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 brooklyn/ miroirs transis

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Lù Paxton;

-- le petit prince --
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Lù Paxton



dickinson.
waldosia (ava), sial/vocivus (sign)
176
965
29
bête de foire des désillusionnés, chiard paumé qu'on sait pas aimer.
prince de la voltige, dompteur de lion, l'art de faire vivoter l'étincelle sous le chapiteau.
SONNY ; OKSANA ; AVA

brooklyn/ miroirs transis Empty
Message Sujet: brooklyn/ miroirs transis   brooklyn/ miroirs transis Empty Ven 22 Jan - 19:01


miroirs transis

     
Sur ce lopin de terre en retrait, battue et retournée par les pas pressés des artistes ou les empreintes géantes de leurs compagnons ; sur ce lopin de terre et quand la nuit tombe, ricochent les soupirs exaltés de la béatitude. Dans le ventre du chapiteau bicolore, il y a bien assez de rires et de lèvres étirées pour créer de ces bonheurs présomptueux au nom de merveilles. Le garçon chaviré ne peut qu’en mirer le reflet sur la surface, brillant dans sa pupille spectatrice, la vigueur de cette étincelle soudainement étouffée dans la vacuité intérieure. Dans chaque rire où détonne la surprise, il se souvient d’elle, de son apaisement de mourir en plein air, pour toujours abandonnée par les flots du vent. La mort accueillie sur les bancs par la chaude émotion d’une voltige ravissante, frôlant et déjouant la Fin en chaque instant. Jusqu’au point de rupture de l’illusion. La stupeur escamote les rires résiduels, le vent qui ne reprend son souffle que pour parcourir les échines penchées sur la défunte. Cette mort qui ceinture l’âme est le plus terrible des tours de passe-passe, il signe le clou du spectacle, le retour au réel et l’anéantissement de toutes les étincelles de ce monde.

Les glapissements de la nuée sinuent derrière les tentures, ils appartiennent au public galvanisé par le spectacle de prouesses. L’éléphanteau s’incline, quémande modestement les applaudissements de la foule qui redouble d’effort devant telle cérémonie. Son oeil transperce les oripeaux plastifiés, il est sévère résigné cependant, se préserve de l’habitude à laquelle pourrait se substituer une erreur de posture, de maintien qui ferait instamment chavirer vers une douleur épouvantable sur le sable en contre-bas. « N’oublie pas de sourire mon Lù » une main caresse tendrement et brièvement le haut de sa tête, c’est la délicate paume calleuse d’une mère adoptive, d’une mère tout de même. Il hoche la tête, une expression soupirante placardée sur le visage, puis disparaît à la pleine lumière, acclamé par la foule qu’il perçoit d’en haut, accrochée à sa corde. Sous les spots et finalement aux côtés de maître de cérémonie, Joe, Lù adresse un sourire poli, presque ravi aux spectateurs. Sur le cadran de la montre d’un Joe chapeauté, il est l’heure de profaner les morts en trouvant la nouvelle partenaire du voltigeur sillonnant un cortège d’accoutumés de son regard empli de questionnement. Il tournoie comme ce lion que le cirque ne possède guère, déchire l’attention pour un suspens redoutable.

« Madame, voudriez-vous nous faire l’honneur? » Lù dont les yeux étaient baissés sur les mains occupées à s'enduire de magnésie, dresse le regard en direction de la promue partenaire. Il la reconnaît, aux croisements des prunelles, il reconnaît distinctement cette peau qui la couvre et la mélancolie qu'elle a noyée derrière les paupières. Les commissures de ses lèvres s’affaissent comme il a oublié comment sourire à ce fantôme ruinant les particules de son existence.
Six-pieds sous terre, comme hier et les jours d'avant.
Il sait qu'elle n'est pas là, que ses yeux lui font la lecture du manque et celle du péril de cet habitat familier où loger sa peine.

milles souhaits d’en finir, dans ton regard,
rompre les cordelettes de cette vie naufragée
enlisée
et tous les guêpiers sur la route de ton trépas,
nos peaux et nos draps,
s’en sont trouvés sans succès
tu n’es plus là

L’ombre s’avance la minute d’après, contrarié par l’imposture Lù évite soigneusement le regard familier, tend le pot de poudre tandis que la musique couvre leurs échanges. La magie opère de l’autre côté de la scène, ils ne sont plus que les protagonistes secondaires d’un tout chimérique. « Mets ça sur tes mains, tu ne devrais pas en avoir besoin car tu es supposée t’accrocher à moi tout le long, mais c’est au cas où » où le sol appellerait son corps, si l’idée lui vient de s’y allonger. Il débite sans réclamer son reste, expéditif dans ses explications. « C’est à nous dans deux minutes, j’espère que tu n’as pas le vertige ç’aurait pas été malin d’accepter. Dépêche-toi faut qu’on grimpe là-haut » et il avale les marches deux à deux, retrouve le spectre sur son pallier « tu gaines, tu t’accroches et tu fais ton plus beau sourire ». Une collision brève des regards avant qu’ils s’élancent par-dessus la balustrade, il avait eu envie de lui demander ce qu’il lui avait pris d’habiter ce corps.


(c) corvidae
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brooklyn/ miroirs transis
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