liaisons dangereuses. (warston)

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{ liaisons dangereuses }
crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

Tous les doutes disparus, tous les non-dits oubliés. Toute l’incompréhension mise de côté. Il n’y a plus qu’eux. Eux et leur amour. Et et cette attraction qui les lie avec fougue. Elle ne pense plus un seul instant à tout ce qui peut accaparer son esprit. Envolé son ex-mari, il n’y a plus que lui, le véritable homme de sa vie. Parce qu’elle a beau avoir un comportement plus que douteux, Isabella, elle n’a quant à elle aucun doute sur ses sentiments. Aucune remise en question, aucune interrogation. Le seul homme qu’elle a envie d’avoir à ses côtés, c’est celui qui est tout contre elle, à partager ses baisers. Baisers de plus en plus passionnés, alors qu’ils laissent peu à peu l’envie les consumer. Vulnérables devant un tel désir, c’est tellement agréable, tellement bon, tellement addictif. Elle a, comme, toujours l’impression que cela fait une éternité. Comme si, chaque fois, elle le retrouvait. Comme si, simplement, elle ne pouvait pas s’en passer. Elle se laisse bercer par l’intensité brûlante de l’instant, sans pour autant mettre de côté cette complicité. Le sourire malicieux, mi-amusé, mi-charmé, elle le dévore des yeux sans chercher à se cacher. Pas plus d’ailleurs dans ce qu’elle peut dire que dans ce qu’elle peut montrer. - C’est toi le responsable. affirme-t-elle comme pour remettre la faute dessus. Comme pour lui dire qu’il est le seul coupable de son penchant pour la luxure. Il l’a rendue accro, Nikolaï, plus encore qu’à ces moments, à son corps à lui. Tout bonnement à lui. La latina ne prend guère le temps d’en dire davantage, elle choisit de s’emparer de ses lèvres comme nouvelle réponse. Cette fois, c’est elle sur lui, alors qu’elle glisse ses lèvres contre son torse. Douce torture qu’elle aurait pu savourer encore longtemps, si la sonnerie de son téléphone ne s’était pas fait entendre soudainement. C’est Luke qui l’appelle, Luke pour qui elle s’inquiète. Luke qu’elle n’arrive pas à sortir comme il faut de sa vie. C’est bien malgré elle que la belle choisit de prendre l’appel. Tout ce qu’elle veut, c’est lui apporter son aide. Alors qu’elle tente de rester attentive au son de sa voix, c’est sans compter sur Nikolaï qui veut la mettre dans tous ses états. Fébrile, enivrée par ses baisers comme ses caresses, elle essaie de garder toute sa contenance. Maintenir comme elle peut la conversation. Elle a presque la sensation que son petit-ami fait tout pour la déstabiliser... impression pas si erronée, car elle le connaît. C’est à regret qu’elle se recule pour lui échapper. À lui, à son emprise. A ses lèvres contre sa peau qui n’attend que d’être dévorée. Elle se relève à côté du lit, les prunelles de Nikolaï rivées sur sa dulcinée. Elle croise quelques secondes son regard alors qu’elle est toujours en train d’écouter. Elle voit une lueur d’incompréhension, de surprise peut-être, de découvrir l’identité de celui qui l’a appelée. - Bien. Je te dis à demain dans ce cas. (...) - Je t’en prie, bonne soirée à toi aussi. Elle raccroche enfin pour reposer le smartphone sur la table de chevet. Ce n’est qu’ensuite qu’elle repose ses opales sur le policier. Elle se rend compte qu’il s’est déjà rhabillé... Hum. - Tu n’étais pas obligé de remettre ton tee-shirt... fait-elle remarquer avec un faible sourire. Car elle lui avait dit qu’elle ferait vite. Mais c’est peut-être déjà trop tard... bien trop tard si elle se fie à cette lueur assombrie dans son regard.

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C’est sans vraiment le vouloir qu’elle met un terme à cet instant en amoureux. Cet instant rien qu’à eux. Ce moment dont elle les prive, au profit de cet appel de son ex-mari. Elle ne fait rien passer avant lui, du moins, ce n’est pas ainsi qu’elle le vit. Elle le ressent autrement, Isabella, comme la réponse à une personne qui demande son aide. Elle a assuré à Luke qu’elle serait présente pour lui. Elle ne pensait pas, à ce moment, que cela impliquerait qu’il lui téléphone à une heure aussi avancée. Ni même de partager avec lui un café. Mais elle lui a promis et elle tient toujours ses promesses. Avec tout ce qu’elles engendrent, tout ce qu’elles impliquent. C’est juste une pause de quelques minutes, le temps de fixer un rendez-vous, avant qu’elle ne revienne à son amour. C’est juste une pause, rien de plus, c’est ce qu’elle pense en tout cas. Mais elle réalise rapidement, une fois son téléphone reposé sur la table de chevet, que c’est beaucoup plus pour son bien-aimé. Il a déjà remis le tee-shirt retiré précédemment, comme pour lui signifier que c’est trop tard pour reprendre ce moment. Que c’est trop tard tout court pour elle. La jeune femme peut comprendre, combien c’est frustrant d’être arrêté dans un si bel élan. Cela l’a été autant pour elle que pour lui. Seulement cela n’a duré qu’un bref instant, avant qu’ils ne puissent reprendre où ils s’étaient arrêtés… pourquoi tout compliquer.

Luke.

Bien sûr, c’était Luke. Bien sûr, le problème aussi, c’est Luke. Il lui en veut, non pas d’avoir pris cet appel, mais de l’avoir fait au profit de son ex. Il lui pose la question, une simple question. Pourtant, elle se sent presque embarrassée, comme si elle avait des raisons de culpabiliser. C’est le ton de sa voix, et tout ce qu’il signifie. Qu’elle devrait faire attention à sa réponse, parce qu’il est déjà sur ses gardes. – Il ne va pas bien ces derniers jours. elle lui explique, comme pour se justifier. Comme pour se dédouaner. La culpabilité qu’elle veut effacer, parce qu’elle est infondée. Ou peut-être pas tant que cela en vérité. L’estomac inexplicablement noué, la Latina écoute les paroles visiblement mécontentes de son petit-ami encore plus mécontent. Il a l’air agacé, il a l’air en colère. Et elle, elle garde ce silence, elle choisit simplement de se taire. C’est sûrement encore plus irritant, pour lui, mais elle n’en a pas tout à fait conscience. C’est même tout le contraire, en réalité, elle a l’impression que tout ce qu’elle dira pourrait se retourner contre elle. – Je croyais que nous en avions assez parlé… Et que tu l’acceptais. Une réponse calme, posée. Peut-être un peu trop, pour un tel sujet. Mais ils en ont parlé tant de fois… en fait, à chaque fois. Chaque fois que Luke est revenu, elle a tout fait pour le rassurer. Et, finalement, il a accepté. Il avait accepté, il avait même dit qu’il comprenait. Qu’elle ne peut pas rester indifférente, pas devant cette souffrance. Mais c’est comme si c’était plus fort que lui… C’est sûrement ce que les gens appellent jalousie. – Tu as dit que tu me faisais confiance Nikolaï… souligne-t-elle, comme un rappel, celui qu’il est pris au piège. Au même titre que toi. Peut-être même plus encore que toi. Car il n’a rien choisi, Isa, il n’a pas eu son mot à dire. C’est toi qui as décidé, sans rien lui demander, comme si tu étais la seule impliquée. Comme s’il ne pouvait pas faire autrement, en réalité, qu’accepter.

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C’est comme s’il ne pouvait pas comprendre. Comme s’il avait beau essayer, se le promettre autant qu’à elle, il finissait toujours par flancher. Il finissait toujours par laisser ses premiers instincts reprendre le dessus sur lui. Isabella, elle pense que c’est de la jalousie. Une possessivité un peu trop exacerbée pour celle qui lui montre pourtant chaque jour combien elle peut l’aimer. Mais c’est peut-être autre chose, c’est peut-être pire encore. Il ne doit pas avoir suffisamment confiance en elle, sinon pourquoi réagirait-il de cette manière ? Pourquoi arrêterait-il tout, avec elle, pour quelques minutes seulement loin d’elle ? Elle n’arrive pas à saisir, la latina, l’esprit trop raisonné pour tenter de se mettre à sa place et ressentir ce qu’il peut ressentir. Tout ce dont elle a conscience, là tout de suite, c’est que Luke n’est pas celui qui les empêche de profiter d’un moment à eux... c’est lui qui le fait. Lui qui, pour quelques minutes seulement, semble prêt à tout gâcher. Tout de suite, elle essaie de le calmer. Lui faire comprendre ce qui a pu la pousser à décrocher. Elle est comme ça, Isa. Habituée depuis qu’elle a un téléphone à prendre chaque appel avec l’idée au fond d’elle que c’est peut-être une catastrophe qui l’attend à l’autre bout du fil. Elle n’y peut rien, c’est instinctif. Ses frères, sa sœur, ses amis. Elle a l’habitude de gérer les situations de crise. Elle n’agit pas différemment avec Luke sous prétexte qu’il est son ex-mari. Ce serait pire, en réalité, si elle agissait différemment sous prétexte que c’est lui. Si elle se comporte avec lui comme avec les autres, c’est précisément parce qu’elle ne le considère pas différemment. Un argument qui ne soulagerait visiblement pas son petit-ami. Tout comme celui de savoir Luke malheureux… Elle détourne les yeux face à son manque d’empathie. – Ne réagis pas comme cela, Nikolaï, s’il-te-plaît... Mais il ne l’entend pas. Ne l’écoute pas. Il a l’air tellement fermé, ou bien, de tellement le détester… qu’il ne réagit pas comme il le ferait en temps normal. Il est bien plus dur que celui qu’elle connaît. Les yeux revolver posés sur lui, elle le regarde se lever pour commencer à avancer dans la chambre, comme incapable de se tenir en place. Elle essaie bien de garder toute la délicatesse du monde… mais l’entendre dire qu’elle fait passer Luke avant eux juste pour… quelques minutes seulement.  Non, c’est injuste. C’est injuste et c’est faux en plus. – Je ne le fais pas passer avant nous ! Comment peut-il penser une chose pareille ? Elle le fait toujours passer en priorité, Nikolaï. Mais il n’est clairement pas de son avis puisque, d’après lui, elle laisse de plus en plus de place à son ex dans sa vie. – Cet appel n’a même pas duré deux minutes. Il est tombé au mauvais moment, c’est vrai, mais qu’étais-je censée faire ? L’ignorer juste parce que c’est Luke ? Parce que, clairement, c’est lui le problème. C’est lui et la relation qu’ils entretiennent. Nikolaï lui avait pourtant assurer qu’il lui faisait confiance… Une promesse bien trop vite oubliée. – Et tu aurais dit la même chose si c’était Peyton ? Si c’était Arya, ou bien Cassey ? Non, bien sûr que non. Ce qui le dérange n’est pas tant qu’ils aient été dérangés, mais que ce soit par l’homme qu’il déteste. – Dans ce cas, dis-moi carrément ce que j’ai le droit, ou non, de faire quand il s’agit de lui, ce sera plus facile. lâche-t-elle, amère, sur la défensive. Parce qu’elle en a assez de devoir le rassurer. Assez d’apaiser ses craintes quand elles sont infondées. Quand il n’y a que lui dans son cœur, que lui dans sa vie.

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C’est comme s’ils étaient dans deux univers parallèles. Comme si, elle avait choisi d’oublier le passé quand lui est incapable d’y arriver. Elle a pardonné à Luke, réellement, elle a fait ce qu’elle ne pensait pas avoir la force de faire, elle lui a pardonné. Et cela fait un bien fou, à Isa. Le cœur un peu plus léger, l’esprit un peu moins tourmenté. Elle a bien trop de démons en elle pour ne pas tenter de se libérer de certains quand elle se sent capable de s’en défaire. Il y a une partie de son âme qui respire un peu mieux depuis qu’elle a tourné la page sur cet instant difficile de sa vie. Mais c’est différent pour son petit-ami. Il ne parvient pas à mettre de côté ce passé trop compliqué. Pour lui, c’est comme si tout venait de se passer. Comme si rien n’avait changé. Comme si Luke ne pouvait pas avoir changé. Ils ne voient pas la situation de la même manière, ils n’ont pas le même regard sur l’être humain. Isabella, elle a besoin de croire qu’il existe une part de bonté en chaque personne. Que c’est le vécu de chacun qui détermine ce qu’il devient. Mais que l’on peut changer... que tout le monde peut changer. À condition d’être entouré, épaulé par un peu d’humanité. Tu as besoin d’y croire, besoin d’un peu d’espoir. Parce que tu ne le supporterais pas si ce n’était pas le cas. Tu ne supporterais plus la vie si tu te rendais compte que ce n’est pas le cas. T’es déjà trop occupée à te battre contre toi-même pour le faire contre le reste de l’humanité. Mais il ne le voit pas, ça. Il ne le comprend pas.

Ou peut-être que c’est elle qui va trop loin.

Peut-être qu’elle laisse vraiment trop Luke intégrer sa vie, mais elle n’a pas l’impression de dépasser les limites. Elle est loin de partager des moments en sa compagnie, loin de le retrouver au quotidien. Elle entretient seulement un certain contact avec lui pour s’assurer qu’il va bien. Si ce n’est pas le cas, elle est là. Comme elle le serait pour n’importe qui, pas seulement sa famille. Elle se rend compte en l’écoutant qu’elle a été plus que maladroite dans ses propos. Qu’elle n’a sûrement pas utilisé les mots qu’il faut. – Je l’aurais fait pour n’importe qui. Non, il n’a pas la même importance que Peyton ou Julius. Même pas autant que Kristina ou Love. Mais, devant quelqu’un en détresse, elle réagit toujours de la même façon. Peu importe leurs relations. Ce sont les sentiments de l’autre, sa souffrance, qui la fait réagir. C’est elle, ce soir, qui l’a fait réagir. – Il traverse une phase difficile, je ne peux pas rester insensible. Ce n’est pas de cette manière que je fonctionne. Elle se demande même comment lui, il peut être aussi dur... aussi intransigeant. Mais elle prétend simplement que c’est seulement sa bonne conscience qui parle, sûrement un peu de son âme. Elle n’évoque aucun sentiment, ne parle pas de sa relation. Elle ne répond même pas à sa question. Elle ne saurait comment répondre à une telle question. Luke, il représente une partie de sa vie. Il était tout de même son mari. Le premier homme auquel elle avait promis de l’aimer pour le restant de sa vie. Il est aussi le premier à avoir pris soin d’elle. Peut-être pas comme Nikolaï, sûrement pas aussi bien que Nikolaï. Mais il est le premier homme à l’avoir délestée d’un peu de tout ce poids qu’elle a toujours porté. Même si c’est terminé aujourd’hui, même s’ils ne seront plus jamais ce qu’ils ont été, elle ne peut pas l’oublier.

Malsaine.

Il pense que leur relation est malsaine.

Elle ne comprend absolument pas où il veut en venir. Encore moins ce qu’il cherche à lui faire dire. Elle secoue la tête, de cet air un peu fébrile. – Je ne vois pas en quoi notre relation est malsaine… J’essaie juste de… lui pardonner. Comme lui, il a réussi à me pardonner. Ne le voit-il pas ? C’est tellement mieux comme ça. Tellement plus apaisant pour son cœur déjà trop écorché, pour subir de nouvelles plaies. Ou, ne serait-ce que, pour cicatriser. Elle commence à en avoir assez, Isabella. Elle n’est pas en colère, juste un peu sur les nerfs. À cran, comme fatiguée, de devoir constamment se justifier. S’expliquer comme si elle était une criminelle sur le banc des accusés. – Visiblement si ! Tu me dis que tu me fais confiance mais, chaque fois que tu entends son nom, c’est comme si nous n’avions pas eu la moindre discussion. Et elle a le beau rassurer, c’est comme s’il refusait de la croire. Comme s’il refusait de croire que, c’est lui, l’homme qu’elle aime.

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L’ombre plane au-dessus de leurs têtes depuis plusieurs jours déjà. Elle était là, déposant ce voile sombre sur eux, le temps de quelques instants. Mais elle repartait, chaque fois, rapidement. Elle repartait grâce à l’amour, celui qu’ils partagent inlassablement, celui qu’ils partagent inconditionnellement. C’est grâce à cette envie de savourer les moments à deux, chaque fois plus forte que les rancœurs et tous les non-dits qu’ils gardent au plus profond d’eux. Seulement cela ne pouvait pas durer, pas pour l’éternité. Il allait bien craquer à un moment, Nikolaï. Elle aurait pu le prévoir, elle aurait dû le prévoir. Elle aurait dû se douter qu’il ne pourrait pas prendre sur lui indéfiniment. Elle ne peut pas lui demander de garder le silence, Isa, pas alors qu’il a tant de ressentiment. Mais elle ne le réalise même pas, elle ne le voit pas. Tout ce dont elle a conscience, c’est qu’il revient sur ses promesses. Et, en même temps, c’est sa confiance en elle qu’il remet en cause. C’est ce qui lui fait le plus mal, à Isabella, que ce soit leur amour qui soit remis en cause.

Et tu ne vois pas,
tous les dangers,
tout ce que t’es en train de risquer,
tout ton avenir, pour ton passé.

Ils ne se comprennent pas, sûrement parce qu’ils sont trop différents. Dans leurs réactions autant que dans leurs tempéraments. Cela, elle le remarque bien quand elle le voit aussi cynique, aussi dur avec un homme qui ne demande rien d’autre qu’une seconde chance. Et les mots d’Alejandro te reviennent. En écho à tout ce que Nikolaï t’a déjà dit. C’est peut-être toi qui es trop naïve, toi qui veut trop croire en l’impossible. Mais elle ne peut pas changer, elle refuse de changer. Trop de choses l’ont déjà rongée, pour qu’elle laisse de nouvelles craintes venir la submerger. Et, devant les mots acerbes de Nikolaï, elle détourne la tête, comme si c’était elle qui était blessée. Elle et son jugement qu’il remettait en question, encore. – Pourquoi te le dirais-je ? Tu ne feras rien d’autre que le juger... Mais il faut qu’il comprenne, bon sang. Luke, il est une partie importante de sa vie. Elle ne peut pas lui tourner le dos, pas alors qu’il a besoin d’une amie. Elle en est incapable, Isabella, physiquement incapable. Elle a trop connu l’abandon pour supporter de couper les ponts, comme ça, avec quelqu’un. Trop peur de l’abandon, peut-être, même avec celui dont elle a divorcé. Ce n’est pas sans raison qu’elle a toujours tâché de rester amie avec les hommes dont elle s’est séparée. Comme si la coupure lui était impossible, comme si…

Comme s’il avait raison, au fond,

Que tu te laissais volontairement,
pourtant inconsciemment,
entraîner dans les liens les plus malsains,
Ceux qui font plus de mal que de bien.

Plus elle l’écoute, plus elle a cette horrible sensation. Celle qu’ils vivent dans deux mondes en opposition. Qu’ils ne pourront jamais se rejoindre, tant ils ne parviennent pas à se comprendre. Ce n’est pas faute d’écouter tout ce qu’il peut lui énoncer mais, non, elle ne peut pas être d’accord avec lui. Et elle s’en rend compte quand il lui affirme que Luke a créé son propre malheur. – Mais, bon sang, je crois que tu ne te rends pas compte ! Je l’ai trompé, je l’ai humilié, je l’ai trahi, juste pour… Juste pour partir. Juste pour être libre. Juste pour être avec lui. Et elle ne regrette pas, Isa, elle ne peut pas regretter parce qu’elle l’aime tellement qu’elle n’aurait pas pu agir autrement. Mais cela ne signifie pas qu’elle ait la conscience toujours bien tranquille. Ses opales qui se relèvent vers son petit-ami, cette lueur intense à l’intérieur, elle le contemple, l’air presque suppliante… Qu’il la comprenne, comme il sait si bien le faire, d’ordinaire. – Je lui ai fait autant de mal qu’il m’en a fait. La seule différence, c’est que j’ai la chance d’être avec toi quand lui n’a plus personne. déclare-t-elle enfin, la gorge nouée, alors que l’émotion l’envahit lentement. C’est toute sa culpabilité qui remonte, alors qu’elle a toujours les prunelles plongées dans ses deux grands océans. Mais elle est aussi fatiguée, Isa, fatiguée de devoir constamment se justifier. – Ce n’est pas de l’amour, c’est de la possessivité ! Il suffit que tu entendes son nom pour bondir comme si tu t’attendais au pire ! Et elle ne sait vraiment pas combien de temps elle va pouvoir le supporter. – Ce n’est pas en lui que tu n’as pas confiance, mais en moi. C’est bien cela, le plus douloureux pour elle. Le plus difficile à encaisser pour elle.