— i remember (w/nahia)

journée qu’on t’avais donné de congé. pour la simple et bonne raison qu’aucun déplacement n’était prévu. ton cellulaire, que tu gardais malgré tout allumé, dans ta poche au cas où les choses changeraient. congé de dernière minute, tu n’avais donc rien prévu de particulier, mais il n’en restait pas moins hors de question que tu restes enfermé dans cet appartement toute la journée. le soleil, qui te brûle la peau à peine es-tu sorti dehors, et pourtant, ça te fait sourire. les pas qui s’enchainent, sans vraiment savoir où tu comptes t’arrêter. ni même ce que tu comptes faire. mais clairement, tu ne t’en soucis pas, pas encore tout du moins. tes pas qui finissent pas te mener en plein cœur du quartier traditionnel, là où les boutiques se font un peu plus nombreuses. le regard, qui se perd dans les nombreuses vitrines, cherchant quelque chose qui te pousserait à franchir la porte. pourtant, loin de t’attendre à voir sa silhouette se dessiner sous tes yeux. puis tu clignes, une fois, deux fois des paupières. comme si tu ne t’attendais pas à la voir, elle. pourtant, tu aurais probablement dû t’en douter, tu allais bien finir par la recroisé un jour. seulement, tu n’avais pas envisagé que ça se ferait aujourd’hui. tu ne l’avais clairement pas anticipé en te levant ce matin. pourtant, la voir là, ça n’avait que fait grandir ce sourire sur tes lèvres. et clairement ça n’avait fait que t’encourager à franchir la porte de la boutique. vos regards qui se croisent enfin. parce que toi, tu l’avais vu à travers la vitrine, mais tu te doutes bien qu’elle, elle ne t’avait pas remarqué. surprise, qui se lit sur son visage, visiblement elle aussi étonnée de te croiser là. « bonjour nahia. » le sourire, qui illumine ton visage, alors que tu fais quelques pas devant toi. le regard, qui se pose un peu partout dans la pièce, parce que c’est la première fois que tu entres dans cette pâtisserie. où elle travaille, visiblement. autre surprise que tu constates. voilà donc où elle est rendue. et clairement, tu ne peux t’empêcher d’être content pour elle. « je suis content de te voir. » tu n’aurais probablement pas dit la même chose, quelques années plus tôt. cœur laissé briser, sentiment de t’être fait abandonné. Et d’ailleurs, tu ne pensais pas être en mesure de passer à autre chose après ça. et pourtant, te voilà aujourd’hui, probablement plus heureux que tu ne l’as jamais été, ou presque. parce que tu l’étais, heureux, seulement tu ne te sentais probablement pas aussi libre qu’à l’heure actuelle. « vraiment content. » alors tu insistes sur ce fait. pour ne plus qu’il n’y ait aucun doute dans son esprit. pour ne pas qu’elle en doute une seule seconde. vague souvenir qu’il te reste, de lui avoir dit que vous ne vous reverriez plus jamais. que c’est tout du moins ce que tu voulais, toi. visiblement, tu avais fini par changer radicalement d’idée. et c’était probablement pour le mieux. « comment tu vas ? »

les mains dans la farine, tu termines ta série de cupcakes. t'es pas en retard mais t'es pas en avance. la boutique fonctionne bien, bien trop parfois. t'as beau vouloir que tout aille comme sur des roulettes mais la charge de travail t'étouffe parfois. heureusement que tu aimes ce que tu fais. heureusement que ça te plait. comme ça les journées passent plus vite, le travail n'en est finalement pas un. tu t'amuses avant tout. oui c'est ça, tu t'amuses. la cuisine est un immense terrain de jeu pour toi et la boutique le moyen de transmettre ta passion. mais il n'empêche que tu es fatiguée. y’a des jours comme aujourd’hui t’as juste hâte de rentrer chez toi, de te poser dans ton canapé avec un verre de vin et de t’occuper l’esprit durant des heures devant netflix. netflix, ton meilleur ami à n’en pas douter. toujours là quand tu as besoin de lui, prêt à te fournir ces heures de distraction dont tu avais besoin. mais en attendant, tu dois retourner en boutique, servir les clients pour la petite heure qu’il te reste à travailler. tout se passe sans encombre, oui tout. jusqu’à ce que cette silhouette passe la porte. et cette silhouette tu la connais vraiment bien. ” teddy ! “ ta surprise est réelle. tu ne t’attendais pas à le revoir et encore moins dans ta boutique. il regarde autour de lui, toi tu as les yeux braqués sur son visage. il te dit qu’il est content de te voir. toi tu sais pas vraiment. enfin si, tu es contente de le voir mais lui… il te le redit, il le répète. comme s’il avait entendu tes pensées. parce que de toute façon vous vous étiez toujours compris rapidement. c’est ça d’être en couple avec son meilleur ami. ” je… euh. je vais bien. et toi comment tu vas ? “ un client entre dans la boutique et comme par miracle tu te souviens du lieu dans lequel tu te trouves. ” attends je reviens. “ tu l’abandonnes quelques instants pour t’occuper du client avant d’aller voir julio, le proprio de la boutique. en quelques secondes tu te défais de tes obligations et le laisses s’occuper de la boutique. parce que oui, tu prends congé, t’as plus important à faire. tentant d’essuyer les dernières traces de farine sur ton visage avec ton tablier que tu viens de retirer, tu prends ton sac et retrouves teddy. ” t’as du temps ? pour prendre un café ou autre. j’habite au dessus mais on est pas obligés d’aller chez moi on peut aller dans le bar en face ou .. enfin ce que tu veux. “ t’es pas forcément à l’aise mais y’a une chose que tu sais. il t’a manqué.

Il faut bien le dire, ça te fait assez étrange de la revoir. Toi, qui avait songé à cet instant, qui l’avait fait tourner dans ta tête, encore et encore durant les dernières années, et pourtant, tu n’aurais pas cru ressentir ça. Parce que clairement, y penser et le vivre, c’était deux choses totalement différentes. Mais oui, clairement, tu ne peux t’empêcher de te dire que c’est pour le mieux. Parce que clairement, tu es content de la voir à cet instant, vraiment. Bien que tu n’ais aucune idée si elle, elle avait envie de te revoir. Et clairement, à en juger par son expression, elle semblait surprise de te voir, elle aussi. Il ne te restait donc plus qu’à déterminer si c’était une bonne surprise, ou une mauvaise. « je… euh. je vais bien. et toi comment tu vas ? » Le trouble qui est palpable, dans le ton de sa voix. Et clairement, tu ne peux lui en vouloir pour ça. Après tout, ça faisait tout de même quatre ans que vous ne vous étiez pas vu tous les deux. Et en quatre longues années, il s’en était passé, des choses. Et oui, pendant ces quatre longues années, tu avais fini par changer d’avis quant au fait que tu ne souhaitais plus jamais la revoir. « je vais bien, très bien même. » Et il n’y a que de la sincérité dans le ton de ta voix. Parce que c’est bien réel. Tu vas bien Teddy. Tu n’aurais peut-être pas dit ça, quelques années plus tôt, mais à l’heure actuelle, tu avais l’impression que tu ne pourrais pas bien te porter. « attends je reviens. » La présence de cet autre client, que tu ne remarques qu’à cet instant. Bref signe de tête que tu lui offres, avant de la regarder s’éloigner, alors qu’il y a toujours ce sourire qui fend tes lèvres. La jeune femme qui sert le client, avant de disparaitre dans l’arrière-boutique pour finalement revenir vers toi. « t’as du temps ? pour prendre un café ou autre. j’habite au dessus mais on est pas obligés d’aller chez moi on peut aller dans le bar en face ou .. enfin ce que tu veux. » Et ça, ça te fait plaisir de l’entendre. Parce que tu ne sens pas qu’elle t’offre de passer du temps en sa compagnie simplement par politesse, comme ça aurait pu être le cas, d’ailleurs. Non, tu sens de la sincérité de sa part à elle aussi. « oui, j’ai tout mon temps. et j’dis pas non pour un café. à condition qu’on amène un de ces trucs aussi. » Que tu lui dis, en pointant l’une des pâtisseries qui figure dans la vitrine. Petit rire qui s’extirpe des tes lèvres d’ailleurs à cet instant, parce qu’au final tu n’es pas vraiment sérieux toi. Non, ce que tu veux, c’est plutôt rattraper le temps perdu, savoir où elle en est rendue aujourd’hui. La jeune femme qui te fait signe de la suivre, probablement en direction de son appartement, juste au-dessus, comme elle le mentionnait. Et toi, tu ne te fais pas prier plus longtemps. Parce que tu es en congé aujourd’hui, et tu comptes bien en profiter. Même si tu ne savais pas que la journée prendrait cette tournure quand tu as quitté l’appartement que tu squattes, le matin même. « alors, tu travailles dans une pâtisserie maintenant ? » Que tu lui demandes, bien que tu n’aies pas vraiment besoin de réponse à vrai dire. Parce que tu avais bien vu qu’elle y travaillait, et tu avais cet impression que ce n’était pas seulement temporaire. « j’savais que tu cuisinais bien, mais je savais pas que tu voulais devenir pâtissière. c’est sympa. »

tu ne pensais pas tomber sur lui. pas ici. parce qu’ici c’est ta nouvelle vie, ton nouvel univers. parce qu’ici c’est ton cocon et que lui c’est le passé. c’est comme si deux mondes se télescopaient. enfin deux moments de ta vie. celle d’avant et l’actuelle. c’est à la fois agréable et étrange. comme un sentiment de nostalgie. mais c’est bien la nostalgie quand même. il te demande comment tu vas et tu lui réponds du mieux que tu peux. la surprise toujours, même si elle a bon dos. politesse oblige, tu lui retournes la question.” je vais bien, très bien même. “ tu lui souris, t’es contente pour lui. il faut dire qu’avec le coup que tu lui as fait, il n’est pas obligé d’être là, aussi sympa. toi tu n’aurais pas été si clémente dans ce genre de situation mais t’as un côté rancunier bien enfoui, ça doit être ça. lui il est simplement là, face à toi. un client débarque, tu t’en occupes, tu t’échappes. mais c’est pour mieux revenir, pour n’être là que pour lui à ton retour. prête à continuer cette conversation ailleurs, tu lui proposes deux choix. tu ne l’obliges à rien, t’as juste envie de passer un peu plus de temps avec lui, d’en savoir un peu plus sur sa vie de maintenant. ” oui, j’ai tout mon temps. et j’dis pas non pour un café. à condition qu’on amène un de ces trucs aussi. “ tu regardes ce qu’il désigne et sans grande surprise, ce sont des pâtisseries. tu souris et récupères ces petites boîtes à gâteaux en carton dans lesquelles tu places deux tartelettes, une au citron, une au chocolat ainsi que deux muffins, l’un aux myrtilles et l’autre au caramel. y’aura du choix, selon leur envie du moment. tu prends la décision de le conduire à l’étage, vous serez bien plus tranquilles pour discuter. il te suit, tu le sens derrière toi. tu ne discutes pas sur le chemin, tu te contentes d’arriver le plus rapidement possible à la porte du premier étage, la seule, l’unique, la tienne. c’est pas bien compliqué pour te trouver c’est certain. tandis que tu déverrouilles ta porte, tu entends une question émaner de lui. ” alors, tu travailles dans une pâtisserie maintenant ? “ en guise de réponse tu hoches la tête tout en ouvrant la porte et en lui indiquant d’entrer. ” j’savais que tu cuisinais bien, mais je savais pas que tu voulais devenir pâtissière. c’est sympa. “ souvenirs, souvenirs. ” oui, ça m’est venu comme ça je crois. “ c’est le moins que l’on puisse dire. un changement radical de carrière et de vie. ” tu veux boire quelque chose pour accompagner ça ? “ tu soulèves les pâtisseries emballées dans ta main droite et les poses sur la table basse du salon avant d’aller dans la cuisine. ” café, thé, jus, lait, quelque chose de plus fort ? installe toi j’arrive. “ t’as un peu de tout et t’espères qu’il pourra trouver quelque chose qui lui fait envie là dedans. pour toi ce sera thé. une fois les boissons préparées, tu reviens au salon et t’installes. ” bon et toi alors ? t’en es où ? “ question large qui amène pas mal de réponses. et des réponses t’en voudrais pas mal.

Conversation un peu banale que tu lances. Peut-être bien parce que tu ne sais pas trop comment amener ce que tu as à lui dire. Parce que clairement, y’a plus qu’une chose que tu as besoin qu’elle sache. Mais la première, c’est que tu ne lui en veux pas. Comment le pourrais-tu ? Toi qui as pleinement conscience que tu n’en serais probablement pas là aujourd’hui si tout n’avait pas déboulé de la sorte. Oh oui, bien sûr. Sur le coup, tu avais cru que le ciel te tombait sur la tête. Tu en étais venu à la conclusion que tu avais tout perdu, que tu n’avais plus rien. Mais au final, ça t’avait permis de te trouver, au fils des années. Parce qu’elle t’avait ouvert les yeux, t’avait fait comprendre qu’au final tu n’avais jamais été vraiment toi-même toutes ces années. Et elle t’avait permise d’aller de l’avant. Et pour ça, tu lui en serais toujours reconnaissant.
Pourtant, tu avais l’impression d’être un peu gauche. Peut-être était-ce un part de gêne. Douce ironie tout de même, toi qui ne l’avais j’avais vraiment été. « oui, ça m’est venu comme ça je crois. » Sourire, un brin niais, qui s’étire sur tes lèvres. L’impression de redevenir adolescent à cet instant. « tu veux boire quelque chose pour accompagner ça ? » tu fais mine de réfléchir quelques instants, je sachant pas trop encore ce qui te faisait envie. Ni trop les options qui s’offraient à toi. « café, thé, jus, lait, quelque chose de plus fort ? installe toi j’arrive. » L’impression que le temps n’a pas vraiment changé grand-chose. Qu’elle te connait toujours aussi bien. Parce que peut-être qu’au final, il y a des choses qui ne changent pas. « un café ce serait parfait. » Que tu lui annonces, alors que tu la regardes s’éloigner lentement, le temps de préparer tout ça. Et à cet instant, tu ne peux pas t’empêcher de te dire qu’elle est aussi, sinon plus belle que dans tes souvenirs. Puis elle revient, quelques instants plus tard. La tasse de café qu’elle te tend, gorgée que tu ne tarde pas à prendre. Le liquide chaud qui vient brûler tes lèvres à l’instant où tu les poses. « bon et toi alors ? t’en es où ? » Question très large. Et à vrai dire tu ne sais même pas trop quoi lui dire. Surement parce qu’il y a trop de choses. Parce que six ans, c’est long. Parce qu’il s’en passe des choses en six ans. « je ne sais même pas par où commencer. » Que tu lui avoues. Peut-être bien qu’elle s’en doute, qu’elle n’en sera pas vraiment surprise. Mince hésitation, avant de te dire que tu devrais peut-être commencer par le commencement. « je suis parti, peu de temps après notre rupture, en europe. » votre rupture, le sujet que tu effleures, sans pourtant souhaiter la mettre mal à l’aise. Encore moins la faire sentir coupable. Mais tu n’as plus l’impression que c’est un sujet tabou. Tout du moins, pas pour toi. « j’ai beaucoup voyagé, pendant cinq ans, parce que j’me cherchais. » Cinq ans oui, que ça t’avait pris, pour finalement te trouver. Découvrir la personne que tu étais réellement, celle que tu aurais toujours dû être finalement. « tu sais… j’pensais jamais revenir. pour moi, l’amérique restait dans le passé. » Peut-être n’en serait-elle pas surprise. Après tout, tu avais déjà laissé transparaitre cette idée, quand tu lui avais dit que tu ne voulais plus jamais la revoir. Mais heureusement que tu avais changé d’avis. Autrement, tu ne serais pas ici, aujourd’hui. « et pourtant, j’suis là. visiblement parce que j’avais des trucs à boucler. » Oui tu avais encore des choses à faire à New York. Et après, tu ne savais pas. Peut-être bien que tu resterais, peut-être bien que tu t’envoleras au loin. Rien n’était moins sûre. Mais de toute façon, tu évitais de te projeter trop loin. « j’espérais te revoir, j’avoue. voir que tu allais bien, que tu étais épanouie. et j’ai l’impression que tu l’es, ça fait plaisir. » Confidence que tu lui fais, que tu joins d’un mince sourire. En la regardant dans les yeux. Parce qu’encore une fois, tu veux lui montrer à quel point tu es sincère. Que ce n’est pas simplement des paroles en l’air. « dis… tu m’en veux ? genre, pour tout c’que j’t’ai dit ? parce que j’espère que tu sais que j’pensais rien de tout cela… j’étais juste en colère, perdu aussi. mais j’réalise que c’était une erreur. » Tu ne peux t’empêcher de lui demander. Peut-être bien parce que t’as besoin d’être rassuré. D’autant plus que tu veux qu’elle sache, à quel point t’es désolée.

ça te fait bizarre de l’avoir chez toi. c’est comme le passé qui te revient en pleine tronche sans que tu ne t’y attendes. une sorte de flash éblouissant venant totalement envahir le souvenir de votre histoire. tu l’as aimé teddy. vraiment aimé. c’était ta lumière, ton pilier à cette époque. cette lueur qui caressait doucement ton histoire sombre. pourtant t’as jamais su lui dire à quel point les ténèbres t’avaient gagné. lui, il était juste là, mettant en lumière son aura, t’éclairant de son amour et tentant d’apaiser tes craintes qu’il ne connaissait pas. et maintenant, il est dans ton salon, attendant que tu reviennes avec la boisson qu’il t’a commandé. si on peut appeler ça ainsi. ” un café ce serait parfait. “ ce que tu prépares donc, en même temps que le tien. tu reviens vers lui, lui tend sa tasse tandis que vos doigts se frôlent. un maelstrom d’émotions s’emparent de toi, un souvenir volcanique de vos années passées tous les deux. tu ne peux t’empêcher de le dévisager. c’est plus fort que toi. de sa peau qui n’est plus si imberbe que ça, à son teint tout sauf blafard, aux reflets dorés de ses cheveux. tu les vois malgré l’obscurité de la pièce. d’ailleurs si tu n’allumes pas rapidement, la nuit finira par vous engloutir tous les deux. une ambiance tamisée ne serait peut être pas une mauvaise idée au fond. mais pour le moment, tu veux savoir ce qu’il devient. tu veux comprendre ce qu’est devenue sa vie à la suite de ton départ précipité. ” je ne sais même pas par où commencer. “ tu hoches la tête doucement pour qu’il t’explique la totale. on ne t’a jamais dit que t’étais pas une lumière, tu captes plutôt rapidement les choses alors t’es capable de comprendre ce qu’il va te dire. ” je suis parti, peu de temps après notre rupture, en europe. “ tu serres les dents, tu tentes de cacher cette gêne qui s’insinue dans tes veines. ” j’ai beaucoup voyagé, pendant cinq ans, parce que j’me cherchais. “ tu comprends mieux pourquoi tu ne l’a pas croisé dans la ville durant ces cinq dernières années. ça devient tout de suite plus clair, plus évident. ” tu sais… j’pensais jamais revenir. pour moi, l’amérique restait dans le passé. “ a cette phrase, ton coeur se serre doucement et la pénombre qui s’installe, tu t’autorises à grimacer légèrement. ” et pourtant, j’suis là. visiblement parce que j’avais des trucs à boucler. “ est ce qu’il parle de toi dans ces trucs à boucler ? t’en sais rien. surement pas non. puis boucler quoi d’ailleurs… ” j’espérais te revoir, j’avoue. voir que tu allais bien, que tu étais épanouie. et j’ai l’impression que tu l’es, ça fait plaisir. “ ah bah finalement peut être que si. la clairvoyance dont tu fais preuve habituellement ne semble pas être au rendez vous aujourd’hui. ” dis… tu m’en veux ? genre, pour tout c’que j’t’ai dit ? parce que j’espère que tu sais que j’pensais rien de tout cela… j’étais juste en colère, perdu aussi. mais j’réalise que c’était une erreur. “ et là tu te retrouves comme une idiote. parce qu’il pense que tu lui en veux. mais ce serait plus l’inverse qui serait logique. ” je … euh… non pas du tout. je m’en souviens même plus… “ demi mensonge, semi vérité. les mots t’avaient blessé. quelque peu, pas beaucoup. parce qu’il a eu raison mais encore une fois le temps qui passe répare tout ça. parait il. ” c’est moi qui suis désolée. je suis partie comme une voleuse, je ne t’ai même pas donné d’explications. “ va bien falloir que tu passes à la casserole ma grande. façon de parler parce qu’être le dindon de la farce ne t’a jamais intéressé. ce n’est pas le cas. il faut juste que tu expliques à ton ex petit ami, pourquoi tu n’as jamais réussi à coucher avec lui… rien d’insurmontable non ? ” je t’ai aimé, réellement. mais y’avait une part de moi qui n’était pas… moi. parce que y’a des choses que je n’ai jamais su te dire et tout ça ça nous a brisé. “ il est temps que la gamine retourne dans l’ombre et que tu fasses sortir la femme qui est en toi. la conversation qui s’annonce sérieuse alors que tu attrapes l’une des pâtisseries pour l’engloutir plus vite que ton ombre. pour occuper ta bouche, pour le laisser digérer cette nouvelle toi qui se trouve face à lui. "éteins la lumière, montre-moi ton côté sombre" cette chanson qui te vient en tête, cette chanson qui s’applique à toi plus qu’à lui. pour qu’il saisisse qui tu es.