like we used to be. (meg)

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{ like we used to be }
crédit/ tumblr ☾ w/@Meg Arganza

Déchirée de l’intérieur. Déchirée entre l’espoir que lui offre Meg de la laisser à nouveau entrer dans son cœur… et la peur terrible qu’elle ne comprenne jamais son erreur. Qu’elle vive, qu’elles vivent ensemble, pour le restant de leur existence, avec cette rancœur. Tu voudrais pouvoir balayer ces années de distance, ces années d’absence. Tu voudrais pouvoir les oublier, ne plus jamais les laisser vous hanter. Mais, plus elle parle avec sa nièce, plus elle réalise que c’est déjà en train de les consumer. Elle essaie d’expliquer, elle essaie de se justifier… Mais elle n’en démord pas, Meg. Peut-être car, au fond, elle la connaît. Elle connaît la personne qu’elle était, celle qu’elle est toujours en réalité. Elle sait que, jamais, sa tante ne l’aurait abandonnée. Elle sait qu’elle l’aimait trop… qu’elle les aimait trop, pour les laisser tomber. La gorge nouée, l’âme en peine ne sait plus ce qu’elle est censée dire, ni même ce qu’elle est censée penser. Peut-être que tu devrais, enfin, lui avouer. Te délester de ce terrible secret, celui qui te ronge depuis des années. Peut-être que tu devrais t’en délivrer. Et, enfin, lui donner la raison véritable de son abandon alors que tu l’aimais… que tu n’as jamais cessé de l’aimer. – Non, enfin… peut-être, je… je me suis juste renfermée sur moi-même, j’sais pas, je… Elle est en train de se perdre. Elle se perd dans ses explications, simplement parce qu’elles ne sont pas vraies. Elles ne sont pas la véritable raison de son départ, elles ne sont que des excuses pour ne pas avouer la vérité. Détournant ses opales sombres, l’écorchée vive laisse échapper un soupir fébrile. – Est-ce qu’on est vraiment obligé de parler de ça ? Est-ce que… est-ce que ça compte vraiment, pourquoi j’suis partie ? L’essentiel, ce n’est pas que je sois revenue ? elle lance, comme un appel à l’aide. Un premier feu de détresse. Mais c’est à Meg que tu demandes de te sauver, alors que c’est toi qui l’as blessée. Toi qui l’as abandonnée. Sa main toujours dans les siennes, la gorge nouée, la tourmentée redoute de la voir à nouveau lui échapper. Elle redoute de la perdre, cette fois, à jamais. – Meg, j’veux pas te perdre, pas encore… je suis désolée, je te jure, mais… je veux pas que tu me détestes. Et, la voix tremblante, laisse échapper pour la première fois qu’elle ne sait pas toute l’histoire. Qu’il y a bien quelque chose qu’elle ignore, quelque chose qui pourrait bien tout faire basculer, si elle savait. Quelque chose qui pourrait bien, une nouvelle fois, vous séparer.

it's hard to believe but i know your heart still beats, rise on up, baby, don't need eyes to see. -- @ella gardner

La conversation pourrait s’essouffler, s’éteindre, secrets entassés, destinés à jamais être dévoilés. La conversation pourrait s’essouffler, laissant les non-dits s’installer. Mais elles sont une famille. Du moins, autrefois, c’est ce qu’elles étaient, une famille. Une toute petite famille, un peu bancale, mais une famille tout de même, et au non de cela, elle se sent incapable d’abandonner, Meg. Incapable de se taire sur son inquiétude, sur les motifs qui ont pu la pousser à partir, à disparaître sans le moindre signe de vie. Tu creuses, Meg, parce qu’il y a trop peu de personnes comptant réellement pour toi, pour laisser tomber aussi facilement. Pour abandonner comme si Elle n’avait jamais été importante à ses yeux. C’est faux. Terriblement. Elle était un pilier. Elle était une ancre dans une vie qui ne s’est pas montrée toujours facile. Et peut-être bien que la difficulté n’a fait que s’accentuer, après son départ. Peut-être bien qu’elle pensait s’en sortir en enfonçant toutes les portes closes avec la seule force de son caractère. Mais ce ne fût pas le cas. La vie l’a rattrapée, ou plutôt la mort. Le destin s’est acharné, encore un peu, pour finalement la briser. Mais en la regardant, t’as cette sensation, celle de ne pas être la seule à avoir morfler. Celle de ne pas être la seule, à être désormais toute cassée. Elle se débat, Ella. Elle se débat avec ses mots. Elle se débat avec ses pensées. Elle tente de s’en sortir, tant bien que mal, mais elles se connaissent trop, bien trop, pour pouvoir se mentir. Elles se connaissent trop, bien trop, pour espérer se jouer des tours. La question de sa tante provoque pourtant un bond dans la poitrine de la danseuse. Elle remet en cause l’importance de son départ. L’importance du motif de son départ. - Bien sûr que oui… Quand t’es partie, t’as tout brisé. Et tu te demandes si ça compte. Il y a cette fissure, dans son cœur, entre elles, qui ne disparaît pas, peu importe sa volonté de passer à autre chose. Il y a cette fissure, qui peut être recollée, mais qui ne disparaîtra jamais. Et les paroles suivantes de la brune l’inquiètent encore bien plus. Les paroles suivantes de la brune prouvent, un peu plus, que quelque chose s’est passé. Que quelque chose s’est brisé. - Que je te déteste… ? Tu penses que ce n’était pas le cas durant toutes ces années… J’veux juste comprendre… La voix est douce mais le cœur est lourd. Et elle regrettera, sûrement, d’avoir insisté. Elle le sent au fond d’elle. Elle le sent partout. Elle regrettera, assurément, d’avoir insisté. Mais quel avenir, pour une relation basée sur le mensonge ?

(c) calaveras.

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C’est loin de la soirée qu’elle imaginait.
Elle imaginait retrouver cette complicité. La voir danser. La voir sourire, la voir éclater de rire. Renouer avec sa nièce comme autrefois elles étaient liées. Elle imaginait la tendresse, la compassion, l’amour. Elle imaginait le pardon, l’espoir, la promesse d’un toujours. Mais tu dois te résoudre à l’évidence, Ella. Tout ce bonheur n’est pas pour toi. Simplement, tu ne le mérites pas. Qui, le mériterait, après avoir fait autant de mal autour de soi ? Elle a fait souffrir tant de monde. Elle a profité de tant de monde. Elle a abandonné tant de monde. L’âme en perdition finit par se demander, si ce n’est pas la seule chose qu’elle a mérité. Si, à force d’engendrer la souffrance, elle peut vraiment prétendre à créer quelque chose avec Meg.
Meg, si pure.
Meg, si belle.

Non, tu ne la mérites pas.

Elle venait pourtant avec les meilleures intentions. Avec la promesse, à son père, à elle-même, qu’elle ne lui ferait plus de mal. Elle voulait redevenir cette tante, cette femme prête à tout pour elle. Presque, comme une mère. Elle voulait redevenir le pilier dont Meg avait besoin. Elle voulait… lui faire du bien. Mais, devant les questions répétées de sa nièce, elle sent déjà qu’elle est en train de la perdre. La perdre avant même de l’avoir retrouvée. Elle sent qu’elle devrait se taire, enfouir au plus profond d’elle ce maudit secret. Mais elle n’en a plus la force, Ella. Il y a trop longtemps qu’elle laisse cette réalité la ronger. C’est juste que, contrairement à Meg, tu sais. Tu sais que tout lui avouer ne risque pas de vous aider. Tu sais que tu vas seulement encore tout gâcher. Tu sais qu’elle ne te le pardonnera jamais. Seulement, devant une nièce insistante, qui lui rappelle qu’elle la déteste déjà depuis des années… elle finit par renoncer. Avec l’idée, peut-être erronée, assurément lâche, qu’elle ne pourra plus la retrouver. – J’ai… Sa voix se brise, un instant, comme incapable de continuer. Comme incapable de savoir, même, comment se confesser. Couché avec ton père. Passé la nuit avec Djawny. Fait l’amour avec lui. Tu ne sais même pas quels mots prononcer, tu n’as jamais songé à le lui avouer. Elle a même préféré s’enfuir, plutôt que tout lui dire. Plutôt que vivre avec cette culpabilité chaque fois qu’elle se trouvait avec elle et Djawny. La gorge nouée, l’âme tourmentée détourne ses opales assombries, incapable de soutenir ses iris. – J’ai dépassé la limite… avec ton père, je… on a couché ensemble. Et les mots douloureux sortent enfin. Loin de l’apaiser, elle se sent toujours aussi coupable. Elle se sent tellement misérable, Ella.

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Le cœur s’est arrêté de battre, la respiration est saccadée, elle attend. Elle attend des mots. Elle attend des explications. Elle attend des preuves. Des preuves qu’Ella est digne de confiance. Des preuves qu’elle ne la décevra pas, cette fois. Qu’elle ne lui brisera pas le cœur à nouveau. T’es pas prête pour une perte supplémentaire, pas prête pour une nouvelle blessure, pas prête pour un nouvel attachement qui ne mènera nulle part. T’es pas prête pour une souffrance qui te détruira, Meg. Et le ciel s’effondrer sur elles, la terre tremble, parce que le visage d’Ella s’assombrit. Le visage d’Ella engendre la peur, une peur bien plus profonde que tout ce qu’elle peut imaginer. Le visage d’Ella provoque en elle des doutes qui s’ancrent beaucoup trop fort en elle. Elle attend. Simplement. Et les mots sortent. Des mots qu’elle n’aurait jamais pu deviner. Des mots qu’elle n’est peut-être pas prête à entendre. Ils ont couché ensemble. Eux. Ta tante, ton alliée. Ton père, cet inconnu. Ils ont couché ensemble, ils ont fait vaciller cet équilibre précaire d’une famille déjà trop brisée. Ils ont couché ensemble, et ils ont tout gâché. Elle est sous le choc et elle ne parvient même pas à comprendre ce qui lui fait le plus de mal, Meg. Cette coucherie, ou bien le fait qu’elle ait décidé de s’en aller, de la laisser, elle, à cause d’une seule nuit avec son père. Parce que tu pensais que tu valais mieux que ça, à ses yeux, Meg. Parce que tu pensais qu’elle resterait avec toi, quoi qu’il arrive. Mais tu réalises que sa culpabilité a pris le dessus. - Quoi… Son regard se plante dans le sien, elle n’arrive pas à comprendre, elle n’arrive pas à encaisser. Elle n’y arrive pas. - Tu m’as lâché… Parce que vous avez dérapé… Tu te retrouves bouleversée, tu ne croyais plus ça possible, tu ne croyais plus pouvoir ressentir de tels remus, mais c’est le cas. T’es bouleversée, Meg, et t’as aucune idée la manière dont tu dois le gérer. Aucune. - Comment t’as pu me faire ça, Ella… Comment a-t-elle pu le choisir lui plutôt qu’elle ? Comment a-t-elle pu faire passer une aventure avec leur relation ? Comment a-t-elle pu la laisser avec lui ?

(c) calaveras.

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Et t’entendrais presque les débris de son cœur éclater. Le cœur que t’avais déjà bien amoché, tu vas finir par définitivement le bousiller. La briser, comme, toi, t’es brisée. Elle s’en veut, Ella. Elle passe son temps à en vouloir au monde entier mais, face à Meg, c’est comme si toute cette colère se retournait avec violence contre elle. Comme si, devant celle qu’elle s’était tant promis de protéger, elle se rendait compte qu’elle ne vaut pas mieux que le reste du monde. Non, elle est même pire que tout, Ella, parce qu’elle agit comme un poison. Elle s’immisce lentement, doucement, dans les veines et dans le cœur de ceux qu’elle aime. Puis, elle les détruit, douloureusement, autant qu’elle l’est, l’âme en perdition. Les opales noires détournées, partout plutôt que vers celles de Meg, incapable de répondre, incapable de parler ; elle a la gorge trop nouée.

et le cœur trop rongé,
par cette putain de culpabilité,
celle qui t’a poussée à t’échapper,
celle qui vous a tous séparés.

Le temps semble s’être arrêté. Les secondes défilent aussi lentement que des heures alors qu’elle ne trouve pas la force de parler. Aucun mot prononcé, jusqu’à entendre la question de Meg. Comment, comment t’as pu lui faire ça. Et c’est une question que tu t’es posée tant de fois. Secouant la tête, l’air fébrile, l’écorchée vive ose enfin relever ses prunelles emplies de mal-être. – J’sais pas ce qui nous a pris, je… je tenais vraiment à lui, tu comprends et ? Et, à force, je… je crois que les limites sont devenues floues, et… on a dérapé mais… je t’assure que c’est pas ce que je voulais. Il était la seule personne qu’elle n’aurait jamais dû toucher. À une période où elle tentait de combler le vide dans son cœur avec n’importe quel homme qu’elle rencontrait, il était la seule exception qu’elle s’interdisait. Mais il était loin d’être une aventure d’une nuit, Djawny, il n’était pas n’importe qui. Mais elle n’a jamais voulu briser leur famille, elle a juste été incapable de l’affronter après cette nuit. – J’aurais dû affronter ça… j’aurais dû y arriver mais… je me détestais, Meg… et j’aurais été incapable de voir que lui, ou toi, vous me détestiez aussi… Parce qu’ils étaient tout pour elle. Parce que, sans eux, elle vit dans un enfer. Parce que, même après tout ce temps, tu les aimes, Ella, tu les les aimeras éternellement.

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Elle se désintègre, complètement, après les paroles de sa tante. Comme si son cerveau avait cessé de fonctionner, cesser de comprendre, pour son propre bien. Parce qu’elle est prête à déraillée, déjà bien trop amochée. Parce que la vérité est pire, bien pire, que tout ce qu’elle a bien pu imaginer. Et son père, lâche, comme à son habitude, qui n’a jamais rien dit. Qui n’a jamais trouvé bon de parler. A cet instant, c’est lui qu’elle déteste. A cet instant, c’est elle qu’elle déteste. Elle déteste l’un, elle déteste l’autre, pour ce qu’ils ont fait et pour ce qu’ils lui font à elle. La fuite, le silence, au fond, ils se valent bien. T’es déçue, dégoûtée, au plus profond de ton cœur, Meg. Tu te répètes en boucle que c’est une blague, un mauvais rêve, que tu vas te réveiller. Mais Ella, elle ne s’arrêter pas, elle continue de parler, continue de te prouver que tout ça est bien vrai. La danseuse se sent incapable de répondre, incapable de répondre quoi que ce soit, de prononcer le moindre mot, tant elle lui en veut. Elle en vient même à se dire qu’elle préfèrerait ne jamais l’avoir retrouvé. Autrefois, elle était ta famille, elle était ton pilier, ton ancre, et elle s’est dérobée. Mais elle a tout gâché et ça, t’es pas sûre de pouvoir lui pardonner. Elle se tait. Elle se tait. Jusqu’à cette dernière phrase. - Dommage, c’est le cas. Des mots tranchants, parce qu’elle est à fleur de peau plus qu’elle ne l’a jamais été. Et d’un coup, d’un seul, elle se lève, quitte la pièce, une fin aux retrouvailles. Une fin qu’elle veut définitive.

(c) calaveras.