bind, torture and kill ☽☽☽ alexis

BIND, TORTURE AND KILL

@alexis hamilton

pintes de bière qu’t’ingurgites sans prendre l’temps d’souffler entre deux gorgés, comme un nouveau-né accroché au sein d’sa maternelle. t’as passé les derniers jours à tenté d’chasser l’ennuie, soit en frôlant ta défroque aux combats d’rues improvisés d’ton pote kenny ou en déambulant dans l’queens aux côtés d’une blondasse écervelée. c’te dernière qu’a laissé des griffures sur ton palpitant, entre elle et ta princesse al khalir, t’as l'impression d’te perdre dans un océan d’émotions contradictoires, c’lui qu’t’as jamais osé y foutre l’orteil par peur d’te faire engloutir par la première vague. et, maint’nant, c’ton corps complet qu’est submergé dans les eaux troubles, méandres d’tes pensées vagabondes qui vont finir par t’noyer. en attendant, tu t’laisses inonder un peu plus dans l’alcool avant d’y sombrer complètement. et y a c’te pétasse accoudée au bar qui t’mate d’puis une bonne demi-heure. un brin excentrique, pas vraiment ton genre, mais t’es plus à ça d’près. n’importe quoi fera l’affaire, pourvu qu’tu t’la sortes du crâne, prêt à palper ta propre cervelle pour extirper l’souvenir de c’te nuit qui t’hante d’puis des jours. et tu t’approches, skadden, comme un putain d’vautour affamé, scrutant ta proie avec aucune once d’délicatesse. parce que t’es pas doux, toi. t’as la violence d’imprégné sur la pulpe d’tes doigts, qui t’pendille sur l’bout d’la langue. crocs aiguisés, prêt à la bouffer toute crue, sans prendre l’temps d’mâcher. t’as pas l’temps. pas l’temps.
— hey. on danse?
à l’horizontal. joues qui s’empourprent, rire niais qui s’éclipse d’entre ses lippes. même pas elle prend la peine de s’faire désirer qu’elle t’offre sa main. easy peasy. t’as eu exactement c’que tu voulais, mais, au fond, t’aurais presque aimé qu’ce soit un tantinet plus difficile. pas trop, rien qu’assez pour t’faire saliver comme un clébard d’vant un steak saignant avant d’foutre l’morceau d’viande dans un couvert argenté. ou une assiette en carton. ç’aurait fait l’affaire. mais ça s’mérite ça. ses paroles qui te r’viennent en tête lorsque t’attrapes la main d’l’inconnue pour l’attirer vers toi. oublie, lyes. oublie, putain! grognement enterré par les enceintes qui crache d’la musique beaucoup trop forte, celle qui t’défonce les tympans alors qu’tu fais volte-face pour planter tes iris flamboyants dans ceux d’ta futur distraction de c’te nuit. elle qui s’dandine contre ta carcasse queq’ques minutes à peine avant d’percuter tes lèvres. comme ça. déjà. tu goûtes son cocktail d’gonzesse à vingt balles et, au même moment où tu t’dis que, finalement, t’aurais p’t’être dû aller faire au tour au sex shop, y a une main qui s’pose contre ton épaule. bouches qui s’décollent, menton qu’effectue un quatre-vingt-dix degrés vers la droite et un poing. bang! sur l’nez. y a des cris qui r’tentissent, qui s’mélangent avec l’tapage rythmé, mais c’tout noir. ta vision, elle met un certain temps avant de rev’nir, avant qu’tu parviennes à distinguer la silhouette qui t’a cogné, avant qu’tu t’jettes sur lui. t’vois pas grand-chose, mais t’sens bien tes phalanges s’écraser contre son épiderme. une fois, deux fois, trois fois… et on t’tire par l’col d’ton t-shirt alors qu’tu tentes d’te dégager.
— LÂCHE MOI, PUTAIN! J’VAIS L’DÉFONCER, J’LE JURE QU’J-
t’hurles, maint’nant. t’sais pas quoi, mais t’hurles. et t’hurles encore plus fort quand on t’fout dehors, quand l’air frais du soir vient t’fouetter l’visage. en y réfléchissant, p’t’être bien qu’t’aurais fait pareil si un mec s’était amusé à introduire sa langue dans la bouche d’ta nana. mais, toi, t’as pas d’nana. hein, skadden, qu’t’en as pas?

BIND, TORTURE AND KILL

@Lyes Skadden

"Douze personnes ? Dans un mois ? Vous n'êtes pas sérieux ? " Alexis n'écoutait presque plus, pour lui c'était acquis déjà. Le prestataire était habitué aux demandes des Hamilton. La préparation d'un évènement nécessitait douze personnes en plus, il l'avait décidé. Dans un mois devait avoir lieu les cinq ans de l'ouverture du club. Il prévoyait les choses en grands, il avait déjà recruté un jazzman, un DJ reconnu à New-York, une troupe de perroquet, sans commentaire et un magicien, rien que ça. Et encore c'était sans mentionner la piscine gonflable géante qu'il prévoyait d'installer au niveau du patio d'où partirait la mousse. "Monsieur Hamilton ?" Comme tout bon business man bien sérieux, Alex avait son téléphone fixe en mode haut-parleur, mais en parallèle, il jouait à Angry Bird sur le portable. " Et paf le piaf ! Euh ... Pardon. Donc c'est bon ? On fait comme ça ? Géniale...." Biensûr, l'homme tentait bien de prolonger la discussion pour négocier. Trop tard. "Désolé, je passe sous un tunnel, ça va couper. Bonne soirée."

Qu'il passe un appel à cette heure-là, ce n'était déjà pas correct, raccrocher au nez, ça l'était encore moins. Qu'importe, Alex avait besoin de s'occuper l'esprit en ce moment, penser carrière plutôt que galères sentimentales. Et il avait ce côté un peu nonchalant et égocentrique concernant les prises de décision. Maintenant, il était temps de sortir de son bureau, pour aller travailler. Enfin, c'est ce qu'il croyait. A peine entré dans la salle que ... Gros bordel. Bagarre. Ambiance mexicaine. Alex lançait un oeil mauvais au vigile qui était trop occupé à discuter. "Ben oui bien sûr, tout va bien." Un jour, les gens allaient le rendre zinzin. Il fit la seule chose qu'il était logique de faire, séparer les deux individus et les éloigner l'un de l'autre. Un des deux gars surtout, qui semblait avoir prit le dessus face à un autre dont le nez était complètement en sang. "Doucement Gamin, regardes-le, tu lui as refait les narines déjà. "Alex fit un petit signe à une des serveuses pour s'occuper du second, pendant qu'il entraînait le plus virulent vers la sortie. C'est qu'il se débattait en plus, le vigile improvisé avait besoin de toute a concentration et de sa force.

"Franchement, mais pourquoi ça se termine toujours comme ça ? " Cette phrase, elle s'adressait autant au garçon qu'aux gens qui regardaient la scène, en les croisant. Pourtant, en ce moment, il comprenait très bien qu'on puisse perdre le pédale, ça lui était arrivé récemment. "Il t'a fait quoi au juste ? Il a piqué ta copine ? " Peut-être bien que d'autres gérants n'auraient pas cherché à en savoir plus, qu'ils auraient simplement jeté le fauteur de trouble dehors, mais Alex n'était pas comme ça. Il aimait comprendre. Ils étaient dehors, tous les deux, le gérant l'avait relâché, mais il ne rentrait pas pour autant. " T'as de la poigne en tout cas et ... Je m'appelle Alexis." Bravo l'aspect gérant là, tout de suite. Un type foutait le bronx dans son club, mais lui, il était aux présentations. A y regarder, il devait avoir quoi ? 22, 23 ans ? Un âge ou il est dangereux de trop extérioriser.

BIND, TORTURE AND KILL

@alexis hamilton

t’as pété les plombs, skadden. t’pètes toujours les plombs. fallait pas t’chercher. faut jamais t’chercher. maint’nant, il l’sait. il va s’rappeler d’tes poings fermés, ceux qu’tu t’fais pas prier pour lui écraser dans sa gueule jusqu’à c’qu’on t’arrête – de force. toi qui s’débat, qui hurle, t’cherches même pas à savoir c’qui l’coupable, c’qui l’enculer qu’a osé t’interrompre.
— doucement gamin, regardes-le, tu lui as refait les narines déjà.
pas suffisant. t’aurais voulu lui refaire l’portrait au complet, lui déverser toute la rage qu’tu retiens depuis trop longtemps – ou pas. p’t’être qu’t’en auras juste tout l’temps trop, aussi… d’la colère. p’t’être qu’ça s’effacera jamais, même. ça doit être ça, ta putain d’damnation. et t’as les yeux qui t’brûlent, l’cœur qui martèle ta cage thoracique. t’as mal. et t’sais même pas pourquoi.
— franchement, mais pourquoi ça se termine toujours comme ça ?
commentaire qu’t’entends pas – ou qu’t’entends, mais qu’tu veux pas comprendre. t’sais pas, mais t’y réponds pas. t’vois pas l’besoin d’le faire. ça s’termine toujours comme ça parce que l’être humain encaisse beaucoup trop d’choses et que, un jour, tout éclate, voilà. tu t’contentes d’étouffer sa voix d’la tienne en criant comme un acharné, brisant l’silence nocturne lorsqu’tes baskets buttent l’bitume.
— il t'a fait quoi au juste ? il a piqué ta copine ?
t’fais volte-face pour planter tes iris ébènes dans les siens, prenant sa remarque comme la pire injure qui soit. comment t’humilier en deux s’condes, top chrono! y a tes phalanges qui t’élancent, mais elles sont encore suffisamment engourdies pour qu’tu lui défonces sa belle p’tite gueule d’ange à son tour si c’est c’qu’il souhaite. c’pas l’moment d’parler d’ça… c’est jamais l’moment d’te parler d’ça.
— J’AI PAS D’COPINE, PUTAIN!
tu gueules comme un forcené parce que c’p’t’être bien ça, ton problème, skadden. trop fier pour t’prétendre amoureux, l’amour qu’tu vois comme un handicap plus qu’une bénédiction parce que c’en train d’te rendre complètement fou tous ses sentiments qu’t’arrives pas à extérioriser. t’façon, quand bien même qu’tu l’ferais, t’sais déjà comment ça s’finirait; en putain d’carnage. les mecs comme toi, ils ont pas l’droit d’aimer, pas l’droit d’éprouver autant d’émotions en même temps. t’as la mèche courte, lyes. toujours sur l’point d’exploser. s’il faut qu’tu rajoutes de l’huile sur l’feu, t’vas tout ravager sur ton passage.
— t'as de la poigne en tout cas et ... je m'appelle alexis.
il s’attend à quoi? à c’que tu t’présentes à ton tour? qu’tu lui fournisses ton identité, comme ça? mais, putain, les gens sont complètement débiles ou quoi? et tu l’dévisages, les sourcils froncés, la bouche entrouverte, détaillant sa défroque d’bas en haut comme s’il vient d’commettre l’pire affront qu’a pas alors qu’il a seulement été poli. mais t’es bien trop énervé pour réfléchir correctement – et pour réfléchir tout court, d’ailleurs.
— et ba, bravo! on t’a attribué un blase à ta naissance, c’bien!
tu craches avant d’te mordre la lèvre. ç’a rien d’une caresse provocatrice pour charmer ton interlocuteur, c’te fois-ci. c’plutôt pour estomper la brûlure d’la lésion du coup sournois qu’tu viens d’te prendre. t’lances un regard venimeux au héros d’la soirée avant d’t’adosser contre l’mur de brique derrière toi. l’même sur lequel tu t’laisses échoir au sol, tes g’noux qui pointent le ciel avant d’y appuyer tes coudes alors qu’les paumes d’tes mains frottent vigoureusement ton visage meurtri par une violence passagère.
— t’as pas… une clope?
interrogation étouffé, t’prends même pas la peine d’regarder s’il est encore là avant d’ouvrir la bouche, trop submergé par tes pensées clandestines qui semblent pas vouloir trouver refuge ailleurs qu’dans ton esprit torturé. gamin qui cache sa détresse derrière ses jointures maculés d’sang. et, c’soir, lyes, t’es à deux doigts d’laisser tomber l’masque d’arrogance qu’t’as mis tout c’temps à façonner… rien qu’à cause d’elles. les femmes et leur facilité à briser l’cœur des vauriens dans ton genre.

BIND, TORTURE AND KILL

@Lyes Skadden

Gérant de boite, actionnaire d'une société, multimillionnaire, rêveur à temps plein et maintenant videur. Alexis était un homme à plusieurs facettes, mais même pour lui ça commençait à faire beaucoup. Pourquoi ne pas avoir envoyé simplement le colosse faire son travail ? Aucune idée, un besoin de faire de l'exercice peut-être. Il n'avait pas réfléchi, ce n'était pas cohérent, mais il en manquait de cohérence en ce moment. Comme le fait de choisir de prendre à part et en quelque sorte de défendre le gars qui tapait le plus fort sur l'autre. Le truc, c'est qu'il avait perçu une forme de colère, ça l'intriguait. Il en avait lui aussi actuellement, ceci expliquait sans doute cela.

Après, il ne comptait pas se laisser faire non plus. Le garçon siphonné du ciboulot avait foutu un sacré bordel dans la boite. Tout s'était passé vite, en première intention. Ils se retrouvaient à l'écart des autres. Peut-être qu'Alexis allait se prendre une droite aussi ? Le risque du métier. Pour autant, il décidait que la provocation était de mise. Pas méchamment, mais pour chercher à comprendre. Aux grands maux les grands remèdes, mais voilà que le jeune homme s'excitait et se mettait à crier. Mama mia, pas sortable celui-là. " Pas la peine de crier ... Si t'as pas de copine, c'est pas un drame. Ou si t'as pas de copain ... En fait, c'est pareil. C'était une dispute de couple ? " Il souriait. Dans le genre, chercher la merde, il y allait tout droit, mais peu importe. C'était une manière comme une autre d'essayer de détendre l'atmosphère. Puis son interlocuteur semblait aussi sarcastique que lui. En témoignait les "présentations". Le garçon avait choisi de le défier du regard et de répondre complètement à côté. Un vent, mais qui ne déstabilisait pas Alex pour autant. Bien au contraire. " Et même un nom de famille ! T'imagines... Et du coup je dois t'appeler le brayeur c'est ça ? Enchanté." Avec une courbe, poli, mister Hamilton décidait de rebondir sur la situation. Il allait peut-être le transformer en boule de nerf, encore, ou alors instaurer un climat de confiance. Il ne connaissait pas l'homme en face de lui, mais il était certain que ce n'était pas le genre à faire sa mijaurée.

" Si tu as terminé de donner de la voix, je peux savoir ce qui s'est passé quand même ou pas ?" Insister oui. Il estimait que pour son secours, il était en droit de le faire. C'est le moment ou le gamin optait pour s'asseoir, adossé au mûr. Ce que voyait Alexis là tout de suite, c'était une forme de détresse. "Si j'en ai une . Même deux." Un sourire aux lèvres, il ne lui donnait pas pour autant la cigarette, il se contentait simplement de s'installer pas très loin, en lui jetant un regard du coin de l'oeil. " T'es pas blessé ? " Plus qu'une brûlure ou qu'un petit coup il voulait dire, on ne sait jamais. S'il se mettait à s'évanouir tout ça ... Prudence de mise. "Je fais pas de bouche à bouche. Je préviens." Un rire, mais faible. Il sentait que le garçon était au bout du rouleau, tout près de lâcher. Ce n'était pas le moment d'en faire trop. "Tiens." Il lui tendait finalement la cigarette, avec un briquet, en sortant une pour lui aussi. Pourquoi rester là ? Prendre du temps pour un inconnu et s'y intéresser ? Ce n'était pas explicable. Alexis était comme ça. Dans la vie de tous les jours. Une empathie qui le menait bien souvent à sa perte. " Les femmes nous font perdre la tête. Je sais de quoi je parle." Car oui, il sentait que le sujet, c'était ça. Le cri au sujet de la copine, il n'était pas dupe et compréhensif.

y a qu’ta voix qui résonne dans les rues du queens.
voix qui s’casse.
cassé par les larmes qu’tu ravales.
par fierté.
par honte, aussi.
t’es pas l’genre de type à t’apitoyer sur ton sort, mais t’es reconnu pour avoir l’sang chaud – chaud bouillant, même. un rien t’fait exploser, qu’ce soit un mot craché d’travers, une œillade effrontée qu’on lance dans ta direction ou un simple batt’ment d’cils inopportun.
t’es comme ça, c’tout.
p’is ça fait longtemps qu’t’as arrêté d’lutter contre toi-même, même si, c’soir, t’donnes plutôt l’impression du contraire.
– pas la peine de crier ... si t'as pas de copine, c'est pas un drame. ou si t'as pas de copain ... en fait, c'est pareil. c'était une dispute de couple ?
tu l’dévisages, les lippes scotchés l’une contre l’autre.
t’ignores sa question et t’restes muet lorsqu’il t’assène d’un – presque – compliment pour, ensuite, s’présenter. il s’fout l’doigt dans l’œil s’il croit qu’tu lui fil’ras ton blase, juste comme ça ! t’préfères lui passer une r’marque signé skadden qui, pourtant, semble pas l’déstabiliser. il doit être habitué aux vauriens dans ton genre !
– et même un nom de famille ! t'imagines... et du coup je dois t'appeler le brayeur c'est ça ? enchanté.
– t’peux m’app’ler comme tu veux, rien à foutre. qu’tu retorques aussitôt.
« l’brayeur… » il peut aller s’faire voir, c’t’enculer !
– si tu as terminé de donner de la voix, je peux savoir ce qui s'est passé quand même ou pas ?
– y a rien à savoir ! y avait c’te gonzesse, là… elle avait un mec, apparemment et j’savais pas.
tu gesticules beaucoup trop pour si peu, toi qu’arrête pas d’faire des allers-retours entre les deux bâtiments qui t’emprisonnent. index qu’tu brandis dans les airs, comme si tu v’nais d’trouver la source d’tes ennuies, sans pour autant connaître l’remède miracle.
– parce que, elles sont toutes comme ça, aujourd’hui. des putains d’GARCES qui s’croient tout permis !
référence à ta laure.
celle qu’tu croyais qu’elle t’appartenait.
qu’elle était à toi, rien qu’à toi.
p’is ça t’a détruit d’te rendre compte que… t’avais tout faux. sur elle, sur vous deux, surtout. qu’elle avait pas qu’ton blase d’pendu à ses lèvres, qu’elle avait pas qu’ton corps qui réchauffait l’sien.
ça t’a tué, carrément.
la première fille pour laquelle t’aurait été prêt à faire une croix sur ton titre d’coureur d’jupons. la première fille qu’aurait – presque – parvenu à t’dompter, à la longue. parce que, skadden, t’pourras jamais l’dire à haute voix, mais t’es amoureux d’elle.
m’fin, tu l’étais !
m’ouais… c’ça. tu l’étais.
c’est c’que t’aimes croire parce que la réalité est légèrement différente de c’que tu t’acharnes à prétendre.
et tu la r’vois, elle et sa facilité à détonner partout où elle va, à contraster avec les décors bien trop fades pour une gonzesse comme elle. ses opales qui t’fixent, qui t’détaillent, qui t’achèvent.
p’is t’en peux plus, lyes.
adossé contre l’mur d’brique, tu t’laisses tomber, l’cul qui heurte l’bitume.
une clope. t’as b’soin d’une clope !
– si j'en ai une . même deux.
il sourit avant d’s’installer pas trop loin d’ta défroque.
tu t’doutais bien qu’ça s’rait pas aussi simple d’lui piquer une putain d’cigarette, mais, c’te fois-ci, t’fermes ta gueule, t’contentant d’lever l’menton, l’derrière du crâne appuyé contre l’mur de brique.
– t'es pas blessé ?
t’hausses les épaules.
t’en sais trop rien. faut dire que, avec kenny, t’as vécu bien pire. les combats d’rues, c’devenu ton activité préféré – après baiser, bien sûr ! c’pas que’ques coups d’poings maladroits qui vont t’faire chialer.
– je fais pas de bouche à bouche. je préviens.
tu pivotes l’menton dans sa direction, sourcil arqué.
m’ouais, t’espères bien ! même en train d’agoniser tu l’laisserais pas faire, t’façon. ni lui, ni aucun autre mec. même pas barlow, ton meilleur pote. c’dernier qui t’ferait probablement un fuck pour qu’tu conserves une belle image de lui après ta mort… p’tit con !
– tiens.
ça paie d’rester muet, parfois ! alexis qui t’tend – enfin – une clope et un briquet, ceux qu’t’hésites pas à attraper. bâton cancéreux qui t’pend aux lèvres, t’soupires, déjà un brin détendu.
pas d’merci, par contre.
t’pas encore rendu à c’stade-là.
d’lui témoigner une quelconque bribe d’respect… faudrait pas charrier !
– les femmes nous font perdre la tête. je sais de quoi je parle.
tu t’mets à rire faussement, sourire qui s’efface aussi rapid’ment qu’il est apparu.
– ah ouais ? putain… t’as une tête de pédé, pourtant !
pas tell’ment, en fait.
t’en sais trop rien, t’as balancé ça, comme ça, au pif. faut pas chercher. faudrait pas qu’tu laisses tes émotions t’faire perdre ton rang d’roi d’la provoc’ !
p’is surtout pas pour une fille !
– t’es plus vierge, du coup, c’bien ! un p’tit pas pour l’homme, mais un grand pas pour ta quette.
tu t’arrêtes pas, tirant sur ta clope entre chaque phrase.
tu t’sens déjà fichtrement mieux, la tête qui s’vide douc’ment. y a toujours l’picotement d’tes phalanges qui t’rappelle l’état dans lequel t’étais que’ques minutes auparavant, mais tu t’surprends à analyser l’manche à balai à tes côtés.
à désirer en savoir plus.
sur lui, sur son histoire avec les créatures du diable.
– qu’est-ce qui t’es arrivé, à toi ? tu l’interroges, finalement, n’pouvant plus masquer davantage ta curiosité mal placée.
p’is p’t’être qu’tu trouveras une solution à ton problème.
ton problème al khalir.
celui qui t’fait autant crisper la mâchoire qu’battre ton cœur.
– oh p’is… j’m’appelle lyes.
prénom qui vient avec un tas d’contraintes.
contraintes qu’tu t’imposes toi-même, d’ailleurs.

BIND, TORTURE AND KILL

@Lyes Skadden

S'il y avait une leçon à tirer comme ça, d'instinct, Alexis choisirait de ne pas faire de blague vaseuse sur les couples à un type qui s'égosille. Sa tronche franchement après ça ... Alex n'arrivait pas trop à se décider. Hésitant entre pikachu qui prépare une attaque tonnerre ou bien la tête d'Oliver Queen quand il entend une blague. Dans tous les cas, rien de bon. Ceci-dit, s'il ne bronchait pas, c'est qu'il n'était peut-être pas si loin que ça de la technique à aborder. Ce qui confortait Alex dans le fait que la provocation était sans doute la solution adéquat finalement. Le bagarreur lui laissait même le choix sur son petit surnom à donner. Rire ? Plus fort que lui, mais sans en faire des caisses non plus. "Bon, ben on va rester sur le brayeur et quand t'en auras marre, tu me le diras.

Qu'est ce qui peut pousser deux gars à se bagarrer dans une boite ? Et la lumière fut, en même temps, ce n'était pas très dur à deviner. Une fille, Alex comprenait un peu mieux la situation. "Si je peux me permettre de te donner un conseil, pour la prochaine fois. Quand tu abordes une fille ... Ou un gars..." Petit clin d'oeil. Plus fort que lui, il ne pouvait pas s'en empêcher. Après tout, il avait bien mérité un peu de sarcasme avec son foutoir. ".... La première chose que tu demandes, après son prénom, si tu demandes son prénom, c'est si elle a quelqu'un dans sa vie. Et surtout, surtout, si elle a quelqu'un dans la boite." Parole d'expert ? Non. Loin de là. Alexis était tout sauf un dragueur, mais en tant que gérant du lieu, il en avait vu des choses ici et c'était pratiquement toujours le même point de départ. Comme ce soir. Par contre, à faire les cent pas, il allait lui filer le tournis. Ca pouvait se comprendre qu'il avait besoin de se calmer, mais celui-là, il avait des trottinettes à la place des jambes, pas possible. Il sursautait aussi lorsqu'il parlait de garce. Alex était d'accord sur ce point-là, enfin, en partie. Il opta en revanche pour juste soupirer et le laisser se calmer un peu.

Un miracle, quand finalement il s'adosse au mur. L'homme d'affaire n'y croyait presque plus en fait. L'envie d'une cigarette, ce remède si efficace contre le stress, moins contre la santé. Lui, il n'était pas un gros fumeur, mais à l'occasion, il se devait bien d'admettre que ça faisait du bien. S'en suivait une multitude de réactions variées et un monologue de sa part. Le jeune homme le laissant s'installer d'abord, sans un mot, passant outre sa blague. Un haussement d'épaule, quelle avancée pour la science ! Moins pour l'expertise médicale. Presque la même tête que plutôt à la question du bouche à bouche. Bon, c'est alex qui haussait les épaules dans un sourire cette-fois. Avant de donner la cigarette et le briquet, espérant que ça le fasse parler, mais non. Quel bougre.

Alors, parler de soit ? De ses déboires ? On ne sait jamais. La réaction que devait aborder Alex sur sa réponse surprenante était indéterminée dans l'instant, avant d'éclater de rire. "Oué en fait, je pense que tu t'es fait mal au crane non ? " Comment pouvait-il en vouloir à un jeune qui venait de se battre de dire des trucs qu'il ne pensait pas ? Puis c'est vrai, il avait peut-être une commotion cérébrale ... Ca expliquerait son agitation. "Je dirai même plus, un grand pas pour la quequette ! " Une nouvelle blague, tentative de le faire rire, de faire jeune aussi ... mais franchement Monsieur Hamilton, il serait grand temps de se calmer. "tu verras un jour, toi aussi tu accompliras ta quête." Bah quoi ? Le mettre en confiance ne voulait pas dire le laisser dire des conneries.

Question fatale ensuite. Qu'est ce qui lui était arrivé à lui ? Des mots, alors que ce n'était pas à lui de parler. Alexis hésitait du coup. C'était dangereux d'aborder des phrases avec ce garçon ... Lyes. C'est finalement ça, savoir son prénom et qu'il fasse mine de rien un pas vers lui qui le décidait. "J'aimais bien le brayeur ... Dommage. Mais on va garder Lyes alors. Et moi c'est toujours Alexis, ça a pas changé." Un sourire et il éteignait sa cigarette qu'il avait à peine consommer. "Disons que, j'ai connu deux femmes, enfin, je veux dire de façon à s'attacher. Il y en a une qui m'a rendu cocu et l'autre qui est mariée." Est-ce qu'il avait eut raison d'éteindre sa clope ? Pas sûr en fait.

"Tu as raison sur un point. Les filles sont parfois des garces, mais moi qui ai eut toutes les raisons de le penser. Pas toutes. Un couple, un jeu de séduction. Il faut être deux." Le plus étrange dans tout ça, c'est qu'Alex n'avait encore jamais eut ce second degré là. Cette façon de voir les choses. Ce gamin, sans le vouloir, il venait de lui faire voir ses échecs d'un autre angle. La colère qu'il avait vue peut-être, la détresse sans doute. "Après, il faut savoir ce que tu veux Lyes. Ou,qui tu veux." Bon est-ce qu'il avait piger un truc au moins ? Alex l'espérait, mais dans tous les cas, ça aidait. Rien que pour se poser les bonnes questions. - Qu'est-ce que tu veux ? Qu'est-ce que tu fais ? -