natural connections / terrence

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les quelques messages sont tapés à la volée, tes doigts percutant le clavier avec l'habitude d'un gosse de sa génération. debout au milieu de ta rue, tu t'étais éloigné de ton nouvel emplacement par besoin de dégourdir tes guibolles. ton temps est trop employé à lézarder, toi qui réclamais l'action dont tu n'étais plus le héros désormais. tu rôdes autour de l'empire qu'on t'a arraché, tel un vautour qui étudierait sa proie au préalable pour s'enquérir de la meilleure façon de la dévorer. c'est plus fort que toi, toujours tu y reviendras. t'arrives pas à avancer, à admettre que t'as perdu la partie. pour toi, c'est un constant jeu d'échec que t'es certain de pouvoir renverser à ton avantage. tu ne t'avoues jamais vaincu, là où les plus belles réussites sont celles résultant de la détermination. t'as l'oeil fugace, se posant ici et là sur les silhouettes passant l'entrée de l'hôtel aux étoiles multipliées. imaginant par instant ce qu'ils étaient venu y chercher, ou reconnaissant des têtes que tu avais si souvent côtoyé. ça te dégoûte d'être aujourd'hui le larbin, qui était autrefois promis à la couronne du prince. à l'échelle de votre monde, ils étaient aujourd'hui plus haut que toi. à la chute du roi.
il te propose le gîte ton ami. il t'inspire la provocation ton ami. et y'a déjà le sourire mesquin empreint de satisfaction qui dessine tes lèvres. face au jeu de rôle trépidant que vous vous apprêtiez à initier. de toutes les fêtes d'hier et d'aujourd'hui, vous aviez été les terreurs endimanchées. les deux playboy débridés, en première ligne, qui envoyaient tout valdinguer. sur un regard de travers, sur un clin d'oeil tendancieux ou par simple jouissance de voir le prédécesseur bouillir de l'intérieur. tu l'attends déjà en bas de tes marches luxueuses ez. te préparant à faire ton grand retour sur les terres qu'on t'avait arraché. tu sais que ça va jaser, mais n'est-ce pas devenu aujourd'hui ton unique moyen d'exister ? leurs têtes, tu les imagines et ça te fait rire intérieurement. ta petite comédie allait tous les clouer sur place, toi qui savais pouvoir encore mener le personnel à la baguette. te faire entendre comme digne patron sous leur toit. dans cette configuration, les esclandres et les états d'âme de papa n'étaient qu'un détail sur tu ignorais royalement, dont tu te fichais éperdument. la démarche masculine s'approche et s'impose dans ton champ de vision, pendant que tu trépignes d'impatience comme un gosse au matin de noël. t'es né pour le scandale ez. pour être celui dont on parle, que ce soit en bien ou en mal. tu supportes pas de les laisser indifférents. eux, de l'indignation à l'émulation. et t'as pas la langue dans ta poche ez, ce pourquoi tu te tiens prêt à riposter. tu sais qu'il ne va pas te rater terrence, qu'il ne manquera pas l'occasion de t'irriter sur ta condition sociale. vous aviez trop souvent craché sur le petit peuple pour qu'il se passe de prendre le dessus et de te signifier que désormais, un monde vous séparait. en toute amitié.

(c) calaveras.