never get to heaven. (silene)

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{ never get to heaven }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Silene Valenti

À l’heure où le ciel se drape de son plus sombre voile, l’âme en perdition vagabonde avec mélancolie dans les ruelles mal éclairées d’un Queens qu’elle voit tout en noir. Elle devrait être blottie au fond de son lit, sagement en train de dormir, mais elle n’y arrive pas. Si la journée, elle est capable de surmonter les songes obscurs qui peuvent la submerger, c’est différent quand la nuit finit par tomber. L’esprit abîmé de mille entailles non cicatrisées se met à s’embraser, comme une plaie jamais soignée. C’est la brûlure d’une souffrance qu’elle ne sait plus comment guérir mais avec laquelle elle ne parvient plus à vivre. C’est une agonie lente, insidieuse, qui ne l’assaille pas frontalement. Reptilienne, elle s’insinue en elle, se faufile avec pragmatisme, dans les craquelures  d’une âme à la dérive. La douleur perfide s’infiltre sournoisement dans les fissures jamais refermées par l’écorchée vive. Vipère fallacieuse, elle se glisse jusqu’au cœur ébréché pour l’enserrer, encore et encore, jusqu’à l’étouffer. Isabella, même quand elle sent l’air glacé venir frapper son minois gelé, elle continue de suffoquer.

Le besoin de respirer,
c’est vers elle qu’elle choisit de se tourner.

C’est vers elle que son instinct la mène. Silene, belle Silene ; Silene, sirène venue tout droit des ténèbres. Elle est ce fragment d’elle inavoué, cette obscurité qu’elle n’a plus honte de cacher. Elle n’éprouve pas le besoin de montrer son plus beau visage, pas à elle. Pas à celle qui semble connaître, autant qu’elle, peut-être même plus qu’elle, l’enfer. Silene, belle sirène, qui lui donne la sensation douce et amère à la fois que ce n’est pas si grave. Pas si grave si elle ressent un tel mal ; pas si grave si elle se laisse couler, juste un peu, dans l’obscurité abyssale ; pas si grave si elle cesse, juste un soir, de prétendre qu’elle va bien, de lutter contre les démons qui tentent perpétuellement de s’insinuer en elle. Pas si grave si Isabella, ce soir, elle n’essaie plus de rester à tout prix à la surface.

Ce n’est pas si grave,
juste pour un soir.

Elle peut interrompre cette lutte permanente ; autant qu’elle est étouffante. Elle peut se libérer des chaînes qui l’emprisonnent et s’autoriser, juste quelques heures, à se laisser couler. C’est si loin d’être dans les habitudes de celle qui a toujours tout porté sur des épaules trop frêles et trop jeunes. Peut-être que s’autoriser, avec elle, à se laisser aller ; c’est juste ce dont elle a besoin pour enfin respirer. L’âme si raisonnée, celle qui songe d’ordinaire à tout ce qu’elle pourra déclarer, tout ce qu’elle pourra expliciter, n’a pas réfléchi cette fois. Devant son appartement, elle n’hésite pas, et laisse son poing s’abattre doucement sur la porte de bois. Elle ne patiente pas longtemps avant de croiser les iris de son amie, le sourire qu’elle esquisse, elle le veut sincère mais il paraît trop amer. « Je suis désolée de t’embêter à une heure pareille mais je… » et elle s’arrête net. Car elle se rappelle, l’âme en détresse, que c’est devant Silene qu’elle se tient. Que, si elle a choisi de venir précisément ici, plus que nulle part ailleurs, c’est parce qu’elle ne veut plus lutter. Elle ne peut plus, lutter, pour résister devant le mal qui tente de s’immiscer. « Je sens que je vais craquer, Silene. » elle lance enfin, l’appel à l’aide. Au risque, peut-être, de s’enfoncer plus encore dans les ténèbres.

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{ never get to heaven }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Silene Valenti

Silene,
douce sirène,
à la fois amère,
elle provoque chez la beauté abîmée ce soulagement acerbe, cette sérénité venue tout droit des ténèbres. Silene, à peine entrevue, balaie ses craintes. De ses iris si clairs, de son ton cristallin, de toute la douceur qui semble émaner de la poupée de porcelaine, elle l’attire, chez elle ; et l’attire, un peu plus proche encore de l’enfer. Isabella, elle ne jette qu’un bref coup d’œil aux lieux plongés dans la pénombre ; bien trop voilée par ses propres ombres. C’est vers elle qu’elle se tourne, vers elle, toujours. Elle se laisse entraîner par son hôte, elle se laisse orienter, comme elle voudrait, ce soir, quelqu’un pour la guider. Ou, peut-être, quelqu’un pour la sauver. « Je ne voulais pas dormir. » elle confie, la voix déjà fébrile. Les demi-lunes assombries restent rivées sur son amie. Focalisée sur elle, pour ne pas songer aux envies qui martèlent tout son être. Captivée par elle, pour oublier le manque dans ses veines. «  Chaque fois que je suis dans mon lit, je pense à… toutes ces choses… » ces choses qu’elle ne dit pas, ces choses qui la ravagent, mais qu’elle garde pour elle, Isabella. Poupée d’argile beaucoup trop fragile, elle a la sensation que tous ses tourments deviennent trop lourds à porter ; qu’elle finira par s’effondrer.
Et puis, elle revient, l’envie de ses cachets.
C’est une dépendance dont elle n’a parlé à personne. Nikolaï l’a entr’aperçue la première fois mais elle croit que c’est loin derrière elle désormais. Il y a seulement Peyton qui est au courant, Peyton, son pilier inattendu mais qui répond présente, en toutes circonstances. C’est pour elle, plus que pour elle-même, que l’âme ténébreuse tente de maintenir ses promesses. Pour elle, plus que pour elle-même, qu’elle ne veut pas craquer. Un long soupir, elle laisse entrevoir son agonie, alors qu’elle finit par confesser. « J’ai promis de ne plus prendre ces cachets… tu comprends, je l’ai compris, seulement… sans eux, j’ai l’impression que… je vais suffoquer… » elle lâche enfin, déjà, la terrible vérité. Le besoin inconsidéré de s’en remettre à ses anxiolytiques pour retrouver un semblant de sérénité.

Et ça, il n’y a qu’à toi que je peux le confier,
il n’y a qu’avec toi, que j’arrive à l’avouer,
comme si, avec toi,
l’horreur n’était plus aussi horrible,
comme si, avec toi,
le danger n’était plus si terrible,
comme si, avec toi,
je peux laisser entrevoir,
le plus sombre de moi.

Silene, reflet de leurs cœurs miroirs,
Silene, rêve ou cauchemar,
Silene, damnation de son âme.

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{ never get to heaven }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Silene Valenti

Silene,
amie de ses nuits,
Silene,
lueur de vie,
Silene,
seule source de clarté,
dans son obscurité.

Fréquentes sont ses amitiés en pleine journée. Si elle a du mal à livrer ses états d’âme, Isabella, elle est une personne qui a besoin de contact. Besoin de se sentir utile auprès des autres, besoin de faire partie de quelque chose. Quelque chose de plus grand qu’elle, pour oublier les enfers qui la retiennent. Il lui est bien plus rare, toutefois, d’avoir des amis pour l’accompagner quand tout devient noir. Silene, elle est même la seule, la seule qui effleure les fragments d’elle les plus sombres. Depuis le début, entre elles, il y a cette osmose naturelle. Ce besoin viscéral de la retrouver quand elle fuirait le commun des mortels. Ce besoin de se connecter à elle, pour, peut-être, ne plus se sentir aussi seule. C’est ce qu’elle a fait ce soir, Isa : sans réfléchir, elle est venue s’immiscer jusqu’à sa demeure. Elle est venue chercher un réconfort encore incertain chez celle qui détient un bout de son cœur. Pas le plus joyeux, pas le plus lumineux.

C’est un cœur noir qu’elle dévoile ce soir,
c’est une parcelle de son âme si souvent indéchiffrable.

La confiance qu’elle lui témoigne est telle que, devant les demandes de Silene, là où elle pourrait vite se sentir oppressée de devoir exprimer son ressenti, rien de tel n’arrive avec elle. C’est même tout l’inverse. Il y a presque un soulagement tout juste perceptible dans son timbre alors qu’elle commence à se confier. « Je prends des anxiolytiques. Enfin, je… j’en prenais jusqu’à peu. » Mais elle a arrêté. Elle a été capable de tout stopper. Semi-dépendance qui pouvait, un peu, apaiser l’intensité de sa souffrance. C’est beaucoup plus tortueux, désormais, de retrouver le sommeil. Continuer à vivre avec une agonie pareille. C’est un mal-être ancré en elle, comme s’il faisait partie d’elle, depuis trop longtemps pour qu’elle s’en libère. Et cette nuit, c’est encore plus difficile, encore plus terrible de vivre avec. Tandis que d’un geste tendre, l’ange noir vient saisir sa main dans la sienne, les prunelles noires contemplent quelques secondes son amie en silence. Cette amie dont elle a tant besoin, Silene à qui elle s’accroche plus qu’à tout le reste. Silene, gardienne de son mal-être. « C’est comme si… je me tenais au bord d’un précipice. Je me raccrochais de toutes mes forces pour ne pas tomber. Mais c’est… c’est tellement difficile que… j’ai de plus en plus envie de lâcher. » elle confie, la voix meurtrie. Cesser de se battre, cesser de se raccrocher. Cesser de tenir bon et lâcher prise, enfin, même si elle en venait à tomber. Elle a tant refusé de se laisser couler, Isa, mais résister aux abysses qui l’appellent devient de plus en plus éprouvant. Si bien qu’elle se demande, si affronter une telle détresse n’est pas pire, finalement, que de se laisser juste mourir.

Et à elle,
tu peux en parler,
à elle,
tu peux te livrer,

peut-être car tu sais,
comme l’horreur,
ne lui fait pas peur,
comme te gardera près d’elle,
Silene,
dans son cœur.