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 La fille de Salem (ft. Imra)

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Message Sujet: La fille de Salem (ft. Imra)   La fille de Salem (ft. Imra) Empty Sam 29 Aoû - 23:12

la fille de salem
Imra & Misha

« we are the granddaughters of the witches you couldn't burn »
L’oeil a cligné férocement sous le fervent soleil, aveuglé par la phanie soudaine de l’asphalte. L’animal nocturne s’accoutume mollement à la lumière du jour comme il marche à pas leste dans les dédales new-yorkaises, a troqué le costume contre l’accoutrement de relâche. Misha s’est lancé dans de grands échanges enflammés en compagnie d’Aleksandr ; les deux comparses fardent le visage du poids de la sagace réflexion comme ils parlent de banalités avec la fatuité qui les incombe ; la politique, le sport, les filles. Tout y passe, tant le flux est limpide. Les filles, un peu moins. Puisque le fils du patron ne sait pas y faire, puisqu’il cale la romance entre deux portes à grand renfort de courant d’air, puisqu’il s’immisce dans la fuite sentimentale, Misha n’a pas grand chose à raconter au sujet des plantureuses. Aleksandr avait fini par se taire sous ce silence, mordillant le bord d’une frustration rancie sans jamais trop oser le questionner. Sans doute était-ce là le succès de leur jeune amitié, sous couvert de mutisme bienvenu et de grandes élancées lyriques, parler lorsque cela les arrangeait, se taire quand le besoin se faisait sentir. Leur complicité les avait liés jusque dans le creux de leurs jours de repos, du moins lorsque la césure ne se lovait pas dans un dimanche. Puisque Misha se vautrait fatalement dans le sommeil le septième jour, prompt à rattraper les nuits blanches de la semaine. « Hey ! Une baba yaga ! Sérieux, on y va ?” » En tournant la tête pour mieux accrocher ses yeux sur la terne bâtisse qu’Aleksandr pointe de son doigt nerveux, Misha s’aperçoit de son dessein. « J’ai pas besoin d’une tireuse de cartes pour savoir que j’vais crever d’une balle dans le caisson d’ici mes cinquante piges. » « Mais Grisha lui, il veut savoir quand est-ce qu’il aura ses p’tits enfants. » Ce projet de vie édifié par les tendres souhaits du patriarche amorce aux lèvres d’Aleksandr un rire frais comme il se dérobe vers le bâtiment de briques rouges. Et d’une voix sonore le pique et le provoque : ‘m’enfin si t’as la trouille de t’faire tirer les cartes par une bonne femme, j’y vais sans toi.’ L’ego vautré dans la tourbe s’il se destine à l’immobilisme, Misha lui préfère le mouvement et s’engage à le suivre.

La porte s’est ouverte dans un grincement spectral lorsqu’ils sont entrés comme chez eux. Le regard surpris furète les recoins sombres de la boutique dont la lumière tamisée découpe des fioles et autres éléments austères suintant fort les délires sorciers. «  Pas mal, la déco d’halloween. » « J’crois que ça s’appelle du wicca. » Il ignore bien d’où cette information est tombée, sous la niche des savoir non-essentiels de son cerveau et qu’il avait stocké ici entre la capitale du Burundi et les derniers déboires de Ellen DeGeneres. Rien de bien transcendant, mais la cervelle tend à parfois engranger ce qui ne pourrait jamais servir. Les synapses emmagasinent le vide et ont pourtant grand peine à entreposer les grandes ébauches des avancées sociales dès lors que le protagoniste demeure une femme. Sorcière, mégère, Circé, qu’importe. Puisque le mont de vénus n’est rien sinon tentation, qui donc peut se targuer de charmer les hommes et les extorquer de leur puissance, sinon la sorcière ? Cette femme fatale, puissante, sagace et vraie. L’individu femelle prônant l’égalité, alors qu’elle ne peut s'avérer que vierge, catin ou mère. La sacro-sainte trilogie ne s’embarrasse guère des Alcines.

«  Bonjour M’dame. » Aleksandr s’est fendu d’une politesse lorsque la silhouette maîtresse s’est découpée dans l’encadrement d’une porte. L’encens entêtant titille la narine du comparse et lui arrache un éternuement, unique salutation de l’indélicat à la pupille surprise. « Encore toi ? » Misha grogne son agacement contre les Moires. Cette foutue manie qu’elles ont de tisser entre leurs vies et provoquer les menues rencontres. Cette femme porte l’étrangeté comme un manteau qu’elle dissimule sous une beauté délicate. De celles qui tiennent au teint, non démenties. Et sous la paupière l’éclat fielleux rencontre la bile masculine. Le heurt est rude, le combat antagonique. Misha avait beau l’avoir croisée plusieurs fois, toujours au détour d’un chemin où il ne l’attendait guère, il n’avait jamais saisi la lueur hostile de la rivale. «  C’est possible de nous lire les cartes ? » Comme un trémolo amusé, gamin et pas bien méchant, dans le gosier du collègue. Et sous l’excitation de l’enthousiaste, Misha a croisé les bras comme il a fondu la pupille dans celle de son vis-à-vis. Y fouillant comme chez lui.

(c) DΛNDELION ; @imra st-clair
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Message Sujet: Re: La fille de Salem (ft. Imra)   La fille de Salem (ft. Imra) Empty Dim 30 Aoû - 6:02


la fille de Salem


La porte vient à peine de claquer. Irina s’en est allée, repue, vidée de ses questions et plus maigre de quelques feuilles vertes. Douce enfant perdue qu’Imra voit pénétrer son antre au décor onirique depuis six longs mois, métaphore humaine des espoirs morts-nés. Pas très futée mais pleine d’amour à dilapider, elle se cogne toujours contre les mêmes hommes, tout en les aimant encore sans jamais se douter qu’ils amènent avec eux les mêmes armes capables de la violenter, encore, de faire de sa peau une toile de comètes bleues, pailletées de rouge puis de jaune. Un pantin à l’esprit fracturé qu’elle se prépare à ne plus voir revenir, un jour, peut-être car l’avenir lu au travers des cartes est aussi laid que toutes les boursoufflures qu’elle a vu gondoler sa peau, peu certaine qu’elles sont nait de sa main. Un jour, elle l’a perçu sans osé le lui dire, Irina sera victime de la tempête de trop. Car les hommes ne sont que ça, des ouragans capables de dévorer les corps les plus solides sur un coup de sang. Des monstres parfois vêtus d’humanité qu’elle ne se lassera jamais de laisser venir à elle, âme vieillotte à la sagesse factice. Qu’ils crèvent, tous, d’avoir un jour croisé son chemin.

Le noir d’un café corsé se laisse tomber dans un verre maintes fois utilisés, son chuintement ne troublant aucunement le silence à peine fissuré par la rumeur de la ville toujours mouvante au-delà des deux fenêtres fermées dans ce qui était autrefois un salon. Calfeutrée derrière un rideau mauve la cachant de l’autre pièce exiguë accueillant les curieux, les habitués, les avides, elle perçoit déjà des voix. L’atmosphère est emplie par l’odeur de l’eucalyptus, souvenir d’une Egypte jamais visitée mais pas moins fantasmé, par celle du café qu’elle mène enfin à ses lèvres, par le parfum de l’humidité qui pullule au plafond, par sa propre odeur, qui n’est qu’un mélange de toutes les senteurs de la pièce s’accordant à la brume délaissée sur sa peau le matin-même. Quelques gorgées de l’unique boisson qu’elle s’amuse à remplir de sucre depuis l’enfance et la voilà qui ose s’avancer, de la pointe de ses pieds nus, à l’entente désagréable de l’orgue terrible de voix masculines. Les prunelles que la brève solitude avait presque rendue tendre s’emplissent de nouveau d'orages prêts à éclater. Attentive aux moindres sons, elle ne cille pas à l’entente de cette conversation banale qui en dit pourtant assez sur le duo qui s’offre à la main ouverte de sa caverne pleine de babioles, tapissée de livres, de pentacles, de croix, de symboles. Quelques pas silencieux sur le carrelage fêlé et une épaule fond contre le chambranle avant que le corps entier ne se fige sous l'impact.

Le Destin honni la mène parfois à percuter les mêmes âmes. Une collision étrange et silencieuse semblable à toutes les autres croisades qui les ont vus s’affronter de sous leurs paupières, les siennes parfois alourdies de sommeil. La vipère se tord et le cœur déjà emballé se fracasse contre la prison de la frêle poitrine, souvent chamboulée de battements meurtriers. Elle n’aime pas le voir ici. Elle n’aime pas plus celui qui l’accompagne et lui offre une salutation plus paisible et polie que celle que l’Autre lui souffle. Elle ne connait ni leur nom ni leur histoire, pourtant la haine gangrène déjà le calme pour l’audace de leur présence en ses terres.

Avec un temps de retard, elle salue d'un simple signe de tête. Cette fois, la mise est propre, contrairement aux autres fois où elle était vêtue de ses plus vieux haillons. La robe est faite de soie noire, bien qu’artificielle, aux bretelles peut-être usées mais tenant encore le coup sur la ligne d’une épaule et dont l’ourlet est sage, drapant cuisses et genoux. Même les filaments d'ébène de ses cheveux sont rassemblés, un foulard pourpre les retenant sans mal car la journée est encore loin d’être achevée. Elle tente d’être plus présentable que jolie, ne se lançant pas dans de vains combats perdus d’avances. Et la voilà, parfaite comédienne vêtue de son déguisement pour ouvrir le bal de son grand théâtre afin de divertir l’ennemi. S’avançant jusqu’à eux, elle ne tend pas sa main et ne fait pas le doux présent d’un faux sourire, scrutant sans honte le faciès bien trop vu, sentant l’intrusion silencieuse, le coup de poignard de ces lunes noires cerclées d’une teinte qu’elle ne perçoit qu’à peine dans la pénombre qui les habille. Le combat se prépare. Il file en elle en tentant de fouiller les décombres mais il n’y a rien et il ne le sait pas encore. Elle-même ne cherche pas davantage, désintéressée, aspirant à le voir abdiquer d’un regard détourné. Qu’il quitte la nuit immense et sans étoiles où les démons ont trouvés leur dernier tombeau. Sa voix file après quelques secondes de silence épuisé, velours moulant l’acier. « Encore moi. » Nul besoin de nier, ils savent. Le noir se détourne le premier de ces traits que les dieux n’ont pas hésité à faire appréciables mais qui ne rendent pas la rencontre de trop moins lourde à supporter, pour mieux se poser, doucereux poison, sur l’homologue à l’air plus avenant. Elle entend dans les timbres les accords glacés d’un pays lointain mais la curiosité se meurt déjà. Qu’ils filent avant que les malédictions pleuvent. Le regard valse d’un visage à un autre, frêle silhouette surplombée par leur immensité phallocrate, la moindre émotion mise sous silence « Asseyez-vous. » Ordre ou invitation, elle surfe sur l’ambiguïté, attendant qu’ils abdiquent pour se laisser choir sur le moelleux d’un coussin. Sans chercher à trouver le paquet de cartes, elle préfère se tourner vers celui qu’elle n’a jamais vu, le coude posé sur le bois usé, sa main offrant un cocon parfait pour son menton « D’abord, qu’est-ce qui vous amène ici ? Si c’est pour une blague, c’est dehors. Si c’est pour me tester, c’est dehors. Si c’est pour une question conne, c’est encore dehors. » Triple sentence pour chacun d’eux, l’amabilité oubliée pour ces chiens errants ayant décidés d’échouer dans la tanière d’une louve atteinte par la rage. Les âtres charbonneux de ses yeux retrouvent ceux dans lesquels ils se sont enfoncés, la trogne moulée dans l'ombre et la lumière, le faisant démon et déchu tout à la fois quand l’aube d’un sourire pique la pointe de ses lèvres peinturlurées de vices. « Est-ce clair ? »


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Message Sujet: Re: La fille de Salem (ft. Imra)   La fille de Salem (ft. Imra) Empty Mar 1 Sep - 8:56

la fille de salem
Imra & Misha

« we are the granddaughters of the witches you couldn't burn »

L’invective a claqué sous le palais de Méduse, une violence calculée de roc et de tuffeau injectant ses yeux las. La joute de la lucarne masculine contre l’antagoniste s’est fardée d’orages pourpres sans que la langue ne s’y invite ; le misogyne et la misandre, au sommet de leurs inimitiés croisant le fer, l’estoc et le braquemart. Le désamour dans la pupille, chacun a levé les yeux vers le plafond. Misha retenant à grand peine un soupir de glace sous l’imprévisible des retrouvailles, elle a rendu le fiel par le grondement. D’un timbre sec et coupant tel du verre pilé, ne s’est pas embarrassée des politesses d’usage, ni lorsqu’elle les intime de prendre place, ni lorsqu’elle déploie les convenances logées sous son toit. La voilà donc, la Faucheuse, que nous sommes venus sur Terre pour rencontrer. Absoudre les péchés des vices sans se méprendre sur ses intentions. Cette réflexion ourle la lippe du jeune Orlov d’un rictus narquois se mourant sous le grognement, tandis que d’un râle glacé il se permet l’outrage.  « D’abord, qu’est-ce qui vous amène ici ? » a-t-elle sifflé en amont, chatte au dos busqué. « Pour les questions connes c’est déjà fait, et tu t’en charges très bien. » Il a croisé les bras sous couvert de la mauvaise humeur, s’accrochant à la pupille perlant tout contre la lucarne de son comparse. Puisque ce n’est pas à lui, qu’elle s’adresse. Misha toutefois s’est pendu aux voyelles de l’intrigante et a réfléchi sa toxine. L’envie de répondre par l’insolence, la réplique tissée d’absurde aspirant tout contre la lippe ; "on v’nait chercher des clopes, visiblement on s’est perdus", tisse sa toile sous le palais. Mais Aleksandr le rabroue en amont, s’assigne la tâche de le faire taire avant que la collision ne fasse tonner les ego. Le criminel n’a pas l’âme qu’on lui confère comme il parle, de sa langue mutine et légère. Pourtant lorsque l’on fouille sous la paupière, stagnent les tourbières olivâtres des atrocités. « Vous devez avoir de sacrés avis d’merde sur Tripadvisor. » La boutade n’a pas délogé le sourire, ni mâle, ni femelle. Le faciès du gaillard se voile dès lors d’un sérieux recouvré sous les superstitions des steppes. Le Russe a le coeur givré des bourrasques sibériennes, l’âme chauffée par l’âtre des légendes et croyances d’un autre temps murmurées sous le toit de l’isba. « J’veux juste qu’on m’tire les cartes. Après ça, c’est moi qui m’tire. » Echanges de bons procédés. L’homme a opiné du chef, a clabaudé sa volonté. Et le mutisme glacé de Misha a plié sous la déférence notoire qu’il accorde à son ami, attendant, fardé d’impatience, que la sorcière n’officie sa besogne.

(c) DΛNDELION ; @imra st-clair
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Message Sujet: Re: La fille de Salem (ft. Imra)   La fille de Salem (ft. Imra) Empty Mar 1 Sep - 18:34


la fille de Salem


Les fielleux sont de sortis et ils ont trouvés leur nid dans le sien, là où elle n’accueille d’habitude que les paumées, les femmes affadies par le doute, par la peine, par la curiosité maladive. Il faut à tout prix savoir de quoi l’avenir sera fait sinon on meurt. L’un des loups lui grogne dessus et elle ne lui offre que l’impudence d’un regard où le givre gèle le néant des prunelles incisives. Elle aimerait lui écorcher la peau d’une simple œillade, l’entendre hurler et voir, si là encore, même dans la pire souffrance, le clébard ose lui montrer les dents. Les mains maîtrisant les arcanes sortent de leur immobilité, cueillant un bâton de sauge à la cime maintes fois consumée. Tandis que le timbre grave d’un des hommes couvre le sifflement du briquet dont la langue oscillante ne manque pas de lécher les bâtons endormis, elle lève les yeux vers lui, les paupières basses, le souffle paisible. Mensonge ambulant. « Je me fiche des avis. Il y aura toujours des curieux pour venir me trouver. La preuve … vous êtes là. » Et ses yeux condamnent l’homme qui se donne l’air plus avenant qu’il ne doit l’être, avec moins de violence, une goutte de douceur malsaine venant épouser le clair obscur du céruléen. L’opale n‘est pas dupe. Sous les couches d’une affabilité dérangeante se cache l’étrangeté de la violence. Les paumes qu’elle devine sous la pénombre ont peut-être connues la poudre, le sang, la froideur et la rigidité des corps. Qu’en sait-elle, elle, à qui on a appris de se méfier des monstres qui rôdent souvent plus sous les draps que sous le matelas.


"Ne laisse jamais ces diables te toucher.
Ils te baveront dessus et te feront traînée.
Ils te diront qu'ils t'aiment puis te baiseront.
Mais tous, Imra, finiront par tuer ce que tu es.
Rappelle-toi qu'ils sont faibles mais se croient forts
Crains-les sans jamais hésiter à frapper la première."



Bientôt un long filet gris sillonne l’air entre eux, serpent brumeux qu’elle tend vers un visage puis vers un autre, tandis que les prières de sa mère face à l'enfant s'estompent et la quittent. L’arsenic coule d’un sourire tranchant pour l’hostile opposant maintes fois rencontrés. Il traîne avec lui une odeur insalubre, la crasse de l’érotisme et de la puissance masculine, il marche comme un roi foulant son royaume d’ombre et de lumière, comme un empereur des bas-fonds prêt à tout faire s’écrouler. Délibérément, comme une punition que son âme sadique veut lui infliger, elle laisse filer la sauge brûlante sous la truffe du silencieux. « Excusez moi mais il faut purifier l’air des mauvaises ondes et des esprits malveillants. J’espère que ça ne vous dérange pas ? » L’acide coule de l’ourlet agressif, hypocrisie passagère pour ce grand ponte appartenant à l’autre rive. Elle observe et ne manque rien de la posture défensive, prêt à combattre, des crispations des muscles, de ses lèvres où doivent se bousculer les échos de sa rage. Tant d’insultes qu’il voudrait lui conter et qu'elle aimerait l'entendre vomir. Une excuse pour un combat déloyal. Il ne dit rien pourtant, son confrère n’hésitant pas à reprendre, l’air amusé ayant déserté pour laisser place au plus grand sérieux. D’un hochement de la tête, jumeau du sien, elle scelle leur accord. Une croix de sauge fumée béni l’air une ultime fois, le bois craque, les voitures roulent derrière les fenêtres closes, les tissus bruissent, les respirations s’imposent et communient dans ce bref silence qui se glace, plein d’un malaise palpable. Tous les rejettent, même sa peau découverte, refusant d’être effleuré par leurs souffles qui parfois en épousent l’angle d’une épaule ou un poignet maintes fois tranché par la lame d’un athamé. Devrait-elle maudire celui qui la pourchasse ? Est-ce un signe du monde des morts la renvoyant encore et encore sur le chemin du nuisible ? Que veulent-ils lui dire au travers de ces croisements intempestifs ? Les dents se serrent quand l’esprit se perd et se morfond alors qu’elle dépose avec respect le rouleau d’encens dans le lit de verre d’une bougie à la cire largement fondue, morte par le feu. « Bien. Commençons. Réfléchissez à une question, qu’elle soit la plus précise possible mais ne me la soufflez pas. » Les maigres phalanges aux ongles écaillés de noir trouvent les feuilles rigides de son tarot qu’elle bat avec une dextérité née de l’habitude. Le chuintement des cartes glissant entre elles claque comme l’approche d’une mise à mort tandis que le ciel sombre tombe à nouveau dans celui que son corps entier rejette et refuse, les frémissements sous le derme hurlant qu’il s’en aille, il n’amènera rien de bon dans son existence déjà putréfiée. Et le cœur grince encore, ventricule mal huilé. « Pas de questions vous concernant ? Vous n’êtes pas curieux de savoir ce que l’avenir a à vous offrir ? » Et une à une les cartes tombent sur la table, une en haut en bas et deux vers la gauche et la droite, faces contre le bois fatigué offrant leurs dos peint de pourpre, n’attendant que de révéler leur ignoble vérité. Car si elle ne l’avoue pas, les cartes s’éveillent pour lui, dérangées de leurs repos, pour lui, la maudite s’impatientant. Elle n’a qu’une hâte, que le couperet de l’avenir le tranche et qu’il sorte de chez elle la tête saignante de questions et de craintes. Une à une, les doigts tissent les premières lignes qui répondront aux questions silencieuses. Et peu à peu, l’aube du sourire devient crépusculaire, s’éteint et le trouble (factice) creuse les moindres ridules d’un froncement de sourcil contrarié. « Et bien. Quel futur désastreux. Les cartes sont plus clémentes d'habitude. » prône le velours effilé, sans tact, dessinant le premier cercle d’un pentacle dans lesquels elle les enfermera. Prisonniers de ses demi-mensonges.


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Message Sujet: Re: La fille de Salem (ft. Imra)   La fille de Salem (ft. Imra) Empty Sam 5 Sep - 0:03

la fille de salem
Imra & Misha

« we are the granddaughters of the witches you couldn't burn »
La sorcière a tout supporté sans révolte ; le phallocentrisme des intrus, les boutades échouant au sol, l’indifférence crasse du moins loquace. Lui dont la beauté sans noblesse frappe comme il détourne les yeux, rappelé aux directives de l’intrigante lorsque de sa sauge lui chatouillant les narines elle cancane ses railleries et lui arrache un énième éternuement. L’âme du jeune russe s’encrasse de la fumée des alpages, s’ébroue sous les effluves herbacées lui extorquant les engeances. Les mauvaises ondes, assène-t-elle sans un sourire, de sa voix faussement légère et impudente quand elle parle. La fronce des sourcils dessine les plis du courroux sur le front de Misha, lui qui ne se prétend ni bon ni mauvais, tend à la trouver bien bravache sous les faux procès qu’elle déploie. Il n’a saisi ni l’empathie dont elle pourrait porter la couronne, ni l’emphase d’une âme affable lorsqu’il a foulé le sol de ce gourbi mais, après tout, songe-t-il alors, son coeur de rocaille sait-il juger la débonnaireté ? La saillie des muscles des antagonistes, vivante sous les ombres loquaces, témoigne des tensions qui s’accumulent et se heurtent sous les non-dits. Comme elle officie si admirablement et comme elle ordonne au silence de se nicher sous les bruissements d’étoffe ; Aleksandr déglutit à grand peine, redoutant que le gargouillement de la gorge n’entrave la besogne. Emplissant avec la méticulosité d’un architecte chaque recoin de son cerveau d’autant de questions qu’il déroule, rabat, déloge de son coeur et de ses entrailles. Des interrogations sincères et belles qui le minent, tranchant avec le sombre de son âme souillée ; Aleksandr s’interroge, sur sa mère dont il est si proche, sur son frère qui leur cause bien des tourments, sur la famille qu’il souhaiterait édifier. Et dans le fatras de ses pensées, subsiste le mutisme sonore de l’acolyte. Misha cloisonne son esprit, il a l’âme qui s’égare. Renfrogné comme il soupire, rembruni comme il s’indiffère. L’intervention de la femme, pourtant, lui arrache l’étonnement de la pupille. "Pas de questions, vous concernant ?" Elle bluffe, la Circée. De sa commodité évasive, tend à l’effrayer un peu comme l’on rabroue un enfant pour sa désinvolture. Accable-moi donc de vices imaginaires et de faiblesses fantômes, vends-moi tes augures, toi qui te prétends aruspice. T’auras beau fouiller dans mes entrailles, tu n’y trouveras que des viscères. Les vérités je les enterre, je les charrie, je les torpille, dans la mécanique d’un myocarde rouillé du sel de mes amantes.

« Et bien. Quel futur désastreux. Les cartes sont plus clémentes d'habitude. » Misha prône l’ataraxie de l’âme, le faux dédain pour toute réplique. Mais il a dans le ventre les racines givrées des steppes, de ces légendes que l’on confère. Ces croyances et ces folklores dont on aimerait se moquer mais qui subsistent encore. Le russe hausse mollement les épaules, le flegme menteur. Il s’est penché quelque peu, le regard est tombé sur les cartes. La curiosité qui se loge sous les gravats de l’impiété. « Et bien vas-y, fais-toi plaisir. Ton quart d’heure de gloire est arrivé. » L’insolence se jugule sous le coude du comparse lui châtiant les côtes. On ne se joue pas du spectre d’une baba yaga, gardienne du royaume des morts.

(c) DΛNDELION ; @imra st-clair
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Message Sujet: Re: La fille de Salem (ft. Imra)   La fille de Salem (ft. Imra) Empty Jeu 15 Oct - 23:15


la fille de Salem


« Vous apprendrez, tôt ou tard, que la divination n’a rien à voir avec la gloire. Ceux qui me parlent n’en ont rien à foutre de la gloire. » Déjà, elle le poignarde d’une œillade meurtrière, conspuant l’arrogant qui ose briser sa transe, détestant la silhouette hantant sa cave où il n’aurait jamais dû poser ne serait-ce qu’un souffle, ni même la pointe d’une botte crottée des catacombes dans lesquelles il doit glisser. Un fantôme qu’elle méprise et qu’elle méprisera toujours, masculin et fier de porter sur lui sa supériorité. Sa mère rirait d’un éphèbe comme lui se pensant roi quand il est esclave de lui-même, de ses désirs, de la muraille de flegme dont il s’entoure pour que jamais on ne voit ses larmes ou ses plaies. Il ne fait pas bon d’être humain lorsqu’on nait homme. Abaissant ses yeux, elle perçoit l’avenir qui s’étend, le lit dans son mutisme fait pour faire trembler les cages qui retiennent les cœurs des deux égarés ayant voulu se jouer du Destin, le singeant certainement, n’y pensant pas davantage lorsqu’ils font mal à l’autre. Et si son comparse semble plus sympathique qu’il ne l’est, elle ne fait pas confiance, le corbeau prêt à dévorer le premier mort-vivant qu’elle laminera de son bec noir. Car sans le savoir, c’est en passant sa porte qu’ils ont signés leur arrêt de mort. Quelque part, quelque chose vient de mourir en eux et ils repartiront encore moins innocents qu’ils l’étaient à leur arrivée. Elle s’amuse déjà de leurs trognes faussement patibulaires et même la belle gueule de l’Adam la ferait presque sourire, de ce sourire mauvais qui détruirait toute la beauté dont elle est à peine parée sous ses cheveux relevés, la pâleur ressortant dans les ombres et sous les oscillations des flammèches indolentes. Les serres vernis se saisissent d’une carte et lise les lignes d’une destinée toute tracée « Je vois la beauté sacrée d’une femme innocente que l’on profane. Une femme qui fait battre le cœur mort, une femme dangereuse mais qui n’en a pas l’air. Une femme qui fera périr l’un d’entre vous et qui, tout à la fois, vous amènera le bonheur absolu et inespéré. » Des belles banalités qu’elle tisse de sa langue-plume dont la pointe s’est trempée dans l’encrier de conneries bonnes à faire frissonner les bonnes dames en mal d’affection, de la misère sociale à l’état pur et pourtant … Pourtant les cartes ne disent pas le contraire de ce qu’elle leur confie, des secrets qui les hanteront peut-être jusqu’au soir et des jours après, jusqu’à ce qu’ils pensent que chaque femme croisées sera celle  qui les maudira. « Il y a beaucoup de violence, de sang, une vie semée de pièges … La Mort. » Glaciale sentence sortie de nul part. Entre deux phalanges s’élève la feuille brillante affichant le dessin effrayant de la Faucheuse, qui pourrait aussi être signe de Renaissance mais elle préfère ne pas leur faire croire que leur avenir sera pavé par la lueur du soleil. Elle veut faire souffrir, égoïste à l’âme noire qui n’a que de beaux mensonges à glaviotter de son timbre sibyllin. Une pause, un sourire et un regard perce la distance pour se déposer sur le visage connu « La vôtre ou celle d’un autre, je ne saurais pas le dire. Mais la mort sera jeune et prématurée. Une lente, très lente agonie… » En un instant, le masque se fissure pour laisser voir l’aube d’une émotion humaine, une tristesse infinie laissant onduler la surface humide des caveaux qui lui servent de prunelles. Le noir se pigmente d’étoiles, les traits s’affaissent comme si le chagrin lui-même venait la posséder, voyant l’invisible pour eux se dérouler sous ses yeux, percevant la scène décrit du bout de ses lèvres pécheresses. Comme s’il était possible qu’elle puisse fondre en larmes d’une seconde à une autre, subitement mortelle parmi les mortels.

Puis tout s’évapore aussi sûrement qu’un brouillard épais serait venu s’étaler entre eux peu à peu pour se retirer ensuite, posant dans la pièce une aura plus oppressante que jamais, un instant où le monde s’est brutalement tue et où on ne percevait plus que les respirations du trio aux caboches qui ne disent rien qui vaille, laissant la noirceur s’étaler au point que même les bougies et leurs flammes timides calcinant les mèches noires ne servaient plus à grand chose. Tout s’apaise, le chagrin s’éloignant pour laisser voir l’esquisse mutine tirer le portrait d’un faciès presque heureux mais la joie dérange sur les traits d’Imra, incapable de bonheur, l’ongle griffant une autre carte. « Oh. Je vois un gosse. Un fils. Un seul. » Elle sourcille, se balançant d’un visage à un autre, le doute s’infiltrant dans ses coups d’œils assombris d’intrigue et toujours aussi fielleux « L’un d’vous deux est père ou … va l’être ? » Elle retient qu’elle plaint le môme quoi qu’il en soit, qu’il faudrait l’achever avant de lui offrir une vie pleine de pourritures et avec un père qui n’en mérite qu’à peine le titre. Mais quelques fois certaines paroles ne méritent pas d’être prononcées alors la sorcière se tait, se redresse à peine, se permettant de sortir d’un boiter d’acier aux couleurs émaillées, une cigarette qu’elle s’empresse de glisser entre ses lèvres, s’approchant avec douceur de la flamme d’une bougie. Les phalanges retirent la prisonnière de la lippe boudeuse avant qu’une nuée grisâtre ne s’élance à nouveau vers le bel-âtre méprisé qu’elle espère plus mal à l’aise encore, patientant tandis que le cancer se consume, étendant ses métastases.


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Message Sujet: Re: La fille de Salem (ft. Imra)   La fille de Salem (ft. Imra) Empty Dim 29 Nov - 21:34

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Imra & Misha

« we are the granddaughters of the witches you couldn't burn »
Hélas il demeure encore pareil à lui-même, embaumé d’une froide impiété lorsque les orbes roulent au plafond à l’entente des sermons qu’elle profère. A trop cracher son fiel et vomir les provocations de l’homme tel des spasmes ; qu’est-ce donc que la divination sinon l’humilité mais jamais la gloire. La sorcière pourtant se gargarise de ses oracles, fouille la pupille du garçon à la recherche d’un malaise à déloger comme elle déploie ses auspices, et ses présages tragiques, et ses prédictions occultes. Une odeur d’encens traîne entre les silences entrecoupés des pas de l’Ankou guidé par une femme, dit-elle. De ces morts que l’on redoute mais qu’elle lui souhaite par redondance, et de contempler ses horreurs dans le creux d’une lèvre ourlant le sourire. Le faciès de Misha s’est rembruni, sombre et glacé, il s’est tapi dans l’ombre d’où ne brillent que deux agates des havanes. Et comme il la toise, et comme il l’observe, le feu dément dans la pupille, c’est dire s’il ne saurait ciller sans l’écorcher vive de ces poignards fantômes qu’il lui assène. Les lumières tamisées par l’ouverture supérieure de quelques abats-jours, éclairent à peine la pommette anguleuse de l’homme mutique et grave. Engoncé dans l’austérité que lui suscite la sorcière, il cogne tout contre les parois de son crâne les fantasmes de ses mains autour de son cou de cygne, pour un peu de silence et beaucoup de déférence.  « Voilà qui est tragique. » Un peu d’ironie, c’est un excellent tonique sanguin. Misha déloge trop de plaisir sur la mine féminine, de ces petits orgasmes sadiques que l’on suppose pour en débusquer la vérité. Et même lorsque la sorcière feint l’humanité, lorsque son faciès d’ivoire vire au gris des suppliques tues, le rustre ne lui accorde pas le crédit. La bataille de l’ego se déploie vicieuse jusque dans ses veines bleues, en dépit de sa sale vie de débauché, d’esclavagiste et de salaud, déchiqueté par le culte irrévérencieux pour le patriarcat-roi. De cette existence qu’il mène, Misha ne récupèrera pourtant que la poudre des canons et le fer de l’hémoglobine. « C’est vrai qu’la dernière fois que tu t’es fait lascérer l’poitrail, c’était pas beau à voir. » Misha tempête intérieurement sous l’intervention véridique mais malvenue de son ami dont l’attention béate lui a écarquillé grand les yeux. Misha sait, combien la mère de son comparse put être croyante, et sa mère avant elle, et sa mère également. Une histoire de bonnes femmes au parfum des pins givrés, mais dont les prédictions furent toujours assénées à bon escient auprès des hommes de famille. Et de comment elle nourrissait Aleksandr de ses croyances et de ses rites, garder toujours un cierge allumé, pour le retour des morts égarés sur la terre des vivants.

« Oh. Je vois un gosse. Un fils. Un seul. » Misha sent son voisin de tablée se raidir, une respiration coupée par la nouvelle ainsi offerte. Aleksandr a ravalé ses mots et recraché des souffles, pétri d’une joie infime lui étranglant la gorge. « T’entends ça, Misha ? »  « Mazal Tov. » Dans un même murmure, Misha lui répond, un sourire sincère accroché à la lippe. La pupille percutant de trop l'opiniâtreté dans le regard de son ami, il ne saurait que corroborer les augures de la sorcière pour un peu de bonheur allégué à celui qui rêverait être père. « Un fils... » reprend-il, « Un fils, c’est bien suffisant. Et quand rencontrerais-je la future mère de mes... » Exaspéré, Misha a claqué la langue lorsqu’il a sorti son portefeuille. “J’ai plus rien à foutre ici”, qu’il grogne, bougon, la paume frappant la table de quelques billets verts. Et l’agate de flamboyer encore lorsqu’il pénètre les iris de la femme, sans ciller ni s’émouvoir. L’avenir, de ce qu’il en devine, n’a les volutes que du présent. Incapable qu’il est de se projeter et moins encore de se laisser aller aux croyances d’une lugubre circée dont les menaces, pourtant, résonnent faiblement sous la paroi du crâne.

(c) DΛNDELION ; @imra st-clair
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Message Sujet: Re: La fille de Salem (ft. Imra)   La fille de Salem (ft. Imra) Empty Jeu 14 Jan - 17:31


la fille de Salem


« Misha. » sonne le tonnerre de sa voix dans ce désastreux trio, dans l’ombre qui les englobe et les observe pour interrompre sa fuite. Elle veut l’arrêter de sa voix distordu de vipère que l’on croit servile, broyant du noir de ses iris le dos qui s’est détourné, méprisant les billets déposés violemment sur la table qui a vrombit sous les coups de fouets masculins agacés. Que de drame pour si peu de choses. Elle ne fixe que lui et dans ces quelques instants où se côtoient le silence, où l’Autre croit être celui à qui elle aura lu l’avenir, Imra sourit, souffle un rire discret, presque attendri mais qui dévoile toute sa perfidie « Je parlais de toi. » Un regard s’égare vers celui qui se découvrira peut-être déçu. « Désolée, les cartes ont parlé pour lui, je ne contrôle rien. » Elle ne l’est pas, désolée, elle se fiche de faire mal, d’attaquer ou de corroder quoi que ce soit en ces hommes qu’elle veut voir périr sous le poids du chagrin, pour les ancêtres femmes qui ont tant souffert de la souveraineté masculine, elle veut se délecter de la mine déconfite de ces grands hommes aux petites âmes et à la faiblesse évidente. Effleurant lentement ses cartes, elle les laisse glisser pour qu’elles retrouvent leur juste place entre ses doigts habiles, la bougie oscillant toujours, la sauge brûlant encore mais elle l’éteint d’un souffle doucereux avant de poursuivre, comme si elle n’annonçait pas un grand drame « Ce sera ton fils, Misha. » elle répète son prénom avec un mépris évident, n’ayant rien de plus à lui offrir que cette médisance évidente, que cette glorification de sa hargne qui la hante depuis l’enfance. Combien d’hommes comme lui a-t-elle voulu tuer pour le simple plaisir de les entendre souffrir ? Aliénée par la folie des St-Clair qui laissent venir dans ses veines le bouillonnement incisif de la haine, elle s’élève sans qu’aucun os ne craque, sans qu’aucun muscle ne gémisse, s’approchant comme un mauvais esprit pour se glisser près de la grande ombre qui empeste la nicotine, son parfum bien à lui, le stupre, l’avilissement et s’élevant sur la pointe de ses pieds, le frôlant de ses seins bien timides contre son biceps, ses lèvres avouent « Reviens me voir et je t’en dirai davantage. Ta déesse pourrait ne pas survivre à la naissance de ton héritier. » Menace, mensonge par-dessus tout, elle se retient de sourire, le fixant de son regard noir et sans fond, où il pourrait bien se perdre s’il n’était pas si obstiné à ne pas la regarder.

Profitant de l’obscurité, elle glisse ses griffes près de la main libre et souillée, certainement, de sa victime, sillonnant l’intérieur de la paume de ses ongles avant d’y laisser tomber le secret d’un bout de papier. « Tu as mon numéro et mon adresse. Tout est entre tes mains… Misha. » elle s’amuse à le répéter comme une moquerie, comme une insulte, de sa voix profonde, de sa gorge tiraillée naturellement. Et comme si rien n’était venu interrompre leur rendez-vous peu galant, elle s’éloigne, observant l’autre invité sans expression, l’ourlet de ses cils ne cachant pas les iris qui brûle sous l’or des bougies qui viennent, dansent et oscillent tout autour d’eux. « Et il manque 10 dollars. Qui veut rajouter ? » Innocence dans le timbre, elle bat des cils, l’ourlet de ses lèvres pécheresses esquissant un sourire faussement juvénile, couvant le comparse d’une œillade plus intéressé « Vous aussi, revenez lorsque vous le souhaitez. Les cartes me parleront, pour vous seulement. » Ou l’art de séduire l’autre, lui offrant un sourire qui éclot à peine, un dahlia noir offrant son doux parfum comme un piège, faite pour empoisonner les hommes. Un dernier regard offert à Misha, comme une dernière confidence silencieuse, leurs maintes rencontres voulant bien dire quelque chose, se détournant enfin. « Déposez la thune qui manque sur la table et sortez. J’ai d’autres rendez-vous. » Et elle s’évade, reprend place derrière sa table pour s’y laisser tomber dans un soupir lasse, profond, théâtrale, comme pour appuyer que leurs présences n’est plus tolérées en son antre, que bientôt, ils seront considérés comme ennemie et la Méduse est bien prête à les châtier s’ils ne déguerpissent pas dans les minutes qui suivent, fixant toujours la silhouette de l’inconnu dont elle a enfin découvert le nom.

Misha, que feras-tu lorsque tu seras père ?
T’abandonneras-tu au rôle du géniteur ou à celui capable de donner l’amour ?



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