the freedom of falling (phee)

Elle t’a reparlé, elle t’a reparlé et c’est tout ce à quoi tu penses. Parce que tu pensais que ça viendrait pas, viendrait plus, parce que t’es pas certain de le mériter dans le fond, de ces millions de non-dits dormant sous la surface. De ce que t’as jamais dit de peur de quoi ? De la voir s’effondrer mais vous avez passé cette réalité maintenant n’est-ce pas ? De sa voiture au garage pour réparation, de sa maison qui est en travaux. De ces dessous de verre pour lequel tes assistants se prennent la tête. Introuvable qu’ils osent te dire et toi ? Tu vas leur en foutre de l’introuvable, capable de les virer pour une tâche qui n’est normalement pas dans l’attribution de leurs fonctions. Mais est-ce que cela te convient parfaitement ? Est-ce que tu serais pourtant capable d’en arriver là ? Sans le moindre doute. De te lancer dans pareille folie sans même regarder en arrière. De tout envoyer balader pour t’assurer que tout soit comme auparavant, d’apparence en tout cas. De cette contradiction en train de devenir tienne… De plus vouloir de votre passé, d’aller vers un avenir différent et en même temps, de ramener les choses à cet état qui ne sera jamais plus comme auparavant. De cette indécision, de pas savoir sur quel pied danser, de comment tu vas la trouver. De ces milles et une questions qui hantent ton esprit. Et dans ta main, cette valise, parce qu’elle l’a demandé, de ce que tu as mis comme ça, sans trop regarder. Parce que prendre les sous-vêtements de Phee c’est un peu compliqué. T’as pas tellement envie de mettre les mains dans ses petites affaires, ça la regarde. Quand aux vêtements, t’as pensé à son confort d’abord, à sa danse aussi, de ses chansons et tout le reste même si t’es pas certain de pas avoir oublié un truc important. T’as quand même glissé une jolie robe dans le lot, si jamais Ares veut l’emmener diner dans un bel endroit avant de lui avouer ses sentiments. Ça aussi ça te trotte dans la tête, eux. De ces mots étranges. Quand quel monde Ares te remercierait de t’être battu avec l’autre en sachant que cela a fait disjoncter la femme qu’il aime ? A moins que ce qui se passe sous le toit devenu leur ne soit appréciable. Assez appréciable pour vouloir ce genre de choses. SEXE ça s’inscrit en lettre dans ton esprit et en même temps penser à la vie sexuelle de ta propre sœur n’est clairement pas ce que tu apprécies, désire faire même. Mais savoir qu’ils auraient enfin pu avouer leurs sentiments, vivre quelque chose de bien, être heureux pour le premier instant de leur vie, ça compte pour toi, terriblement… Assez pour te retrouver partager en cette envie de te faire pardonner, de tout avouer, d’être vrai avec elle comme jamais auparavant et celle de fouiner dans chaque recoin pour obtenir la preuve de leur amour… Même si tu te doutes qu’un seul regard d’elle vers lui serait capable de répondre à cette question. T’as assisté à ce tout, assez pour n’avoir jamais douté qu’ils devaient finir ensemble. Qu’Ares est la Rhea d’Euphémia… Et dans ta bouche c’est clairement le plus beau de tous les compliments…


Tu la regardes ta montre, presque en retard mais pas encore, ce qui est un putain d’exploit. Parce que le roi de la fête n’arrive jamais en avance hein mais aujourd’hui t’es avant tout l’humble imbécile qui a seulement envie de se faire pardonner la somme de toutes ses erreurs… Comme si cela était possible… Tu ne sais pas, ne sais plus vraiment finalement, t’es perdu dans ce tout.  De cette valise dans la main, de ce pot de glace dans l’autre. Parce qu’elle risque d’avoir moins envie de te détester le ventre plein non ? Idée comme une autre dans cette multitude des besoins ne trouvant jamais totalement de sens, jamais totalement de but, de ces pieds qui ne savent pas vraiment comment avancer. Parce que tu ne sais même plus la personne en face de qui tu vas te trouver. Dans la multitude des nouvelles possibilités. De ce qu’il n’est pas possible de savoir en avance, tant les changements sont grands et rapides quand on ne regarde pas, quand on ne prête pas attention aux choses, aux gens, comme tu n’as pas su le faire avec elle. Et maintenant, t’es juste l’espèce d’idiot qui a pris de la glace plutôt que des fleurs. Qui se trimballe une valise en se demandant pourquoi Ares n’habitude pas un immeuble avec ascenseur. Tout en se questionnant si oui ou non ils se sont enfin avoués leurs sentiments. Assez de questionnement pour des millions de maux de tête qui finiront très certainement pas arriver mais pas de suite, pas encore. Pour l’instant seulement cette pression contre la porte, contre l’impossibilité de venir toquer tout de suite. De ce questionnement intérieur non pas sans intérêt mais pourtant destructeur. De ces mots restant en mémoire, ancré en toi comme à l’encre invisible dans l’intérieur de ton être…


Et madame culpabilité revient, l’amie que tu n’attendais pas, bien loin d’être nécessaire dans le moment présent, dans la somme de tout ce qui traverse déjà bien trop ton esprit embrumé… Peut-être qu’un peu d’alcool aurait pu faire du bien ? Sauf qu’elle aurait pas apprécié hein que tu te ramènes déjà à moitié saoul pour éviter de trop souffrir. Elle aurait compris ? Tu ne sais pas, ne sais plus grand-chose, seulement qu’elle est là, seulement que ta main fait enfin le geste. Et qu’elle va venir ouvrir hein. Elle te laissera pas dehors, ça serait idiot ? Méchant et ta sœur n’est pas toutes ses choses quand bien même tu ne mériterais rien d’autre que d’être venu pour rien… Après lui avoir tant brisé le cœur… Après avoir tant détruit avec trop de facilité … Et tu la vois finalement, cette porte venir s’ouvrir et tu sais pas tellement comment tout va se passer. Tu sais seulement que c’est l’instant de toutes les vérités. Même celles qui vous troueront le cœur, même celles dont t’as pas nécessairement envie de parler… Mais se taire c’est terminé n’est-ce pas ? Et le pot de glace que tu viens tendre en évidence. Comme un calumet de la paix… Vraiment idiot… C’est que l’égoïste que tu es n’a pas l’habitude de ça : se remettre en question et accepter ses fautes.