sleeping beauty. (lexyss)

soirée d’merde, y a pas à dire. t’arrives encore chez toi avec la gueule qui t’picote, enfoiré qu’a les poings trop fougueux. c’toujours toi qui tombe sur les fils d’taulards, t’as pas d’chance, malone. tu pourrais t’venter, toi aussi… y a la maternelle qui croupit derrière les barreaux pour avoir buté un type. c’vachement moins violent que l’padre accusé d’avoir tué quelqu’un avec ses putains d’dents, mais… c’similaire. alors t’encaisses, à défaut d’savoir t’battre. y a au moins ça qu’tu fais bien, l’corps qu’absorbe les coups et même les putains d’balles argentés. t’es un dur à cuir et c’t’avec autant d’délicatesse qu’t’ouvres la porte d’ton appart’. plongé dans l’noir, t’manques d’t’affaler en butant la montagne d’baskets qui traînent d’vant l’entrée.
— putain!
t’grognes avant d’ouvrir la lumière pour pas pousser ta luck.
— bonsoir…
t’sursautes en l’vant les yeux vers la meuf qu’est bien installé sur ton canapé. main sur l’myocarde qu’a loupé quarante-deux batt’ments et t’soupires en détaillant c’te connasse qu’a bien faillit t’faire faire un attaque.
— tu peux fermer la lumière quand t’auras terminé, s’te plait ? J’arriverais pas à dormir si elle reste allumé.
— ta mère la pute… t’m’as fait peur, p’tain!
t’gueules presque, l’bras qui tombe l’long d’ton corps quand ton cœur r’trouve un rythme cardiaque décent.
— t’es qui, d’jà? et qu’est ce t’fous ici?
chez toi. dans ton appart’. sur ton canapé. une pote du coloc’, p’t’être? quoi qu’elle a une tête bizarre, tu l’aurais r’connu si tu l’avais d’jà croisé avant c’soir.

@alyss kerr

pss:

y a ton coeur qui s’emballe sous ton torse, toi qui s’attendait pas à c’qu’une putain d’inconnue squatte ton canapé. après, c’vrai qu’a un tas d’étrangers qui s’amusent à entrer et sortir d’ton appart’, mais, c’te fois-ci, t’pensais être seul – ou, du moins, qu’est pas un foutu extraterrestre fauché dans ton salon. parce qu’elle a c’te tête bizarre, une tête qui peut rien qu’venir d’ailleurs. t’as maté beaucoup trop d’documentaires ces derniers temps et heureusement qu’a pas un champs d’blé derrière ton immeuble parce que tu s’rais d’jà en train d’faire tes valises pour déménager.
— Oh, pardon ! J’voulais pas t’effrayer.
ouais ba, c’raté. sur dix, elle a même pas la moyenne! question qu’tu lui balances à l’arrache, t’mâches pas tes mots, jamais et encore moins avec une intrus dans l’décors. c’pas qu’sa présence t’agace tant qu’ça, c’juste l’fait qu’elle t’parle. et qu’elle parle trop.
— J’m’appelle Alyss. Alyss Kerr, enchantée. Disons que j’suis une amie du garçon qu’habite ici. T’es son coloc’ ?
— ouais…
t’marmonnes, presque inaudible.
— moi c’est lex.
t’fais ça court. les présentations les plus brèves d’toute l’histoire d’l’humanité – ou presque. t’tentes d’trouver une façon d’couper court à la discussion parce que t’as grave envie d’t’enfermer dans ta piaule et d’plus bouger jusqu’à c’qu’elle parte. du coup, t’étires ton bras pour effleurer l’interrupteur d’la pulpe d’ton index alors qu’la pièce s’plonge à nouveau dans l’noir.
— bon ba… bonne nuit.
t’souffles en faisant que’ques pas vers l’avant alors qu’tu sens son r’gard peser sur toi. t’as même un putain d’frisson d’inconfort qui t’parcours l’échine au même moment où tes poils s’hérissent alors qu’t’espères silencieusement parvenir à ton pieu avant qu’elle t’implante un truc chelou sous l’épiderme. parce que c’ça qu’ils font, ces connards d’aliens!

@alyss kerr