Ce que femme veut, celle-là du moins dans une nuit comme celle-ci, c'est clairement d'être dans un autre lit que le siens. Même si elle n'est plus aussi fraîche qu'il y a une heure ou deux, elle doit bien se l'avouer. Encore une fois, elle choisit de ne pas lui répondre, peut-être à cause de l'alcool, peut-être pas, dans tous les cas elle fait bien ce qui l'arrange et guère plus.
Il est prévenant presque trop alors qu'elle ramasse ses chaussures. "J'suis encore capable de tenir debout toute seule, t'en fais pas," qu'elle l'averti une première fois, surestimant sans aucun doute ses capacités, puis à nouveau lorsqu'elle les enfile. "Héééé, j'suis pas un bébé." Sa main devant, en signe de stop, parce que c'est hors de question qu'il la materne comme ça. Elle a beau galérer, elle se sent suffisamment débrouillarde en toute situation, quand bien même ce serait faux. Les filles comme elles n'ont pas besoin d'hommes comme lui pour se gérer, même avec quatre grammes dans le sang. C'est ce qu'elle croit. Les filles comme elle ne font qu'une bouchée des gars trop gentils, aussi. Horizon en vague, jambes tremblantes, peu importe, elle a toujours l'impression de tout contrôler et de pouvoir se défendre si besoin, ajouté à cela que l'alcool inhibe toutes ses peurs. Preuve en est qu'elle vient de passer un petit moment à faire un câlin à un total inconnu dans l'herbe, mais bon.
Non mais c'était voulu, c'mon côté nympho qui déboule quand je suis ivre. Pour ça que tu n'as rien fait, hein ? Mens-toi si tu le veux, t'es archi cuite, bien plus que d'habitude. Et la dernière fois que t'as bu comme ça, t'étais pas très fière en te réveillant dans les draps d'un autre. Même si t'es relativement abonnée aux trous de mémoire, cette fois tu ne te souvenais même pas l'avoir embrassé, l'avoir suivi, ni même l'avoir rencontré avant que ton cerveau ne décroche. Tu fais de la merde, Ada, c'est tout.
Mais ses pensées ne sont pas les siennes, pas dans un moment où comme celui-ci où son esprit est absolument dans le présent et presque binaire. Rien de complexe ne la traverse, plutôt des choses très triviales comme : marcher, rentrer, manger, dormir. Avec lui. Parce que. Elle attrape tout de même sa main pour se hisser sur ses talons, se retrouvant debout contre lui. Il est grand et costaud, ça ne fait qu'accentuer son côté poupée fragile avec son petit mètre soixante. Aussi droite que la tour de Pise, et tout à fait oscillante, elle agrippe sa veste et l’attire un peu plus à elle, avec tout le pathétisme d'une personne bourrée. Yeux dans les yeux, elle murmure à quelques millimètres de ses lèvres.
- Oui on va marcher, mais... ne sois pas trop gentil avec moi.
Elle louche sur sa bouche, alors qu'elle sent son souffle puis relève ses grands yeux vers les siens. Elle se retient à lui alors qu'elle chancelle un peu. La verticalité immobile, c'est pas ça du tout.
Tu te souviens de ce passage sur le sentiment de contrôle, blablabla ? Ouais, hein, Ada, c'est bien ce que je pensais.
Encore une fois, pas de réponse. Le trentenaire n’est plus surpris. Il l’est un peu plus, lorsqu’elle s’obstine à se débrouiller seule. Mais, il la laisse faire et hoche calmement et simplement la tête. Puis, il sourit et se retient d’en rire, lorsqu’elle l’arrête pour une seconde fois. Elle grogne, mais ne mord pas. Pas encore. Dans d’autres circonstance, peut-être. Même que ça déplairait pas au marin. Seulement, ils en sont loin, ce soir. Alors, il tente seulement de lui faciliter la vie. « Je sais... » qu’il débute, l’observant faire. « Le prince charmant de Cendrillon l’a aidé aussi, tu t’rappelle ? Et c’est pas parce qu’elle était un bébé ou qu’elle était incapable d’enfiler elle-même sa pantoufle de verre ».
Et ça marche, un peu, même s’il est loin d’être un prince. Ses traits s’adoucissent. Ada accepte même la main qu’il lui tend, pour l’aider à se relever. Et une fois sur ses jambes, elle se retrouve à nouveau contre lui. Puis, elle agrippe sa veste et le tire vers elle. Elle n’est pas délicate. Ni même sensuelle. Mais, c’est fou ce qu’elle est belle. Alors, Julius profite une nouvelle fois de la proximité qu’elle impose. Il l’écoute, et ferme un instant les yeux, en guise de réponse. Nul besoin, d’ajouter quoi que ce soit. Il la maintient seulement contre lui. Il laisse ses mains glisser jusqu’à son dos, qu’il caresse. Le temps s’écoule. Jusqu’à ce qu’il ne sache plus s’il pourra résister à l’envie de l’embrasser.
« Allez, viens. Il parait que j’dois te ramener chez moi... » qu’il lance, en se penchant pour ramasser les couvertures au sol. D’une main, il les retient sous son bras. Et de l’autre, il tient la main d’Adama. Ses doigts s’entrecroisent aux siens. Longs et délicats. Tout semble parfait, chez elle. « J’dois te prévenir, par contre. J’suis pas un gars facile ! » Il la taquine, un peu. Mais, il souhaite aussi la rassurer. Il n’abusera pas d’elle, ne profitera pas de son état, non plus. Il ne se passera rien. Il ne doit rien se passer, ce serait pas correct, Jules... Et ce, bien qu’il accepte de la mener chez lui, plutôt que chez elle. Un lieu qu’elle est encore la seule à connaître, puisqu’elle a refusé de le lui dévoiler, lui préférant son domicile flottant.
Quelques pas lents vers les rues animées. Le trentenaire tient toujours sa main, dans la sienne. Ils avancent à son rythme, à elle. Alcool et autre substance, peut-être. Des talons, et une robe courte. Elle ne s’est pas facilité les choses. Julius doit la ramener vers lui, parfois, afin de lui éviter des obstacles supplémentaires. Il songe aussi à son estomac fragile. « J’ai un p’tit creux. Je mangerais bien une pizza ou un hot dog, et toi ? » Copieux et bien gras, c’est connu. C’est ce qu’il lui faut pour se remettre.
- Ah parce que t'es le prince charmant ? lui-a-t-elle répondu, un petit sourire en coin, goguenarde avant de rejoindre ses bras. Ça lui arrive d'être une princesse, en l’occurrence c'est vrai qu'elle est plus souillon qu'autre chose. Et pas sous sa forme la plus séduisante. Et puis... Rien. C'en est navrant. Même s'il a raison. Que vaut un baiser quand la donzelle est tombée dans un tonneau de gin ? Elle est déçue évidemment, déception qu'elle oubliera aussi vite que ce baiser s'il avait eu lieu.
- Allez... S'il faut... Le cerveau switch d'idée et la frustration n'est bientôt plus. Elle resserre ses doigts autour de sa main, ne la lâche tout en se laissant entraîner où il voudra bien la mener. Bien qu'elle prendra soin de regarder les panneaux qu'ils pourront rencontrer. " Dommage. Moi j'suis un oiseau de nuit facile, mais tant pis pour toi. C'est pas une occasion que tu retrouveras de si tôt. " Elle sourit aussi largement que lui même si elle est très sérieuse au fond, pour tout le début du moins car pour la fin elle n'en sait strictement rien, même si là tout de suite elle ne voit pas pourquoi elle changerait ses habitudes pour lui. Tout en ayant cet espoir curieux et vain qu'il lui prouve le contraire. Vain parce qu'il est alcoolisé et ne vaudra pas grand chose au lever du jour.
Cela lui fait du bien de marcher, elle se sent un peu moins vaseuse et elle a l'impression de dire des choses vraies et cohérentes quand bien même elle ne sait pas ce qu'elle dit. Au point de lui confier des trucs qu'il n'a fichtrement pas besoin de savoir, du genre : " J'ai déjà un sexfriend si tu veux tout savoir. " Même si d'une le monde oscille toujours autant, de deux la nausée ne se dissipe pas et de trois, elle avance lentement, terriblement lentement. Qu'est-ce que ça doit être chiant pour lui. Y'a rien de pire qu'être sobre avec quelqu'un de torché. Mais c'est ces chaussures aussi ! (En partie.) Maintenant elle sait pourquoi elle les a enlevé, elle a terriblement mal aux pieds après des heures sur ces conneries à talon. Elle est forte Ada, et persévérante, elle ne lui dit rien, elle avance, maladroitement et renifle comme lui les bonnes odeurs de friture. A moins que ce ne soit juste le fait de les mentionner qui lui donne des hallucinations olfactives.
- Des frites ! Qu'elle lui balance spontanément, avec une pointe de surprise enthousiaste dans la voix et sur un ton grave qui se rapproche de la poissonnière. Elle joue décidément son numéro le plus sexy ce soir. Ils se retrouvent bien vite dans un petit bouibouis qui ouvre toute la nuit et qui va leur servir le plat le plus gras de leur vie. Sans doute que les frites ne seront pas assez cuites, qu'il y aura trop de ketchup dans le hotdog et que ce sera gerbant à souhait. Mais ils vivront quand même leur meilleure vie de fin de soirée. Ada elle dégaine un billet de cents dollars de son petit sac à main, décomplexée, et le pose sur la petite note sans lui laisser la chance de payer à sa place. Avec son sourire et ses cils qui papillonnent, que peut-il espérer gagner ? Elle lui glisse que c'est non négociable, que c'est elle qui invite.
Puisqu'elle a redécouvert le contenu du son sac, elle en profite pour jeter un œil à son téléphone, le dernier iphone avec une jolie coque dorée translucide. Il affiche 4:37 et un paquet de messages et d'appels en absence de ses pseudos amis, de son père, de son frère, d'Opale, de Timothée ou encore d'Arthur. Elle passe les messages sans les lire, sans vraiment le vouloir, histoire d'être sûre de les avoir marqués comme lu et de ne pas les regarder demain matin lorsqu'elle aura retrouvé toute sa tête. Elle remet le téléphone en veille et le range dans sa poche et reporte à nouveau son attention sur Julius. Elle lui sourit, c'est plus fort qu'elle. C'est à ce moment là que leur commande arrive.
« Non, pour être honnête, j’ai rien du prince charmant... Mais, j’veux bien essayer pour toi. » Un sourire, franc et désolé, à la fois. Parce qu’il aurait bien aimé l’être pour elle, mais qu’il se connaît. Il peut seulement essayer. Le temps qu’elle voudra. Même s’il craint déjà, qu’elle soit déçue au réveil, quand l’alcool se dissipera. Ou pire encore, qu’elle disparaisse de la même manière, qu’elle est apparue. Soudainement. Sans qu’il ne s’y attende. Et sans qu’ils puissent vraiment faire connaissance. Mais, Julius, il devine qu’il n’a pas son mot à dire. Elle doit probablement vivre et danser sur des rives où il n’est pas. Alors, il profite simplement de ce moment à deux. De cette rencontre inattendue. Il ne peut rien faire d’autre, elle décide pour eux, même dans cet état.
Elle le lui confirme, même. Mais, ça ne fait rien. Il se retrouve un peu, chez elle. Lui aussi, on ne le revoit plus, en général. Alors, il sourit juste. Compréhensif, sans jugement. « Comme tu voudras, Ada. Mais, j’vais quand même te laisser mon numéro, avant de te regarder t’enfuir. » Comme ça, elle est prévenue. Comme ça, elle aura le choix. « Mais, pas tout de suite. Accorde-moi encore quelques heures ! » Le temps qu’il faudra, au moins pour qu’elle se remette sur pied. Et pour ça, l’air frais lui fait le plus grand bien. Elle est moins amorphe. Plus bavarde. Pas toujours pour le mieux... parce que c’est pire, de l’imaginer arrivée de chez lui. Qu’il ait pu la laisser partir dans cet état. « Seulement un ? » qu’il argue. Satire, espiègle. Un sourire au coin des lèvres. « Dommage que ce soit un crétin. » Jugement facile, qu’il tente de chasser rapidement, à l’aide de nourriture.
« Des frites ! » Regain d’énergie, pour la belle. Julius en rit de bon coeur et se laisse trainer à son tour, vers le premier fastfood ouvert qu’ils croisent. Elle prend place sur une vieille banquette en cuir, loin d’être discrète. Puis, elle commande la première et pour eux deux. Ça lui va. Il est pas difficile, Julius. Il n’avait pas d’envie particulière, pas vraiment faim non plus. Juste l’impression qu’elle en aurait bien besoin, pour chasser la gueule de bois éventuelle. Seulement, il soupire lorsqu’elle sort un billet de cent dollars. Il refuse, elle s’obstine. Mais, Jules ne la laisse pas gagner cette fois. Il prend le billet et le range lui-même dans le sac à main d’Adama. « Non. Tu t’es invitée sous les étoiles. C’est moi qui invite cette fois. Et surtout, t’es pas en état de payer sans t’faire avoir, ma belle. C’est un billet de cent, pour un repas à 15 dollars. »
La jeune femme bougonne un peu, pendant qu’il sort son portefeuille de la poche arrière de son jean, ajusté. Il lui faut bien cinq minutes pour l’en sortir. Sa nouvelle amie en profite pour ouvrir son téléphone. Il ne voit pas ce qu’elle en fait. Peut-être écrit-elle à ce type, dont elle lui parlait. Il en sait rien. Tout ce qu’il sait, c’est qu’elle est encore plus belle à la lumière. Et qu’elle lui sourit lorsque leurs regards se croisent à nouveau. Moins appétissant qu’un aliment de fin de soirée, Jules perd un peu de son attention, lorsqu’ils sont servis. « Tu veux gouter ? » qu’il offre, en lui présentant sa pizza. « C’est très chaud, par contre. »
Elle lui a sourit lorsqu'il a parlé de lui confier son numéro, étonnement, parce qu'elle ne les prend pas non plus d'habitude. Ça lui a fait plaisir qu'il lui dise, elle ne cherche pas plus loin. Est-ce qu'elle fera usage de ce numéro ? Ça c'est une grande question à laquelle elle ne saurait répondre. "T'as toute la nuit, " a-t-elle poursuivit, sans savoir si ça voulait dire une heure ou six heures. Elle n'avait nullement l'intention de fuir en tout cas. C'était curieux ensuite comme elle avait balancé son histoire de plan cul régulier comme ça, sans intention particulière. Alors qu'Ada dans son état normal aurait clairement utilisé cette information pour le provoquer ou voir sa réaction. Ainsi, elle poursuivit sans complexe alors qu'ils continuaient de marcher pour quitter le parc et rejoindre l'une des nombreuses rues de la ville. Elle répondait à ses interrogations au premier degré, réellement décomplexée. Au moins, il savait à quel genre de nana il avait à faire. "Comment ça seulement un ? C'est déjà pas mal. Et puis il y a ceux d'une nuit. " Est-ce que t'es de ceux-là, Julius ? Faudrait-il encore que vous ayez couché ensemble pour ça. "Oui, ça c'est sûr que c'est un crétin," sort-elle au tac au tac, sans réfléchir. C'est sans doute le thème de la nuit, et de beaucoup d'autres nuits de ne pas réfléchir. Et c'est aussi tout l'intérêt du liquide qui rend fou. Ce gars, Arthur, c'est un collègue de la fac, elle n'éprouve rien pour lui, et à priori c'est réciproque, ils se voient de temps en temps, ils s'amusent, c'est tout. C'est sûr que ça n'est pas la relation la plus palpitante ou la plus enrichissante, ce qui lui convient assez bien. Ça fait quelques mois que ça dure ainsi, elle va le voir quand elle se sent seule, parfois c'est lui qui vient mais elle a tendance à diriger les choses et elle est rarement disponible quand c'est lui qui la contacte. Ada elle n'aime pas être seule, depuis toujours, depuis le ventre de sa mère y'a son jumeau. Ils sont fusionnels sans que ce ne soit ambiguë entre eux, même s'ils leur arrivent de dormir ensemble ou de se faire des câlins. Le cambriolage n'a rien arrangé, maintenant elle a même carrément peur quand Balthazar n'est pas là. Alors y'a Arthur... ça pourrait être Jason ou Mike, ou n'importe qui, tant qu'il est dispo pour échanger un peu de sexe contre une nuit à deux. Ça pourrait aussi être un peu mieux que ça.
L'appel de la nourriture met fin à cette petite conversation, pour le moment car l'entêtée peut toujours y revenir, comme ça, sans prévenir. Après quelques rapides échanges, elle le laisse payer. Enfin c'est surtout qu'il n'aurait rien dit et remplacé les billets, ce serait passé comme une lettre à la poste et elle aurait même cru avoir payé. Assis l'un en face de l'autre, après avoir rangé son téléphone elle le regarde, s’imprègne de son visage. Elle sourit moins, mais c'est simplement la fatigue. Puis elle boit un verre d'eau, puis deux-trois autres, grignote ensuite quelques frites lorsqu'elles arrivent. Elle regarde sa pizza d'un air dégoutté lorsqu'il lui propose, en se contentant d'un non de la tête. Pas envie de fromage dans cet estomac fragile. Remange des frites, toujours avec du ketchup. Comme prévu elles sont trop salés, pas assez cuites, pas bonne quoi. Soudain elle se lève, court dehors laissant toutes ses affaires là : le sac sur la table, le manteau sur la chaise. Main sur la bouche, tout le monde s'écarte. A peine passée la porte, elle vomit sur le trottoir. Le glamour est décidément mort pour ce soir, et ce gars là aura vu tout ce qu'il y a de pire chez elle. S'il ne déguerpit pas, elle devrait peut-être l'épouser rapidement. Avant qu'il ne change d'avis.
Au moins elle a vomi une partie de sa consommation, ce sera toujours ça de moins pour son petit corps à saturation. Le côté négatif c'est qu'elle a un sale goût dans la bouche désormais et qu'elle ne se sent pas bien mieux qu'avant. Elle s'essuie la bouche avec sa main, à défaut d'avoir quoique ce soit d'autres sous le coude.
Elle ne dit rien, lorsqu’il sous-entend qu’il aimerait la revoir. Dans d’autres circonstances, dans leur état normal. Il n’est pas ivre, mais, il n’était pas le Jules de tout les jours. Plus calme, plus doux. Moins fou. Presque responsable, paternel. Mais, elle sourit. Il ne sait pas trop ce que ça signifie. Il ne sait même pas, Julius, ce dont elle se souviendra au réveil. Ni si elle aura envie de le revoir, une fois remise. Mais, ça fait rien. Il est dans le présent. Toujours dans le présent. Et elle n’est pas pressée, non plus.
Julius ne regrette rien. Ses intentions ne changent pas, non plus. Elles ne doivent pas. Il ne peut rien se passer, ce soir. Ce serait différent, s’il avait bu aussi. Il ne lui aurait pas résisté. Ils auraient peut-être fait plus ample connaissance, là, sous les étoiles. Mains baladeuses fraiches à réchauffer, sous les couvertures. Baisers tendre, puis, prononcé. Langoureux. Sans aucun doute délicieux. Mais, non. Il ne veut pas de Julia. Il aimerait une Ada consentante, sans le brouillard qu’est l’alcool. Il quitte alors central park, au bras d’Ada, laissant Julia, derrière eux. Elle est surprenante. Il l’aime bien. Et il a ce petite pincement au coeur, lorsqu’elle lui balance qu’elle voit quelqu’un. Mais, non. Il est pas jaloux... Il fait comme si, en tout les cas. Alors, il en rit. Et ne la juge pas. Elle est jeune, elle est belle. Elle est séduisante. Beaucoup trop. « Comment ça seulement un ? C'est déjà pas mal. Et puis il y a ceux d'une nuit. » C’est d’une évidence. « Et ce soir, il est où, le crétin ? T’arrivais de chez lui ? » Une question, à laquelle il n’a toujours pas eu de réponse. D’où venait-elle, comme ça.
La jeune femme fini par le laisser faire. Alors, il paie et attend sagement leur commande. Silencieux, l’un en face de l’autre. Avec elle, il ne ressent pas le besoin de briser ce silence, qui s’installe parfois. Lorsqu’il vient, il en profite pour se taire, pour la contempler. Ses traits fins, doux, si féminin. Sa bouche parfaitement dessinée. Ses lèvres pulpeuses qu’il a eu envie d’embrasser, plus tôt. Son regard pétillant, bien qu’éreinté, embrumé par l’alcool. « Doucement » qu’il s’inquiète. Il songe à Isa, se fait penser à elle et sourit intérieurement. Elle serait fière, il croit. C’est plus tôt, qu’il fallait boire autant d’eau... Mais, lui-même n’alterne pas ses consommations d’un verre d’eau. Il n’est pas du genre à lui faire la morale. Il reste juste là, Jules. Et il veille comme il peut. Il lui offre de goûter sa part de pizza, mais elle décline, l’air dégoutée. Il sourit, la plie en deux et en prend une bouchée. La brune imbibe ses frites de ketchup, elle les dévorent.
Puis, il la regarde se levé brusquement, courir vers la porte d’entrée. Mais, il ne bouge pas. Il termine rapidement sa pizza, Jules. Et lui piques quelques frites. Adama, elle, rejette tout, pendant ce temps. Quelques courtes minutes, puis Jules, il enfile son manteau et attrape les effets de la malade. Il est charmant, avec son sac à main sur l’épaule. Très à l’aise, étonnamment. Il passe par la caisse. Là où il attrape quelques serviettes en papier, lui prend une bouteille de sprite, pour emporter. Elle pourra se rincer la bouche et changer le gout. Il parait aussi que c’est bon, quand on a la nausée. Isabella lui en faisait boire un peu, lorsqu’il était malade. Ou qu’il avait passé la nuit à boire. Il paie donc rapidement la boisson, et sort la retrouver.
Le trentenaire dépose le manteau sur ses épaules, pour la tenir au chaud, lui éviter une bonne grippe en plus de sa gueule de bois à venir. Il lui tend ensuite les serviettes en papier, et la boisson. Son sac à main toujours sur l’épaule, il reste là. Il attend qu’elle se relève, qu’elle soit prête. À quoi ? Il ne sait plus. Doit-il toujours la guider jusqu’à chez lui ? Prolonger leur promenade nocturne jusqu’au levé du soleil ? Il sait pas pourquoi, Jules, mais, il n’a pas envie que la nuit se termine. Il n’a pas envie de lâcher sa main, ni de lui dire au revoir, à la belle Ada. Il ne l’échangerait même pas pour une version différente, moins alcoolisée, d’elle-même.
« Ça va ? » qu’il demande, lorsqu’elle se relève. Calme, patient. Compatissant. Juste là. « J’sais que t’es pas un bébé, que tu peux t’débrouiller toute seule et tout. Mais, t’as besoin d’autre chose ? J’peux faire quelque chose pour que tu te sente mieux ? »
C’est jamais un moment charmant que de vomir, et surement pas agréable. Quand t’as mangé, y’a les morceaux qui te raclent la gorge. Quand t’as rien mangé, il ne te reste que la bile immonde. Finalement, boire, beaucoup boire, c’était pas une si mauvaise idée, vomir de l’eau (et de l’alcool) c’est encore ce qu’il y a de mieux. Bien sûr on se passera des détails de tous les petits morceaux de frites machouillées qui viennent d’être régurgités sur le trottoir. Mais ce qui est bien, c’est qu’après tu te sens un peu mieux… jusqu’à ce que tu re-vomisses tout ton saoul. Quand t’es chanceux, une fois suffit. Mais là Ada, elle y est allée un peu trop fort pour s’estimer chanceuse. Et elle vient d’arriver à l’instant précis où tu passes dans le regret. Ce moment où t’as hâte que la soirée se finisse, t’as qu’une envie, rentrer chez toi, te foutre dans ton lit et dormir jusqu’à ce que ce soit terminé.
Vomir c’est aussi une perte conséquente de calories et dans le froid mordant de l’hiver New-Yorkais, ça se ressent bien. Alors Ada elle tremble comme une feuille et en quelques secondes elle est devenue blanche comme un linge. Elle est donc bien contente qu’on vienne lui remettre son manteau qu’elle enfile aussitôt. Elle prend les serviettes aussi, s'essuie la bouche. Par chance, elle a eu la présence d’esprit de se tenir les cheveux et de ne pas s’en foutre de partout. Elle le regarde, lui fait un petit sourire gêné tout en attrapant la canette. « Ça va que t’as la tête de celui qui a déjà vécu ça. » Genre ouf, ce n’est pas un saint. Clairevoyante, elle continue sur sa lancée. « J’suppose que ça devrait me servir de leçon… mais que je recommencerais quand même... Mollo, si possible, ouais. » Elle prend une bonne gorgée de sprite, la recrache par dessus son vomis. Puis en prend une autre qu’elle avale cette fois. Ca ne passe pas le goût affreux de la bile pour autant. Après quoi elle vient prendre appuis sur son bras, toujours tremblante, puisqu’il lui propose son aide et que ce dont elle a besoin c’est d’un pilier pour la soutenir. Et de son lit.
Mentalement, elle se sent quand même un peu mieux, elle est loin des déchets qu’elle a déjà pu croiser, genre les gens complètement amorphes incapables de parler et de bouger et qui attendent dans un coin. Elle n’est allée qu’une fois jusque là, c’est déjà ça, et c’est bien parce que l’étape d’après c’est le coma éthylique. « Non, c’est ma connerie. Y’a rien de plus à faire que c'que tu n'fais déjà. » Le serveur du fastfood sort soudain pour leur demander de dégager de là, en des termes pas très sympathiques mais Ada, acquiesce, tirant le bras de Julius pour qu’ils s’en aillent. Ils ont juste fait quelques mètres quand la jolie brune l’arrête. Derrière eux résonne le son d’un seau d’eau balancé sur le macadam. Elle a mal aux pieds, elle a froid, elle a juste envie de rentrer Ada, et elle a calculé que tous les quais sont loin, bien plus loin que chez elle.
« J’habite dans le Queens huppé, c’est pas très loin je pense. Tu veux bien me ramener ? On prend un taxi ? J’ai pas envie de vomir dans un taxi, mais j’en peux plus de marcher... »
Elle ne le dit pas, mais intérieurement elle espère bien faire un tour sur son bateau un autre jour.
Julius lui laisse un peu de temps et de l’espace, alors qu’elle rejette le surplus d’alcool. Il veille à récupérer tous ses items, à lui prendre à boire et de quoi essuyer ses mains et son visage. Et puis, retrouve Adama à l’extérieur. Elle tremble, alors que la nuit froide lui caresse le visage, les cheveux entremêlés qui colle à son front dès qu’elle se relève.
Elle sourit, timidement au marin. Silencieux. Il sourit à son tour, lorsqu’elle l’accuse d’avoir connu ça. « Quelques fois, c’est vrai ! » Il l’écoute ensuite se faire elle-même la morale. Il ne dit rien, mais vient dégager ses cheveux, de son visage blême et humide. Toujours silencieux. Patient. Lui laisse faire à son rythme, reprendre son souffle et des forces, en se contentant d’être là, simplement. Un petit rappel verbal, de sa volonté à rendre la situation plus douce. « Non, c’est ma connerie. Y’a rien de plus à faire que c'que tu n'fais déjà. » Et il en est désolé. Il aurait aimé pouvoir partager ce malaise, avec elle, qu’elle puisse partager son inconfort pour le rendre plus supportable.
Seulement, un employé du restaurant sort et lève le ton. « T’es sérieux ? Viens m’le dire en face, abruti... » que le trentenaire ne peut s’empêcher de rétorquer. Heureusement pour ce type, sans aucune compassion, la main d’Ada sur son avant-bras, et sa voix douce, suffisent à le calmer. Il soupire et suit simplement la brunette, qui lui demande de la raccompagner. « Bien sûre. »
Le projet à changé. Julius comprend qu’elle reprend tranquillement ses esprits. Elle sera mieux dans son lit, dans sa chambre. Ils n’ont qu’à faire quelques pas de plus, pour apercevoir un premier taxi. Julius lui fait signe de s’arrêter. Et laisse Ada entrer la première. C’est également elle, qui donne les indications au chauffeur. « Ada, tu me prête ton téléphone, un p’tit moment ? » Il lui avait bien dit, qu’il lui donnerait son numéro. Ils en ont pour quelques minutes, il en profite pour s’ajouter à ses contacts. Elle pourra en faire ce qu’elle veut, ensuite... Lui, ne lui demande pas le sien, ne lui met aucune pression supplémentaire.
Ils montent dans le taxi, elle donne son adresse d'une voix brumeuse, quelque chose comme numéro blablabla street Queens, mais le chauffeur semble avoir compris. Ada cède son téléphone à Julius sans broncher après l'avoir difficilement débloqué. Pas facile de faire le schéma dans cet état. Puis elle se pose contre lui, tête sur son épaule, un peu en arrière pour la nausée. Elle n'est plus à ça près après tout. Le trajet est difficile et elle parle peu, ces minutes lui semblent tellement longue à lutter contre l'envie de vomir qui revient. Surtout que le chauffeur conduit mal et vite.
Heureusement, ce n'est pas très loin. Il s'arrête, elle s'éjecte de la voiture pour revomir dans le caniveau. L'estomac vide, c'était bien moins agréable. Le chauffeur doit faire la gueule mais il ne peut rien dire sachant qu'elle s'est retenue assez longtemps. Pendant ce temps, Julius doit se débrouiller avec lui, en plus il a son sac alors elle ne s'en fait pas. Elle espère qu'il a craqué le gros billet.
Ils sont enfin en bas de l'immeuble qui annoncent la fin de la galère. Et Ada, elle ne sait pas pourquoi mais elle attrape sa main et l'attire vers elle, vers la porte. "Tu veux venir avec moi ?" Proposition pas si charmante vu sa gueule et celle qu'elle aura demain. Il n'aurait pas tort en refusant, vu qu'il ne s'agit que d'une proposition à rester dormir avec une nana susceptible de passer sa nuit à vomir. Et un lendemain pas glorieux.
En fait elle sait pourquoi, elle a peur de l'oublier ou de ne jamais le recontacter. Parce qu'elle est comme ça, facile à aborder, compliquée pour le reste. Il faut s'accrocher avec elle. Julius, il lui semble solide et fiable, et ça lui ferait du bien d'avoir quelqu'un comme lui dans cette vie où elle doit bien trop gérer toute seule. Comme un ami, qu'elle ose se dire là, mais elle est bien trop saoule pour y voir clair.
La belle Ada accepte sans un mot, lorsqu’il demande son portable. Elle le tend, une fois déverrouillé, à l’homme qu’elle connaît à peine. Et a qui elle a fait confiance aveuglément, toute la nuit.
Jules tourne la tête vers elle, en terminant, mais garde le portable de sa nouvelle amie en main. Elle a fermé les yeux. Sa tête contre son épaule, penché vers l’arrière. Respiration lente et profonde. Le marin comprend qu’elle a besoin de concentration, qu’elle lutte contre son inconfort, combat la nausée. Il fait trop chaud, dans la voiture de ce chauffard. Il se tait, la laisse se reposer.
Ada sort à toute vitesse de la voiture, à peine garée, l’estomac au bord des lèvres. Julius, lui, reste là, dans la voiture jaune. Il passe une main dans ses cheveux, et il souffre pour elle. Un soupire. Puis, il sort à son tour. Les effets de la nauséeuse contre l’épaule, Jules se penche vers la portière et la vitre entrouverte. Il demande au chauffeur de patienter. « Quelques minutes, seulement... » Le temps qu’il faut pour s’assurer qu’elle soit bien rentrer chez elle, à l’abri. En sécurité. Mais, il refuse. Dégoûté, impatient. Il s’imagine sans doute que l’hispanique est aussi un danger pour les sièges arrières de son véhicule. Sympa, super service.
Jules porte la main à la poche de son denim, et paie le chauffeur. Un vieil homme pressé, qui ne s’est pourtant pas gêné pour reluquer la brune et sa robe, déjà suffisamment courte, se relever, durant un arrêt prolongé. Lorgner de son rétroviseur, sur son décolleté, dévoilé par l’ouverte de sa veste dans une voiture trop chaude. Tant pis, c’est pas le seul chauffeur. Les taxis, c’est pas ce qui manque, à New York. Vulgaire. Le latino lui fait savoir son mécontentement, avant de le laisser repartir. Et d’accorder toute son attention à Adama, qui se relève, semble mieux se porter.
« Tu veux venir avec moi ? » qu’elle lui demande, après avoir attrapé sa main, l’avoir ramené vers elle. « Tu veux que je t’accompagne, que j’reste avec toi ? » Répondre à une question, par une autre. « Et si je ronflais ? » T’es con, Jules. Sa main dans la sienne, l’autre dans les cheveux d’Ada. Sur sa tempe, sa joue. « Viens, je vais t’accompagner à l’intérieur de l’immeuble. Si t’as toujours envie de me garder près de toi, t’auras qu’à me faire entrer chez toi. Et si tu change d’avis, t’auras qu’à reprendre tes effets, et refermer la porte derrière toi. » Oui, il tient toujours son joli sac à main et son téléphone, Julius. Non, il ne l’assume pas encore totalement. Mais, tenir sa main, de l’autre...
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Sujet: Re: Central Park / Change de ciel, tu changeras d’étoile. [Julius & Adama] ![Central Park / Change de ciel, tu changeras d’étoile. [Julius & Adama] - Page 2 Empty](https://2img.net/i/empty.gif)
Dim 12 Jan - 8:46
