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 ô triste, triste était mon âme. (james)

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Message Sujet: ô triste, triste était mon âme. (james)   ô triste, triste était mon âme. (james) Empty Lun 23 Nov - 20:48


◐ ◐ ◐  
{ ô triste, triste était mon âme }
crédit/ verlaine ☾ w/@James Marlowe

Ô triste, triste était mon âme
À cause, à cause d’une femme.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon cœur s’en soit allé,
Bien que mon cœur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon cœur s’en soit allé.
Et mon cœur, mon cœur trop sensible
Dit à mon âme : Est-il possible,
Est-il possible, – le fût-il, –
Ce fier exil, ce triste exil ?
Mon âme dit à mon cœur : Sais-je
Moi-même que nous veut ce piège
D’être présents bien qu’exilés,
Encore que loin en allés ?



Son nom résonne dans ton esprit,
il frappe ton cœur maudit,
alors que tu cherches à l’oublier,
alors que tu ne veux que te venger,
il est toujours là, bien inscrit,
de retour, dans ta vie.


Des heures déjà que le ciel s'est drapé de son plus beau voile ; celui aux couleurs désespoirs. Le crépuscule tombé depuis longtemps, le ciel assombri attire dans les rues malfamées les âmes les plus noires. Parmi elles, dans cette nuit sans étoiles, il y a Alix. Alix, svelte et agile, la poupée sortie du lit une fois le mari assoupi. Alix, les idées ombrageuses et les envies vengeresses qui l'animent. Alix, cruelle éclipse, a attendu que l'astre d'or disparaisse et laisse place à celui d'argent, pour débuter sa vengeance. La robe satinée porte les teintes de son deuil mais le maquillage assombri masque la souffrance. Effacées, les demi-lunes violacées sous ses opales éteintes ; voilé, le visage macabre et le teint livide. Masqués la perte de sa fille , le vide qui l'a envahie, et la vie à l'agonie. Ce soir, pour quiconque ne la reconnaît pas, elle est seulement un oiseau de nuit. Une snobinarde parmi tous les autres, venue s’amuser, venue flamber, juste pour quelques heures.

C'est ce qu'elle doit être,
ce qu'elle doit paraître,
pour réussir sa quête.


Elle ne pourrait pas avoir moins envie d'être ici. Parmi les âmes nocturnes et pleines de vie, prêtes à dépenser leur fric jusqu'au bout de la nuit. Alors qu'elle, est ravagée de l'intérieur. Elle, est détruite avec ce trou béant à la place du cœur. D'Alix, il ne reste plus que des débris du passé, des éclats morcelés d'un bonheur achevé. Elle a égaré tout ce qu'elle était, tout ce à quoi elle aspirait, à l'instant exact où sa fille lui a été enlevée. La cruauté de ceux qui l'ont tuée, elle, pour mieux atteindre sa mère l'a gagnée. Elle veut briser celui qui a ôté la vie de Flora. Elle veut l'assaillir de ses poings jusqu'à avoir mal, elle veut le faire saigner jusqu'à être recouverte de son fluide vital, elle veut lui arracher les membres pour qu'il la supplie de l'achever. Là, seulement, elle consentira à exaucer son souhait. Elle le tuera de ses mains, elle s'en est fait la promesse. Rien, absolument rien, ne pourra la détourner de ses sombres desseins. Sa revanche, c’est ce qui la fait encore tenir debout. Quand tout son être pourrait flancher à tout moment, les envies morbides l’envahissent, c’est à son meurtrier qu’elle pense.

Amer est le paradoxe car c’est lui,
ce tueur, qui la maintient encore en vie.


La carcasse affriolante, pourtant vide, se faufile avec adresse jusqu’au bar du sinners. Elle commande un whisky sec au barman, les prunelles inquisitrices qui observent déjà ailleurs. Elle n’est encore jamais venue dans cet endroit ; elle décèle, ici et là, quelques détails, quelques détails qui laissent entrevoir la marque de James, plutôt que celle de son paternel. Elle reconnaît son empreinte partout, en vérité, et ça a le don de la déstabiliser. Elle n'est sûrement pas prête à se retrouver face à lui, Alix. Ce n’est pas lui ce soir qu’elle cherche en vérité, juste l’un des serviteurs du gardien des ténèbres à manipuler. Elle a l’espoir de tomber sur un larbin trop idiot pour reconnaître la fille Ferreira. C’est peut-être elle, la plus naïve parce qu’elle voit bientôt apparaître le corps beaucoup trop reconnaissable de son premier amour. Comme s’il avait été prévenu de l’arrivée de l’héritière du gang ennemi ; comme si c’était la seule chose qu’elle était, Alix. Celle qui, il fut un temps, a partagé sa vie. « J’ai le droit à l’accueil du maître des lieux en personne. »  elle énonce de sa voix sensuelle, opales toujours posées droit devant elle, la sirène issue des ténèbres similaires. Ils ont grandi dans le même monde, dans le même univers ; juste avec un patronyme qui diffère. Celui de James, qu’aurait pu être le sien. Jusqu’à ce qu’elle parte, Alix, jusqu’à ce qu’elle en aille. Retrouver la lumière alors qu’il se complaisait, beaucoup trop pour elle, dans cet enfer. Enfer qu’elle a fini par retrouver, en fin de compte,
l’obscurité jamais bien loin,
qu’à une éclipse de ses rêves assassins.

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Message Sujet: Re: ô triste, triste était mon âme. (james)   ô triste, triste était mon âme. (james) Empty Jeu 26 Nov - 9:33


ô triste, triste était mon âme
@alix romani

des amours amères, jusqu’aux amours mortes. les mots gardés contre le coeur, qui continue de battre encore. c’est un temps, puis deux. pour autant de silence qui nous étourdit. nous emporte. des amours amères, jusqu’aux amours mortes, dis-moi encore, dis-moi encore tous les silences, et ces mots jaloux que l’on a pas su prononcer. comme des blessures qui sont à peine refermées. dis-moi encore. dis-moi.

c’est un soir comme un autre dans l’immensité du sinners. du bruit, du mouvement, pour tout héritage à leurs méfaits. ça lui plaît bien à james, cette ambiance survoltée, dès que le jour se dissimule et que la nuit l’importune, le pousse à renoncer. ça lui plaît tant en vérité, cet enfer pavé de lustre. que chacun s’y contemple jusqu’à chavirer, dans la honte qu’il leur faudra rentrer. pour l’oublier. l’oublier encore un peu. avant qu’elle ne les étouffe tout entiers. la honte, elle le nargue aussi, elle le brutalise quand la nuit reparaît, mais jamais il n’y succombe pourtant. il est bien trop tôt pour le faire, il est bien trop tôt pour tirer une révérence qui aurait toute l’allure de la fraude. car james porte son nom comme l’on brandit un flambeau. que cela brûle, que cela flambe. juste encore un peu. et il courra jusqu’aux sommets morbides qu’il a promis jadis tout contre son front perlé de sueur. à elle et à aucune autre. à elle uniquement.

la lassitude s’enfuit depuis que le nouveau casino élève son arrogance dans l’écrin le plus étudié du queens. c’est l’orgueil au firmament, les affaires qui s’élancent pour frôler d’autres sphères qui l’étourdissent autant qu’elles l’enchantent. magistrats, élus, gros bonnets de la pègre, ils sont tous là pour vaquer en pleine lumière, en territoire neutre, à jouer l’argent des autres comme l’on se sépare d’une maladie encombrante. pour l’embrasser de nouveau aussitôt le seuil passé. une amante qui marque au fer son porteur, et lui promet l’éternité. l’argent se blanchit doucement, sans heurt, sans qu’il ne flirte avec le péril de la complète perdition. ce serait totalement mentir que de prétendre qu’il est en sécurité. mais nous dirons qu’il l’est bien plus qu’ailleurs. le sinners est pour james un territoire dont il n’entrevoit encore pas les limites pour n’avoir pas complètement su les graver. ici tout se monnaye, tout se paie, tout se silence. il y a dans les étages classieux de l’hôtel réservé à la clientèle VIP autant d’horreur que de volupté. l’ombre à la lumière. et les ténèbres au monde. toujours. toujours plus. jusqu’à succomber.

il vient de se faire presque congédier froidement par médée, car il a souhaité qu’elle lui fasse un topo complet alors qu’il avait loupé un quart d’heure à leur rendez-vous fixé. l’exactitude sous les crocs acérés, elle ne s’est pas gênée pour l’abandonner à d’autres occupations éminemment plus solitaires. de son bureau glacé, il étudie avec un soin notable le tout dernier contrat établi par la ville de new york pour leur établissement, cherche dans les interlignes ce qui pourrait venir contrarier leurs envies de grandeur. il est en train d’annoter une marge quand vega se pointe, terriblement protocolaire, avec son holster bien en vue. il n’a pas besoin de dire beaucoup plus que “elle est ici” pour que james déploie sa haute silhouette et abuse de toute sa concentration pour se composer une expression d’une neutralité confondante. il ne l’attendait pas. il ne l’attendait plus. ou peut-être qu’au contraire, depuis qu’ils ont ouvert ce casino quasiment à l’orée de son domaine privé, il n’attendait plus que cela. provocation illusoire. il trace un geste pour congédier tout aussi froidement que médée ne le fit avec lui le responsable de la surveillance des locaux, un truc de famille sans doute. puis tout se trouble soudain, il y a les battements excédés, une émotion jugée infâme, qui n’a rien à faire ici, en lui, dans ses chairs et dans ses pensées. qu’est-ce qu’elle vient foutre là ?

et pourtant tu en crevais. qu’elle apparaisse enfin, avec la même élégance et la même évidence qu’à l’époque. hautaine et impériale, dans le secret de la nuit, implacable souvenir balancé comme une hérésie au milieu d’un lieu saint. ton empire souillé par sa présence, à jamais enchaîné à elle. et pourtant, et pourtant, tu le désirais tant.

elle est au bar, c’est ce que vega lui a indiqué et il apparaît avec cette aura qui lui confère toujours ces airs de supériorité. le costume aide pour ça, puis la froideur des traits. même si alors qu’il prend place à côté d’elle, c’est bien plus difficile de paraître tel qu’il s’est imaginé. la facilité ne s’est jamais conjuguée à son foutu nom à elle. si elle est surprise qu’il se soit montré en personne, elle n’en montre rien, les années lui ont appris à dissimuler. les sensations, la brutalité. le timbre chaud, le froid dans ce regard qu’elle refuse de porter sur lui. james la regarde, non. c’est plus que ça. un instant il la dévore. mais ça ne dure pas, la colère repart se lover jusque dans le creux de son ventre et alors qu’il fait un geste sec en direction du barman, il demande d’un ton neutre : j’imagine que tu bois toujours ton immonde cocktail bleu ? à moins que ça ne cadre que peu avec ce que tu veux paraître aujourd’hui.

pas si neutre que ça finalement. la pique est bien là, alors qu’il pousse la théâtralité jusqu’à un sourire qui n’atteint pourtant jamais ses prunelles. elles brillent d’autre chose. de tout ce tumulte qui s’élève sans qu’il ne parvienne à totalement l’endiguer. il devrait la raccompagner aussitôt dehors, la confier à la nuit qui l’a recrachée, refermer les souvenirs, et oublier les plaies qui suppurent. il se fait servir un irish, ça ça n’a pas changé. sec. sans fioriture. avant de hausser un sourcil qui laisse feuler toute son arrogance : tu t’es perdue dans le noir ? jusqu’ici, jusqu’à moi. égarée, à l’aube de la faute. car c’est une faute de s’être pointée là alors qu’elle a choisi depuis longtemps de ne plus faire partie de son univers. univers balancé, par les atermoiements, le maître des lieux courroucé, qui la regarde, la regarde toujours. elle qui s’est disgraciée.
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Message Sujet: Re: ô triste, triste était mon âme. (james)   ô triste, triste était mon âme. (james) Empty Jeu 26 Nov - 20:19


◐ ◐ ◐  
{ ô triste, triste était mon âme }
crédit/ verlaine ☾ w/@James Marlowe
Je ne te dirai pas,
l’errance sans toi,
la souffrance en moi,
je ne te raconterai pas,
l’exil forcé,
le cœur morcelé,
je ne te parlerai pas,
des souvenirs d’hier,
des rêves éphémères,
de ce monde qu’on aurait pu créer, si on avait osé,
de ce monde qui appartient à jamais au passé,
de ce monde qui ne cesse encore de me hanter.


Entourée d’or et de lumière, l’ombre plane pourtant partout autour, et en, elle. Les illusions superficielles recouvrent de paillettes la véhémence féroce qui flotte dans l’air. Comme si l’exaltation des pauvres âmes fortunées pouvait cacher l’éréthisme des esprits de l’enfer. Comme une chimère, venue sublimer les ténèbres.
Alix, elle n’est pas dupe.
Elle imagine et connaît trop bien les rouages qui se jouent.
Plus les lieux paraissent merveilleux, plus ce qui s’y cache est monstrueux. Elle essaie d’oublier toute cette mélancolie amère qui tente de l’agripper comme le péché du jeu tente de capturer les infortunés à chaque tablée. Elle essaie de mettre de côté, tous les rêves asséchés, toutes les envies qui la possédaient, il y a de trop nombreuses années.
Une éternité.

Et soudain, c’est comme si c’était hier.

La voix grave et enivrante venue d’une réalité parallèle semble étonnamment réelle. Criante, plus forte que toutes les autres dans le brouhaha mondain environnant, elle vient de tous les faire disparaître. Lui, vient de tous les faire disparaître.
James.
Les deux opales dressées droit devant elle ne se risquent pas à se tourner vers lui. Elle a appris il y a déjà longtemps, la féline. Rester hermétique. Demeurer insensible. Prétendre l’indifférence quand tous les sens en elle s’animent. L’expression de son visage reste inchangé, tandis qu’elle se laisse avec prudence le temps de s’habituer. S’habituer à l’idée qu’il se trouve ici, à un pas d’elle, après l’avoir senti tant de fois si loin. Elle s’habitue à la prestance qu’elle devine dans la silhouette imposante et impériale de celui qui a choisi la souveraineté à la liberté. Elle s’habitue aux arômes épicées et entêtants des fragrances qui savaient l’envoûter. Elle s’habitue à la colère qu’elle décèle dans cette voix illusoirement neutre quand elle devine à merveille ses tonalités amères. Elle s’habitue à sa présence tout entière. James.

Une éternité.

« J’ai plus de goût qu’à l’époque. »

Remarque anodine,
presque futile,
pour n’importe qui,
mais pas pour lui.
Il est intelligent, James, elle en a parfaitement conscience. Elle se souvient, autrefois, comme elle pouvait écouter les réflexions qu’il exposait à haute voix. L’intuition pertinente, l’esprit vif et juste, toujours dans la finesse. Il était réfléchi là où elle retenait encore difficilement ses instincts impulsifs. Il était raisonné là où elle écoutait encore seulement ce que son cœur lui dictait. L’exil aurait pu lui offrir la liberté de s’afficher, telle qu’elle est, sans masque pour la protéger. Mais la princesse des ténèbres a évolué, exactement comme elle était censée évoluer. Reine des glaces devenue femme, elle lui lance les mots qui  respirent l’innocence, à condition d’omettre leur double-sens.

Car elle a choisi,
une autre vie,
un autre mari,

pourtant elle est dressée devant lui,
aujourd’hui,
avec lui.

Avec une élégance naturelle, la féline dépose ses doigts fins autour du cristal, et enfin porte sur lui son regard. Elle observe les traits outrageusement familiers et, à la fois, étrangers de ce visage qu’elle a tant de fois admiré. Le faciès qu’elle croyait sublimé à travers les années passées, encore si loin de la réalité. Conserver une expression neutre sur son propre minois lui demande, à cet instant, un effort considérable. Lui, sourit, de ce sourire qui n’a rien de magnanime, ce sourire qu’il offrait au reste de l’univers, mais pas à elle.

C’est ce qu’elle est pourtant,
à présent,
une poussière d’étoile dans la voie lactée,
les cendres d’un passé consumé.

Les lunes sombres se reflètent dans l’émeraude de ses yeux insolents. S’il est d’humeur à la provoquer, elle, n’a aucunement envie de jouer. Elle n’a plus envie de rien, Alix, plus rien depuis qu’Elle est partie. Plus rien sans sa fille. « Probablement un peu. » elle laisse échapper, et se rend compte trop tard combien c’est vrai. La louve n’est pas venue ici avec une stratégie établie. Elle est venue, dirigée par son instinct, sans réfléchir. Destituée de sa couronne officiellement, elle reste pourtant une Ferreira. La dernière personne qui devrait oser mettre les pieds dans cet endroit. Mais elle a besoin de réponses, besoin de trouver un semblant d’informations. Besoin de trouver une raison à cette violence sans nom. Flora, elle ne méritait pas ça. Aucun enfant ne mérite ça. La boisson ambrée enfin portée à ses lèvres, elle en boit une gorgée, comme pour se soulager. Sentir autre chose que la torture de respirer. Oublier que chaque souffle est un de plus que sa fille a perdu. « Ne prétend pas être surpris de me voir. » elle conclut, la voix plus dure.

Tu savais que j’en aurais besoin,
tu savais que je ne contrôlerais rien,
tu savais que j’oublierais les apparences,
tu savais que je briserais cette distance,
tu savais que j’oublierais le danger,
j’oublierais tout, absolument tout,
juste pour effleurer la vérité,
juste pour savoir ce qui est vraiment arrivé.


Taraudée par la peur de découvrir le plus sombre de ses secrets,
apprendre que c’est lui qui l’a tuée,
d’un ordre de plus qu’il aurait exigé,
elle a besoin de connaître la vérité,
même si elle en crèverait.

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Message Sujet: Re: ô triste, triste était mon âme. (james)   ô triste, triste était mon âme. (james) Empty Sam 28 Nov - 19:29


ô triste, triste était mon âme
@alix romani

comment t’avouer ? comment t’avouer que tu n’as pas su quitter mon esprit toutes ces années ? que les secondes sans toi se sont fracassées dans la brutalité des actes, des pensées. comment te dire que les soupirs enfuis sont des douleurs qui me hantent encore aujourd’hui ? comment te dire… comment te dire…

les poignets cerclés, le lien qui vibre encore tout autour, et qui semble déchirer la chair. douleur infime, douleur intime, qu’il faut porter de nouveau comme si c’était hier. il la revoit clairement, son amour, tourner le dos à tout ce qu’il pouvait projeter pour elle, ces avenirs corrompus qu'il lui murmurait tout doucement. où elle serait reine, où il serait à ses côtés. le monde décharné par leurs avidités. musique obscure qui revient frapper sur la cage thoracique, avec langueur, avec convoitise. un appel sourd et puissant, uniquement élevé sur le cadavre de leurs noms désunis, encore enchaînés le temps que l’illusion se dévoie. une seconde, une seconde. l’image intacte avant qu’elle ne retourne au néant. c’est le son de sa voix, et ce sourire qu’elle utilise. les mots qui roulent sur sa langue, chantante. il n’a pas oublié. il s’y est pourtant efforcé chaque jour. mais alors qu’il la retrouve, il doit se souvenir combien il a échoué pour gommer de ses souvenirs ceux auxquels elle appartenait toute entière. les clients du sinners se perdent dans le lointain quand il n’y a plus qu’eux, à se regarder, se rappeler, se défendre. un combat mutique que chacun autour se plaît à ignorer, il n’y a rien de plus banal que deux âmes qui se retrouvent au milieu de la foule. et pourtant, pourtant. tout pourrait basculer. le temps d’une seule seconde, tout pourrait se défaire, tout pourrait se renouer. l’espoir empoisonné qui s’étouffe entre ces deux contraires lui serre la gorge, un noeud qu’il tente de dissiper avec une seconde gorgée. alix. alix. pourquoi es-tu venue ce soir ? pourquoi.

il prend la mesure de la réalité, à rebours, avec douleur, avec contrition. il lui faut regarder ces infimes détails qui trahissent la mémoire, et qui rendent au présent tous les hommages qui lui sont dus. la maturité qui a quelque peu agrandi son regard, à moins que ce ne soit la douleur qui donne à ses yeux sombres bien plus de profondeur qu’auparavant. il y a cette assurance aussi, qu’il ne lui connaissait pas, comme si rien ne pouvait dorénavant l’atteindre ou la toucher. à la surface, uniquement des ombres pour mieux dissimuler les pensées qu’elle nourrit devant lui. la même surface que lui, policée par des jeux auxquels on n’échappe jamais, pour peu que son nom soit teinté par l’opprobre. comme le leur. le leur. deux noms, que james n’a jamais su totalement distinguer. et c’est là bien son drame.

le double sens qu’elle manie comme une arme, effilée, lui rend des allures plus flamboyantes encore. s’il n’a jamais été aussi proche d’elle depuis des années, il se tient pourtant au bord d’un précipice qui lui donne le vertige tant il la tient éloignée. les mots ne sont pas longs à ramper, nonchalants, toutefois aussi assassins que les siens. un goût sans doute trop discutable pour que cela suffise à te tenir éloignée. pas de sourire cette fois, un constat un peu plus dur, où se tient en exergue toute l’amertume qu’il a conservée pour ce qu’elle a choisi. pour qui elle a choisi aussi. la moquerie est entière. si elle se tient ici, juste à côté de lui, c’est que sa petite fable ne suffit pas, ne suffit plus. il peine cependant à l’accabler plus encore, sachant le deuil qui la frappe. il l’a appris récemment et quelque part il savait qu’elle viendrait le trouver. sans oser deviner exactement les soupçons qui pourraient l’animer. est-elle venue uniquement emmenée par ses anciennes passions, ce caractère enflammé qui déjà contrastait face à ce calme qu’il savait toujours conserver devant les aléas ? devant tout ce qu’il lui fallait encaisser, à cause de l’éducation brutale de son père, et de la haine qu’il devait soigneusement dissimuler.

est-ce l’envie de savoir, ou uniquement de blesser ? le besoin de trouver un adversaire quand tout ce que tu as su construire finit par se dérober ? la chute esquissée que j’ai peinte tant de fois, dans mes plus invincibles insomnies, quand l’envie de te trouver et de te faire payer l’affront devenait plus forte encore, une fois le jour déchu ? qui es-tu venue rencontrer ce soir ? est-ce moi ? est-ce toi ? celle que tu as perdue en tournant les talons, abandonnée, cette image trompée ? par fébrilité, par lâcheté ? est-ce toi ? est-ce moi…

il la détaille avec plus de lenteur alors qu’elle porte à son tour son verre à sa bouche. mouvement étudié, où le naturel de jadis dispute dorénavant ses prérogatives à cette autre femme qu’elle est devenue. femme fatale qui offre sa fureur à la nuit. il l’a toujours vue ainsi, quelque part, pour la rêver à ses côtés. dans le noir… dans le noir. le frisson qui court le long de son échine, sous sa veste parfaitement ajustée, est aussi désagréable qu’enivrant. il avait oublié la sensation. la putain de sensation qu’elle savait déclencher, quelque part fichée entre l’ivresse la plus abyssale et les sursauts de l’ire la plus éblouissante. son timbre est plus grave alors qu’il lui dit doucement : je t’en prie, tu sais bien qu’il n’y a jamais eu de demi-mesure. entre nous. c’est ce qu’il retient à l’orée de sa phrase. jamais de demi-ton, quelque chose qui donnerait à leurs existences des allures d’ennui, ça n’est guère pour eux. ils ont été martelés dans une matière bien plus brute que cela, même si elle demeure différente, elle est immanquablement complémentaire. alors se perdre un peu, non. non… ça ne lui va pas, à celle qui est dorénavant son adversaire. ça ne lui va pas. il y a quelque chose qui sonne faux dans la perdition qui ne s’assume pas. et dans ses prunelles qui tremblent parfois, de colère, ou d’horreur, il lit des égarements plus dangereux qu’il ne l’aurait cru.

il hausse très discrètement ses épaules avant de la regarder dans un silence uniquement interrompu par le brouhaha qui continue d’envahir sa tête. c’est ce qu’elle lui fait alix. elle lui fait perdre sa maîtrise sans qu’il ne puisse la tromper, et si le jeu pouvait durer ainsi une autre éternité, sans doute ont-ils envie l’un et l’autre pour une fois de trahir les règles. elles n’existent pas. elles n’ont jamais existé. j’aurais pu ignorer ton manège, te laisser avec ces questions qui doivent tourner dans ta tête. inlassablement. j’aurais peut-être dû. mais pourtant, je suis là, non ?

il assèche son verre, d’une gorgée plus brutale, et le repose avec un soin si étudié qu’il est clair qu’il peine à se maîtriser devant elle. comme si le sous-entendu qu’elle laissait planer ainsi était plus qu’une insulte, plus qu’une blessure renouvelée. qu’elle puisse encore l’atteindre ainsi lui semble tel un blasphème envers cette supériorité pleine de morgue dont il abuse en paradant sur son territoire. mais non. non. il ne peut prétendre être surpris de la voir le violer ainsi, briser les frontières vacillantes qu’ils se sont plu à élever ces huit dernières années.
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Message Sujet: Re: ô triste, triste était mon âme. (james)   ô triste, triste était mon âme. (james) Empty Lun 30 Nov - 10:58


◐ ◐ ◐  
{ ô triste, triste était mon âme }
crédit/ verlaine ☾ w/@James Marlowe
Ne me dis rien,
ne me dis pas combien de fois tu t’es attardé,
sur le spectre de notre passé,
ne me dis pas combien de fois tu as tourné la tête en arrière,
à la recherche des rêves d’hier,
ne me dis pas que tu penses à moi,
parfois,
quand les ombres autour de toi disparaissent,
ne me dis pas que tu me détestes,
mais, surtout, ne me dis pas que tu m’aimes,

ce serait là que tu serais le plus cruel.


Les mots ont filé, l’encre a séché,
le papier a jauni, l’histoire est finie,
chapitre achevé, livre terminé,
c’est du passé.

Il y a trop longtemps que leurs cœurs se son déliés l’un de l’autre. Ils se sont quittés dans la rancœur et l’incompréhension, la souffrance de ne pas être dotés des mêmes ambitions. La torture perpétuelle de ce qu’ils ont vécu, tous les deux, comme un abandon. Ils auraient pu s’aimer, ils auraient pu choisir la liberté. Ils auraient pu s’échapper, loin de cet enfer aux barricades dorées. Loin de ces couronnes de pacotille et de ce mal, lui, pur et authentique. Ils auraient pu faire le choix de l’amour plutôt que celui des affaires criminelles. Mais ils ne l’ont pas fait. Ils ont préféré, juste, s’oublier.
Ou peut-être, se sont-ils contentés d’essayer.

Elle se rend compte, seulement face à lui,
qu’il y a des déchirures dont on ne peut guérir,
qu’il existe des maux incurables,
et des amours fatales.

Elle se retrouve à quelques centimètres de cet homme auquel elle a voulu échapper, tout au long de ces années. Tant de réalités ont évolué, tant de choses ont disparu, et d’autres sont arrivées. Mais, soudain, le temps paraît s’être estompé. Plus rien n’existe en dehors de James et de tout ce qu’il fait émerger en elle. Toute cette douleur lancinante qui intervient, prédatrice féroce, mais tapie dans l’ombre, surgit avec une force qu’elle ne soupçonnait guère.

Alix, elle n’avait pas prévu tout ça,
pas prévu que son palpitant s’emballe,
qu’il essaie de sortir de sa cage thoracique,
qu’il essaie encore de fuir,
une fois face à lui.
Elle n’avait pas prévu tout ça, mais elle fait face.

Comme une guerrière, celle qu’on lui a appris à être. De loin, leur échange n’évoque en rien les prémices d’une guerre. Implacables, l’un et l’autre, dans un un concours de glace, ils auraient les premières places. La pique voilée à peine balancée, trouve son écho dans la voix grave du premier homme qu’elle a aimé. Comme si les âmes ne s’étaient pas oubliées, que les esprits étaient toujours connectés. Faible sourire en coin sur les lèvres carmin, les orbes de la princesse Ferreira se drapent d’un voile amer.

Devrais-je t’avouer,
combien tu es à la fois si proche de la vérité,
et si éloigné ?
Devrais-je te dire,
le château que j’ai réussi à construire,
celui qui a fini par se détruire ?


Éloignée de lui, elle l’a été, toutes ces années. Elle s’est tenue à distance de James plus que de n’importe quelle âme damnée au réseau criminel. Qu’il s’agisse de sa propre famille, ou celle ennemie, elle n’a jamais fui personne aussi bien que lui. Peut-être car, de tous, il est le seul, James. Le seul qui peut la faire flancher, dans ses ténèbres inavoués. Le seul qui osait lui susurrer les promesses douce et machiavéliques de cette alliance qu’ils avaient secrètement espérée.

Mais cela, Alix, elle ne l’admettra jamais.

Tu devrais savoir pourquoi je suis ici,
pour arrêter enfin tous ces non-dits,
pour obtenir les réponses à mes questions,
pour oublier cette interrogation,
la plus cruelle de toutes,
celle qui se murmure,
ici, là-bas, partout,
que tu sois responsable de tout.


Elle refuse de le concevoir. Mais elle réfute plus encore l’idée d’avoir un quelconque espoir. Elle ne devrait pas miser sur James, elle ne devrait plus le faire depuis longtemps déjà. Les chemins de leurs familles se sont tant opposés. Lui, elle ne sait même plus, qui il est. Non, elle ne devrait pas avoir ce putain d’espoir qui continue de battre ; elle ne devrait pas avoir cette lueur dans le myocarde pour lui dire que, peut-être, il n’est en en rien responsable. Hélas, si la louve a appris à se résigner, si elle n’a de confiance qu’envers les faits, il y a toujours ce fragment d’elle qui refuse sa culpabilité.

Tes prunelles qui me dévorent,
mon cœur qui se ronge,
à ces mots que tu poses,
sur ce que nous sommes,
ce que, nous étions.


Ils n’ont jamais fait dans la demi-mesure. Non, entre eux, il n’y avait que la passion pure et dure. Comme une danse endiablée entre les rivalités de leurs familles et cette frénésie qui les a toujours unis. Fougueuse, volcanique, explosive était leur relation. Jamais en perdition. Seulement, elle ne saurait dire, Alix, ce qu’elle fait vraiment ici. Elle éprouvait, juste, ce besoin de venir à tout prix. Et elle se rend compte, tout juste, que ce n’est que pour lui. Ce n’est que pour lui. Il s’avère pourtant que tout lui paraît terriblement difficile. Face à James, elle se sent, au bord d’un précipice. Comme si, toutes ces années, ils s’étaient seulement retrouvés au bord de cet abîme. Sans se relever, sans se laisser tomber. Un entre-deux douloureux à supporter. Mais subsistait le poids de sentiments inoubliés pour mieux les ancrer.

Jusqu’au moment de vérité.

Les pions commencent lentement à prendre forme sur l’échiquier. La partie vient tout juste, officiellement, de débuter. Pourtant, ce n’est pas un jeu ; ce n’est plus un jeu, depuis qu’elle a perdu son enfant. « Peut-être ne devrais-je pas être là non plus. Après tout, je suis du camp ennemi. Tous ceux qui m’ont reconnue doivent déjà imaginer ma sentence d’avoir osé franchir le pas de ton casino. » Ton casino, je l’ai bien décelé. Ton plus beau bijou, certainement. Tu t’es élevé pendant que je me suis enfoncée. Qui aurait cru, finalement, que ce soit moi qui me retrouves à terre, et toi, dans la lumière ? Elle étudie les contours de son visage, à peine vieilli, plus… affermi. Las des années passées, encore plus empreint cette maturité qui savait narguer l’arrogance de l’éphèbe. À cette époque où elle imaginait tenir à côté les rennes, devenir même, sa reine. Même dans ses gestes, alors qu’il repose avec finesse son verre, le souverain des ténèbres conserve ce calme qui l’a toujours rendue dingue. Elle sent, néanmoins, dans chaque parcelle de son derme, l’électricité qui les submerge. James, il fait illusion. Il a toujours fait illusion. Mais, elle, elle a toujours su mieux que personne, le faire sortir de ses gonds. Comme un pouvoir infaillible dont elle s’est toujours su maîtresse, elle s’interroge à cet instant, sur ce qu’il en reste.
Et elle se demande ce qui aurait pu arriver, soudain, si elle était restée.
Mais une nouvelle gorgée de son breuvage ambré se charge d’évacuer cette idée. « Je suppose que tu es fier de cet endroit. » elle balance sans prévenir, le timbre décoré de cette complaisance qui se lit entre les lignes. Au lieu de l’interroger sur les lieux qui respirent le vice, elle devrait lui parler de sa fille. Oser, enfin, mettre des mots sur les affres tortueuses qui l’ont envahie, plutôt que rester prisonnière de son déni. Mais c’est trop difficile. Même pour Alix.

Tu ne fais que retarder l’inévitable
tu ne fais que repousser ce qui te déchirera,
tôt ou tard,
c’est la guerre que t’es prête à livrer,
sur lui, que tu devrais déjà avoir tiré un trait,
pourtant, pourtant,
il y a quelque chose en toi,
qui ne veut pas,
quelque chose en toi,
qui se brisera,

tôt ou tard,
amour fatal.

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Message Sujet: Re: ô triste, triste était mon âme. (james)   ô triste, triste était mon âme. (james) Empty Mar 1 Déc - 16:21


ô triste, triste était mon âme
@alix romani

c’est autre chose tu sais, c’est autre chose. qui bat, qui combat l’absence, qui compte à rebours tous les mots échangés. les sentiments sont obscurs, la réalité demeure trouble, et ta disparition se confond à l’image d’aujourd’hui. je ne sais plus que voir, elle ou toi, toi ou elle. celle que j’ai appris à aimer, puis à haïr, celle qui devient une autre quand le deuil est consommé, que la vie s’est consumée, qu’il ne reste plus rien à trahir. les rêves bien sûr, mais les certitudes aussi. c’est autre chose tu sais, bien autre chose que de l’amour. ce mot là, il sonne faux. il sonne toujours faux lorsque nous sommes face à face. lorsque nous faisons mine d’être côte-à-côte.

james s’est longtemps demandé, ce qu’il aurait pu faire. pour la retenir, ou bien pour la faire céder, pour gommer l’illusion qui avait pris naissance dans des sentiments partagés. la fuite ou l’abandon, impossible forfait, qu’il n’était pas capable de commettre pour elle, le premier crime qu’il ne pouvait pas lui dédier. il y avait trop à conquérir, à bâtir, à relever. tandis qu’isaac s’enfonçait dans la tombe, c’était lui qui s’élevait, et qui frôlait enfin le digne tribu qu’il avait mérité, en supportant ce père aussi dur, aussi intransigeant et destructeur. il a fallu ravaler son orgueil si longtemps, être ce fils parfait pour survivre, pour compter, jusqu’à l’horreur, jusqu’à la colère la plus abyssale. c’est cette colère nourrie depuis des années, qui est venue s’enchaîner aux sentiments, cette autre personnalité qu’il n’avait que pour elle. à travers elle, il a compris qu’il pourrait devenir quelqu’un. il a pourtant préféré le règne de sa corruption, exister au sommet plutôt que dans le creux de ses reins. la solitude d’une acmé plutôt que l’illusion de la liberté. james s’est longtemps demandé, oui c’est vrai, mais il a su depuis le début, que le rêve se déchirerait sous le poids du pouvoir, comme ça s’est toujours fait dans son existence. il a su qu’il était le digne héritier de son père, exsangue de douceur lorsqu’il s’agissait de combler un autre manque, viscéral et constant, creusé par son avidité. il a su, il a su, mais la contradiction ne s’est jamais résolue.

parce que le manque laissé par toi est parfois pire que celui que mon avidité exacerbe. il y a des gouffres dont on ne s’éloigne pas, l’on crève d’y tomber encore une fois. une fois de plus pour exister encore. entre nos doigts reliés, il y avait tant d’apaisement parfois, ce trésor bien planqué sur lequel je veillais tel un fauve. mes griffes auront fini par le détruire. le détruire entièrement. alors pourquoi désormais que tu es auprès de moi, je le ressens. bribes d’apaisement, contentement diaphane. avidité d’une autre nature que celle qui cherche à posséder jusqu’à l’essence de l’autre. la faire sienne, la retrouver pour se retrouver soi. je ne sais même plus si c’est pareil pour toi. je préfère ne jamais l’apprendre.

elle est proche, bien trop proche. son parfum l’entête, ses yeux l’hypnotisent quand ce n’est pas sa bouche qui l’attire. il se maudit, il se déteste, il se trouve bien piètre roi face à cette addiction. il essaye de croire que ça n’est qu’un écho, dicté par ces habitudes inscrites dans la tête qui soulèvent les chairs. mais c’est bien plus que ça. c’est l’évidence. la seule qui demeure. la seule qui restera. au paradis comme en enfer. alors il attend, il attend avec une très factice patience, qu’elle porte enfin le coup qui échèvera l’acte. la tragédie consommée, il n’y aura plus que le sang à verser pour construire le final. choeur hurlant pour coeurs désunis, il cherche l’infamie pour sentir la blessure qui saura les vaincre une toute dernière fois.

vas-y, je t’en prie. dis-le. dis-le moi. ce que tu penses tout bas. ce que tu crois savoir, ce que tu crois connaître de moi. toutes ces images ignobles que tu as soigneusement peintes dans la douleur du deuil, la perte de ton enfant pour perdre les seules délicatesses qui demeuraient entre nous. si tu vacilles, si tu tombes, alors fais-moi tomber aussi. si tu renonces, si tu trembles, alors achève l’impuissance à laquelle tu m’as destiné. vas-y. alix. je t’en prie.

les iris de james tremblent, lorsqu’il croit enfin qu’elle portera bien haut les mots et les accusations qui sauront l’abattre. il ne lui restera alors qu’à se relever, plus détaché d’elle que jamais, impérial et froid comme il s’est lui-même imaginé. il n’y a que la ligne courbe de ce sourire inachevé, et l’amertume qui répond à la sienne pour mieux les silencer. l’estocade ne vient pas, la blessure s’esquisse mais redevient ce qu’elle a toujours été. douleur inachevée, que l’on chérit sans se l’avouer. au fond, il sait très bien, pourquoi elle s’est gardée de lui, avec autant de ferveur depuis toutes ces années. il sait très bien cet appétit qu’il pouvait réveiller. les ombres qu’il distille, elles sont les leur depuis le tout début. la fascination est mutuelle, même si elle s’est tant essayée à la rejeter. ces mots-là non plus, il ne saura pas les arracher. bouche carmin pour confidences éventrées. le secret demeure scellé. et dans leurs yeux, l’oraison de leurs amours, et ce très maladif espoir, qu’ils conservent sans le voir.

james serre sa mâchoire, leur lâcheté conjuguée est soudain aussi désagréable qu’elle lui est importune. il fixe un point au delà d’alix, un ailleurs où elle n’existerait plus, où il n’existerait plus non plus. l’espoir appelle toujours la colère, et il peine à croire qu’elle lui épargne la question par mansuétude. les doigts de sa main droite se replient. sur la surface polie du bar, c’est un autre silence qui se déjoue. éloquent silence qui donne un drôle de préambule à sa réponse. car elle ne sait pas alix. elle ne l’a sans doute jamais même imaginé, combien il continue de la protéger. malgré l’absence, il lui a bâti la plus imprenable des forteresses, contre lui et les siens. les ordres donnés, jamais transgressés, au point qu’il est bien loin d’imaginer que l’ignominie pourrait venir de son clan. car elle lui appartient toujours, malgré toute sa défection, malgré la désunion. elle lui appartient, sa vie, son âme, personne d’autre que lui ne peut décider de son trépas et il a décidé depuis toujours de la laisser en paix. de la laisser exister en dehors de lui, de la violence, de la passion auxquelles elle a renoncé. quand ses prunelles reviennent sur elle, la lueur est brûlante, un jugement y naît, y crève. le ton se resserre : si leur imaginaire cavale, tu sais que je suis le seul à décider. et il n’a pas su s’y résoudre.

je n’ai pas pu. je n’ai jamais pu te condamner. que tu puisses le croire me révulse autant que cela me sied. l’image est entière vu que tu y crois. tu y crois dur comme fer à la monstruosité que je peux déployer, car tu m’as vu la déployer tant de fois déjà. sauf contre toi. jamais contre toi. comment peux-tu être aussi aveugle que ça ? l’aveu demeure, rentré. jamais je ne saurais te le dire, jamais je ne saurais te l’avouer.

son casino c’est vrai. mais le sursaut d’orgueil ne vient pas. il regarde désormais alentour comme s’il découvrait le décor sobre, où le faste se distille dans quelques détails seulement. bien loin du luxe tapageur des autres casinos à atlantic city, c’est ici une toute autre parure. celles que l’on dévoile ou dévoie, avec langueur, comme pour en ressentir la dangerosité, sous la pulpe des doigts. à son image, à elle. c’est exactement ce qu’est le sinners. il aimerait lui demander si le décor lui plaît. et si elle le ressent, l’écho de leurs imaginaires, la fièvre de leurs tourments. mais il se tait, il continue de se taire, et ses oeillades blasées font le tour du propriétaire. il lui sourit, différemment avant de relever le menton et de lui lancer, piqué au vif sans doute, comme s’il voyait dans sa simple remarque un reproche larvé : une conversation d’agrément ? c’est ça que tu choisis ? il hausse un sourcil, un brin de mépris vient durcir ses traits. alors oui, alix, j’en suis fier, ce qui t’aidera sans doute à détester les lieux, tu vois, je te mâche le travail. ce que j’ai toujours fait. ses paupières se plissent, il n’est pas ignorant de la tactique dont elle abuse pour gagner du temps, mais il peine à comprendre ses motivations. est-ce véritablement une façon de repousser la question qui lui brûle les lèvres, ou bien une façon de le narguer plus encore, afin de survoler l’échange, d’en demeurer la maîtresse. il n’aime que peu ce jeu-là, et jamais ne s’est encore résolu à jouer la montre pour se détourner de ce qui pouvait l’atteindre. n’a-t-il pas lui-même déclenché la conversation qui mit fin à leurs irrésolus ? une fin… à les voir désormais, l’un et l’autre à se jauger, c’est passablement ironique. on dirait bien le commencement. il soupire quelque peu en regardant ailleurs, tandis qu’il trace un geste envers son serveur, pour qu’il remplisse son verre. il se rappelle qu’elle a perdu sa fille, sent un malaise soudain s’instaurer dans son estomac, c’est qu’il ne peut se permettre de lui présenter ses condoléances. il ne la regarde pas, lorsqu’il statue tout bas : faut-il que je fasse semblant ? de ne pas savoir, alix ? que je te parle des travaux, du choix du revêtement du sol aussi, des filles qu’il a fallu recruter, du type là-bas qui vient d’intégrer la sécurité ? tu veux quoi, une conversation charmante ? avec moi ? moi ? tu n’as pas un autre endroit où tes faux-semblants convaincront quelqu’un qui ne te connaît pas ? t’as oublié ?

le commencement. les mots qui sortent, qui s’accumulent, qui continuent de dévaler l’absence, la contrariété de parage, des atours déchirés qui peinent à la maquiller. il a beau se rappeler qu’elle souffre, les règles qu’elle tente d’édicter, il ne s’y pliera pas. il ne s’y est jamais plié. et c’est sans doute pour ça, uniquement pour ça qu’elle est venue le trouver. la brêche s’ouvre, et une seconde il la maudit d’avoir su l’ouvrir la première, comme toujours, comme autrefois. il sait qu’elle l’utilise et il se dit que pour elle, il n’y a eu peut-être rien que cela.

t’as oublié comment c’était ? toi et moi ? comment on ignorait comment se dire des banalités, comment tous nos mensonges on savait les déjouer ? ce qu’il a fallu déployer pour que tu craches ton ultimatum, quand tu fuyais et moi et toute cette liberté, à laquelle tu aspirais ? il en reste quoi, désormais ? qu’est-ce qu’il en reste vraiment ? est-ce que ça a seulement jamais existé ?
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Message Sujet: Re: ô triste, triste était mon âme. (james)   ô triste, triste était mon âme. (james) Empty Mer 2 Déc - 12:58


◐ ◐ ◐  
{ ô triste, triste était mon âme }
crédit/ verlaine ☾ w/@James Marlowe
à l’orée d’une guerre qu’elle n’est pas prête à faire,
elle se remémore l’amour qui s’achève,
elle qui part, lui qui reste,
lui qui choisit cet enfer,
plutôt qu’elle.

Comme s’il savait. Comme s’il avait toujours su, James, qu’elle reviendrait. Que le poids qu’ils portent sur leurs épaules est impossible à délester. Que, tôt ou tard, elle réaliserait. Alix, elle s’est échappée, toutes ces années, elle a filé aussi loin qu’elle le pouvait. Elle a construit une vie si différente de tout cet univers. Une vie loin de l’ombre, dans la richesse et la lumière. Une vie de princesse, pour celle qui aurait pu être reine. Elle a délesté la couronne de sa famille, autant que celle qu’il lui avait promis. Elle a tout abandonné, Alix, juste pour être libre. Juste pour le droit d’être elle-même sans les rouages pervers de cette vie rongée par les vices destructeurs, nocifs ; de cette vie corrosive.

Mais elle est revenue,
comme un chemin impossible à contourner,
elle aurait beau avancer,
elle aurait beau courir le plus vite qu’elle pourrait,
ses pas ont fini par la ramener là où tout avait commencé.

Elle est ici.

Avec lui.

Peut-être prend-il un plaisir malsain à la voir devant lui, après qu’elle ait affirmé, si sûre d’elle et de ses convictions, que jamais plus, elle ne reviendrait. Peut-être qu’il est, tout au contraire, en colère, de constater ce retour imprévu après un départ considéré comme la trahison ultime. L’exilée ignore les songes qui peuvent le traverser, les rêves broyés, les désillusions refoulées. Elle ignore l’emprise qui lui reste sur cet homme qui l’a tant aimée ; et peut-être plus encore détestée. Il paraît plus serein qu’elle ne l’est, dans l’attente des prémices d’une conversation qu’il doit déjà deviner. Ou, peut-être, comme elle, la redoute-t-il trop pour oser l’affronter.
Mais, sait-elle, au moins, ce qu’elle est venue chercher ?

J’ai voulu me convaincre si fort, que tu n’étais personne,
me persuader que mes desseins fantasmés feraient abstraction de ton nom,
me supplier moi-même de me rappeler de cet amour comme archivé,
que je ne ressentirais rien à tes côtés,
que peut-être, même, je pourrais oublier,
que dans une autre vie, on s’était déjà croisé,

j’ai voulu me persuader, James, que tu ne comptais pas,
mais je suis paralysée de te voir là,
je suis paralysée d’être confrontée à toi,
tout mais pas toi,
pas toi.


Le seul à décider. Le timbre assuré, il affirme, la voix qui paraît tellement persuadé. Comme s’il n’en doutait pas une seconde, James. Comme s’il savait qu’il avait la vie de son amour cendré entre ses mains. Des mots que, naïvement, elle aurait cru, avant. Avant que sa fille ne trépasse ; avant qu’elle ne devienne une mère endeuillée à vingt-huit ans. Mais les mots censés apaiser ses tourments ne les renforcent encore que davantage. Le souverain laisse apparaître, par quelques paroles insufflées comme une évidence inoubliée, le pouvoir beaucoup trop grand qu’il peut posséder. Trop grand pour qu’elle soit atteinte, sans qu’il n’en soit l’expéditeur. Sans qu’il n’ait, lui-même, décidé de lui déraciner le cœur. Ce cœur qu’il a fait battre pour la première fois, il en a arraché de sa poitrine, l’a fait sortir de sa cage thoracique, pour en écraser sans retenue les débris. Il l’a tuée. Ils l’ont tuée. Flora, son ange, pour mieux détruire celle qui l’a mise au monde.

Et peu à peu, je me dis que c’est vrai. Que tu l’as vraiment fait. Toi, ta famille, ou un fidèle allié. Peu importe qui a mis le coup fatal, il n’y a que toi qui aurais pu décider de son trépas. Tu as sonné le glas, pour Flora, mais aussi pour moi. Pour nous. Pour tout ce qu’on a été, tout ce qu’on ne sera plus.

Les doutes avoués, il y a quelques jours seulement à Gregor, lui reviennent en mémoire comme un boomerang trop violent. Elle s’entend prétendre qu’elle n’imagine pas l’homme qui lui a fait découvrir l’amour opter pour sa destruction sous sa forme la plus dure. Elle se remémore, aussi, avoir dit qu’elle ne le connaissait plus. Qu’elle ne voulait fausser aucune piste, n’oublier aucun coupable de son agonie. Elle soutenait sa pensée, arrogante, assurée, prédatrice aux envies assassines. Mais c’est en ce moment seulement, alors qu’elle se retrouve enfin en face de son premier amour, qu’elle subit cette torture. Comme si, jusqu’à présent, elle refusait de le croire tout à fait. Elle refusait de s’avouer une vérité qu’elle n’était pas prête à encaisser. Alix, pour la première fois depuis une éternité, elle fait preuve de la plus terrible lâcheté.
Car il suffit, lui.
Il suffit à lui retirer le peu de forces qui lui restait, les convictions dont elle s’était persuadée, l’intransigeance qui la maintenait la tête relevée. Elle se sent lâche, fuyarde. Elle se déloge de cette explication, de ses réponses qu’elle est venue trouver mais dont elle se soustraie, en déliant le sujet. Mais il répond d’abord de ce sourire, ce sourire entaillé qu’elle n’est pas sûre de reconnaître, de ce sourire qui présage que la suite ne va pas lui plaire. Puis, les mots qui viennent, accusateurs. Révélateurs. De cet univers auquel elle refuse de ressembler, de cette horreur qu’elle a si peur de sublimer. Il est pourtant beau, son casino. Empreint de cette subtilité sensuelle ; de ses décors à ses couleurs. Il respire la classe et la la puissance, tout à la fois, le raffinement impérial. Tout ce qu’elle rejette, peut-être parce que ça lui ressemble trop bien.

Et c’est touché.

James – 1
Alix – 0  

Elle est enveloppée de ce malaise qui l’étreint malgré elle. De cette culpabilité venue d’ailleurs devant la froideur dont il fait preuve. Les opales détournées, un instant, elle part trouver refuge sur le cristal de son verre. Et le silence qui la gagne, le silence qui les préserve, encore, de cette guerre. Mais James a toujours été plus mature qu’elle. Sans prévenir, il évacue les badinages préliminaires, enclin à assumer cette haine. Celle qui fait rage en elle. En eux. Celle qui les consumera à petits feux. Assurément, il est plus courageux. Car s’il croit qu’elle maîtrise ce jeu à merveille, il n’en demeure rien. Elle ne détient pas les rennes, Alix, elle ne contrôle rien. Elle n’est pas venue accomplir sa vendetta, ce soir. Elle est juste venue… le voir. La confession qu’elle n’a pas osé s’avouer, elle la frappe de plein fouet, quand elle le découvre aussi loin de la vérité.

Faut-il qu’elle doive le rassurer ?
Lui dire, combien elle n’a pas oublié ?

Non, je n’ai pas oublié, James.
Je n’ai pas oublié tout ce qu’on s’était murmurés, tout ce qu’on s’était promis,
je n’ai pas oublié combien tu savais lire, deviner tout ce que je ne savais pas dire,
je n’ai pas oublié combien la vérité nous frappait de plein fouet, chaque fois que je te retrouvais,
je n’ai rien oublié, surtout pas comme tu m’aimais, et combien tu as dû me détester,
quand je me suis exilée, quand je t’ai abandonné.


Il y a ce flot de sentiments contradictoires et violents qui la submergent. Comme autant de vagues qui se déchaînent. Une tempête, un orage qui fait rage, en elle. Une myriade d’amour et de haine qui hurlent à l’intérieur d’elle. Mais la princesse exilée garde sa couronne relevée. Et elle, tout à son opposé, le fixe sans flancher. Certainement pour compenser sa lâcheté, d’avoir tout fait pour repousser ce moment. Cet instant. Le commencement qu’elle attendait tant. « Parce que tu crois que c’est facile, James ? Tu crois que c’est facile pour moi, d’être ici ? » ici, face à lui. Ici, sans sa fille. Ici, dans sa vie. Il n’y a rien de facile, rien qu’elle ne parvienne à surmonter, Alix. Elle se sent, juste, à la dérive. C’est plus vrai encore auprès de lui. Un soupir s’échappe de ses lippes, avant qu’elle ne poursuive. « J’ai l’impression d’être dans un puits sans fond. Et chaque fois que je crois que la chute va se terminer, elle continue, encore et encore sans que je puisse me retenir à rien. » elle repousse son verre, détourne la tête, lui offrant la vision de sa crinière. Elle déteste, Alix, paraître aussi faible. Elle ne sait même pas comment elle a pu en dire autant. Ça ne lui ressemble pas, elle ne l’a fait avec personne avant. Aucun de ses frères, ni son époux, ni personne avant lui. Peut-être qu’il n’a pas perdu le pouvoir qu’il a toujours eu sur elle. Peut-être qu’il conservera toujours une certaine emprise sur elle. Il est son premier amour, James. Celui qui lui a fait entrevoir des fragments d’elle qu’elle ignorait avant lui ; celui qui a su mettre à nu son corps autant que son esprit. Il a effleuré son âme, dans l’adoration de ces amours juvéniles ; dans la fascination qui les caractérise.

Est-ce l’emprise ou le manque ? Est-ce la possession d’autrefois ou la douleur de cette distance ? Je ne sais pas. Je ne sais pas ce qui me rattache encore à toi. Mais, dans les débris de la vie que je viens de perdre, je retrouve encore des morceaux de toi. Des analectes de ce que tu as été pour moi.

Elle se sent fragile, elle se sent démunie. De cette vulnérabilité qu’elle n’a jamais assumé, cette fébrilité qu’il savait déjà trop bien provoquer. Elle n’est pas en train de le manipuler, ni d’aucune manière tenter de le malmener. C’est elle, bien plus que lui, qu’elle continue de torturer. De ces questions qui ne cessent de tourner et la tourmenter, de ces questions qu’elle n’ose pas poser. Ce serait trop douloureux d’entendre ses soupçons se confirmer. Entendre une réalité qu’elle ne parvient toujours pas à croire vraie. « Je ne savais pas ce que j’étais venue chercher ici. J’essayais de ne pas penser à toi. De me dire que je venais juste… voir le clan rival. » Car c’est ce que nous sommes, n’est-ce pas ? Deux familles rivales. Deux clans qui s’acharnent. Deux gangs qui s’affronteront jusqu’à la fin. C’est ce que nous sommes et, peut-être, que ça me tue un peu de l’avouer. Mais c’est encore plus ravageur pour moi d’envisager ta responsabilité. Ta culpabilité dans le trou béant que je ressens à chaque souffle. À chaque respiration qui m’éloigne d’elle pour toujours. Le verre qu’elle termine, un autre qui arrive. Elle se sent toujours au bord de ce putain de précipice. Sans pouvoir sauter, sans pouvoir reculer. Elle est, juste, là, piégée. Prisonnière de tout ce chaos qu’elle a été incapable d’éviter. Prunelles noires rivées sur lui, elle termine. « Ça vient de chez toi, James. Je serais stupide d’espérer le contraire. » stupide ou bien naïve. Mais elle n’a jamais été aucun des deux, Alix. Elle a la méfiance d’une panthère, l’intuition d’une tigresse. Évidemment, qu’elle sait. Elle sait qu’ils sont coupables. Elle sait qu’ils sont coupables.

Pourtant il y a toujours cette part de moi,
celle qui ne veut pas y croire,
celle qui refuse d’y croire,

Parce que tu ne les aurais pas laissés faire ça, si ?
Faut-il que tu l’aies choisi, pour que mon cœur se détruise ?
Faut-il que tu l’aies décidé, pour qu’ils aient osé me briser ?
Faut-il que toi, tu aies voulu m’achever ?

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Message Sujet: Re: ô triste, triste était mon âme. (james)   ô triste, triste était mon âme. (james) Empty Jeu 3 Déc - 19:13


ô triste, triste était mon âme
@alix romani

rester. rester encore. sais-tu ce que cela fait ? il paraît que partir, c’est mourir un peu, c’est ce qu’ils disent. mais est-ce que rester en arrière, pour tenir à bout de forces tout ce que l’on espérait à deux, ça n’est pas crever aussi ? voir se fracasser les rêves, et perdre ce à quoi l’on tenait ? la fièvre dans le corps, t’étreindre entre mes bras, être entier, puis ne plus être rien, du jour au lendemain. est-ce que ce n’est pas cela mourir ? mourir vraiment ?

il a choisi, il a choisi mais ne s’est jamais résolu à ravaler la colère que ce choix forcé avait décuplée. en lui, bien sûr, mais surtout envers elle. image adorée qu’il a fallu honnir, honnir et imaginer froisser. dans un poing serré. et savoir intimement qu’il serait incapable de porter l’offense sans se perdre complètement. c’est cela, c’est cela qu’il a fallu choisir, et tolérer. c’est la mort d’un amour, mais aussi la découverte de soi, l’image si peu flatteuse qu’on la croit monstrueuse. un monstre pour eux, un monstre pour tout le monde, la froideur d’un empire pour des actes sanglants. image défigurée. celui qu’il a été avec elle n’est plus, n’a jamais existé. c’est bien cela la vérité, n’est-ce pas ? alors il faudrait qu’il tolère, l’affront de plus, l’affront de trop, celui qui à rebours remet en question la corruption qu’il a fallu bouffer. celle qu’il a fallu enfoncer sous l’épiderme si profondément qu’être le monstre qu’il croit n’est qu’un acte de plus, à porter au milieu de leur petit théâtre. minuscule théâtre où la tragédie palpite à chaque instant, un univers à bousculer, à tordre, à violenter. encore et encore. sauf que le théâtre s’écroule et que la tragédie se consume, désormais qu’elle en gomme le dénouement. le choix qu’elle reprend, c’est le choix qu’il a dû supporter seul toutes ces années. qui l’a modelé, entièrement façonné. et qui n’a plus aucun sens si elle trahit la promesse qu’elle avait faite. de se sauver, de plonger dans cette vie à laquelle il était incapable d’adhérer. la vie pour elle, la mort pour lui, deux facettes opposées, à jamais séparées. que reste-t-il désormais de la fracture si elle revient osciller, prête à tomber, prête à se corrompre à son tour ? que reste-t-il de ce choix, du personnage qu’il a élevé avec rigueur, avec une rage consommée ? que reste-t-il de lui ? d’elle ? et pire encore, que reste-t-il d’eux ?

le plaisir est exsangue. james ressent la fracture gronder à l’intérieur, ronger ses esprits, ramper sur ses projets. il a l’impression que le décor bascule, que son élégance dégouline, pour mieux les engloutir. il peine, oui, il peine à chaque seconde de leur conversation à conserver ce calme qui l’a toujours habité. l’alcool n’y fait rien, il pourrait s’enivrer jusqu’à tout oublier qu’elle serait encore là. devant lui, à tout renier, à tout remettre en question. elle serait encore là. le néant à l’intérieur, le néant tout autour. et elle au milieu. il ne la regarde plus, la conviction l’abandonne, prétendre apparaît presque impossible tant en lui tremble les résolutions d’hier, prêtes à rompre, ou à éclater. il pourrait continuer de se raconter qu’il ne ressent rien, il pourrait le lui dire, lui dire qu’elle ne représente plus que cet accident de jadis qu’il a froidement balayé. apparaître tel le roi de ses enfers auxquels elle l’a condamné. il pourrait, il pourrait. les mots se disloquent. les mots eux-mêmes deviennent incertains.

je pourrais, je pourrais oui, mais ça ne serait pas vrai n’est-ce pas ? à jamais étrangère, si seulement c’était seulement possible. à peine tu reparais que tous les espoirs se conjuguent pour peindre des hurlements. devoir te détruire devient aussi séduisant que t’obliger à me rejoindre dans ce néant sur lequel tu as craché. j’ai tant voulu te préserver, j’ai tant souhaité me dire que tu étais sauve, à l’abri de nos trahisons, évincée du grand échiquier où seule la condamnation t’attendait. échec au roi. que reste-t-il alors de la reine ? que reste-t-il d’elle si elle tremble aussi ? si elle renâcle à achever le mouvement ?

alors il prétend, c’est tout ce qui demeure. la prétention de ces ordres qu’il donne, ou plutôt de ceux qu’il n’a pas su donner. quand il veut lui assurer qu’il ne l’aurait jamais mise en péril, c’est le contraire qu’elle entend, qu’elle comprend. l’image si parfaite qu’il a su façonner devient son altérité, car c’est ce qu’elle voit, c’est ce qu’elle est venue admirer. l’ennemi plutôt que l’homme, l’idée plutôt que le souvenir. d’autres certitudes factices pour mieux enterrer les avenirs. l’avenir est mort le jour où la gosse a rejoint la tombe, il le sait lui aussi. les seuls espoirs qui demeurent sont des chimères qu’ils ne pourraient embrasser. au risque de se perdre. au risque de tout perdre. pourtant, en cette soirée, james aimerait tout risquer pour qu’elle n’ait pas à croire qu’il est l’instigateur de son malheur. il se plaît à faire mine d’ignorer l’implicite tant qu’elle ne prononce pas la sentence. la seule qui déchirerait l’instant fragile dans lequel ils semblent se rencogner. jusqu’à la rupture. jusqu’à la rupture. il ne peut ignorer tous ces murmures qu’irène a déjà versés dans son esprit. ceux qui prédisent désormais une guerre que personne ne saurait arrêter, une prophétie devenue leur unique réalité. ils croiront que tu as frappé le premier, c’est ce qu’ils croiront. c’est ce qu’elle lui a dit, et c’est la vérité. car c’est ce que croit alix, et sans doute toute sa joyeuse fratrie… la vérité a toujours plusieurs visages, qu’importe cet ordre qu’il n’a jamais prononcé, la conclusion donne de la teneur à tous leurs irrésolus. mais tandis qu’elle fuit la confrontation, il n’est plus totalement sûr de lui. pourrait-elle être uniquement venue déjouer ses doutes ? les seuls doutes ne sont-ils pas suffisants pour les faire basculer cependant ? si elle hésite, comment pourrait-elle croire ce qu’il devrait lui dire ? les mots d’irène reviennent tourner, encombrer sa tête. au milieu des hurlements ce sont d’autres cris que l’on pousse. tu sais que c’est la seule chose qu’ils attendaient. une raison de te haïr. une raison de te détruire.

la vérité, la vérité, alix, qu’est-ce que c’est ? dis-moi, dis-moi… qu’est-ce que c’est si tu n’oses même pas me demander si je suis celui qui a gravé l’opprobre sur ton front ? si je suis celui qui a osé, osé enfin tout broyer ? achever ce que tu avais eu la lâcheté de laisser palpiter ? la vérité, la vérité, sous le poids des croyances, finira toujours par s’étrangler. disparaître sous l’envie inscrite depuis la génèse de notre trop courte histoire. une ferreira avec un marlowe, quelle vérité au milieu de tout ça ? quelle vérité. risible fable que tu as toi-même avortée. et tu as bien fait.

il se repaît, il ne peut pas s’en empêcher. du malaise qu’il a réussi à créer, qui semble la faire un peu plus ployer encore. où est-elle donc passée ? l’impérieuse créature qu’il avait élue telle son égale ? s’est-elle donc tant oubliée dans la vie ridicule à laquelle elle aspirait ? a-t-elle rogné ses griffes, a-t-elle oublié avoir des crocs ? james aspire à la blessure, pour mieux se réveiller. les mots se précipitent pour s’insérer dans les fêlures qui s’exhibent, donnent une autre tournure à l’échange, cherchent à traquer ce qu’elle ne dit pas et qu’il entend déjà. son ton est plus incisif à présent et s’il s’est permis de reprendre un instant son souffle sans plus vouloir la voir, c’est leur reflet qu’il saisit dans les surfaces métalliques du bar. reflets déformés, une dualité enchaînée. son coeur bat plus fort, c’est invincible, irrépressible. ses prunelles lui reviennent, plus sombres, plus abîmées par des sentiments qui le trahissent tout entier. invoquer à haute voix le passé, c’est comme s’ils pouvaient le frôler, le toucher, le saisir, tous les deux. et quand il rencontre ses yeux, c’est pour comprendre que pas une seule seconde elle ne s’est détournée de son profil. couardise inversée. le souffle de james se suspend, car il croit qu’elle va le lui dire. il croit que ce qu’elle balance au front du passé, c’est l’accusation la plus triviale qui soit. alors quand la confidence se délie, son visage change. les sensations se bouleversent, et tout son être à cet instant aspire à la protéger de ce qu’elle dévoile. le néant, le néant qu’elle dépeint, c’est le sien, et jamais il n’a souhaité l’y condamner. sa gorge se serre, et il boit les mots, il destitue la reine déjà déchue pour la retrouver elle. alix. alix. il sait ce qu’elle expire, avec douleur, devant celui qui devrait être son ennemi. il sait le poids de l’aveu. le peu d’insolence qu’il conservait est en train de lentement le quitter, et rien, rien ne lui permet de se raccrocher à l’image qui s’effondre sous la délicatesse des blessures qu’elle lui montre. sa main s’avance, il la pose sur la sienne, quelque chose d’infâmant il le sait, mais c’est un réflexe arraché au passé. car en cette unique seconde, suspendue, incertaine, à la fragilité équivoque, elle lui a été rendue. alix. il ne dit rien, il en est incapable, les mots se bousculent pour tous s’interdire. ils se contredisent, viennent peindre d’autres mirages à leur réalité. implacables. ses doigts étreignent les siens. sa mâchoire serre, retient les confidences qui pourraient s’échanger, se délivrer enfin. tout ce qu’il ne lui a pas dit, tout ce qu’il n’a pas pu lui avouer pendant des années. lui aussi reparaît. james. uniquement james. seconde injure, seconde impure.

le contact électrique, de ta peau contre la mienne. j’y ai aspiré si souvent. si souvent. j’ai tant à te dire, si tu savais, tant à répondre à ce que tu viens de me confier. je pourrais, tu le sais, je pourrais te rattraper. rompre cette chute qui n’a rien d’une finalité, qui n’aurait jamais dû te précipiter. vers ce monde irrévérencieux dont tu ne voulais pas faire partie. je pourrais, je pourrais juste t’emmener, non pas dans les ombres. mais te rendre à la lumière dans laquelle tu apprendrais de nouveau à vivre. car c’est la seule capable de te sublimer alix. je le sais. et toi, tu l’as juste oublié.

et il serre plus fort. au moment où les mots entraînent d’autres révélations, celles qu’il a toujours souhaité lui arracher. pourtant le triomphe n’est pas là, tout ce qu’il ressent c’est un désarroi tel qu’il ne parvient pas à maquiller la peine qui fait trembler ses yeux. il la regarde alix, il la regarde encore. sa chevelure, puis ce visage ravagé qu’elle offre, par les affres de sa douleur. il ne l’interrompt pas. il aurait sûrement dû. car alors qu’il se laisse entrevoir, la brûlure de sa phrase achève la fragilité. la défigure. sa main se retire, avec beaucoup plus de rapidité qu’il ne l’aurait souhaité, la blessure qu’elle a portée s’expose à son tour et le visage de james se creuse d’un sursaut de rage. le seul sentiment qui puisse se glisser dans le sillage trop profond de la faiblesse dont il vient de faire preuve devant elle. il passe ses doigts dans ses cheveux, parce qu’ils tremblent. il ne quitte plus ses iris noires qui le toisent à présent. elle prononce son prénom pour mieux le repousser.

c’est donc tout ce que tu crois. c’est donc ça, la vérité. la seule vérité qui nous reste, l’unique héritage que l’on aura, toi et moi ? la rivalité exhumée pour n’avoir pas su se retrouver ? pour n’avoir su ni l’un ni l’autre transiger ? c’est donc tout ce qui est…

le masque de james retombe, modèle son visage dans une nouvelle fixité. l’émotion qui l’a traversé semble n’avoir jamais pu s’épanouir sur ses traits. pourtant elle est encore là, à marteler sa tempe, à combattre son souffle, tout contre ses côtes. il a un ricanement amer, une tonalité qui s’ébrèche sur la froideur du constat. oh mais porte tes accusations plus clairement. vire le conditionnel de ta phrase vu que visiblement tu as déjà une opinion formée. il jure entre ses dents serrées, et vide son verre. lorsqu’il le repose cette fois-ci la colère fait résonner la surface polie du bar. un bruit de fracas qui cadre très bien avec tout ce qu’il ressent. son orgueil piétiné se relève entier, il rayonne d’un instinct qu’il ne parvient plus à brider. c’est ce que t’as dit non, le clan rival ? hein ? alors qu’est-ce que tu viens faire ? chercher la vérité, ou ressentir les prémices de la guerre ? y a quoi au bout de ce chemin-là ? dis-moi, parce que ça m’intéresse. et quand il repose sa main sur la sienne cette fois ça n’est pas en signe d’apaisement. ses doigts suivent la ligne de son poignet, jouent, dénigrent, puis enserrent. pour faire mal, pour qu’elle quitte les couverts de ses espoirs qu’elle est de toute façon prête à trahir et à falsifier. il avance son visage vers le sien, la jauge, et la juge. les deux à la fois. et sa langue vipérine caresse chaque syllabe. dis-moi ce qu’il y a après ça ? car il n’y a pas de retour en arrière. c’est ce que tu avais dit, et maintenant tu viens me cracher tes accusations à la gueule ? ici, chez moi ? tu crois qu’il va se passer quoi, mon amour. il appuie le mot comme un parjure. et si ses doigts malmènent son poignet, du revers de son autre main, avec lenteur et minutie, il vient frôler le creux de sa joue.

dis-moi donc, chante-moi l’hérésie à laquelle tu nous condamnes. prononces ces mots que tu n’as jamais eu le courage de porter. car quand tu es partie, quand tu es partie, c’était pour échapper à cela. et à présent, tu les prononces pour mieux plonger. plonger dans ce néant que tu viens de m’avouer. alors plonge. oh oui plonge. plonge avec moi. je ne te retiendrai pas. tu ne m’en as pas laissé le pouvoir, tu ne m’as pas laissé le choix. hier, aujourd’hui. c’est pareil. hier peut crever vu que tu n’as pas permis à aujourd’hui d’exister.
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Message Sujet: Re: ô triste, triste était mon âme. (james)   ô triste, triste était mon âme. (james) Empty Ven 4 Déc - 20:26


◐ ◐ ◐  
{ ô triste, triste était mon âme }
crédit/ verlaine ☾ w/@James Marlowe
Imagines-tu ce que c’est,
d’aimer quelqu’un avec une telle intensité,
que l’on pense tout possible à ses côtés,
la vie rêvée,
la liberté,
tout ce que l’on n’aurait jamais osé espérer,
les entrevoir, enfin, avec toi,
y croire, grâce à toi,
et réaliser,
comme tu es à l’opposé,
comme tu te complaisais,
alors que j’aspirais à tellement mieux,
tellement mieux pour nous deux,

je t’ai aimé si fort, James,
que je nous croyais au-dessus du reste,
au-dessus de ce monde de criminels,
dans un autre univers,

et toi, toi. Toi, tu l’as préféré. Tu les as tous préférés.


Partir n’était pas facile. L’exil a été incontestablement un choix terrible, le choix le plus difficile. Le plus douloureux qu’elle n’ait jamais eu à faire de sa vie. Elle a créé cette cassure indélébile, cette fracture avec sa famille. Cet abandon envers lui. Son petit-ami, l’homme de sa vie. Celui auquel elle se croyait destinée, celui qu’elle voulait pour l’éternité.
Partir a été abominable.

Mais te voir, toi, rester, a été pire que tout.

Elle a dû apprendre à se construire sans lui. Non seulement sans le sang qui avait toujours choisi pour elle. Mais aussi, sans l’homme qui voyait en elle, ce qu’elle pouvait être ; ce qu’elle pouvait être de mieux ou de pire ; ce qu’elle était de la manière la plus authentique. Elle a perdu un fragment d’elle quand elle l’a quitté, un fragment qu’elle n’a jamais pu retrouver. Alors elle se doute, elle sait. Combien elle a sans doute bouleversé, non seulement un cœur amoureux, mais aussi tout une famille. Ses sœurs, Irène. Elles  étaient aussi devenues une partie d’elle. C’est à eux tous, entiers, qu’elle a prononcé ces adieux. Elle vit, chaque jour, avec la culpabilité d’avoir tout bouleversé. Mais aussi, l’instinct de survie qui lui rappelle qu’elle y était contrainte et obligée. Forcée pour son propre bien, à partir loin. Le plus loin possible. Ne jamais revenir.

Ne jamais revenir,
jusqu’à aujourd’hui.

Elle a cédé bien avant, les petits crimes de plus en plus grands. L’aide occasionnelle, apportée à ses frères, chaque fois qu’ils en avaient besoin. Elle n’a pas été capable de se délivrer, Alix, pas totalement. Comme si elle était accrochée à eux involontairement. Comme si c’était là un instinct bien plus fort qu’elle, un cri du corps venu tout droit de ses veines. Malgré les ambitions éclatantes, malgré cette obstination acharnée à aspirer à cette vie à laquelle elle avait droit, malgré tous les efforts pour se prouver qu’elle ne voulait plus appartenir à la mafia. Malgré toutes ces choses, tant d’autres encore, la louve combattante en elle a sorti les crocs. Sans le vouloir, sans le contrôler véritablement, elle a juste cédé à l’appel du sang. Comme une toxicomane en manque, elle a cédé. Un peu d’abord, puis de plus en plus dangereusement, jusqu’à attirer sûrement trop l’attention. Celle de James, celle d’Irène, ou peut-être l’un de leurs subalternes. Suffisamment pour qu’on la mette hors-circuit, elle, la seule fille de cette famille. L’électron libre, bien trop imprévisible, bien trop capable de tout détruire. Alix, celle qui pouvait rompre l’équilibre, celle qui pouvait semer le chaos d’un battement de cils. Ils ont voulu la mettre hors d’état de nuire. Ils ne savaient pas qu’ils déclencheraient en elle le pire. Ils ne savaient pas qu’ils réveilleraient cette lueur assassine.

À condition, peut-être,
de ne pas se retrouver face à James.

Je ne sais pas ce qui m’arrive. Je ne sais pas comment je peux m’autoriser à être aussi fragile. Tu sais, je ne l’ai pas été jusqu’à aujourd’hui. Tu le sais aussi, j’ai trop bien appris à me contenir. À demeurer de glace quand le feu m’étreignait. À garder la tête relevée, quand tout me pousse à succomber. Tu le sais, James, tu te souviens ? Comme j’étais incapable de verser la douleur que j’éprouvais, combien je retenais la souffrance diluvienne de couler. Tu sais, James, comme ça n’a pas changé ? Comme je résiste à l’appel des perles salées, devant lui, devant eux, devant le monde entier. Comme si je n’avais pas le droit d’être faible, juste, parce que je dois me battre pour elle.

Un soupçon de vulnérabilité, la fissure apparaît, laissant visibles les plaies qui n’ont pas cicatrisé. La douleur d’être en vie mais de ne plus se sentir exister. Juste, couler. Couler au plus profond dans les abysses de l’obscurité. La princesse Ferreira ne s’explique pas, comment elle peut craquer devant le chef du gang rival. Il est la dernière personne devant laquelle elle devrait dévoiler ses faiblesses. Il devrait être celui qu’elle menace et qu’elle transperce, de ses opales de verre, de ses prunelles qui appellent à cette guerre. Seulement, ce n’est pas à son ennemi, qu’elle se confie, là, tout de suite. C’est à lui. Au souvenir qui lui reste de lui. À cet amour déchu mais indélébile. À cette union rompue mais dont les liens persistent. À lui. James. James. Toujours James.

Pourquoi, bordel,
pourquoi tout la ramène encore à James ?

La vérité. La vérité, c’est que tu m’as marquée. De tes mots d’amour et de ta dévotion insoupçonnée. Mais, aussi, de ton obscurité. Tu sais, James, il n’y a qu’avec toi. Il n’y a qu’avec toi que j’ai été capable d’assumer cette part de moi. L’aura sombre plus facile à entrevoir. Mais, aussi, la fragilité qui l’accompagne. La fragile terreur d’un mal qui m’attirait, me captivait autant que je le refoulais. Il n’y a qu’avec toi que j’osais m’admettre mes propres contradictions. Il n’y a qu’avec toi que je n’avais pas peur d’affronter mes émotions. Et tu sais, James, ça me manque. Ça me manque de crier si fort, puis de pleurer encore plus fort. Ça me manque d’avouer, combien je suis effrayée, chamboulée, déracinée, paniquée, brisée. Ça me manque d’être vraie.

Elle pourrait se confier à quelqu’un de bien plus approprié que lui. À commencer par son mari. Seulement, Ezio, elle lui cache cette noirceur qui l’habite. Elle lui cache tellement, tellement de choses qui l’ont envahie. Plus encore que sa responsabilité dans le trépas de leur fille, elle ne pourrait jamais lui dire. Jamais lui confesser ses envies assassines. C’est à peine plus facile pour sa fratrie. Décision communément prise, la vengeance serait trop dévastatrice, pour eux autant que pour l’ennemi. Il n’y a que Gregor qui sait. Gregor qui sait toujours tout. Mais Gregor en fait tant pour elle. Il se lance, en dépit de toutes les conséquences, dans ce combat inconscient et acharné à ses côtés. Elle n’a pas le droit de lui faire part de ses hésitations, ses remises en question. Pas le droit de lui dire combien elle se sent en détresse, alors qu’il compte sur elle, désormais, pour cette guerre. Alors ne reste rien. Ne reste personne. Ne reste plus que le seul être qui la comprend suffisamment, pour déceler sa souffrance, en une fraction de seconde.

Ne reste que James,
de sa main qui se pose sur la tienne,
le contact interdit,
le contact aboli,
l’effet guérisseur,
comme un baume sur ton cœur,
lui, l’interdit,
lui, l’électrique,
lui, le souffle de vie.


L’osmose apparaît. Ressurgit de son passé. Leur passé, celui qu’ils avaient en commun, celui dans lequel ils ne faisaient qu’un. Ses phalanges grandes et imposantes contre les siennes si frêles laissent entrevoir, le temps d’une seconde aux allures d’éternité, l’éclat d’autrefois. Il l’enveloppe de sa présence, d’un seul mouvement, un geste anodin mais tellement significateur. Ils seraient honnis, tous les deux, si leurs familles étaient spectatrices de cette image qui n’a plus sa place dans le présent. Son palpitant s’accélère et, à la fois, c’est comme si le temps s’arrête. Il n’y a plus rien autour, plus rien du tout. Juste eux, une seconde, qui se retrouvent. Une seconde beaucoup trop longue mais, moins encore, qu’elle n’est trop courte. Le contact électrisant s’évapore trop vite, tandis qu’elle plante à nouveau en lui ses iris. Elle sent la colère qui revient de plus belle, la rage qui le submerge, sans qu’elle ne la comprenne. Ou peut-être, la comprend-elle trop bien.

Et je la devine avant que tu la dises,
la fatalité de nos destinés destructrices,
peut-être car il y a toujours cette alchimie,
il y aura toujours cette alchimie,
celle qui me fait sentir tout ton mépris,
toute ta haine de m’entendre te qualifier d’ennemi.


Reine destituée retrouve sa couronne sans un mot. Les prunelles froides observent le faciès de celui qui refuse d’admettre, l’évidence de l’ignominie qui leur pèse. Tout vient de chez lui, elle en est sûre, elle en est convaincue. Elle ne s’est mesurée à personne d’autre, Alix. Ce sont les affaires les plus délicates qu’elle a acceptées ; celles qui nécessitaient l’attention précautionneuse de la féline, sa capacité d’analyse et son goût du risque. Trejan, louveteau trop fragile pour se mesurer aux Marlowe. Gregor, plus fort, mais avec non moins de scrupules. Et Milo… Milo. Bombe à retardements qu’il valait mieux éviter d’enclencher. C’était elle, la plus aguerrie. Dans l’ombre, elle était plus efficace, Alix. C’est donc à elle qu’ils s’en sont pris. Elle maintient un silence plus éloquent que tous les mots qu’elle pourrait prononcer. Ses opales dans les siennes, elle ne bouge pas, jusqu’à sentir son empreinte contre son poignet. Le contact est loin d’être aussi tendre que, quelques instants plus tôt, quand ils étaient encore eux. Mais Alix et James ont disparu à l’instant où elle a rappelé les mondes qui les opposent. Ils ne sont plus que cela, Ferreira et Marlowe. Rivalité exacerbée depuis que la fracture a cédé. Et c’est à elle qu’il vient le reprocher. « Je vois la vérité en face. Et tu le sais au fond de toi. Qui d’autre, sinon, s’en serait pris à moi ? »

Qui d’autre que vous ? Qui d’autre que toi ?
Qui d’autre serait capable d’obtenir encore mon intérêt ?
Qui d’autre pourrais-je encore déranger ?
Qui d’autre, James, dis-moi ?



Elle ne bouge pas d’un millimètre, la louve,  malgré la tension qui monte d’un cran, elle ne faillit pas. Ne défaillit surtout pas. Elle avance, même, instinctivement son minois.   « Je n’ai pas peur de ta famille, James. Je vous ai brisés une première fois juste en m’en allant. À quel point ce serait pire, si je revenais ? » suffisance impériale dans la voix, ses iris qui ne le quittent toujours pas, alors qu'elle appuie là où elle sait qu'elle fera mal. Revient en elle la reine, l’altesse des ténèbres dont il rêvait tant. Elle n’est plus là pour lui, à présent, mais bien contre lui. Elle sent l’emprise de ses phalanges se resserrer contre son poignet trop délicat. Mais c’est la caresse viciée contre sa joue qui lui fait le plus de mal. L’électricité persiste dans l’air, comme leur fusion a fait des étincelles. Qu’en sera-t-il, s’ils choisissent la guerre ? D’un mouvement sensuel, presque charnel, elle avance jusqu’à son oreille. « Toi et moi, ce n’est pas terminé mon amour. » elle susurre dans un murmure provocateur. Il ne l’aura pas, il ne l’aura pas en malmenant son cœur. Toujours proche de lui, la ténébreuse glisse sa main contre celle de son amour cendré. Elle la retire d’un geste assuré, nullement intimidée par celui qui pourrait la briser. « Toi et moi, ce n’est que le début. » elle conclue, prête à partir, ses réponses obtenues. Car il n’a pas nié, pas une fois, James. Il n’a pas cherché à lui prouver combien elle peut se tromper, combien elle est loin de la réalité. Combien il ne l’aurait jamais fait. Combien il aurait été capable de la protéger.

Et quand ce sera terminé,
quand les empires se seront effondrés,
que le schisme aura tout éclaté,
dans ces funestes destinées,

il n’y aura plus que toi et moi,
et peut-être qu’enfin, tu me diras,
tu m’avoueras,
ce qui est arrivé à Flora

il n’y aura plus que toi et moi,
car tout a débuté comme ça,
tout finira comme ça,
toi et moi,
et nos amours fatales.


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Message Sujet: Re: ô triste, triste était mon âme. (james)   ô triste, triste était mon âme. (james) Empty Dim 6 Déc - 16:13


ô triste, triste était mon âme
@alix romani

je t’aurais tout offert, la vie de nos ennemis, les disparités de nos enfers. j’aurais pu te mener, tout au long du chemin, remonter l’Achéron, te tenant par la main. guider tes premiers pas sur la route sanglante puis te regarder enfin saisir le pouvoir, qui te glaçait d’effroi. tu ne comprenais pas, tu ne comprends toujours pas. ce que c’est que ce monde qui se débat à nos pieds, nous sommes faits pour le ployer, le dessiner à notre image sans nous y arracher. pourquoi fuir, pourquoi partir, dans la lumière factice, qui ne te suffit pas ? car c’est bien de cela qu’il s’agit, mon aimée, dis-le moi ? as-tu trahi tes promesses par erreur ou bien par besoin. as-tu trahi cette lumière qui devait t’être acquise, pour recouvrer des ombres que tu avais maudites ? je t’aurais tout offert. si tu m'avais aimé jusqu’à la folie, jusqu’à l’hérésie la plus entière.

la contradiction les sculpte dans une fixité indocile, tout se craquèle et tout menace de s’effondrer, au moindre souffle, au moindre mot qui sera prononcé. elle est belle, son ennemie, son adorée, elle est stellaire sous le couvert des ombres qu’elle se remet à apprivoiser. foudroyante de prestance, autant dans sa peine que dans sa colère. mais james ne parvient pas à lui pardonner, le départ ou le retour, il ne sait plus vraiment, mais ce qui bloque sa gorge et les aveux qui souhaitent tant se délivrer, c’est la rage de se croire trompé. il est seul james, il est seul depuis des années, depuis qu’elle l’a quitté. cela va bien au-delà de leur histoire en vérité, la blessure est plus profonde encore, elle vient entacher l’idéal contrarié qu’il convoitait tel un fauve, jadis, mais aussi aujourd’hui. l’empire n’est rien si elle n’est pas là pour l’habiter, le parer de ses impérieuses envies, de sa plus froide détermination. car elle est son égale alix, elle en a toujours eu l’envergure, devenir la digne reine de leurs avenirs corrompus. si seulement elle avait pu les aduler autant que lui… alors oui, il se sent trahi, l’entre deux dans lequel elle navigue lui est insupportable. aussi désagréable que révoltant.

il oublie, bien sûr, il oublie combien il lui a fallu de volonté pour briser le carcan, combien ses prunelles lors de cette conversation-là tremblaient de peur mais aussi d’affliction pour cette famille toute entière qu’elle abandonnait. elle aspirait à plus, james croit parfois par faiblesse ou par besoin que le reste aurait dû suffire. il sait toutefois qu’il se fourvoie. alix et james, james et alix, songe fugace, évanoui pour avoir trop vécu, trop espéré, trop porté. deux directions opposées où il fallait s’épanouir, impossible dualité. dans les heures les pires, où il se plaît à se torturer, en revenant à l’essence de la rupture, celle qui brisa les rêves, la familiarité, la douceur ou l’apaisement dans lequel elle savait l’emmener, il se dit qu’il aurait pu la suivre. ressentir enfin le vide se consumer, permettre qu’il soit remplacé par d’autres sentiments ou d’autres projets, qui n’auraient rien à voir avec la violence, l’appel enragé du sang, ou la convoitise. mais ça ne lui suffisait pas non plus, c’est ça la vérité. un rêve impossible, vécu et trahi à deux, mains jointes pour maquiller les blessures qui finiraient par les dévorer. ça ne lui suffisait pas non plus.

alors il s’est enfermé. l’empire devenu forteresse imprenable où il tourne sans discontinuer. où il cherche des évasions qu’il frôle mais qu’il ne rencontre plus jamais. il s’est conforté dans son choix, il a même commis l’irréparable, impardonnable péché quand elle l’a quitté. sans doute ne serait-il jamais allé jusque là s’il avait pu lui dire ce qu’il cherchait à combattre. son père alité, fourbu par la vieillesse, enfin déchu par la maladie, c’était si tentant de s’en débarrasser. mais eut-il seulement basculé à ce point si elle avait encore été à ses côtés. elle aurait compris, elle aurait immédiatement vu ce qu’il retournait sans cesse dans ses esprits et qui l’approchait peu à peu de la folie. froideur pleine de fureur qu’elle aurait érodée, par sa clairvoyance, ou par compassion peut-être. une compassion dont james était entièrement dénué en ce qui concernait la personne de son père. c’était après tout, le seul parent qui lui restait, surtout parce qu’il n’avait pu unir sa destiné à sa belle-famille. cela non plus il ne peut lui dire, il ne pourra jamais le lui dire. ni le lui reprocher. la chute, il s’y est conforté seul. seul il y pourrira, et continuera de s’y pervertir.

alors pourquoi ? pourquoi faut-il, dès que tu apparais, que je me mette à douter ? de tous mes choix, de toutes mes aspirations, de tous mes projets ? pourquoi faut-il que ta simple présence remette en question ce qui devait enfin me suffire, me délivrer ? pourquoi m’oublier dans le reflet que tu me renvoies, imaginer que ça pourrait être parfait, si seulement tu te souvenais. comment tu savais être celle que j’attendais, et que j’attends toujours peut-être. encore. parce qu’avec toi, il n’y avait plus de mensonge, plus de masque à porter. tu savais lire, tu savais voir, tu savais même trouver les mots que je ne prononçais jamais. tu étais impériale quand il s’agissait de paraître, mais avec moi, oui avec moi, c’était bien différent et tu le sais. tu le sens à cet instant-même, et c’est pourquoi tu vacilles à ton tour, tu t’écroules devant moi. car le masque est imparfait, celui qu’ils nous ont appris à porter en permanence. ce n’est pas nous. pas tout à fait.

mais l’instant se déchire, trop fragile sans doute. bien trop dangereux également. la vulnérabilité qui s’échange est trop viscérale, trop entière. james s’y perd une trop longue seconde, il oublie sa famille, les enjeux, l’aube de la guerre s’éclaire. il y a un dénouement juste au bout de ses doigts, tout contre sa peau. un dénouement qui pourrait les sauver l’un et l’autre si seulement ils l’autorisaient. mais depuis deux longs mois, deux trop longs mois, la fragilité est éventrée. elle gît six pieds sous terre, embrassée au cadavre de son enfant. cet enfant, protégé, intouchable petite lueur, sans doute celle qui aurait dû suffire et qui n’a pas suffi. flora… il a appris sa naissance et alors que la nouvelle éclatait dans sa tête, mettant un point final à leur histoire, une voie sans issue pour lui, mais qui peignait une autre éternité pour alix, il l’a ressenti. l’apaisement. l’apaisement promis, souvent arraché au creux de ses bras. cette tranquillité où tout lui apparaissait, avec une clarté notable. elle appartenait au passé, elle devenait définitivement une romani, et la promesse tenue demeurait inviolée. flora c’était l’enfant qu’il ne lui aurait sans doute jamais donné. james est conscient que leur milieu ne leur permet pas ce genre de frivolité. un héritier est un soldat qui devra s’engager à poursuivre leur incessante guerre, contre les ferreira ou contre les autres. s’ils ne se dévorent pas entre eux, ce sont de nouveaux ennemis qui viendront frapper, chercher à tuer. alors être père, être un autre père que celui qu’il a eu, non il ne s’y serait jamais risqué. avec elle ou avec une autre. il ne peut pas, commettre cette infamie-là. son héritage, il faudra qu’il le transmette autrement, il faudra trouver celui qui se présentera quand l’heure viendra de disparaître, et de choir. autrement que par ce sang maudit qui est le sien. c’est ce qu’il croit. alors flora, oui flora, elle était tout ce qui pouvait éviter la faute, tout ce qui retenait leur inimitié grandissante de dégénérer. mais quelqu’un a choisi de briser le dénouement onirique, alors il n’est pas étonnant qu’alix le brise à son tour. c’est trop tard, trop tard pour l’apaisement à présent.

trop tard, trop tard. je ne sais plus comment te parler. je ne sais plus quelle était la tonalité de nos cris, j’ai oublié la saveur de nos acharnements. je les interdis tous parce qu’une seule seconde tu as su me les rappeler. et à présent je ne sais plus quoi faire de la colère, de l’emportement que tu pousses à renaître, que tu conjugues à ton amertume, à ton deuil, à cette envie de vengeance. car elle est là, enfouie, également, au fond de mon être. elle est là depuis que j’ai su qu’elle était morte et que j’ai réalisé que tu croirais que c’est à cause de moi. qui d’autre ? qui d’autre tu as raison. qui pourrait commettre une telle horreur. et si tu savais celles que j’ai réellement commises, que j’ai continué d’autoriser parce que tu n’étais plus là pour me confronter… si tu savais tu croirais plus encore à ma culpabilité. alors je ne parviens pas à te combattre, à te détourner. depuis que l’horreur a été prononcée, tout ce que j’attends, c’est la ferveur de ton jugement. pour comprendre que je suis encore vivant. pour me rappeler… me rappeler que je ne l’ai plus été sans toi. ça fait mal, ça fait si mal. et ce pouvoir que tu détiens m’effraie plus que cette image que tu conçois de moi.

il se laisse apercevoir, en miroir, en miroir. il laisse tout transparaître, sans le retenir, sans le pouvoir. la tragédie les inscrit dans une autre résolution. commune, aussi factice que son départ et pourtant, c’est la seule réalité qui demeure. la fragilité fait renaître la maîtrise. roi et reine se regardent, se jaugent, se jugent. ils s’espèrent invaincus dans le souffle qui s’échange. proximité troublante qui pourtant est inévitable. le monstre qu’elle vient confronter lui répond, le froid prompt à se briser, les flammes couvent au-dessous, avec virulence : je te l’ai dit, je suis le seul à décider. parole biaisée, le double-sens comme seule arme. il ne se défendra pas devant elle, il ne se défendra jamais car quelque part, quelque part il sait qu’elle est forcément proche de la vérité. qui aurait pu oser un tel affront ? et souhaite-t-il seulement faire face à ce que cela révèle de lui, d’eux. quelqu’un a-t-il osé le trahir ? quelle guerre exactement lui reste-t-il à mener ? james depuis deux mois creuse, fraye dans des eaux sombres pour y découvrir la vérité, ou peut-être pour s’en défendre et s’en éloigner. qui fait preuve de lâcheté à présent ? car si elle dit vrai, si elle dit vrai, alors tout périra. tout périra, et la folie qu’il continue d’apprivoiser deviendra sa seule maîtresse. caresse et brutalité, la dualité est entière, il la détient mais c’est elle qui vient le narguer. il ne la lâche pas encore, pas encore. j’espère que c’est une véritable promesse, ma belle, cette fois-ci. mais qu'elle ose annoncer son retour porte l’effroi dans son coeur et la rage la plus abominable dans sa tête. il termine de suivre le contour de son fin visage avec la lenteur la plus assassine. il n’y a aucune douceur, aucune trace de l’amour qui pouvait autrefois exister, ou se révéler dans ce geste-là, qu’il a pourtant tant de fois dessiné tout contre sa joue. il admire la transformation, elle semble se modeler sous ses doigts. il inspire plus profondément à présent, plus encore lorsqu’elle pousse la provocation jusqu’à venir murmurer dans le creux de son oreille. ils offrent alors un tableau aussi trompeur que sensuel, l’on pourrait croire que tout se termine enfin.

et pourtant tout commence. tout recommence.

ça ne se terminera jamais. tu l’as toujours su. je te l’ai dit ce soir-là. et contrairement à toi, mes promesses, je les tiens. il la relâche, avec une douceur menteuse. tout recommence. alors viens. viens donc te confronter à moi, faire vaciller l’empire, le regarder s’effondrer, sentir la brûlure de la folie à laquelle tu sais que tu aspires, tout comme moi. viens porter l’opprobre, viens trahir tout ce que tu avais toutefois abjuré, mettre en péril ce que nos aînés ont érigé. tu le sais, tu le sais. ça ne se terminera jamais.
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