( let someone shines when it's still their time ) ♕ robin

 

Athéna, elle les connaît les âmes à la dérive. Les esprits naviguant contre les vagues. Corps qui frappent les immenses rochers. Les navires qui se noient face à la puissance d’un Poséidon déchaîné. Les sirènes, elles en ont hypnotisé des marins impuissants pour les pousser à l’asphyxie. Les cœurs agonisants qui cessent de battre. Carcasses délestées de leurs substances vitales. La guerrière froide, elle a assisté à l’explosion d’étoiles fragilisées après la collision contre une terrible planète. Elle a admiré leur étincelance finale avant qu’elle devienne des nébuleuses sans lumière. Des particules poussiéreuses perdues dans la grandeur de la voie lactée. La déesse, elle en a vu des astres errant dans cette route stellaire vers le trou noir. Destin tragique. Cruelle Athéna, elle en a laissé sombrer des êtres innocents. Humains ordinaires au cœur trop fragile pour supporter le chaos. Elle, elle est le bourreau des mécréants. Athéna, alliée de la faucheuse. Quand elle s’avance, le pas assassin, elle les condamne ses victimes. La déesse de la vie, elle n’est pas le soleil pour réchauffer la peau des corps frigorifiés. Elle n’est pas la reine protectrice. Elle n’est pas boussole directrice. Elle n’est pas astre éclatant dans un ciel sombre. Parfois, les vulnérables combattant les colosses monstrueux, elle les conduit vers les fosses abyssales, ainsi c’est le fléau qui disparaît. Et, le cratère de peine, il s’apaise quand la vie s’éteint. Elle les laisse se condamner aux enfers les mortels qui se fracassent contre la violence des tyrans. Athéna, reine des cendres, elle est reine destructrice, symbole de mort. Météorite impitoyable, elle s’est délestée de toutes pensées compatissantes. Son cœur ne souffre pas devant les silhouettes gelées qu’elle dépose sur le bitume froid. Ses yeux admirent ses œuvres d’art. Et, les étoiles qui animent les battements de son palpitant robotique, elles sont rares. Elles sont des points filant dans l’obscurité de la nuit. Des vulnérabilités qu’elle camoufle dans son âme barricadée. Anton. Rebecca. Briséis. La déesse immortelle, elle est le bouclier incassable pour repousser les attaques des titans. Lueur de son créateur dans le regard, elle la brandit constamment son arme pour secourir ses divinités. Elle les accepte les foudres colériques de Zeus, les averses furieuses de Poséidon. Toujours debout sur le champ de bataille stellaire, elle empêche toutes les tentatives meurtrières pour les sauver les comètes qu’elle vénère. Êtres divins que son cœur aime. Eux, ils sont cette part d’humanité invisible. Eux, elle les guide vers la lumière, elle les rattrape avant la chute dans le trou noir éternel. Elle refuse de les perdre, incapable d’accepter l’extinction d’une lumière flamboyante. Pas maintenant. Pas eux. Pas quand elle continue son long voyage vers le néant depuis qu’il n’est plus là. Lui. Son dieu absolu.  C’est lui que dans ses silences, elle pleure. C’est lui que dans ses tempêtes de rage, elle venge. C’est lui qu’elle défend pour l’éternité en détruisant les géants tyranniques.  C’est lui qu’elle cherche dans la noirceur des ténèbres. Et, lui, il n’est qu’une vision chimérique. Un fantôme qui la hante. Elle a ses yeux océan qui se troublent. Elle est illusoire cette silhouette chancelante qu’elle aperçoit. L’astre perdu qu’elle contemple, il lui ressemble. Et, la douleur du cœur meurtri, elle se réveille. Ulysse, il n’est pas avec elle. Désormais, il l’admire depuis le monde souterrain, mais l’oiseau de nuit aux ailes brisées, il lui rappelle le dieu déchu. Le roi sans trône. Robin, soldat désarmé. Etoile blessée par la violence d’un astéroide dévastateur. Elle le voit s’avancer de ses pas titubants. Navigateur perdu dans l’océan sans aucune boussole directrice pour le guider. Ce sont les fêlures qui craquèlent sa peau et son âme endolorie qu’elle perçoit, la guerrière.  Elle se rapproche, elle gravite près de lui, l’esprit compatissant, gagnée par une tempête d’humanité qui la fait redevenir un astre solaire. « Robin », main posée contre son bras, elle l’arrête dans sa dérive vers les limbes. Elle le percute avant qu’il ne les brûle ses ailes. Lui, il a le regard éteint d’une nébuleuse qui implose. Un esprit écorché par les attaques des colosses. Un palpitant lacéré par la brutalité de la destinée. « Qu’est ce que tu cherches comme ça ? ». Elle le sait dans son esprit. Il la cherche la fin du tsunami qui le ravage. Mais la triste réalité, elle ne s’efface que le temps de quelques heures éphémères. Heures dans un monde aux allures de jardin d’eden paradisiaque. Et, la réalité, elle réapparaît quand les illusions s’évanouissent dans une rapide bourrasque. La fuite euphorisante, elle ne fait que retarder la bataille contre les songes qui l’habitent. « Les substances euphorisantes ça ne dure qu’un temps. Le vent revient toujours souffler. ». Athéna, elle se veut lueur, elle ne se veut pas noirceur. Et, Ulysse, le jumeau divin, c’est à lui qu’elle songe quand ses mots disparaissent dans l’air. La rose empoissonnée, elle perd ses épines ensanglantées. Arme au sol, elle n’a plus que son bouclier pour maintenir les murailles protectrices.