too soon (lhoas)

La nuit longue. Le corps dans la mécanique d'une routine macabre. Le job à l'âme vendue, pour cueillir quelques dollars, billets verts qui couvrent son calvaire d'une cage dorée. Vie troquée contre allégeance au gang, elle n'est plus la petite Italienne arrivée plus tôt, elle n'est plus qu'une marchandise, marchandise qui s'use avec le temps.

La pire de ses craintes se trouve sur cette peau qui lentement se tourne vers l'âge. Les fissures et les ridules qu'elle comble immédiatement via n'importe quel type de soin. Les cheveux qui grisent de leur pigment pour devenir des mèches d'argent. Traces de maturité qui cultivent sa peine, sa souffrance, sa peur. Peur d'être rejetée. De ne plus être désirée. Conséquence directe sur son rêve informe. Devenir Étoile Californienne. Femme de gloire. Celle à qui on écrira quelques livres de sa vie sensationnelle. Rêve.

Alors que la roue du travail s'achève. L'aube se creuse dans le ciel. Le Dollhouse se quitte, les cheveux réarrangés, maquillage effacé de la fièvre se recouvre de perfectionnisme, même dans l'intervalle de la déchéance, Serpentine ne laisse rien paraître.

Pourtant, la sortie de l'établissement se fait amère. La rancune sous l'ongle. L'esprit verrouillé sur la promesse en l'air de l'aider. Mauvaise nuit, elle n'arrive pas à décrocher l'espoir qu'on lui a semé. Un besoin vital de vider son sac. Les talons troqués contre ses baskets, elle traverse la ville pour se rendre aux baies. Là où il réside. Là où il pourra lui rendre des comptes. Peu importe l'heure qu'indique l'horloge. Ils sont au dessus de ça.

La silhouette frêle face à la porte qu'elle ne connaît trop bien pour ses désillusions. Elle frappe, nerveusement, presque dans l'hystérie d'une colère prête au ravage.

- Swamson, ouvre !

Au bord du spectacle, s'il ne se décide pas à se révéler, elle réveillera de bon coeur tout le voisinage. Un besoin urgent d'accueil. La nécessité d'être auprès d'une figure amicale. Malgré les divergences qui peuplent son coeur asphyxié.