new york city / dancing on my own (sivene)

Si ses mots me parlent, parce qu’ils témoignent d’une certaine forme de véracité que je crois sentir, je m’attarde de façon inappropriée sur sa robe étincelante qui m’attire à la manière d’un papillon, sur les courbes qu’elle dessine et par extension, à la femme qui la porte. Je suis malgré moi le reflet d’une société en perdition ; je m’éternise sur l’image qu’elle me renvoie, les mots qu’elle prononce uniquement parce qu’elle brille comme un soleil. J’ignore si elle a conscience de ce que suggère son décolleté plongeant, que les paillettes de sa robe ont laissé des traînées d’étoiles sur sa peau et que dans la pénombre, éclairée par les faisceaux de la lune, elle n’est que fantasmagorie.

Puis, un brin de rationalité me submerge quand ma cigarette s’éteint et que j’aspire dans le vide. Silene n’est pas ton amie. « À vous écouter on pourrait croire que vous avez l’ambition de révolutionner la télévision. Je ne vous servirai à rien si ce n’est à abrutir un peu plus les gens avec mes conneries. J’vous dirais bien que je ne compte pas changer mais je crois que c’est ce que vous attendez. » Dis-je d’un air entendu, jetant mon mégot sur le cendrier qui déborde, attrapant ma troisième cigarette que j’allume davantage par réflexe que par envie, jetant quelques coups d’oeil par-dessus l’épaule de Silene lorsque j’aperçois la silhouette de ma mère. Je m’éloigne aussitôt de la vitre. « Mais vous avez mon attention. Parlez-moi de votre projet. Je suis tout ouïe. » Et par pitié, sauvez-moi ; de l’ennui, de ce simulacre de soirée, de ces vitrines avilissantes, qu’on me ramène à la plèbe ! Alors, Silene, vendez-moi du rêve : pour échapper à ma mère je signe de suite. Qu’on me donne un stylo, qu’on m’apporte une corde !

@Silene Valenti