(EVENT) / COLOЯROOMS - BLACK.

tw/ mention de la mort, du deuil, si ces sujets sont susceptible de vous affecter, protéger vous et ne lisez pas ♡

tu n'avais pas spécialement envie d'y aller, pourtant, tes soeurs ne t'ont pas réellement laissé le choix. sortir de ta routine, t'occuper, semble être leur nouvelle mission, et rien que d'y penser, tu lèves les yeux au ciel. tu marches à leurs côtés, n'écoutant que d'une oreille distraite leur conversation. tu serais bien incapable de dire exactement le sujet de celle-ci. t'aimerais être ailleurs, parce que là, c'est comme si tu ne te sentais plus à ta place. pourtant, si tu creuses encore un peu, tu sais que tu pourrais te sentir bien. parce que les après-midi entre filles, vous en faisiez souvent, l'imposant parfois à harlem. avant, et maintenant, tu te souviens de ces moments avec difficultés, n'acceptant pas la possibilité de t'amuser, de te laisser aller. pourquoi? t'aimerais dire que tu ne sais pas, mais la vérité, c'est que depuis ces longs mois, il y a la culpabilité qui te prend au corps, et tu t'interdis l'idée d'avancer, parce que tu as peur. et que tu ne sais pas comment faire.
c o l o r r o o m s, c'est ce qu'indique la pancarte à l'entrée du bâtiment dans lequel tu pénètres, surprise de découvrir tant de personnes à l'intérieur. qu'est-ce que tu fous là? que tu peux pas t'empêcher de te demander, en sondant l'intérieur. sans faire attention, tu te laisses happer par l'une des portes, la noire, si bien que tu ne fais pas attention quand celle-ci se referme sur ton passage. t'oublies même tes soeurs, laissées à l'extérieur.
il n'y a plus que le noir,
du sol au plafond,
ça pourrait te faire étouffer, pourtant tu ne peux pas t'empêcher de penser, que le noir, t'es dedans depuis des mois, l'obscurité étant désormais ton quotidien. tu associes la couleur noir, au froid, à la douleur, à la mort et à la perte. et ça te frappe de plein fouet, c'est la couleur que tu associes également à harlem. tu fermes les yeux, espérant fuir la conclusion légitime, mais la douleur est toujours là, intacte. aussi forte qu'au premier jour, parce que tu refuses d'y faire face. h a r l e m, y'a son visage jovial qui se dessine dans ton esprit, alors que tu laisses les larmes envahir tes joues. pourquoi? c'est la question qui tourne sans cesse dans ta tête quand tu te laisses envahir. tu fermes les yeux, forçant sur ceux-ci pour essayer de calmer l'émotion qui t'envahie. en vain.
"j'pourrais toujours compter sur toi?" « toujours » tu te rappelles de ces échanges, et ça t'brûle de l'intérieur. menteur que tu veux hurler, tu sais qu'il pensait ses paroles, il croyait être toujours là. mais la vie en a décidé autrement, ne le laissant pas revenir. ne te laissant que son absence alors qu'il était partout dans ta vie et ton quotidien.
l'accident est arrivé si vite, trop vite, et quand tu es revenue à toi, lui n'était plus là. ton double, la chair de ta chair, ton sang, n'était plus. tu as cru mourir ce jour-là, et si t'es honnête, tu aurais préféré, parce que c'est comme s'il n'y avait plus de sens dans ton quotidien depuis sa mort,
parce que si tu as évolué au contact d'harlem, si tu t'es construite grâce à lui, y'a quelque chose qu'il ne t'a jamais appris, et c'est comment vivre sans lui?, dans un monde où il n'est plus, où tu dois parler de lui au passé, où les seuls moments que vous aurez jusqu'à la fin, se conjugueront à l'imparfait? c'est trop dur et tu sais pas faire face. tu te noies face à ta douleur. c'est un mal à la fois physique et moral, et si toi, tu as survécu, tu sais que ce que tu ressens, ça te tue, à petit feu.
les sanglots redoublent alors que tu es toujours envahie par le noir, ta respiration se fait saccader alors que tu ne peux pas chasser harlem de ton esprit.
harlem,
harlem,
harlem,
lui, encore et toujours. lui sourire aux lèvres. lui qui te taquine. lui te console. lui, partout dans ton esprit, comme si les souvenirs affluaient par vagues."pourquoi tu as menti? pourquoi tu es parti? pourquoi tu m'as laissé que tu dis finalement, pour lui, pour toi, alors que tes mains rencontrent enfin la surface froide d'un mur sur lequel tu t'appuies, poings serrés. les mots qui sortent sont difficiles, parce que tu les gardes en toi depuis si longtemps, que les prononcer t'fait souffrir. "pourquoi toi et pas moi?" que tu demandes, enfin, et c'est peut-être cette question qui te brise encore plus.
quand il est parti, tu as perdu un bout de toi. tu t'es perdue, te laissant envahir par le vide de son absence, te laissant ronger par la culpabilité d'avoir survécu, toi et pas lui. là, dans cette pièce sombre, tu te laisses engloutir, laissant ton chagrin t'opprimer et s'exprimer. tu pleures le passé perdu, le frère disparu, le futur que vous auriez eu, pour la première fois, tu fais face. tu acceptes, d'une certaine façon, la fatalité de cette réalité qui est tienne.
il n'est plus là, mais toi si, tu pourrais presque l'entendre te dire de te reprendre en main, d'avancer. de faire des erreurs, encore et encore, de ne pas avoir peur. parce qu'il est là, toujours d'une certaine manière. il le sera toujours. les larmes se tarissent légèrement, alors que tu essaies de te recomposer.
qu'est-ce que ça signifie? tu ne sais pas. tu ne sais pas ce que cette prise de conscience aura comme impact sur toi. mais c'est un début.