La sirène noire | ft. Ostara

{ la sirène noire }
☾ w/@andrew parker

Impératrice de ses nuits,
ange mortuaire du déni,
sous cette incessante magie,
se cache cet esprit noyé dans l’oubli.

Ses habitudes étaient devenues en quelques sortes les siennes. Sous ces observations incessantes qu’elle tentait de maitriser, elle avait suivi tous ses pas, toutes ses sorties, le temps d’un instant, afin de se rapprocher un maximum de lui. Elle savait parfaitement qui il était, de sa famille à sa profession, en passant par ses aventures, tout était imprimé dans sa mémoire. Ses moindres faits et gestes faisant alors échos à ces préoccupations qu’elle tentait de remédier. Journaliste, reporter, quoiqu’il en était, il était prêt à signer son papier sur son secret. On aurait pu dire l’un de ses plus gros secrets mais ce n’en était pas. Sa vie étant faite uniquement de secret, il aurait difficile pour lui de n’en retirer qu’un seul. Enigmatique et prête à tout pour survivre dans ces mensonges qu’elle s’engageait à perpétuer, il était hors de question qu’il puisse lui nuire, d’une quelconque manière. Alors elle s’était offerte. Se promettant de l’éloigner de cette vérité monstrueuse à laquelle elle appartenait et de cette affaire lugubre à laquelle elle participait. Un pion parmi tant d’autres, voilà ce qu’il était. Andrew Parker ; journaliste dans l’insouciance totale de son propre sujet.

Les talons claquent sur le vieux parquet alors qu’elle entre dans l’appartement grâce à ce double qu’elle a fait faire il y a déjà quelques semaines de cela. Mais en entrant, la surprise est totale. Il n’aurait pas dû être là ce matin-là, ses habitudes chamboulées, il aurait normalement dû être ailleurs, chez l’une de ses conquêtes après avoir passé la nuit dans un pauvre bar, à boire du bourbon bien trop vieux pour être encore servi. Mais il était bien là, dans ce lit, encore endormi et même si le tout était risqué, elle ne ferait pas demi-tour. Tentant de traverser sa chambre sur la point des pieds, elle s’approcha rapidement de ce bureau dégueulant de paperasse et d’articles en tout genre. Elle en était sûr, toutes ses recherches sur le presbytère devaient être là, quelque part, elle le savait et elle l’avait vu écrire des tas de choses à ce propos, sans pour autant s’approcher d’une quelconque vérité. Alors elle fouilla, la discrétion incarnée, elle trouva un ou deux écrits qu’elle plongea dans son sac à main. Toute piste serait bonne à effacer. Mais ce fut bien de courte durée puisque derrière elle, elle entendit les draps se brasser et une voix rauque rompre le silence. Elle se figea, se concentrant un instant afin de paraître innocente à ses yeux, des trouver encore une fois, un mensonge digne de cette rencontre inattendue. De son plus beau sourire, elle tourna sur ses talons, lui faisant soudainement face, détruisant toute preuve de culpabilité. « Oh Andrew, j’ai juste oublié un petit quelque chose chez toi, la dernière fois. » et de ce timbre rassurant et éprit de chaleur, elle s’approcha de lui, de cette démarche qu’elle abordait pour les séduire, les uns après les autres et de ce regard glaçant souligné de ce noir intense qu’elle ne quittait jamais. Sa main vint délicatement se poser sur son torse nu, tandis que ses lèvres vinrent effleurer les siennes. « Tu devrais te rendormir. » dit-elle en se reculant légèrement, de se sourire qui en voulait dire long sur ses pensées, de ce sourire impénétrable que personne ne parvenait jamais à complètement déchiffrer.

Ferme les yeux avant de m'apercevoir,
rendors-toi avant que je ne te fourvoie.