spice. (joana)

Une semaine que Médée n’a accepté de voir quiconque, troquant ses nuits à la demeure familiale pour une de ses suites d’hôtels face à Central Park. Elle en est même à filtrer les appels, répondant seulement aux textos et divers mails qui polluent son smartphone depuis des jours. Son épaule s’est remise, les résidus d’hématomes sur son visage sont camouflé par un maquillage parfait. Physiquement, la blonde se sent bien, moralement c’est une autre histoire. Les jours s’enchaînent et les questions n’ont de cesse d’affluer au centrer de sa matière grise. Ce qu’elle cherche, ce sont les traîtres qu’elle n’a pas réussi à filtrer. Elle revoit absolument tout, chacun des dossiers de leurs employés les plus proches. Les chauffeurs, les gardes du corps, jusqu’à leurs jardiniers dans les Hamptons.

Enfermée dans son bureau elle feuillète des tas de papiers qui la rendent nauséeuse. Le dossier de Prescott arrive enfin entre ses mains et elle l’épluche, ligne par ligne, n’y trouve rien et finit par jeter de rage toutes les feuilles présentent sur le bois couleur ébène. Quelques secondes plus tard, Louis ouvre la porte -sans doute alerté par le vacarme- les yeux de son homme de main se posent sur le désordre, puis sur son visage. « qu’est-ce que tu veux ? » la vipère siffle, ses doigts martelant l’accoudoir de son fauteuil. « Joana, elle veut vous voir. » Le regard de Médée s’adouci instantanément bien qu’elle reste silencieuse, ses doigts viennent se poser contre sa tempe alors qu’elle pèse le pour et le contre.

C’est pourtant habituel, mademoiselle Harper est un courant d’air dans sa vie trop remplie et ce depuis presque sept ans. La curiosité l’oblige à accepter d’un signe de tête, l’envie de dessiner de ses yeux les traits de la jeune femme également. La Marlowe ne se lève pas quand la brune pénètre dans son antre, la porte se ferme derrière elle comme par magie. Elle tente un sourire qui lui donne un air malfaisant. Raté. « que me vaut ce plaisir ? » nouveau sourire en coin, cette fois-ci. Dans le tiroir de son bureau elle sort un paquet cigarettes, s’en allume une comme pour s’octroyer une pause. « quelle heure est-il au juste ? » qu’elle demande en crachant une fumée épaisse vers le plafond. Dans cette pièce elle n’a jamais la notion du temps, ici au Sinner, les jours peuvent s’écouler sans même qu’elle s’en aperçoive.

Médée ricane doucement à l’approche de cette amie fantôme, la juge d’un regard amusé quand elle s’assied au bord de son bureau. Aucun mouvement de recul lorsqu’elle s’approche de son visage pour faire fusionner leurs cigarettes en une braise commune. « il n’est jamais trop tard pour travailler… » expire-t-elle en même temps que la fumée. La blonde ne compte pas son temps, pourrait passer des jours entiers à traiter des dossiers, véritable machine infernale. Elle est, depuis l’enfance, incapable de se reposer, incapable de prendre du temps pour elle -il est certain qu’elle ne l’a d’ailleurs jamais fait. Ses sorties sont toutes les mêmes : pour affaires, ni plus, ni moins. Des œuvres de bienfaisances, des repas orchestrés par les plus grandes familles de la ville, ou autre rendez-vous pour asseoir sa domination. Il n’y a rien dans sa vie qui s’apparente à de l’amusement.

Joana a une idée en tête, elle le sent, son pressentiment est appuyé quand elle se lève pour attraper un chiffon pailleté de son sac à main, le tissu est jeté sur son bureau. Elle arque un sourcil Médée, s’écarte comme si elle venait de la confronter à un insecte des plus étranges. « il est hors de question que j’enfile une chose pareille, » du bout de son index elle soulève le vêtement, l’inspectant avec minutie. Ca ne lui ressemble pas, ça ne correspond pas à sa personnalité trop soignée. Son chemisier actuel lui convient à merveille, noir, sobre, allant parfaitement avec le jean sombre qu’elle porte. « on sort ce soir ? Ce n’est pas une invitation n’est-ce pas ? » une obligation qu’elle confirme aussitôt, une paire d’escarpin se balance dans la main de son invitée surprise. La Marlowe les jauge, ils lui inspirent le dégout qui se retranscrit sur son visage. Elle grimace, pointant des doigts tenant sa cigarette les chaussures. « si tu veux avoir la moindre chance de m’avoir à tes côtés ce soir, balance moi ces horreurs à la poubelle. » le geste s’alliant à ses paroles, c’est la poubelle en inox qu’elle récupère pour la poser au milieu de ses papiers. « ça aussi d’ailleurs. » le haut à paillettes y termine sans plus de discussion.

Un sourire se dessine enfin sur ses traits alors qu’elle tire lentement une taffe. « qu’est-ce que tu as contre mes fringues, franchement … et tu sais très bien, que ce n’est pas mon truc, tes clubs et autres bars ? j’ai de l’alcool chez moi et je t’assure qu’il est bien meilleur que dans n’importe laquelle de tes tavernes. » elle préfèrerait la ramener chez elle et de loin. S’enfiler une bouteille de scotch quinze ans d’âge et parler de ce que devient leur monde.

You're on a different road, I'm in the milky way. You want me down on earth, but I am up in space. You're so damn hard to please, we gotta kill this switch, You're from the '70s, but I'm a '90s bitch feat @Médée MarloweDifférentes mais toutes deux insolentes à votre manière, elle est l'ombre de la lumière que tu dégages, la lumière qui te permet de projeter des ombres sur les murs. Amie ou fantôme du passé, aucune de vous ne sait pourquoi vous êtes ainsi liées.

« Il n'est jamais trop tard pour travailler si tu travailles avec un bel homme à tes côtés, on est d'accord. Mais sinon... » Joana jette un oeil réprobateur autour d'elles. Il n'y a pas de quoi s'éterniser ici pendant des heures. Mais elle sait que Médée est dévouée à son frère et au clan Marlowe. Une chose qu'elle admire et réprouve à la fois. Elle pourrait faire de si belles choses si elle s'émancipait de son frère. Cependant, Joana n'a jamais trop essayé de la pousser dans cette voie. Elle aime lui laisser entendre qu'elle est capable de mieux mais elle ne veut pas s'attirer les foudres de la loyale Médée.

La blonde regarde la tenue que Joana lui lance avec un déplaisir certain dans les yeux. « Pourtant, cela mettrait ta poitrine en valeur. Tu as de beaux seins, je ne comprends pas pourquoi tu les caches au monde. » Joana pétille. Elle sait très bien que Médée a un faible pour la séduction quand elle la dirige vers son centre d'attention. « Effectivement. » Joana se contente de ce petit mot pour confirmer qu'elle vient enlever son amie à son triste bureau pour l'emmener en boîte. Qui des deux a le plus besoin de ce divertissement? La brune n'en parlera pas. Mais elle est dans une phase où tout est meilleur que la solitude de son domicile.

Les habits sortis de la garde-rob de Jo' finissent dans la poubelle. La Harper esquisse une moue mécontente en les regardant ainsi maltraités. « Je n'ai rien contre tes vêtements s'ils sont là pour habiller une dame d'un certain âge qui s'est résignée à la vie seule et au travail comme compagnon. Mais si je te sors ce soir, c'est pour mettre un terme à ça. » Elle fait le tour du bureau, passe son index sur les boutons du chemisier noir et sévère de Médée et le déboutonne avant de descendre au deuxième. Sa voix se fait murmure « Si tu veux rester vêtue de ça, d'accord mais il faudra quand même rendre les choses plus appétissantes. » Joana regarde le décolleté qu'elle est en train de créer, s'amusant d'effleurer la peau des coins de ses doigts au passage. Ses yeux pétillent en remontant face à son amie. « Allez petit chat, on y va. Ton alcool ne vaut rien. Ce n'est pas l'alcool qui compte mais ceux qui te l'offrent en pensant que cela suffit à t'acheter pour la nuit. Viens rire avec moi. » Joana se fait mignonne en penchant son visage sur le côté, comme un cocker qui mendie.
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Spoiler:

je n'ai que faire d'un bel homme. affirme-t-elle en levant les yeux au ciel. Ils savent pourtant, qu'elle n'est de ce genre là, que les relations quelles qu'elles soient ne sont pas au centre de sa vie. Médée avance seule dans ce monde, pour son plus grand plaisir. Ne se fatigue pas de traîner derrière elles des boulets qui ne feraient que la ralentir vers l'ascension qui lui est destinée. Elle ne trouve aucun intérêt aux sorties nocturnes, ne parvient pas à comprendre ce qui poussent ces autres à se comporter comme des animaux en manque d'attention, mais, pour les beaux yeux de Joana elle pourrait se laisser tenter. Son regard réprobateur concernant la tenue qu'elle lui balance en dit long sur ce qu'elle pense. personne n'a besoin de me voir dans de telle tenue, personne, encore moins moi. ce n'est pas qu'elle ne met pas en valeurs ses atouts, c'est qu'elle ne s'en sert que lors des signatures de contrats importants. Les moments où elle sait en jouer sont aussi rares que ses sourires.

Elle tire sur sa cigarette, observant Joana faire le tour du bureau, elle ne recule pas quand celle-ci laisse glisser ses doigts contre son chemisier sombre, faisant sauter deux boutons pour lui donner un air moins austère. Elle a un coup d'oeil pour le decolleté nouvellement créer, ne remarque pas tant la différence. tu es en train de dire que sans ça, je n'ai rien d'appetissant ? elle arcque un sourcil, amusé. combien de verre vaux-tu dans ce cas ? Joana fait la moue, Médée soupire en levant les yeux au ciel. très bien, très bien, allons-y vue que tu insistes. le mégot est écrasé dans le cendrier face à elle, puis elle se redresse lentement, regardant l'écran de son téléphone avec l'espoir d'une urgence, mais rien. je suppose que je pourrai terminer tout ça demain... elle se saisit de son long manteau noire, l'enfilant avec grâce avant d'enclencher le pas vers la sortie. mais d'ailleurs, comment as-tu réussi à arriver jusqu'ici ? qu'elle s'étonne, et où désires-tu m'emmener ? ce genre de rooftop huppé ? elle n'en à que faire, la descente jusque dans la rue se fait rapidement, l'air frais s'infiltre dans ses poumons et à sa grande surprise lui fait un bien incroyable. Son chauffeur personnel les attend déjà à l'arrière du bâtiment, elle ouvre la portière s'engouffre sur la banquette arrière aux côtés d'une joana trop enjouée à l'idée de la forcer à se dérider. je ne demande qu'une chose, que le whisky soit à la hauteur de mes attentes, ok ?