new york / cet ange qui vous ressemble sous son aile nous rassemble. (livia)

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{ cet ange qui vous ressemble
sous son aile nous rassemble  }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Livia Henderson

Elle a la sensation de ne pas l’avoir vue depuis trop longtemps, Livia. Il y a eu l’anniversaire de la belle brune, le sien il y a quelques semaines à peine, et encore beaucoup d’autres fois. Mais, depuis quelques temps, elle a tendance à s’enfoncer dans son monde, Isa. Depuis qu’elle a choisi de se séparer de Nikolaï. Elle se replie dans les ténèbres qu’elle ne connaît que trop bien. Dans cet enfer dont elle semble presque avoir besoin. La douleur est là, lancinante, elle frappe son cœur chaque fois qu’elle pense à lui. Chaque fois qu’elle ne pense pas à lui. Il y a de rares moments d’apaisement, au détour d’une conversation. Avec sa famille, avec ses amis. C’est tellement difficile de trouver la force d’oublier la douleur et tous les doutes dans son cœur. Mais elle s’efforce de le faire, comme elle l’a toujours fait. Pas de celles qui abandonnent les siens quand elle va mal, Isabella.

Ce sont eux qui te maintiennent en vie,
ce sont des instants comme cet après-midi,
des instants auprès de tes amis,

des instants auprès de ta Livia.

Elle avait organisé cette journée à ses côtés il y a un petit moment déjà. À l’époque où, dans sa vie, tout allait encore plus ou moins bien. Elle était auprès de l’homme qu’elle aime, aussi bien que dans une lune de miel. Heureuse comme jamais, elle ne l’avait été. Elle était la petite-amie d’un homme merveilleux et lumineux. Elle est devenue l’ex d’un enquêteur de police infiltré dans une histoire beaucoup trop sombre et tumultueuse. Elle essaie d’éviter de se remémorer tout ce qu’elle a perdu, depuis le jour où elle avait préparé cette surprise pour son amie. Elle essaie de penser uniquement à elle, si précieuse, peut-être encore plus aujourd’hui. Car c’est dans les instants les plus difficiles, que l’on se rend compte à quel point certaines âmes sont indispensables à une vie. Elle ne sait pas du tout si la surprise lui plaira. Elle ne sait pas d’où lui est venue cette idée plutôt originale. Innovante, en tout cas, pour Isabella. Mais la douceur de son amie, combinée à cette fougue, cette éclat de vie en elle, lui a fait penser en une fraction de seconde à une balade à cheval.

Rien que toutes les deux,
Isabella et Livia,
comme autrefois.

Une tradition qui revient de loin. Quand leurs appartements étaient encore voisins. Chaque année, depuis ce temps-là, les deux amies s’organisent mutuellement l’un de ces moments. Un moment rien qu’à elles, en dehors du monde, en dehors du temps. Cette année, c’est au tour de la latina de se lancer. Tout ce qu’elle espère, c’est que Livia n’a pas une peur phobique des chevaux. Elle la connaît depuis suffisamment longtemps pour être au courant de ce genre de détails, mais la question ne se pose pas souvent à New York. Elle ne s’est même jamais posée avec elle. Assise dans la voiture, la magnifique brune à ses côtés, Isabella conduit jusqu’à l’adresse de la ferme où s’organisent ces balades. C’est un peu plus loin de la ville, au beau milieu de la nature. Elle se sent déjà dépaysée, Isa, alors qu’elles ne sont même pas arrivées. Tournant la tête vers Livia, elle profite de ces quelques minutes en tête à tête pour lui demander de ses nouvelles. Et savoir, surtout, tout ce qu’elle a pu bien manquer durant ces derniers jours passés sans elle. – Alors, dis-moi, comment vas-tu ? L’impression désagréable, presque coupable, de ne pas l’avoir vue depuis une éternité. – Je suis sûre que j’ai manqué trop de choses dans ta vie. Dans sa vie, mais aussi dans son esprit. Dans cette petite tête aux milles pensées, la jeune femme se doute que la vie de celle qu’elle considère comme sa sœur ne s’est pas arrêtée. La sienne non plus en vérité. Mais les cœurs siamois finissent toujours par se retrouver.

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{ cet ange qui vous ressemble
sous son aile nous rassemble  }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Livia Henderson

Elle se raccroche aux siens, Isabella, ardemment. Désespérément. Elle se raccroche à ceux qu’elle aime comme à une bouée de sauvetage qui pourrait la sauver de son désespoir. C’est un peu, comme, si elle était au bord d’un précipice. Prête à tomber dans la falaise, elle ne tient plus qu’à un équilibre précaire, une stabilité fragile pour une âme trop fébrile. Elle pourrait basculer à tout instant mais ce sont eux, qui la retiennent en vie. Ce sont eux qui l’empêchent, sans même le voir, de se laisser sombrer dans les ténèbres. Ils la retiennent sur terre quand ses démons l’attirent inexorablement jusqu’à l’enfer. « Tu es tellement bloquée dans ton passé. Tellement bornée que tu ne te rends même pas compte que tu brises tout ton avenir, ton présent. Tu as juste cette sensation que tu n'as pas le droit d'être heureuse et tu laisses toutes tes souffrances te retenir, toutes les personnes qui te font du mal ! Plutôt que de les chasser tu repousses ceux qui essaient de t'aider. Tu souffres… mais c'est pas uniquement à cause de moi. Mais t'es trop attirée par les ténèbres pour oser t'en sortir. » Elle a repensé si souvent aux paroles prononcées par Nikolaï. Elle les a répétées, encore et encore, en boucle dans son esprit trop tourmenté. Elle s’est torturée elle-même avec les mots qui viennent directement de l’homme qu’elle aime. Elle s’est demandée tant de fois s’il disait vrai. Si c’est ce qu’elle a fait, inconsciemment, sans s’en rendre compte.

Puis, elle a retrouvé Livia.

Elle se retrouve devant ce bout de femme qu’elle connaît depuis tellement d’années qu’elle ne les compte plus. Devant cette jeune femme pétillante, débordante de vie, qui réchauffe son cœur abîmé chaque fois que tout devient confus. Cette âme si tendre qu’elle peut adoucir ses plaies sans même les effleurer. Elle se retrouve devant elle, Livia, qui n’a jamais quitté sa vie depuis qu’elle l’a rencontrée. Malgré les déménagements, les éloignements, les métiers différents, ou juste la vie qui vient toujours tout compliquer. Elle se retrouve devant elle, encore après toutes ces années, comme si rien n’avait changé. Et elle se rend compte, pour la première fois, que ce n’est peut-être pas vrai, tout ce qu’il disait. Livia, elle ne l’a jamais repoussée. Mais c’est le bonheur qu’elle vient lui apporter, elle qui est incontestablement un pilier. Elle est là, dans sa vie, toujours à l’épauler. Celle qui n’était à l’origine qu’une voisine, est devenue sa plus ancienne amie. Sa plus fidèle alliée, toujours présente, en dépit de tout ce temps. Alors peut-être est-ce dû au caractère bien trempé de Livia. Peut-être est-ce grâce à sa détermination qu’elle n’a jamais été rejetée par la latina. Elle ne sait pas, elle ne sait plus, Isa. Mais ce dont elle a conscience, c’est que la revoir à ses côtés lui procure un vif soulagement. Comme une bouffée d’air frais, après être restée trop longtemps noyée.

Et elle se raccroche au sourire de Livia.

Le sourire enchanteur, revitalisant, de celle qui submerge son aînée de bonheur. Comme un éclat de vie qu’elle vient souffler dans son cœur. Les émotions à vif, l’âme en peine a la sensation d’être, comme, apaisée au contact de son amie. Elle est peut-être bien, Livia, la plus belle influence qu’elle peut avoir dans sa vie. D’autant plus dans une période aussi tumultueuse pour l’écorchée vive. Il y a quelque chose de rassurant dans le fait de se dire que, peu importe les aléas de la vie, peu importe combien elle peut devenir cruelle et terrible… elle est là, sa belle amie, et elle sera toujours là. C’est l’esprit empreint de ces ondes positives, une réalité trop rare en ce moment chez la latine, qu’elle les emmène toutes les deux pour un lieu empli de surprises. Et si, cette fois, c’est au tour d’Isabella de tenter de faire naître cette étincelle dans ses prunelles, elle sait d’ores et déjà que la prochaine fois, ce sera elle qui, les yeux fermés, la suivra. Il lui est beaucoup trop tentant de la laisser dans le flou. Elle veut voir sa réaction dans les grandes opales si expressives de la petite fille en elle qui n’a jamais disparu. Pour la faire patienter, pour savoir aussi tout ce qu’elle a pu manquer, la plus âgée des deux femmes s’enquit de prendre de ses nouvelles. Devant sa réponse, un sourire amusé apparaît sur le coin de ses lèvres. Elle tourne la tête vers elle, quelques brèves secondes, pour bien la contempler. Admirer le sourire lumineux qui irradie ses traits. – C’est une question piège. Tu es toujours outrageusement radieuse. fait-elle remarquer, le sourire espiègle, qui devient plus touché quand elle entend sa déclaration emplie de sincérité. Avec un soupçon, aussi, de culpabilité. – Tu m’as manqué aussi, Livia. confie-t-elle, laissant une ombre envahir son regard encore porté sur le trajet. Une ombre qui disparaît vite devant le bonheur d’être à ses côtés. – Il en est hors de question. Tu ne le verras que lorsque nous serons arrivées ! assure-t-elle, inflexible, malgré son sourire empreint de malice. Devant la question de son amie, Isabella ne sait pas tout de suite que dire. Son esprit est tellement focalisé sur Nikolaï. Et elle repense, encore, aux mots de la dernière fois. – Je ne sais pas si c’est un don ou une malédiction. elle avoue, retrouvant une certaine gravité dans sa voix. Elle aimerait parfois que sa vie soit plus simple et loin de tous ces drames. Mais peut-être qu’une part d’elle, plus obscure, en est responsable. – Livia… tu crois que je repousse les gens de ma vie…? elle demande, soudainement, pour ne pas poser la question qui lui brûle réellement les lèvres. Ne pas lui demander, si elle est réellement attirée par les ténèbres. Elle ne s’est pas risquée à avoir une telle conversation, jamais, avec aucune de ses relations. Mais peut-être que s’il y a bien une seule personne avec laquelle tu peux oser, c’est celle qui ne te jugera jamais. Celle qui te connaît depuis des années. Celle avec qui tu seras toujours liée.