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 Sous un grand ciel gris (Imra)

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Céleste Gainsborough;

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Céleste Gainsborough



Nastya Kusakina
WALDOSIA (avatar)
Grisha, Virgil, Orphée, Messaline, Eleusis
303
765
33
Elle n’a d’yeux que pour son mari.
Dans la chaleur du temps et des notes, dans l’ardeur du violon et du piano, de la harpe et de la flûte. Nous pouvons la voir sur quelques scènes qu’elle choisit avec méfiance, toujours son air légèrement inquiet.

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Message Sujet: Sous un grand ciel gris (Imra)   Sous un grand ciel gris (Imra) Empty Sam 29 Aoû - 12:43

Sous un grand ciel gris

   
      Il se passera des minutes et des heures dans l’antre silencieuse de la foi ; la chapelle est sobre, le ciment que les hommes ont posé pour construire le lieu saint tient dans ses briques la sueur et l’effort, quelques centaines d’années et l’oeuvre fut érigée par la monnaie d’un donateur en prise à sa culpabilité, Enoch a fouillé, cherché, respiré l’histoire de l’Église dont il a fait sa seconde maison, pour connaître et abraser le savoir, le faire sien. Quatre années ont péries sous les décombres de ses sens, de sa voix, de sa posture, penchée sur les feuilles dont il recouvre de ses mots la blancheur, de ses prêches authentiques et cruels, il a haussé sa puissance. Les poutres recouvrent l’hypocrisie des yeux bienveillants, ces orbes embrasées par l’étroitesse de l’esprit et les obsessions se reflétant, il y a dans la posture de l’homme la transcendance du démon. Dans son bureau à l’odeur de papier et de camomille, des papiers jonchées et la robe officieuse de ses cérémonies, Enoch exhibe sur lui un pull et un jean, les traits de son visage froissés, habituels de ses tempêtes intérieures, ça tonne en dedans, ça gronde, ça s’insurge puisque le silence matériel tempère les dérives et la colère. Sous l’arcade de la haute fenêtre, il s’enfile une cigarette, se perd dans la contemplation de l’extérieur, le calme régénérescent de cette ruelle et les passants, les habitants. Un sourire qu’on lui adresse, souvent, et, parfois, on le laisse tranquille, il arbore la carrure du misanthrope, suffisamment, du moins, pour inspirer la frayeur de le déranger. Il se repaît de la quiétude comme il se repaît du bruissement familier des branches qui ploient sous la pluie naissante.
    Il songe au visage de la dulcinée, à cette vierge, trésor de sa main, Josepha ne tardera pas à pénétrer les portes de la maisonnée, et, dans le sillage de ses songes, la voit assise sur les chaises de bois et de paille dans la cuisine ; elle ne mange pas, cela l’inquiète et l’enrage. Pour se défaire de l’impuissance, il marche, lit un peu, le texte qu’il prépare, pour dimanche. Guette les croyants qui se recueillent et cette silhouette inconnue. Mèches ténébreuses sur front sépulcral, l’expression est floue, disparaît dans l’ombre d’une capuche trempé. Elle semble possédée par les affres de sa tristesse, les traits austère apparaissent lorsqu’il s’approche, un visage de soie, dur, taillé dans la féminité de la pierre. Il y a de ces femmes au charisme impressionnant qui ressemble à ceux des hommes. Assise, sur un des bancs alignés, ordonné, le visage baissé sur le marbre. Enoch, debout, et l’air toujours sympathique, du juste pasteur souhaitant aider ses brebis ; car l’enfant est inconnue à son répertoire de faciès, il se souviendrait d’elle puisqu’elle porte l’aura ombrageuse d’une femme discrète mais violente, à l’intérieur de son esprit, les géhennes, peut-être.  « Vous venez certainement de très loin. » Il constate. Dans cette phrase le symbole d’un voyage, celui de l’âme, de ses obstacles. Il devine, suppose, cette jeune fille, rare sont encore celles qui s’aventurent dans l’espace sacré de l’Église, entendre des sermons et des leçons à l’heure des tweets et des internets, cette jeune fille se recueille non par foi véritable mais pour, certainement, la transcendance du coeur qui chercher à se rassurer d’une épreuve. L’homme sait, se sent dieu chaque jour, puissant quand le destin lui donne raison. Le cerveau pourchasse les détails, les assemble, les analyse, construise un sens.

@imra st-clair


 
(c) élissan.

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L'air gris bleu était lourd de promesses, l'avenir s'élargissait à l'infini. Simone de Beauvoir ☾☾ Non Uccidere
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Message Sujet: Re: Sous un grand ciel gris (Imra)   Sous un grand ciel gris (Imra) Empty Sam 29 Aoû - 20:45


sous un grand ciel gris

L’errance s’achèvera peut-être bientôt. Voilà des siècles qu’elle marche ainsi, les fils de ses cuisses aux muscles éreintés manquant de la faire tomber à chaque pas de trop. Il faut pourtant bien poursuivre cet étrange voyage qui ne mène qu’à la débauche dépressive, l’enfonce et l’engonce dans ce long tunnel sombre appelé marasme, les jupons de sa robe à la dentelle vieillotte frôlant toujours les angles squelettiques de ses chevilles où les veines bleues s’étalent en filigranes, les pieds toujours chaussés de ces vieilles baskets qui en ont vu autant que les yeux errants de la louve silencieuse. Esquintés. Boueux. Lasses. Il est tard et le ciel est aussi noir que l’écran d’un portable désormais endormi et qui ne l’agacera plus de ses vibrations intempestives. Nora St-Clair a fait l’erreur d’apprendre à se servir de la modernité humaine, y trouvant là une énième arme pour torturer ses horribles progénitures sans même avoir à bouger du fond de son salon insalubre. Les rats grouillent en tout sens et personne n’ose laisser pendre son regard plus d’un instant sur ces traits blêmes, pollués par l’apathie. Elle a pris garde à frotter vivement les traces de sang, larmes vermeilles comme un vin bouleversé ayant échoué sur la nappe blanche de sa peau, pour ne pas alerter quiconque. Pour ses ongles, elle n’a rien pu faire. En gommant avec une vivacité étrange pour ce corps aux mouvements toujours trop lents, elle a insulté le corps refroidi de celui qui ne lui sourira plus. Elle s’en remettra, elle le sait. A force d’absorber une vie faite de tragédies, on finit par corner le cœur, par le rendre résistant à tout, même à la perte, même à la peur, même au danger. Elle pourrait sourire de se croire immortelle mais l’esprit vogue ailleurs, sur ce frère désormais emporté par les monstres de béton d’une prison où il faudra échouer chaque mois, parler au travers d’une vitre, trouver de quoi dire. Des banalités, certainement, car tout le monde a l’air d’en aimer l’écho dans des conversations bateaux qui finissent par couler dans un silence gênant.


Dis, Haine, quand reviendras-tu ?



Elle attend cette rage qui bouffe tout comme les vers viennent dévorer les cadavres délaissés si on ne les brûle pas avant. Elle attend alors qu’elle passe dans ces rues où les passants se font plus rares, finissant tous par trouver le refuge de leur tanière quand elle persiste à longer les murs des grandes artères grises du Queens sans s’y appuyer, de peur de tomber, de chuter, comme une fatalité. Sous ses cheveux que la nuit a peinte, on ne perçoit rien d’autre que cette impassibilité crasse, cet ennui qu’on lui a tant reproché à l’école, rendant fous tant les sales gosses qui tentaient de piquer ce qu’ils prenaient comme un insecte que l’on agace avec un bâton pour en observer les entortillements que les rares professeurs qui avaient encore l’espoir d’en faire quelque chose. Puis la lassitude venait. Car rien ne bouge jamais vraiment, car les réactions ne sont jamais celles attendues. Et alors elle repense à Dris, à lui qu’elle a laissé passé outre les murs irrigués entre elle et ce monde baigné de soleil et pourtant froid, plein du givre de l'inhumanité. Lui, entité masculine qui, sous ses airs de grand monstre à la peau noire n’était en fait qu’un simple humain espérant la chaleur d’un corps toujours glacé. Ce qu’elle voyait luire dans ses yeux rieurs la mettait parfois mal à l’aise, la poussait à froncer les sourcils comme pour le gronder en silence de voir en elle quelqu’un capable de le regarder comme il le faisait, de rire et de jouir de la vie autant que lui, malgré tous les boulets de misère qu’il se traînait aux chevilles. Il était capable de bonheur malgré la nuit maudite dans laquelle il était né face à elle, incapable chronique du moindre trait de joie. Et sous le fil rouge de ses pensées moroses, ses doigts filandreux toujours accrochés à la main froide de l’aimé poignardé, elle se laisse attraper par la bouche béante du premier endroit venu. Bien sûr, elle hésite, elle ne sait pas s’il faut entrer, elle, infant d’un démon à l’âme cerclée de fumerolles mais tel un blasphème vêtu de deuil et de fatigue, elle pénètre sans prévenir la maison du Seigneur. Elle échoue, enfin. Le bois craque comme pour râler de sa venue. Tant pis. Tant pis, elle restera un peu.

Et ce silence.
Incomparable à tous les bruits un jour connu.
Il est curieux que l’enfant de Lucifer trouve enfin la paix
Auprès des bras de son pire ennemi.


Le dos fragile tombe contre le dossier peu confortable mais pourtant le plus doux qu’elle ait connu depuis des heures. Un soupir échoue et même ce simple murmure semble infecté le silence alors elle se tait à nouveau, les yeux baignant sur le sol qu’elle perçoit à peine. Odeurs de cire, de fer, de poussière, la peau pâle se teinte d’ambre sous les lucioles oscillantes des flammes des cierges alors qu’elle entend venir. Sagement, elle lève la tête vers cette grande ombre discrète mais à l’aura pas moins étrange, cerclée par l’halo des lumières. Les yeux brumeux croisent un regard creusé d’intelligence, un visage taillé à la serpe, d’une sévérité certaine malgré ce timbre plein d’aménité. Il pèse sur elle de sa silhouette agrandie sur la sienne, prostrée, sans même avoir à la toucher. Elle cille pour première réponse, méditant ses mots sans vraiment le vouloir. « Loin ? » Elle se surprend à entendre l’écho de sa propre voix à l’accent brisé, moqueuse et rêveuse à la fois dans ce grand néant et ses yeux le quittent pour se baisser sur ses ongles encore plein du sang noir de son amant défunt. Ses mains ne sont déjà pas belles blanches, fines, maigrelettes comme celles des enfants mais tâchées ainsi de sang, elles le sont encore moins. Un tique agite ses lèvres, un semblant de sourire qu'aucune joie ne vient étirer alors qu’elle relève la tête, les cheveux bruissants sur ses épaules, le bois craquant encore, le noir fondant dans le clair-obscur des prunelles de l’Inconnu. « Détrompez-vous, je ne viens de nul part. » C’est une fatalité, une vérité nue. Qu’il ne se fasse pas d’illusions, avec elles vient toujours la déception.


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Céleste Gainsborough;

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Message Sujet: Re: Sous un grand ciel gris (Imra)   Sous un grand ciel gris (Imra) Empty Ven 2 Oct - 10:09

Sous un grand ciel gris

   
      Les albatros ont quitté de leurs ailes arrachées, le navire de Noé ; sous les voûtes de la chapelle, dans le froid macabre de la lumière tamisée, rare et pourtant si puissante du fait de son unicité, les lueurs d’automne recouvrent les épaules du prédicateur vêtu de modernité, seules les chaussures permettent un brin de raffinement, des mocassins de cuir qu’il ne met que pour fouler l’Église. Il doit obéir aux exigences, aux codes, aux rites, affûter sa voix, son charisme, manier les âmes, les guider, comme le berger et son troupeau mené d’une main de fer. L’homme s’amuse, c’est indéniable, à déployer son imaginaire, à projeter sur les esprits des grains de sa folie, de ses pulsions, de sa colère. Enoch ne s’assoit pas, debout, il respire la jouissance de dominer l’ère du diable, la femme. Elle semble une Lilith aux mains coupées, aux mains sanglantes, des mains sales, baignées dans les secrets obscurs. Un prêtre aurait remarqué la culpabilité gravé sur le visage de la sainte, de l’enfant, une jeune fille perdue, une aura égarée dans l’immensité de ses vices, Enoch goûte à la phrase agressive, aux phonèmes féminin, une légère incartades, des sons comme un envol de moineaux éraillé par les brumes ; des cheveux sont mouillés par la pluie giclant sur le macadam, on entend plus qu’on ne voit dans l’antre protectrice de l’architecture austère.  « Qui comme Oblomov ne ferait jamais de voyage ne ressemble à rien. » Il arbore des sourcils froncés, son inquiétude se pare d’un sourire ironique, un rictus cruel face à la fougue courroucée, elle n’autorise pas, l’étrangère, à ce qu’un inconnu empiète sur son intimité, mais l’ogre découpe, l’ogre observe, l’ogre tue d’un coup de poignard logé dans les viscères, les artères, le coeur enfin, organe symbolique, incroyable. De ses nombreuses victimes, le dernier souffle ; un empire de joie quand à l’écoute de la transformation de la vie à la mort.  « Vous avez les doigts noirs. » Constat, la couleur s’ancre dans la pupille placide, rougit et fait naître l’obsession du voyeurisme, il contemple les dextres fines de la brune. Puis, son regard s’étend, englobe le paysage de pierre, aucun fidèle ne trépassent les lois de la religion, personne dans le vaste amphithéâtre de l’hypocrisie. Il y a l’ambiance qui change, doucement, péniblement, le sourire grandit, les yeux dévorent. La silhouette de l’agonisante. Il sait, qu’elle n’a plus d’endroit pour se recueillir, pour se mettre à l’abri, pas de toit sous la tête ni de clés protectrice, en fuite. Enoch, enfin, s’installe près d’elle, un pas de distance sur le banc, la face rivée vers l’immense statue d’un Jésus crucifié, une ligne de sang peinte sur le torse, l’expression transcende les douleurs d’antan, de ces mythes auxquels il ne croit pas, la passion trouve dans sa réalité subjective une fleur écarlate, bourgeonnant des sens possibles.

@imra st-clair


 
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