Sujet: expectations. (isabella) Jeu 19 Juil - 23:36
Tourner constamment en rond, ça n’a été supportable que l’espace de quelques jours. Voir Irwin et Anita se démener pour travailler et gagner de l’argent pour vous faire vivre, alors que toi tu es là à ne rien faire, c’est insupportable. Tu te maudis de ne rien faire pour les aider, d’attendre passivement que les choses s’arrangent par elles-mêmes. Et surtout, tu les remercies silencieusement du temps qu’ils t’accordent. Ils ne te brusquent pas, te laissent te tourner les pouces si ça peut t’aider. T’as une famille aimante, bienveillante. Mais des fois, t’aimerais bien qu’on te hurle dessus qu’il serait temps que tu te bouges un peu. Sauf que ce n’est pas leur genre. Alors t’as mis un temps infini à comprendre à quel point la situation était ridicule. Toi qui reste là cloîtré dans ta chambre à ne rien faire, ou qui vagabonde dans les rues juste pour observer les passants et chercher à te sentir vivant. T’as longtemps réfléchi à ce qui pouvait te faire sentir vivant dans ta vie, et tu t’es rendu à l’évidence. Quand tu travaillais, c’était beaucoup plus facile. T’étais presque devenu un automate, mais au moins, tu te sentais normal, comme les autres. Ça n’avait pas été compliqué de reprendre contact avec la boite qui t’avait employé pour ton stage. Ils étaient toujours en demande d’étudiants cherchant un travail pour l’été, et toi, t’étais déjà formé. Une véritable aubaine pour eux. Alors ce matin-là, tu t’es levé avec le sourire et cette impression que, peut-être, enfin, t’allais pouvoir te rendre utile aux yeux des autres Burton. T’as enfilé ta plus belle chemise, une veste de costume un peu trop grande pour toi et tu t’es appliqué à nouer une cravate. Ton pantalon est repassé bien droit, comme il faut. T’as presque l’impression de te rendre à un bal de promo, mais non, tu vas bosser, dépanner des ordinateurs. Ce n’est pas grand-chose mais, dans le fond, ça te fait plaisir. Et tu sais que c’est le moment de faire bonne impression, de montrer que tu mérites d'être là. Alors quand tu montes dans les transports en commun avec ta belle tenue, les gens te regardent un peu de travers. Toi-même tu ne te sens pas vraiment à ta place, trop bien habillé. Un peu comme si tu te rendais à un mariage plutôt qu’au travail. Mais tu tiens bon parce que c’est important pour toi. Lorsque finalement t’arrives dans les locaux de la Kingston Corporation, t’as aucun mal à reconnaître les lieux. Il faut dire que t’as passé quelques mois ici avant de mettre les voiles, une fois ton année terminée. Tu ne sais pas comment tu te sens à l’idée de te remettre à arpenter ces couloirs. Et au final, tu te dis qu’il vaut mieux prendre les choses comme elles viennent. Tu te feras une idée plus tard. Tes phalanges s’approchent du bouton d’appel de l’ascenseur, appuient dessus. Il ne faut pas attendre longtemps avant que les portes ne s’ouvrent, découvrent la cabine encore vide. Enfin, à peu de chose près. « C’est un plaisir de vous revoir, madame. » Tu souffles ces mots en direction d’Isabella, te doutant que tu risques de la surprendre. Après tout, elle ne te regardait pas. D’habitude, tu en profites pour faire semblant de ne pas avoir vu ou reconnu les gens. Mais pas là, parce que t’es sur ton lieu de travail, peut-être. Ou juste parce que tu sais qu’elle ne te veut pas de mal.
Sujet: Re: expectations. (isabella) Dim 22 Juil - 18:00
♛ Expectations.
So no one told you life was gonna be this way,Your job's a joke, you're broke. Your love life's D.O.A, It's like you're always stuck in second gear. When it hasn't been your day, your week, your month, Or even your year, but I'll be there for you, When the rain starts to pour,I'll be there for you, Like I've been there before, I'll be there for you...
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C’est une journée chargée à la Kingston Corporation. Avec la rentrée prochaine qui approche, les nouvelles collections de bijoux sont sur toutes les lèvres. Si la phase de fabrication est terminée depuis un petit bout de temps, restent tout ce qui est marketing et publicité à finaliser. En tant que responsable de communication de l’entreprise, Isabella a un rôle prépondérant durant ces dernières semaines cruciales. Elle court un peu partout, et s’avère plus exigeante, plus intransigeante même encore qu’en temps normal avec les employés. Elle a également demandé au service des ressources humaines d’engager de nouvelles personnes, étudiantes de préférence, pour combler le travail accru en cette période. C’est aujourd’hui que débutent les contrats de certains d’entre eux, d’ailleurs, mais Isabella ne s’en est pas encore préoccupée pour le moment. En règle générale, elle a tendance à communiquer surtout avec les chefs d’équipe plutôt que les stagiaires. En règle générale, oui, même s’il y a toujours des exceptions.
Ce matin, elle est arrivée depuis une heure seulement, et n’a pas arrêté une seconde. Elle vient de quitter l’équipe des graphistes après une petite mise au point et s’apprête à retourner à son bureau. Dans l’ascenseur, elle a les yeux rivés sur son téléphone portable, profitant des quelques instants d’attente pour consulter ses mails. Les portes de l’appareil s’ouvrent, un peu plus tôt que prévu, mais elle n’y prend pas garde jusqu’à ce qu’elle entende une voix s’adresser à elle et, par la même occasion, la prendre quelque peu par surprise. Cette voix, sans lui être totalement familière, ne lui est pas méconnue. Elle relève la tête, croisant alors le regard de Vladimir. Vladimir Burton. Elle n’oublie jamais un nom, mais lui, elle s’en souvient particulièrement. Il s’agit de l’un des étudiants qui avaient été engagés dans l’entreprise au cours de l’année qui vient de s’écouler. Elle ne le connaît pas énormément, mais il semble faire du bon travail en plus d’être plus que serviable. Surtout, elle se souvient de lui comme du garçon qu’elle a eu tendance à prendre sous son aile. Elle connaît son histoire, son passé, pour l’avoir suivi dans les journaux il y a quelques années maintenant. Instinctivement, elle a toujours gardé un œil sur lui. Si elle est bienveillante de manière générale avec les employés de la KC, elle garde malgré tout une distance avec eux. Trop méfiante, trop critiquée surtout, elle a appris à rester écartée de l’équipe une fois le travail terminé. Pourtant, avec lui, c’est beaucoup moins évident même si elle-même n’en a pas pleinement conscience. Mais elle le prouve déjà en lui adressant un beau sourire, réellement heureuse de le revoir.
– Vladimir, bonjour. Je suis ravie de vous revoir parmi nous. déclare-t-elle de sa voix douce. Le genre de propos qu’elle ne tient pas vraiment souvent, pas au travail en tout cas. Mais elle les dit pourtant avec sincérité alors qu’elle en profite pour le contempler du coin de l’œil. Avec sa tenue élégante, quoiqu’un chouia trop grande, il arrive à être classe tout en demeurant attendrissant aux yeux de la jeune femme. Non, pas sûr qu’elle soit totalement neutre avec lui. D’ailleurs, elle ne perd pas de temps pour verrouiller son téléphone portable, lui accordant toute son attention. – Alors, vous avez décidé de faire l’impasse sur les vacances pour cet été ? Une manière sans doute quelque peu maladroite de l’interroger, mais elle tente de s’intéresser à lui. Comme elle a toujours eu un peu trop tendance à le faire.
Sujet: Re: expectations. (isabella) Dim 29 Juil - 23:03
Elle est de dos et pourtant tu la reconnais tout de suite dans l’ascenseur. Comme si c’était une évidence. Tout a commencé avec elle la première fois, c’est celle qui a le plus essayé de te mettre à l’aise dès le début de ton stage. Alors c’est ironique que ce soit la première que tu croises en revenant. Et c’est plus fort que toi, t’es obligé de la saluer pour lui montrer que t’es là et que tu l’as reconnue. Elle pivote sur ses talons, tourne son visage dans ta direction et ça te donne la confirmation qu’il te manquait. Oui, c’est bien elle. Isabella. Un sourire se dessine sur tes lèvres quand tu la vois. La politesse avant tout. Et puis, au fond, t’es quand même bien content de la revoir. « Vladimir, bonjour. Je suis ravie de vous revoir parmi nous. » Elle a une voix douce et presque maternelle. Comme à chaque fois. Tu te glisses dans l’ascenseur à côté d’elle ; elle n’a pas l’air contre l’idée après tout. Tu n’oses pas trop te tourner vers elle, ne veux pas donner l’impression d’être trop intrusif. Après tout, vous n’êtes que des collègues de travail, tu n’as pas besoin d’aller la coller. Pourtant, du coin de l’œil, tu la vois qui verrouille son téléphone tandis que tu tires sur les manches de ton costume trop grand pour toi. « Alors, vous avez décidé de faire l’impasse sur les vacances pour cet été ? » Tu hoches d’abord la tête en réponse à sa question, réfléchissant à comment présenter les choses. Tu t’en veux un peu d’avoir profité de temps de vacances alors qu’Anita s’est mise à travailler pour aider la famille dès qu’elle a été en âge de le faire. Au final, t’es le plus faignant des Burton et ça te tue de le reconnaître. T’as été trop bête pour te rendre compte tout de suite qu’Irwin pouvait avoir besoin de ton aide. « Oui, en effet. Je me suis dit que ça pouvait être sympa de donner un coup de pouce au reste de ma famille. » C’était la vérité, en atténuée, mais ça restait la vérité. « Et puis, je crois qu’il serait grand temps que j’achète un nouveau costume. Je dois avoir l’air d’un clown dans celui-là. Il ne faudrait pas que j’entache trop l’image de l’entreprise en gardant ces vêtements trop grands, pas vrai ? » T’essayes de plaisanter, mais il est vrai que tu ne te sentais pas très malin devant ton miroir au moment de te vêtir. Comme tu ne te sentais pas à ta place dans les transports en commun qui t’ont mené jusque là. Pourtant t’esquisses un sourire, fais semblant que ça ne t’atteint pas vraiment. Parce que c’est plus facile d’agir ainsi que de reconnaître que tu ne te sens à ta place nulle part.
Sujet: Re: expectations. (isabella) Dim 5 Aoû - 13:07
♛ Expectations.
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Peut-être que si ce n’était pas lui, elle se serait contentée d’un simple salut, par courtoisie, sans aller plus loin. Peut-être que si ce n’était pas lui, elle serait déjà retournée à la lecture de ses mails. Sans être désagréable, elle n’est pas particulièrement amicale avec les employés de la boîte, Isabella. Ce n’est pas tant sa faute, pas uniquement, car elle a subi beaucoup trop de critiques en gravissant les échelons, pour faire autrement. Son tempérament réservé n’arrange en rien les choses. Sa retenue peut trop facilement passer pour de la prétention, son manque de confiance en elle pour de la méfiance envers les autres. Mais tout cela disparaît, parfois, quand son cœur le dicte. C’est le cas avec ses proches, irrémédiablement, et puis avec lui. Vladimir. Elle ne maintient pas la même distance avec lui. Au contraire, depuis le début, alors que ce n’est pas réellement son rôle, elle a toujours tenté de le mettre à l’aise. S’assurer que tout se passe bien pour lui. Elle ne devrait probablement pas, par souci d’équité avec les autres stagiaires. Mais elle connaît son histoire, elle y reconnaît la sienne. Et c’est peut-être ce qui la pousse à veiller, si l’on peut dire, sur lui. Sûrement parce qu’elle, à son âge, elle n’avait personne pour le faire sur elle. La tête tournée vers lui, elle lui offre toute son attention tandis qu’il évoque sa famille, sa famille comme raison de se lever chaque matin, et aller travailler. C’est tout à son honneur, pour son si jeune âge. Elle se doute bien, aussi, que ce doit être difficile pour lui et sa fratrie d’assurer les besoins de leur foyer. Mais elle n’en dit rien, elle n’est censée rien savoir. Et elle a beaucoup trop de tact pour se risquer à le froisser. Elle se contente alors de hocher la tête avant qu’un sourire en coin ne vienne apparaître sur ses lèvres à ses paroles suivantes. Il n’a pas l’air d’un clown, absolument pas. Seulement d’un gamin entre deux âges, qui veut bien faire, mais qui n’a pas encore toutes les cartes en main. – Vous êtes beaucoup trop dur avec vous-même. Vous êtes très élégant. déclare-t-elle avec chaleur, comme pour le rassurer sur ses craintes éventuelles. Elle le trouve attendrissant, à s’inquiéter au sujet de sa tenue, mais elle aime beaucoup moins l’idée qu’il se sente mal à l’aise au sein de l’entreprise. Elle voudrait qu’il sache qu’il est à sa place. La belle se demande, l’espace d’un instant, si ses paroles sont bien appropriées. Mais elle n’est pas son employeur au bout du compte, seulement une collègue de travail. – Vous n’êtes pas obligé d’acheter un nouveau costume, il suffirait de le faire un petit peu ajuster. ajoute-t-elle ensuite. Parce qu’elle connaît le prix d’un costume, parce qu’elle comprend bien qu’il a des frais plus importants à gérer malgré son jeune âge. Parce qu’il doit avoir envie, aussi, de s’offrir quelque chose de bien plus intéressant qu’un costume pour le travail. Parce qu’elle se fait beaucoup trop de suppositions pour un garçon qu’elle ne connaît pas assez. – L’essentiel est que vous vous sentiez à votre aise ici.
Elle a toujours cette voix qui laisse transparaître une douceur infinie. Elle dit des choses d’une bienveillance hors norme. Et comme d’habitude, tu te demandes pourquoi elle est comme ça avec toi. Parce qu’elle pourrait se montrer dure, un peu moins sympathique, t’affirmer que ton costume est effectivement beaucoup trop grand pour toi. Mais non, elle ne fait rien de tout ça. « Vous êtes beaucoup trop dur avec vous-même. Vous êtes très élégant. » Elle dit ça du ton le plus chaleureux du monde, sans doute. Et d’un coup tu sens ton cœur qui s’apaise, tes craintes de paraître ridicule qui s’effacent le temps de quelques instants. T’as peut-être pas l’air aussi idiot que ça. Ou peut-être bien que ça n’a juste pas d’importance pour un homme de l’ombre comme toi. Parce qu’au pire, t’es juste un petit informaticien, là pour quelques mois. Tout le monde se fiche de savoir si t’es bien habillé ou pas. « Vous n’êtes pas obligé d’acheter un nouveau costume, il suffirait de le faire un petit peu ajuster. » L’idée ne t’avait jamais effleuré l’esprit auparavant. Pourtant, elle est très bonne. Alors tu hoches la tête en laissant apparaître un sourire sur tes lèvres. Il est vrai que cela sera toujours moins coûteux que d’avoir à racheter un costume complet. Tu n’as juste aucune idée d’où tu pourrais confier ton costume, mais tu ne te tracasses pas trop avec ça. Une petite recherche sur Google devrait faire l’affaire. « Je vous avoue que je n’y avais pas pensé. Mais c’est une excellente idée. » que tu avoues un peu piteusement, de peur de paraître stupide. Peur ridicule, superflue. Parce qu’au fond, tu sais qu’elle ne te jugera pas. « L’essentiel est que vous vous sentiez à votre aise ici. » Tes prunelles se redressent vers elle, effleurent son propre regard. Il y a cet instant de flottement durant lequel tu te contentes de la regarder, sans trop savoir quoi dire. Et puis, tes lèvres se délient sans que tu saches trop pourquoi. « Dites, est-ce que je peux vous poser une question ? » De la rhétorique. Rien de plus. Parce qu’en vérité, t’es pris dans ta lancée et tu n’attends pas sa réponse pour ajouter : « Pourquoi êtes-vous comme ça avec moi ? Enfin, j’veux dire… Aussi gentille ? » Elle pouvait très bien être comme ça de nature. Peut-être que c’était dans son caractère d’être bienveillante avec tout le monde. Mais t’y penses trop tard, alors tu ne peux pas t’empêcher de rougir. Tes joues se teintent d’une couleur propre dont tu as honte, que t’essayes de cacher en détournant le regard pour fixer les portes de l’ascenseur, qui ne tardent pas à s’ouvrir pour laisser monter quelqu’un. Tu salues l’employé, puis reste silencieux en attendant qu’il descende. Tu devrais quitter la cage métallique en même temps que lui, mais pourtant tu restes planté là, attendant que les portes se referment. Pour profiter d’un instant d’intimité supplémentaire, pour préciser les choses avant qu’elle ne les prenne trop mal, pour attendre qu’elle te donne une réponse, aussi. « Je ne voulais pas dire que vous étiez méchante autrement. Evidemment. Juste… J’ai l’impression que vous ne me parlez pas comme vous parleriez à d’autres. » Tu pinces les lèvres avant de jeter un coup d’œil maladroit dans sa direction, tandis que tu restes planté là, raide comme un piquet. En vérité, t’as peur que ça l’énerve et que la personne la plus agréable de l’entreprise ne se retourne contre toi. Qu’elle trouve tes mots déplacés. Et intérieurement, tu te maudis d’avoir lâché ces mots. Pourtant, tu ne te ravises pas, tu te contentes d’attendre une réponse.
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Il y a cette candeur chez lui, mêlée à une véritable volonté, qui la touche particulièrement. Il veut tant bien faire, alors qu’il n’est qu’un gosse. Alors qu’à son âge, la plupart des jeunes préfèrent profiter de leurs vacances d’été pour se reposer ou bien pour faire la fête. Elle ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec celle qu’elle, elle était au même âge. Au-delà du drame familial similaire, elle se reconnaît d’une certaine façon en lui. Elle se souvient, quand elle a commencé les stages et les petits jobs elle aussi, combien c’était une plaie de se vêtir correctement. Elle n’avait pas les moyens financiers qu’elle a aujourd’hui, elle devait redoubler d’ingéniosité pour éviter de se retrouver tous les jours avec le même et unique tailleur de son armoire. Alors si elle peut le soulager de ce léger poids, si elle peut le rassurer aussi sur lui-même, ne serait-ce qu’un tout petit peu, elle en est heureuse, Isabella. Elle lui sourit simplement, tendrement, quand il avoue trouver son idée excellente. Elle ne veut pas le mettre dans l’embarras ou bien le gêner, et elle le fait savoir à sa manière. Seulement la jeune femme ne s’attend pas aux interrogations de Vladimir. Un peu surprise, elle s’apprête toutefois à accepter sa demande, mais il n’attend pas. Comme pris d’une soudaine impulsion, il lui demande pourquoi elle est aussi… Gentille, avec lui. – Oh, je ne m’attendais pas à une telle demande. Et elle est quelque peu décontenancée, elle doit bien le reconnaître. Elle est surprise, parce qu’elle n’a pas la sensation d’être si différente avec lui. Peut-être parce qu’elle ne se force pas à l’être, au contraire c’est avec lui qu’elle agit le plus naturellement. Il n’y a pas cette barrière qu’elle instaure avec les autres, ce voile de protection qu’elle impose, pour se préserver. C’est sûrement cette distinction entre lui et les autres employés qu’il a dû remarquer. Seulement elle ne sait quelle réponse formuler, Isa. Elle se voit mal lui avouer être au courant de son passé familial et se reconnaître en lui. Ce serait totalement déplacé, malvenu même. Elle, à sa place, elle se sentirait prise à pitié. Mais ce n’est pas de la pitié, c’est tout le contraire de la pitié. Elle ressent de l’empathie pour lui, car elle a vécu des choses tout aussi douloureuses et que, quelque part, elle se sent liée à lui. Seulement, elle ne sait pas si elle serait capable d’en parler à cœur ouvert avec un garçon qu’elle ne connaît presque pas. Elle ne sait pas si elle aurait cette force alors que les blessures en elle sont toujours douloureuses. Finalement, elle n’a pas même le temps de lui donner une véritable réponse, car ils se font interrompre par un nouvel arrivant dans l’ascenseur. Le répit ne dure que quelques secondes et, à nouveau, ils se retrouvent en tête à tête. Tout de suite, la Latina relève les yeux vers lui pour tenter d’être le plus honnête, et le moins maladroite possible surtout. – Vous avez peut-être raison. Je ne suis pas… Tout à fait la même avec vous. Elle replace délicatement une mèche de cheveux déjà à sa place derrière son oreille. Elle est un peu moins assurée que d’ordinaire, embarrassée surtout. Elle ne laisse pas de place à sa vie privée quand elle est au travail, elle se protège une fois encore. Mais elle ne peut qu’être sincère avec lui. – Je dois dire que je me reconnais en vous au même âge. Je tentais d’évoluer mais je ne parvenais pas pour autant à me sentir à ma place. Peut-être parce que je vivais avec la même perte… Familiale que vous. Elle a l’impression de manquer énormément de tact. Elle ne devrait pas évoquer le décès de ses parents, elle dépasse les limites. Mais il a voulu connaître ses raisons, elle ne peut que les lui donner. – Je ne prétend pas vous connaître, et je vous assure que je ne veux en aucun cas m’immiscer dans votre vie personnelle. Ce n’était pas consciemment, c’est juste que… Vous me touchez beaucoup Vladimir.