Don't tempt fate. // nahia.

Exceptionnellement, le théâtre avait fermé ses portes plus tôt que d'ordinaire. D'un commun accord avec les employés, Colomba avait décidé de s'arrêter à quelques spectacles de la fin, afin d'organiser une grande fête dans sa propre demeure. Évidemment, tous les plus grands noms y étaient conviés, ainsi que les clients souhaitant poursuivre la soirée. Bien apprêtée, à son habitude, Colomba faisait la conversation à de nombreux groupes afin de les remercier d'être présent. Elle avait fait en sorte de ne pas inviter trop de monde, afin de se retrouver au bout de quelques heures en un plus petit comité. Elle en avait assez de ces grands évènements qui duraient jusqu'au bout de la nuit, et où des gens trop riches buvaient trop d'alcool. Elle examinait son salon, à la recherche de quelques têtes familières. La soirée ayant débutée depuis bien des heures déjà, elle savait que certains visages avaient déjà disparu. Pourtant, elle voulait en voir un en particulier. Nahia. Elle savait qu'elle devait se trouver dans les environs, et au vue des services rendus il y a peu à sa communauté, elle voulait la remercier dans les règles de l'art. Passant de tête en tête, de discussion en discussion, Colomba perdait son temps à saluer des personnes qu'elle ne reconnaissait même pas. Mais, en bonne maîtresse de maison, elle se devait de faire croire qu'aucun visage ne lui était inconnu.
Ce n'est qu'au bout d'un certain temps, après avoir ri de manière automatique face à certains invités, que Colomba tomba enfin sur son amie. Elle s'était alors rendue sur sa grande et lumineuse terrasse, le dernier endroit qu'elle n'avait pas inspecté. S'approchant lentement, elle avait découvert son amie, seule, sûrement méditant sur certains sujets importants. Doucement, afin de ne pas la brusquer, Colomba s'installe à ses côtés en souriant. « Je te cherchais. » Elle pose une coupe de champagne sur la table basse, et se tourne vers son amie en l'examinant doucement. Elle n'avait pas l'air dans son assiette, et cela pinçait le coeur de la belle. D'un geste doux, elle pose sa main sur le front de son amie sans même lui poser de question, avant de lui souffler doucement. « Tu te sens bien ? Tu as trop bu ? » L'inquiétude se lisait sur les traits de la jeune Vermeil. Elle se demandait bien ce que Nahia faisait seule, ainsi installée sur sa terrasse. Elle n'avait pas l'impression de ressentir de fièvre, mais cela était sûrement dû à la fraîcheur des environs. Elle hésitait à appeler un médecin, et renvoyer tous ses invités chez eux, mais avant cela, elle souhaitait avoir des informations de la part de son amie.

la soirée bat son plein. ça fait longtemps que t’as pas participé à ce genre de fête. t’es pas casanière, loin de là. c’est juste que c’est compliqué, ça te prend la tête. plutôt le passé te prend la tête. mais pour ce soir tu as décidé de mettre ça de côté. tu profites ce soir. colomba t’avais invité à participer à la soirée en plus d’apporter tes gourmandises pour nourrir les invités. des sourires, des remerciements, d’autres sourires. tu salues ceux que tu connais, étires tes lippes à ceux qui te retournent le geste. après un rapide tour au bar tu sirotes ton cocktail au goût acidulé. ils sont doués par ici, tu ne peux pas dire le contraire. et leur goût se marie à merveille avec ce que tu as ramené. tout se passe à la perfection. tout, jusqu’à ce moment où ta tête commence à tourner. mais pas ce moment où ta tête tourne comme lorsque l’alcool commence délicatement à t’enivrer. c’est loin d’être la même chose. là tu ressens le goût amer d’un souvenir que tu préférerais oublier. ce genre de souvenir qui est loin d’être agréable. voir même totalement désagréable. t’as besoin d’air et pas qu’un peu. tu cherches un endroit où tu pourras respirer, un endroit moins étouffant, moins bruyant. la terrasse semble être l’endroit propice pour ça. tu t’installes ou plutôt te vautre sur l’un des fauteuils et tente de respirer. inspire, expire. et encore une fois. puis une autre. ton coeur s’accélère et l’air a du mal à faire le chemin dans ton corps. ta solitude vient à être perturbée lorsqu’une présence se fait sentir à tes côtés. tu lèves le regard hagard vers la brunette, hôtesse de la soirée. elle te cherchait visiblement. toi, tu sais pas trop. ” je suis là. “ comme une évidence. comme si elle ne le savait pas. tu sens une main se poser sur ton front, une fraîcheur qui contraste avec la chaleur que dégage ton corps. est ce que tu te sens bien ? t’en es pas certaine là tout de suite. y’a quelque chose qui ne va définitivement pas. ” non… enfin je sais pas. “ ta respiration ne se calme toujours pas même si la présence de la jeune fille te rassure quelque peu. ” y’avait quoi dans les cocktails ? y’a un truc qui va pas là. “ t’angoisses, tu t’agites mais ton corps refuse de t’obéir. tu as du mal à bouger et l’idée de te lever là tout de suite semble être la pire idée du monde. non vraiment, ça ne va pas du tout là.