rise up. (cahal, morgan, ella)

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{ rise up }
crédit/ tumblr ☾ w/@Cahal McGrath & @Morgan McGrath

Elle ne devrait pas être ici. Elle ne devrait pas être dans ce taxi. À quelques pas de ce club, à quelques pas de cette famille. Famille maudite de laquelle elle ne fait plus partie. Famille toxique de laquelle elle n’a jamais vraiment fait partie. Le seul auquel elle a été un jour liée, le seul auquel elle sera toujours liée, il est à quelques mètres. Sûrement en train d’entamer son troisième verre. Morgan, encore et toujours, Morgan. Il ne doit pas imaginer un seul instant la retrouver à l’une de ces soirées. Elle n’a plus mis un seul pied au Closer depuis des mois, depuis que tout s’est officiellement arrêté entre eux. Rupture nécessaire, rupture essentielle. Rupture irréelle. Parce que, peu importe tout ce qu’ils ont pu se dire, rien ne change ce qu’ils peuvent ressentir. Rien ne change qu’elle se sente toujours aussi connectée à lui. Comme si leurs deux cœurs refusaient de battre à l’unisson mais que leurs âmes, séparées, devenaient perdition.

Morgan, ce soir, c’est pour lui que t’es là,
C’est pourtant pas lui qui va te tenir le bras.

C’est le frangin qui est venu lui réclamer son aide. Cahal, convaincu, d’avoir le remède. Celui pour sauver son frère. Convaincu qu’il est, qu’un électrochoc serait encore le meilleur moyen de le réveiller. Il a réussi à la persuader, elle, de l’épauler. De devenir, dans sa démarche, son alliée. Elle n’aurait jamais cru pouvoir accepter. Elle ne sait pas comment il a fait. Il manie l’art des mots bien mieux qu’elle, Cahal. Il est resté impassible quand elle s’est mise dans tous ses états. N’a pas démordu, quand elle était déjà perdue. Il l’a tellement agacée, cette nuit-là, pourtant ce soir elle est bien là. Prête à l’aider, pour un projet en commun, celui de le sauver.

Et tu sens que ça va mal se terminer,
Tu sens que tu vas le regretter,
Mais c’est tout ce que t’as, pour l’aider.

C’est peut-être l’une des pires décisions qu’elle ait prise. Se mettre du côté du chef de la famille, celui qui profite sans vergogne de toute cette emprise. Assurément, elle est dans le top dix. Mais s’il y a une infime chance pour que son plan fonctionne, elle est prête à la saisir. Prête à tout, même à le trahir. Car c’est la sensation qu’elle a depuis qu’elle a commencé à se préparer. Depuis qu’elle a enfilé cette robe hors de prix aux tons dorés, celle que Cahal lui-même a payée. La sensation désagréable, de le laisser profiter d’elle. Profiter d’eux. De leur amour tumultueux. La sensation amère d’utiliser tous ces sentiments, leurs sentiments, pour le plonger un peu plus dans ses tourments.

Ce soir, pas d’échappatoire,
Vous attend p’t-être un nouvel espoir,
Ou un scénario beaucoup plus noir.

Ce n’est pas pour elle qu’elle a le plus peur. Comme si elle avait déjà accepté, Ella. De n’être qu’un objet utilisé pour mieux le sauver. Elle sait qu’elle est en train de se replonger dans un sable mouvant dont elle était presque prête à se libérer. Presque. La vérité, c’est qu’elle ne craint pas de retomber. La vérité, c’est qu’elle ne s’en est jamais délivrée. Non, ce n’est pas pour elle qu’elle a peur. Mais pour Morgan. Pour le cœur trop écorché de celui qu’elle n’a jamais voulu qu’aimer. Celui qu’elle aurait aimé soigner. Elle a l’impression qu’elle ne va que davantage le blesser. Le faire souffrir avec le pire des alliés. Son propre aîné.

Mais tout ce que tu peux faire,
Tu te persuades que c’est pour son bien,
Parce que t’essaies de te convaincre,
Que c’est peut-être vraiment ce dont il a besoin.

Plus d’alternative possible. La sirène sort du taxi pour s’approcher du bar. Elle le voit, au loin, Cahal. Affichant déjà son assurance, il ne paraît même pas surpris de la voir arriver. Elle n’a pas pris la peine de le prévenir. Parce que, jusqu’au dernier moment, elle n’était pas sûre de venir. Mais, lui, il le savait depuis le début. Parce que, dans son esprit à lui, rien n’est aussi confus. Il ne doit pas être envahi par les mêmes doutes, encore moins les craintes qui peuvent la submerger. Il ne doit pas douter de lui un seul instant. – Salut. elle lance, le ton banal. La voix presque trop glaciale. Elle ignore comment elle va supporter cette soirée. Comment, tous, ils vont bien la supporter. Elle voudrait presque qu’il la rassure, Cahal. Mais elle sent déjà l’issue fatale.

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crédit/ tumblr ☾ w/@Cahal McGrath & @Morgan McGrath

Le calme affiché, l’assurance exposée. Elle ne mène pas large en réalité. Elle a l’impression de faire une mauvaise blague. L’impression d’être dans une sorte de cauchemar. Ceux qui n’ont ni queue ni tête, mais qui arrivent à créer la terreur. Ceux qui sont insensés mais qui, sur le moment, paraissent plus vrais que jamais. Pour cause, elle est bien là, Ella. À quelques pas du Closer, en train de rejoindre Cahal McGrath. Un nom qui en effraie des dizaines, mais qui ne lui a jamais fait peur. Nom qu’elle aurait même accepté de porter, mais seulement pour son cadet. Mais elle n’imaginait pas avoir affaire à lui un jour. Elle se rend compte, en arrivant à sa hauteur, qu’elle ne le connaît pas. Morgan a toujours tenu une certaine distance entre elle les siens. Il n’y a qu’Aodh qu’elle connaît très bien. Mais, de tous, Cahal reste celui qu’elle a toujours perçu comme le plus dangereux. Pas pour le monde, elle se fiche du monde, mais pour Morgan. Celui qui parvient à le faire plier à sa volonté, celui qui profite de cet amour dévoué. Amour rongé qu’elle n’a jamais eu l’impression de voir réciproque. Jusqu’à cette nuit-là, celle où il est venu lui demander son aide. Il est la seule chose qui les aurait réunis, Morgan. La seule qui aurait pu faire céder Ella, la faire plier à son tour, devant les manigances du vautour.

Tu prends conscience que tu vas passer,
Toute une soirée, avec lui à tes côtés,
Ce n’est peut-être jamais vraiment arrivé.

Lui, elle ne le connaît qu’à travers Morgan. De lui, elle ne connaît que cette ombre qui plane. Rien de bien accrocheur, rien de bien attrayant pour donner l’envie de faire sa connaissance jusqu’à présent. Mais elle va passer un long moment avec lui, parfois entourés d’autres personnes certainement, parfois seule avec lui. Et elle se rend compte qu’elle ne sait rien de lui. Passer la soirée avec des hommes qu’elle connaît à peine, c’est un peu devenu son gagne-pain. C’est en faisant semblant avec eux, qu’elle trouve le moyen de vivre. Elle sait faire semblant mais, d’ordinaire, elle n’a pas d’aversion pour les hommes qu’elle utilise. Elle peut même les apprécier. Elle n’est pas certaine qu’il en soit ainsi pour cette soirée. Elle part avec un mauvais a priori sur Cahal, assurément. Un homme implacable, qui a conscience d’obtenir toujours ce qu’il veut, la preuve avec elle. Un homme qui fait du mal à son propre frère, sans parler de tout ce qu’il doit faire subir à ses adversaires. Une image sombre qu’elle n’envisage pas de changer, elle a même du mal à l’imaginer sourire et s’amuser.

Pourtant, vous allez devoir créer une complicité.
Si elle n’est pas vraie, au moins la simuler.

Devant son constat, elle n’émet aucune réaction. Aucun commentaire sur une réalité qu’elle voudrait bien oublier. Elle l’aime, Morgan. Elle l’aimera toujours. Elle ne serait là pour aucune autre raison. Mais elle garde le silence, ne compte que sa présence. La main qu’il passe dans son dos, lui donne une drôle de sensation. Celle de trahison. Elle ferme brièvement les paupières, juste une seconde, avant de s’immiscer dans cet enfer. Un enfer embelli, ce soir, comme elle l’a rarement vu. L’ambiance des années folles, les années où les gens semblaient encore heureux. Le Closer revêt un costume plutôt ambitieux. Mais le succès est là, incontestablement, le monde aussi. À peine arrivée, une coupe de champagne lui est servie. L’avantage d’accompagner un McGrath, certainement, qui ne tarde pas à lui confier qu’il est content qu’elle soit venue. Pas pris au dépourvu. Il paraît pour le moins sincère, aucun sarcasme dans le ton de sa voix, ni dans aucun de ses airs. – J’espère que ça fonctionnera. déclare-t-elle, prise par ce doute plus ou moins maîtrisé. Elle ne doit pas avoir l’air embarrassée, ni d’hésiter. Elle doit être heureuse d’être à ses côtés.

Et, doucement, tu lui souris,
Et commence la comédie.

Elle sent un regard sur eux. Il y en a plusieurs, en réalité, mais il y en a un qui la transperce. De ce pouvoir particulier sur elle qu’il exerce. Elle tourne la tête, à peine de quelques millimètres, pour tomber sur le bar et son propriétaire. Pour tomber sur lui, Morgan, qui les observe. Le palpitant qui s’accélère, elle lance à son complice. – Il nous a vus. Moment de vérité. Vers lui, ils décident de s’approcher. Les deux alliés n’ont pas vraiment convenu d’une méthode pour exécuter leur plan. Pas de ceux qui prévoient, Ella, elle n’y a même pas pensé. Peut-être qu’elle aurait dû y songer. Peut-être qu’elle aurait réalisé, combien tout ceci est insensé. Sa main qui se pose sur le bras de l’aîné, elle le tient exactement comme elle avait l’habitude de tenir le cadet. Rapidement, beaucoup trop rapidement, ils se retrouvent devant son âme abîmée. Il ne daigne pas poser les yeux sur eux, ni même la saluer. Il se contente de terminer son verre d’une traite. Le regard de la belle retrouve un instant celui de son partenaire. Peut-être que vous avez bien fait, tout compte fait. – Bonsoir Morgan. commence-t-elle, sobrement, tranquillement. Comme s’il n’était qu’une connaissance qu’elle saluait poliment. Comme s’il n’était que le petit frère de son compagnon. Elle pose sa coupe de champagne à peine entamée sur le comptoir. – Hum, je ne sais pas, ça fait longtemps que je ne suis pas venue… Tu me conseilles quoi ? Et ce n’est pas Morgan qu’elle contemple. C’est sur son grand frère qu’elle pose ses prunelles.

Sans savoir si c’est pour jouer ton rôle à la perfection,
Ou si t’as juste peur de voir dans ses pupilles ta trahison.

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crédit/ tumblr ☾ w/@Cahal McGrath & @Morgan McGrath

Elle vient d’arriver, Ella, mais il y a cette partie d’elle qui veut déjà repartir. Fuir lâchement le chaos dont elle sent trop vite les prémisses. Comme si elle avait oublié, l’espace d’un instant, le pourquoi de sa présence. La raison, elle est aussi simple qu’évidente. Elle se tient là, devant elle, le regard déstabilisant, l’âme en plein tourment. La raison, elle se tient en un mot, Morgan.

Morgan, que tu ne supportes pas de voir se détruire,
Morgan, que tu es prête à faire souffrir,
À accepter, à le pousser même à te haïr,

Juste, pour qu’à nouveau, il vive.

Logique malsaine, comme cet amour qui coule encore dans ses veines. Logique imparable de celle qui ne sait plus lui faire que du mal. Parce qu’elle l’a déjà vu se mettre dans des états de rage, à cause de leur amour volcanique. Sûrement bien plus que n’importe quel membre de sa famille. Elle sait éveiller ce qu’il y a de plus fort en lui, de plus mauvais aussi. Elle en a conscience, Ella, parce qu’il a ce même pouvoir sur elle. Cette même emprise sur elle. Il peut lui faire péter les plombs, tuer un peu plus son âme en perdition. Mais c’est avec lui qu’elle s’est sentie plus vivante, de toute son existence.

Et c’est cela, le plan orchestré avec Cahal,

Plan bancal,
Plan qui va peut-être vous être fatal.

Pas un moment, elle n’arrive à poser ses prunelles assombries sur son amour maudit. Elle se raccroche aux océans similaires, mais teintées de cette froideur particulière, de son complice. Complice qui prend des allures d’ennemi quand les mots incendiaires sortent de sa bouche trop glaciale. Mots destinés à lui faire du mal. C’est peut-être ce qu’il envisageait, c’est peut-être ce qu’il imaginait depuis le début. La sulfureuse, elle, tombe un peu plus des nues. Le trouble qu’elle masque comme elle peut, le silence qu’elle garde comme seul aveu.

Et ça te fait mal de le laisser croire des conneries pareilles,
Ça te fait mal qu’il pense que tu ne penses qu’à l’oseille,

Parce que t’aurais jamais mis les pieds ici,
Pour autre chose que lui,
Pour un autre que lui.


Mais elle ravale sa fierté, Ella. Comme elle l’a déjà trop fait en acceptant de se faire manipuler. Elle laisse le vautour tisser les toiles de ce qui deviendra son enfer autant que celui de l’être aimé. Elle le laisse les torturer, parce qu’il y a une partie d’elle qui se dit que c’est peut-être la solution. Qu’elle n’a de toute manière plus d’autre option. Peut-être qu’elle a aussi cet espoir désespéré, de le voir réagir, pour défendre son âme piétinée. Insinuée par son aîné mal aimé, qu’elle n’est qu’une traînée. À défaut de le faire pour lui-même, peut-être qu’il le ferait pour le couple qu’ils formaient, pour tout ce qu’ils étaient. Il a laissé tout ce pouvoir à son aîné quand, au fond, il est peut-être le seul qui peut le changer. Le seul capable d’y remédier. Mais il ne le voit pas, Morgan, trop occupé à subir. Trop occupé à se détruire. Elle a tenté de le sauver de ses maux, le sauver avec de simples mots. Mais s’il n’y a que la violence pour le faire réagir, Ella, elle est prête à tout, même à le trahir.

Prête à mettre votre amour au plus bas, pour que lui se relève de ses cendres,
Prête à le perdre définitivement, pour qu’il redevienne vivant,

Et ça commence tout doucement.

Le cristal qui se brise entre ses doigts, cette lueur de haine dans ses opales. Il réagit vivement, instinctivement. Comme guidé par une force ancrée en lui, force qui le sort de sa léthargie. Elle assiste à la scène sans réagir, Ella. Elle le laisse évacuer un peu de cette rage, un peu de cette haine que, trop souvent, il contient. Les paroles s’échappent, révélatrices d’une relation dont elle ne savait rien.  Le vautour délaissé, c’est sur elle que Morgan vient à se concentrer. Et tes prunelles qui se noient pour la première fois dans ses pupilles bleutées. Le sentiment de trahison qui ne fait qu’accentuer ta culpabilité. Mais elle ne se laisse pas troubler, Ella, elle joue son plus grand rôle, la comédienne échouée. – Je cherche rien, Morgan. J’te demande pas des comptes sur comment tu gagnes ta vie, moi. lance-t-elle, platement. D’un calme qui ne lui ressemble pas vraiment. Ses yeux qui se plantent dans les siens, elle se force à accrocher son regard. Comme si elle assumait complètement, comme si elle n’avait plus aucun compte à lui rendre. Et, quelque part, sa raison essaie de la convaincre que c’est la réalité. Qu’elle ne lui doit plus rien, depuis que leurs vies ont cessé d’être liées.

Mais il y a ton cœur qui te dit le contraire,
Ton cœur et ses travers,

Ton cœur que t’obliges à s’taire.

De nouveau, elle dévie le regard, d’un frère à l’autre, jusqu’à remarquer le sang de Morgan sur la chemise de son aîné. Comme un triste reflet de la réalité désabusée. – On devrait aller te trouver de quoi te changer. Je n’ai pas envie que tu taches ma robe pendant une danse. déclare-t-elle, un fin sourire aux lèvres. Éviter de trop en faire, juste assez pour ronger son être. Et tu te détestes un peu plus encore. Et tu ne peux pas t’empêcher de t’inquiéter pour lui, encore. – Et toi, tu devrais t’occuper de ta main. Et tu le tortures peut-être un peu plus encore. Toujours plus fort.

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crédit/ tumblr ☾ w/@Cahal McGrath & @Morgan McGrath

Les billes noires qui se tournent, d’un frère à l’autre. De la colère amère de l’un, à la satisfaction acerbe de l’autre. De l’amour à la haine. Elle ne bouge pas, Ella. Elle n’est pas venue pour tempérer les esprits, ni pour calmer les états d’âme. Mais, pourquoi, Ella ? Pourquoi t’es là ? Elle commence à ne plus savoir elle-même alors que la situation lui échappe. Alors que les idées si claires dans l’esprit du vautour ne viennent tout juste lui éclater au visage. C’est la rage de Morgan qu’il voulait, uniquement sa rage pour mieux le tourmenter. Pour mieux en faire son objet, pour mieux en faire tout ce qu’il attendait. Un patin pour exécuter ses idées, un homme de main pour réaliser le moindre de ses souhaits. Et toi, t’es juste l’outil qu’il a utilisé, juste ce dont il a eu besoin, pour le réveiller. C’est trop tard qu’elle le comprend, beaucoup trop tard pour celle qui connaît les McGrath. Elle avait appris à les cerner sans tout savoir d’eux, appris à savoir qu’il est le plus dangereux. S’unir à lui était complètement idiot, marqué par l’espoir mélancolique de le retrouver. Retrouver sa fougue, retrouver son envie de vivre. Retrouver l’homme qu’elle a connu, l’homme qui l’aimait. Mais Cahal se fiche de retrouver son frère, Cahal ne pense qu’à se satisfaire. Et elle assiste, impuissante, à l’échange trop violent entre eux. Elle ne sait pas ce qu’elle imaginait, ce qu’elle espérait. Peut-être, juste, pouvoir le sortir de ce puits sans fond dans lequel il s’est plongé. L’empêcher de sombrer, l’empêcher de définitivement couler.

Mais c’est son arrêt de mort que t’as signé.

Comme si, en lui permettant de retrouver cette violence tant attendue par son aîné, elle lui ôtait l’un des derniers restes de son humanité. Pas ce qu’elle voulait, loin d’être ce qu’elle envisageait. Elle est plus maligne que cela, Ella. Elle aurait dû le savoir. Mais elle n’a pas de pire faiblesse que son seul amour. Pas de pire voile que que les sentiments qui lui ôtent toute raison. Elle s’est laissée berner, bêtement, naïvement. Et ne le comprend qu’en voyant Cahal déjà prêt à partir quand, en réalité, il n’a rien été capable de guérir. Il l’a même fait encore plus souffrir. Ils l’ont fait encore plus souffrir. Parce que tu ne sais pas agir autrement. Tu ne sais plus l’aimer autrement. La gorge nouée, par la rage contre Cahal mais surtout contre elle-même, l’âme en perdition ose à peine regarder son autre moitié. La honte, ajoutée à la culpabilité, à la colère de s’être laissée emporter. Ils la tueront, ses sentiments. Il la tuera, Morgan. Mais, ce soir, c’est elle qui lui a porté le coup fatal. Ses opales qu’elle fuit, maladroitement, alors qu’ils se retrouvent tous les deux. Ils finissent toujours par se retrouver tous les deux. Elle ne les repose sur lui que lorsqu’elle entend le son de sa voix. Ni rage, ni chagrin, il est sûrement juste un peu plus prêt du fond dont elle voulait le sortir. Comme une tendance exacerbée à faire le contraire de ce qu’elle devrait faire. Et pour continuer un peu plus, elle lui épargne la vérité. Elle lui épargne sa tentative avortée, cette de l’aider, celle de l’épauler. Elle lui paraît, plus que jamais, déplacée. Elle, elle se sent déplacée, dans cet endroit où elle n’aurait plus jamais dû reposer les pieds. Lui qui s’éloigne déjà, elle ne le rattrapera pas, pas cette fois. – Vous êtes tous cinglés dans cette famille. elle balance, finalement, comme seule défense. Juste quelques mots qu’elle lance, avant de s’enfuir et quitter son antre. La faute à une famille maudite, elle préfère se dire. Mais c’est leur amour qui vient, à nouveau, les anéantir. Jusqu’au jour où il finira par les engloutir.