens te chériront, et te respecteront." "avec moi. pas avec lui." mais, cela, c'était impossible. elle n'avait pas à le savoir. pas tout de suite, du moins. si elle avait, ne serait-ce qu'un soupçon de jugeote - et elle n'en doutait pas -, elle saurait que fricoter avec les succubes ne ferait que l'engloutir dans leur monde de poisons et d'amours déçues. elle le verrait. à un moment ou à un autre. "hmm … vous aimez l'art n'est-ce pas ? vous avez de la peinture … sur les mains. montrez-moi ce que vous aimez … ce qui vous inspire. les musées d'art sont-ils encore ouverts à cette heure ? on m'a dit que cette ville ne dormait jamais …" elle frissonna. ouvre les paumes, étudie ses doigts. elle avait essayé de la faire partir, mais elle n'y était pas parvenue. au lieu de cela, elle s'incrustait dans sa chair, comme le sang d'anciennes victimes la désignant comme la seule coupable. et elle l'avait vue. c'était enchanteur, d'être son repère, juste pour un temps. un objet de fascination. de sa fascination à elle. un privilège insoupçonné. et puis, soudain, une idée se présenta à elle. repoussante. ensorcelante. la faire se perdre en elle, tout comme elle s'oubliait, lorsqu'elle était à ses côtés. briser les chaînes, pour en forger d'autres. la racheter, peut-être. elle pourrait être heureuse, ou du moins feindre de l'être, pour les yeux félins de sa nouvelle maîtresse. ce serait si simple. pensées coupables, cyniques, qui l'empêchent d'aller vers le bien, comme elles l'ont toujours si bien fait. elle les ravale, avec froideur, avec violence. non, ce qu'elle a prévu pour elle est plus beau, bien plus beau. alors, elle revêt le masque peinturluré de bienveillance, et lui offre son plus beau sourire, la mâchoire crispée. "tu es observatrice. c'est une qualité que j'apprécie beaucoup." la flatterie n'était certainement pas nécessaire, mais c'était l'arme des plus faibles. "ce n'est pas que j'aime l'art, ou que je ne l'aime pas. je ne vis que pour lui. tu sembles comprendre cela, je me trompe ?" tout était beau, dans l'art. pas de frustrations. d'hésitations. de place pour l'impie. mais, quand cela ne suffisait pas, elle convoitait, revendiquait, exigeait. et, dieu seul savait qu'artemisia était mesurée dans ses caprices, mais impitoyable dans ses envies. et que, quoique son coeur exigeât, elle l'obtenait. que ce soit maintenant, ou plus tard. "allons-y, alors." il n’y avait certainement plus rien d’ouvert, à une heure aussi tardive. seulement peut-être un seul endroit, théâtre lui de tous les vices, ou elle évoluait, unique comédienne, au milieu d'un décor factice et vide de sens. son semblant de royaume, en ce bas monde. pas grand-chose, à vrai dire, mais mieux que rien. elle marche, s'enfonce dans la nuit, le bras perfidement enroulé autour des frêles épaules à peine voilées. comme pour s'assurer qu'elle ne s'enfuie pas. il n'y avait pas grand-monde, dans ce quartier, à cette heure. pas regards indiscrets. elle aurait pu aisément la subtiliser aux yeux du patriarche, sans que personne ne le sache jamais, pour la relâcher un peu plus loin, là où elle serait entièrement libre ; loin, très loin de sa surveillance et de la corruption qui étouffait cette ville qu'elle détestait tant. mais était-ce véritablement ce qu'elle voulait ? non, artemisia pouvait bien essayer, le désintérêt n'était pas dans sa nature profonde. elle en était malade. mais c'était ainsi. et personne ne pouvait déroger à son essence. "c'est ici." elle avait toujours ce haut-le-coeur, en entrant. penser que ses chefs-d'oeuvre puissent lui être arrachés un jour  était insupportable. mais non, ils étaient bien là, accrochés, époussetés. la lumière tamisée était le plus roublard des moyens pour masquer les quelques imperfections qui pouvaient subsister malgré tous ses soins, et révéler la supercherie. tout comme les murs pourpres engourdissaient les sens de l'amateur lambda, pendant qu'elle achevait d'endormir avec douceur le peu de bon sens qui lui restait à l'aide de sa voix mélodieuse. si cela s'apparentait à de la manipulation, ce n'était guère que du commerce. et puis, cela l'amusait. mais elle ne le ferait pas avec freyja. elle était certainement trop intelligente pour avaler ce genre de foutaises, de toute manière. et elle n'en avait pas envie. elle avait le droit, elle aussi, à un peu de vérité. "ils sont beaux, n'est-ce pas ?" pures fabulations ou pas, ils restaient ses enfants. et elle jamais elle ne divulguerait leurs petits secrets de fabrication. le manteau part valser quelque part sur le parquet, forme une corolle de velours noir sous la lumière alambiquée des projecteurs. elle ne se sentait jamais aussi bien chez elle qu'ici. "est-ce que tu aimerais cela, pouvoir vivre entourée d'art ?" si le sien était la peinture, celui de la nymphe fatale était sans doute d'une toute autre nature. elle s'était fondue en lui, son corps, ses mains évoluant avec une délicatesse indescriptible. faisant s'évanouir même la plus ignoble des noirceurs. "je suis souvent seule, ici, tu sais. et puis, je ne refuserais pas un peu d'aide." sourire vague, à la sincérité douteuse. inflexions maternelles, ses mains glacées qui cherchent le contact tiède des minces doigts de nacre. elle vendait des tableaux. elle pouvait bien se vendre, elle aussi. s'immiscer dans son empathie était certes malvenu de sa part, mais elle imaginait aisément freyja sensible à ce genre d'arguments. un peu d'intégrité contre un peu de liberté, quel homme raisonnable refuserait une telle offre ? ce n'était certainement pas ce qu'elle aurait espérer, là-haut, dans sa tour dorée. mais, tout comme artemisia, freyja devrait, un jour ou l'autre, apprendre à accepter l'avilissement comme partie intégrante de sa chair qui n'était, et c'était regrettable, que mortelle ; et tenter de la faire coexister avec la vertu. c'était ce à quoi ils étaient tous réduits.
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