Sujet: For a pessimist, i'm pretty optimistic ± torbjörn Mer 25 Sep - 16:18
for a pessimist, i'm pretty optimistic
Torbjörn - Joanne
«Les noeuds sacrés de la vraie amitié se forment bien plus facilement sous un humble toit et dans les cabanes des bergers que dans les palais des rois.» L'Arioste
Tu n'vois pas le temps passer, encore moins les jours. Tu t'es enfermée dans cette routine de travail dans laquelle tu te complais faussement. Tu te lèves tôt le matin pour pouvoir aller courir, ensuite tu reviens pour prendre une douche et te mettre à dessiner dans ton atelier avec un café des plus larges que tu puisses t'faire couler. Tu gribouilles encore et encore pour finir les projets de ta journée, préparer certains de tes stencils et ton armada d'matos. Autoclave ronronne dans un coin de la pièce, pendant que ton poignet gratte religieusement le papier. T'apprécies le silence des lieux, le calme du salon lorsque tu te retrouves seule en début de journée. Aujourd'hui, c'est mercredi et comme tous les mercredis tu es seule au salon les garçons profitant de leur journée de repos bien méritée. Tu laisses à Rebel le loisir de travailler de son côté, ton but c'est pas de l'enchaîner au shop non plus. Et puis tu te doutes que tu verras sa frimousse à un moment ou un autre de ta journée. Comme Tor, qui passera sûrement également. Tu peux plus t'passer de ton équipe Joanne, eux aussi ils font partie de ta grande famille.
L'heure d'ouvrir le salon rapidement, et c'est la jolie Tally qui vient te tirer de ton acharnement. Tu ne l'as même pas entendue rentrer par l'arrière, sûrement bien trop concentrée par la feuille que tu noircis rageusement. Elle t'as rapidement rejointe avant de s'installer sur un bord de ton bureau. Tu l'aimes bien la petite, t'apprécies lorsqu'elle vient te filer un coup de main au moins le salon peut rester ouvert au public pendant que tu t'affaires à tatouer. Tu t'es longtemps considérée comme un salon privé, te retrouvant dans l'incapacité d'être au four et au moulin. Alors tu travaillais énormément sur les réseaux quels qu'ils soient pour étendre ta visibilité. On a parlé de toi dans certains magazines comme l'une de ces artistes culottées partant à la conquête du marché impitoyable régnant sur New-York. T'as bien conscience, de cette vague de mode que ton métier prend. Qu'aujourd'hui n'importe quel gamin avec un coup de crayon peut s'inventer tatoueur s'il vient à s'procurer des aiguilles et de l'encre. C'est comme ça que t'as commencé toi dans le fond. A piquer un flacon d'encre par ci, une 1RL par là... T'as pas eu besoin de dermo pour expérimenter et c'est au handpoke que tu t'es essayée sur ta propre peau. Cette petite lune contre ton poignet qu'tu portes depuis des années, celle que t'as piquée sous l'regard affolé de Gab à la fois excité par ton expérience et inquiet du résultat ou que tu puisses te faire mal.
Les clients défilent, t'es dans une de ces journées chiantes où tu t'occupes des retouches. Généralement, tes clients n'ont pas besoin de repasser sur le cuir de ton siège après leurs séances. Mais parfois et surtout lors des gros projets que t'affectionne tout particulièrement la peau vient à se fatiguer, accepte moins facilement l'encre que tu viens lui mettre dans la gueule de façon impitoyable. L'épiderme est quelque chose de capricieux qu'il faut savoir prendre avec des pincettes, et tu n'sais que trop bien à quel point les différents types de peaux et la facilité de cicatrisation étant propre à tout à chacun peuvent jouer lorsqu'on parle de tatouages. Encore une fois, tout le monde est différent. T'as quand même pas à te plaindre, les gens passant sous ton dermographe étant respectueux de ton arts et de tes consignes d'hygiène et de soins. Tu fais presque peur, lorsqu'après la séance tu sors ton petit papier avec les différentes marches à suivre et produits à s'procurer. T'es maniaque avec ton taff Joanne, ça a toujours été comme ça. Tu ne pourrais pas supporter qu'un de tes clients se ramène avec un coup de soleil violent sur l'une de tes pièces ou qu'il vienne te raconter avoir prit un bain de minuit sans recouvrir la zone encrée le jour même de sa réalisation sans prendre la peine de le couvrir. T'pourrais commettre un meurtre si on t'faisait ça, Jo.
T'es sur l'une de tes dernières séances de la journée, et ton dos commence littéralement à te dire d'aller te faire voir. En même temps, si t'arrêtais de t'endormir en tailleur le crayon à la main pour t'échouer dans ton lit tes nuits s'en porteraient bien mieux. Mais au lieu de ça, tu dessines sans relâche et jusqu'à l'épuisement. Elle est sympa ta cliente, et faut dire que son dos complet est un accomplissement de taille pour toi. Tu viens à blaguer, parce que tu sais que c'est pas forcément une zone des plus agréables encore plus lorsque tu viens retoucher. Piquer plus profondément pour être sûre que l'encre pigmentée reste à sa place dans le derme. Alors t'essaies d'être d'humeur légère, de lui changer les idées. Vous parlez garçons, elle te demande comment tu t'en sors toi après que tu te sois extasiée sur son mariage à venir. T'pourrais presque être jalouse Jo. Toi aussi un jour, t'aimerais bien qu'on t'aime si fort qu'on ai envie de te mettre la bague au doigt. D'te voir dans une jolie robe blanche alors qu'ton coeur bat à tout rompre. T'peux pas t'imaginer à quel point ça pourrait être joli. Tu t'contentes de te marrer, et de lui dire que l'amour et toi c'est le genre de trucs qui font trois. T'as essayé, pour mieux t'casser les dents après. Alors t'essaies d'te tenir éloignée de ces choses là. Pour ton propre bien.
Tu viens planter ton aiguille dans l'un des petits godets en plastiques reposant sur ton fidèle meuble d'appoint à roulette qu'tu traînes à tes côtés. Elle essaie d'te rassurer la demoiselle, elle te dit que tout vient à point à qui sait attendre. Ouais, c'est ça et puis quand on veut, on peut. C'est toi normalement qui balance ces proverbes aux gens alors que t'es bien incapable que d'les appliquer. Tu relèves le minois pour venir l'apposer à nouveau contre la peau rougie/noircie lorsque t'entends bien cette fois ci des pas monter en votre direction. Ton pied relâche la pédale un court instant, alors que ton regard vient s'porter par dessus ton épaule pour tomber sur Tor, toujours aussi souriant qu'à son habitude. "Ne lui demandes surtout pas son avis sur ma situation, vous n'pourriez que trop bien vous entendre tous les deux!" Que tu t'mets à rire à l'adresse de ta cliente dans une de ces private jokes. T'as bientôt fini de bosser d'ailleurs, encore une bonne dizaine de minutes tout au plus et la brune pourra admirer son dos finalement achevé après plusieurs longues heures de torture. "T'as oublié quelque chose ou j'te manquais trop?" Qu'tu demandes au suédois alors qu'il s'en vient à rentrer dans ton atelier. C'est naturel avec lui, sans prises de têtes. Vous êtes un peu comme deux sales gosses aimant faire leurs conneries ensembles. Parfois, t'aimerais que ce soit aussi simple avec Gabriel que la communication soit aussi facile.