die young (mitch)

brandy, l'oiseau nocturne.
dont les ailes ne savent voler que quand le soleil s'est couché.
puisque la silhouette fantomatique ne vit que la nuit. là où elle se sent à l'abri.
la seule lumière qui l'éblouit est émise par les néons sur les façades des établissements qu'elle rejoint. et quand les clubs ne sont pas les plus prisés, leur éclat ne cesse de clignoter. attirant l'oeil de celle qui tique face aux échecs de la vie. triste reflet de la sienne.
l'endroit n'a rien de huppé. il suffit cependant à contenter le besoin de la gamine qui cherche seulement à s'évader. à travers les alcools et les drogues, elle n'y verrait bientôt plus que du feu dans ce décor déglingué. de ce sol éreinté par les sauts et les danses lascives. de ces murs esquintés d'avoir été trop souvent griffés à coup d'ébats sauvages ou de coups de folie. sans oublier le comptoir usé par les années et les verres qu'il avait vu glisser. non, l'endroit n'avait rien d'attirant.
pourtant, brandy était là.
attraction au sourire incandescent d'une discothèque qui n'en demandait pas tant.
à peine passée la porte d'entrée, elle a déjà un verre à la main. un verre qui habille le membre si heureux de l'aubaine. et le liquide est vivifiant, euphorisant. avant même qu'elle ne touche aux poudres qui l'enchanteraient pour le restant de la nuit.
elle foule chaque recoin de l'endroit d'un pas traînant. s'essaie à la danse, manquant de renverser la moitié du contenu de son gobelet. et ça la fait éclater de rire brandy. amusée d'un rien, amusée pour rien.
seulement pour avoir la délicieuse impression d'être heureuse. de vivre quelque chose qui lui donne envie de voir plus loin.
les iris dévorent déjà les carcasses qui parsèment chaque centimètre carré. les lippes esquissent déjà un sourire carnassier.
tu sais déjà tout du programme des festivités. tu vas encore t'y jeter corps et âme. t'offrir en pâture à la première personne que t'attraperas dans tes filets. la première personne que tu feras tomber. parce qu'il n'y qu'avec ta chair que tu sais t'exprimer, que tu sais vibrer.
et elle s'apprête à tirer dans le mille, à amorcer le coup d'une nuit qu'elle espère interminable, quand son regard percute l'enveloppe connue.
miles, mitchell... qu'importe, pour ce qu'elle s'en souvenait.
ils ne possédaient en commun que les quelques soirées où, ensemble, ils avaient profité. partageant en prime un lien avec l'autre moitié d'elle-même. un détail qu'elle avait apparemment oublié, ou qu'elle avait préféré occulter. parce que la honte et les regrets étaient moins forts quand elle n'avait personne à décevoir. aucun regard dans lequel apercevoir la déception cuisante qu'elle inspirait.
j'savais pas que t'étais de la fête. elle lâche, arrivée à sa hauteur. les sourcils arqués, une gorgée de plus avalée. elle est pas là ashley ? les yeux s'évadent, en quête de l'être aimé. en quête de celle qu'elle négligeait, par souci de cacher ce qu'elle devenait.
la question quémande une réponse négative. implore une réponse qui la rassurerait sur l'enjeu de la soirée.
parce qu'elle ne pouvait pas partir maintenant. parce qu'elle ne le voulait pas. parce qu'elle avait besoin de finir la tête à l'envers.
cette fois.
encore une fois.
rien qu'une dernière fois.
et tout sauf l'envie de rendre des comptes à quelqu'un qui se soucierait de ses discutables choix.
et de ce qui la mettait inlassablement dans cet état.