god love the rain (eden)

elle avait encore omis de rendre des comptes que ses parents s'escrimaient à lui réclamer noa. et au final, elle avait presque pitié d'eux. parce qu'ils ne lâchaient pas le morceau, jamais. parce qu'ils continuaient d'espérer quelque chose qui n'était pas près d'arriver, jamais. déjà plus jeune, elle avait un sacré caractère qui ne leur permettait pas beaucoup de la faire marcher droit, dans les rangs qu'on lui imposait. en grandissant, ça n'avait fait que s'aggraver. elle avait pris une confiance en elle-même et en ses capacités et elle s'était évertué à leur prouver qu'ils ne pouvaient plus rien faire contre sa volonté. elle n'était pas une marionnette, elle ne l'avait jamais été. et s'ils avaient tenté de la façonner à leur image pendant les quelques premières années de son existence, le constat était désormais clair. ils avaient lamentablement échoué. et rien ne pouvait faire plus plaisir à la gamine.
alors toujours sans leur aval, elle avait pris la porte pour passer la soirée à l'extérieur. elle ne savait jamais vraiment ce qu'elle prévoyait, elle se contentait de se laisser porter. là où ses pas la mèneraient. là où ses envies la mèneraient. elle avait passé un moment avec jihane, celle qui faisait partie de sa vie depuis qu'elles étaient toutes deux dans un berceau. puis, elle avait été occuper les heures restantes chez les mcdonald. la porte qui lui était toujours ouverte. là où elle revenait sans cesse, sans crainte et avec cette même bonne humeur communicative. là-bas, tout était si léger, au contraire de sa tour dorée. celle qu'elle aurait aimer griffer pour que le vernis arrête enfin de masquer la réalité des choses. l'heure est décidément bien avancée quand elle se décide enfin à rejoindre ses quartiers, à contre-coeur. les wilson pouvaient déjà s'estimer heureux qu'elle ne découche pas. elle avait au moins la décence de rentrer retrouver les bras de morphée qui l'attendaient. sa chambre étant encore la seule pièce saine de l'habitation. elle tire une dernière taffe de sa clope avant de l'écraser sur le perron. un geste qui lui vaudrait encore d'innombrables remontrances le lendemain. seulement, il était trop tôt pour s'en formaliser. demain était un autre jour. pour l'heure, elle se contenterait de gérer la fin de soirée, ce qui était bien amplement suffisant.
en essayant de faire le moins de bruit possible, elle tourne la clé dans la serrure et pénètre à l'intérieur. la surprise la prend quand elle voit de la lumière dans le salon. elle soupire d'avance parce qu'elle comprend que le sermon va finalement arriver plus tôt que prévu. elle attend quelques secondes qu'une voix s'élève pour la confondre, mais rien ne vient. étrangement. alors elle s'avance doucement pour passer le seuil de la grande pièce. et ce qu'elle voit la rassure puisque ce n'est que eden. putain tu m'as fait flipper, j'ai cru que ça allait encore être ma fête. elle dépose les clés sur la petite table et vient s'affaler non loin de son frère. qu'est-ce que tu fais là ? t'es tout seul ? elle dit en biaisant son regard sur lui. peut-être que tout le monde était simplement déjà couché et que l'insomnie l'avait attaqué de plein fouet. le sommeil n'étant pas toujours le plus accessible des exils.