los angeles/ la nuit tombée, shun

différent. tout est différent depuis ce jour. depuis la mission ratée. depuis la blessure de shun. moins de disputes, plus de regards en coin. l'inquiétude qui s'immisce en lui, xinyi ne peut l'apaiser. chaque soir, lorsqu'il pose sa tête sur son oreiller, la panique l'envahit. peur pour lui-même mais aussi pour shun. il entend de nouveau les coups de feu, revoit cette fichue blessure et tout ce sang. derrière ses paupières, xinyi ne voit que du rouge. ses rêves se transforment en cauchemars et chaque nuit, shun est blessé voire même tué. réveils en sursaut, les larmes ravageant parfois ses joues. xinyi est terrifié et son inconscient lui fait parfaitement comprendre qu'il ne craint plus uniquement pour sa propre vie mais pour celle de shun aussi.

sa présence est devenue rassurante même si toujours très pesante. il remue beaucoup de choses chez xinyi et, plus les jours passent, plus le jeune homme est perturbé. pourtant, aujourd'hui, il ne veut plus du départ de celui qu'il qualifiait comme un intrus dans sa vie. ça le tue de se l'avouer mais il a besoin de lui. vraiment.

ils n'ont pas reparlé des mots échangés après l'incident. xinyi remercie seulement shun intérieurement de ne pas l'avoir ridiculisé. sa réaction aurait été très différente au début de leur « relation », xinyi en est conscient et, quelque part, ça le rassure de voir que shun a lui aussi changé. il n'aurait pas supporté les moqueries suite à ses aveux.

los angeles. changement d'air. même si la peur lui serre les entrailles, xinyi sait qu'ils en ont besoin. pourtant il n'a pas spécialement confiance. « mission de routine. calme. ça sera des vacances. » leur dernière mission n'était-elle pas censée être simple ? ils avaient failli y laisser leurs peaux. alors xinyi a beau protester, il se retrouve tout de même à l'autre bout du pays en compagnie de shun. épuisé après presque six heures de vol sans fermer l'oeil, les bruits stridents de la ville lui écorchent les oreilles. pas un mot échangé depuis leur départ. xinyi ne veut pas le harceler de ses craintes alors il se referme sur lui-même, entassant les maux les un après les autres. tête basse, prête à exploser, il se contente de suivre shun. aéroport, taxi, hôtel. la noirceur du ciel l'étouffe. dormir lui fait peur. et si je fais encore des cauchemars ? et s'il est tué à nouveau ? et s demain ça se passait vraiment ? s'il perdait shun pour toujours...? le clic de la porte de leur chambre le ramène à la triste réalité. plus de bruit. juste shun qui prend possession d'un des deux lits. xinyi l'observe, figé dans l'entrée. il est là. juste là. vivant. inspiration. expiration. inspiration. expiration.

honteux, il file à la douche espérant que l'eau emportera quelques uns de ses soucis, calmera ses angoisses. rien n'y fait. la boule au ventre reste. cependant, elle se fait moins oppressante lorsque ses yeux se posent de nouveau sur shun. dormir non loin de lui pourra peut-être l'apaiser un peu ? combien de fois est-il allé vérifier qu'il était toujours dans sa chambre et bien vivant ? jamais il ne s'est trop approché du lit, jamais il ne s'est faufilé dans ses draps, dans ses bras, malgré l'envie d'être rassuré. ça serait dépasser les bornes, il le sait. « on... devrait dormir...? le rendez-vous est tôt demain et.. mh.. je suis crevé ? » il pourrait accuser le vol d'être à l'origine de sa fatigue mais les cernes sous ses yeux sont présentes depuis bien plus longtemps. il veut juste dormir. sans cauchemars, sans inquiétudes. « bonne nuit...? » couché sur le flanc, face au lit de shun, xinyi continue de l'observer tout en essayant de maitriser sa respiration. cet homme aura vraiment chamboulé sa vie mais plus le temps passe, plus xinyi comprend que tout n'est pas si négatif.

non. il ne devrait pas laisser son regard glisser sur lui plus qu'avant. non, il ne devrait pas se préoccuper de xinyi li, ni même lui porter plus d'attention que nécessaire. pourtant shun, il ne peut pas s'en empêcher. c'est presque un réflexe depuis cette nuit-là, celle où il a sauvé la vie de xinyi et où l'autre a pansé ses blessures. ironie pour eux qui se détestent (détestaient). maintenant, le coeur prend une autre direction sans même qu'il ne s'en rende compte; ni ne le souhaite.

aucune discussion à coeur ouvert. l'incident semble clos, restant tout de même dans leurs mémoires mais c'est à cela qu'il devait se limiter. il ne fallait pas lui donner une portée plus grande qu'il ne le méritait. l'air de l'ouest vient fouetter leurs visages. ils ont quitté new york sous les ordres de monsieur li. le changement de décor n'a pourtant rien d'innocent, ni même d'un loisir. une autre mission de routine, qui cette fois-ci devait se dérouler plus tranquillement que la précédente. il n'y aurait logiquement pas de course poursuite, ni de coup de feu. shun avait eu assez d'action et protection.

il priait pour que tout aille dans leur sens. manifestement, le ciel avait été sourd. trajet qui se fait dans un silence religieux, xinyi qui semble étrange. shun tente de comprendre ce qui se passe en lui mais impossible. il ne sait pas, ni n'a jamais su déceler les détails. quelque chose cloche mais il ne peut pas mettre le doigt dessus. intrigué pendant tout le vol, il vaque tout de même à ses occupations. ils finissent par rejoindre la ville après avoir pris un taxi et la découvrent sous les étoiles. air de déjà-vu. shun regarde paisiblement le paysage avant d'apercevoir le nom de l'hôtel et de finir dans l'ascenseur, puis dans leur chambre.

deux lits. il respire. le garçon disparaît dans la salle de bain alors qu'il farfouille dans son sac à la recherche de ses affaires. salle de bain qu'il vole dès qu'il en a l'occasion. douche rapide et il lui revient. xinyi suggère qu'ils dorment, le rendez-vous étant tôt dans la matinée. shun ne voit rien à redire, ça ne servait à rien de sortir. « ouais. » réponse fermée, parce que shun l'est aussi. xinyi semble étrangement exténué et shun remarque les cernes qui hantent son visage mais n'en dit rien. « bonne nuit. » concis. shun se retrouve sur ses flancs et choisit de regarder de l'autre côté, ne voulant pas croiser le regard de xinyi plus longtemps. il ne contrôlait pas ces sensations étranges, après tout. les minutes défilent dans le silence, hormis les bruits automatiques et leurs respirations. shun se sent pourtant observé, de quoi le mettre mal à l'aise alors que peu de choses ont cet effet sur lui. « pourquoi tu ne dors pas ? » soupire t-il avant de se retourner vers xinyi. il hésite à allumer la lumière, avant de finalement le faire parce qu'il ne pouvait pas comprendre les yeux dans le noir. lumière revenue, il se trouve face à un xinyi qui lui paraît étrangement pétrifié. shun s'extirpe de ses draps, vêtu de son short et marcel pour aller à sa rencontre. « t'as l'air bizarre. » sa main se pose sur son front. il ne sent pas de fièvre, seulement une peau trop moite. ses yeux détaillent l'expression de xinyi. « à quoi tu pensais ? » souffle t-il, la voix basse alors qu'il reste accroupi à côté du lit du garçon ; sans même savoir d'où il tenait cette compassion improbable.

comment une haine si forte a-t-elle pu s'estomper ainsi ? pourquoi, lorsque ses yeux se posent sur shun, un sentiment étrange s'immisce en lui ? xinyi ne comprend pas, du moins, il ne veut pas comprendre. s'avouer les choses serait les rendre beaucoup plus concrètes et il n'est pas prêt à ça. avoue-le, tu tiens à lui. son cerveau le tourmente et son coeur lui joue des tours. bien sûr, il ne peut plus nier que la présence de shun lui est indispensable. tortures passées, leurs moments sont devenus plus acceptables et xinyi a des difficultés à imaginer l'avenir sans l'ombre de shun se mêlant à la sienne. pour l'instant, il n'est pas question de se séparer volontairement. xinyi n'est pas prêt à évoluer seul - et il sait qu'il ne le sera sûrement jamais. la peur qui ronge le plus jeune est différente. il ne craint pas un départ volontaire de shun mais que quelqu'un l'arrache à lui. leur dernière mission a laissé une empreinte sur lui, terrifié à l'idée que shun soit tué, qu'ils n'aient pas autant de chance la prochaine fois.

le sang, les coups de feu. il revoit tout dans ses rêves mais la conclusion est souvent moins positive que la réalité. la plupart du temps, shun ne survit pas, laissant derrière lui un xinyi en larmes. les réveils sont durs, ses propres joues ravagées par les gouttes salées. la nuit, il craint de devoir fermer les yeux. il ne veut pas revivre encore un nième cauchemar. tout lui semble tellement réel, trop réel. comme un rappel qu'ils n'échapperont peut-être pas à cette fin tragique.

ce soir, à los angeles, xinyi essaie de se rassurer. ils dorment dans la même chambre. peut-être sera-t-il tranquille, au moins quelques heures, s'il s'endort en écoutant la respiration de shun. ça l'apaise et le torture à la fois. il voudrait pouvoir être fort, ne rien ressentir. pourtant, ses yeux ne lâchent pas cet homme qu'il ne sait plus comment qualifier. ennemi ? connaissance ? ami ? plus ? leur relation est trop particulière pour la nommer. il n'a jamais été doué avec les gens. peu d'amis, xinyi se disait plutôt solitaire. aujourd'hui, il veut être seul mais avec shun.

« pourquoi tu ne dors pas ? » surpris, xinyi veut fermer les paupières pour feindre le sommeil mais c'est peine perdue. ses yeux restent grand ouverts à fixer shun qui s'approche. pourquoi ? « t'as l'air bizarre. » rien de nouveau pense-t-il avant que sa réflexion ne soit court-circuitée par les gestes de shun. la main sur son front le pétrifie un peu plus mais c'est une vague de soulagement qu'il ressent après coup. « à quoi tu pensais ? » impossible de faire partir la crispation qui lui serre la gorge. mélange de peur et de surprise, xinyi peine à respirer calmement. savoir que shun s'inquiète le touche et le rassure mais il ne sait pas s'il peut vraiment se confier. perdu entre doute et honte, il se contente de le regarder, détailler son visage qui lui parait de moins en moins antipathique, voire même trop agréable à mesure que le temps passe. « je suis... fatigué mais je n'arrive pas à dormir... correctement » murmure-t-il, appréhendant un peu la réaction de shun. tout n'est pas que tendresse entre eux. ils sont en équilibre précaire et xinyi redoute une chute violente s'il dépasse les limites invisibles que shun a pu poser autour de lui. « mais, t'inquiète pas, ça va passer. » il voudrait lui dire que non ça ne va pas passer et que ça dure depuis la mission ratée, qu'il est terrifié, qu'il veut juste s'allonger avec lui, contre lui, le serrer fortement et réaliser qu'il est là, vivant. il ne sait plus quoi faire. « t'as... jamais eu peur... mh, tu sais... avec toutes ces missions... t'as jamais eu peur que tout s'arrête ? » xinyi avoue à demi mot qu'il redoute des conséquences négatives pour sa propre vie mais n'ose pas encore inclure shun dans le lot. oui xinyi a peur d'être blessé, de mourir, mais ce qui le terrifie encore plus c'est que shun disparaisse et ça, c'est sûrement trop tôt pour qu'il lui avoue. qu'espère-t-il ? que cette pensée s'efface aussi facilement qu'elle est arrivée ? xinyi sait que ça ne sera pas si simple.

calme olympien qu'on ne leur connait pas. tout qui est devenu différent, plus apaisé qu'à leurs débuts. la mission a tout chamboulé. barrières réduites, des sensations différentes dans le palpitant. elles s'immiscent aisément, sans que shun n'y comprenne quelque chose. et il sent deux yeux sur lui, cette impression d'être regardé qui persiste. question qui s'échappe d'entre ses lèvres et il finit par le revoir. lumière qu'il n'allume, les draps desquels il sort. et il va à sa rencontre alors que quelques temps plus tôt ; il l'aurait tout bonnement ignoré. aucune pitié n'aurait été de mise mais là, il n'est plus lui-même. shun, il tâte son front. il se demande si ce n'est pas une fièvre ou quelque chose, à cause de l'avion. rien, rien qui ne semble alarmant physiquement. c'est du mental qu'il s'inquiète, trouvant les expressions de xinyi et ses réactions étranges.

la respiration de celui-ci semble plus vive lorsque shun lui demande à quoi il pensait. sourcil arqué dans la pénombre et ils se regardent, lentement et longuement. et xinyi lui répond finalement. un murmure faible, qui semble plus mensonger qu'autre chose. ça va passer. c'est sûrement à ce moment là qu'il devrait retourner dans son lit, l'oublier et fermer les yeux. pourtant son corps ne bouge pas. shun est figé, shun s'abandonne ici à ses côtés. il ne sait pas quoi dire et heureusement pour lui, xinyi parle de nouveau. mention de la peur, de la fin de sa vie. presque de quoi le faire rire mais il s'en retient. il ne tenait pas tant que cela à son existence, il se contentait juste d'essayer de survivre. « c'est à ça que tu pensais ? » à la mort. aux blessures, aux conséquences irréversibles et aux plaies qu'on ne pouvait pas toujours soigner. à la cruauté de ce milieu ? pensées fusent dans sa tête. il se décide tout de même à répondre, mais avant il se pose sur le bord du lit de xinyi. « on a tous peur. ton père, moi et tous les autres. » qu'il souffle, comme une évidence en feignant la plus totale des nonchalances. et shun, il se prend à s'exprimer un peu plus. un fait rare, relevant presque du miracle.

« mais si je devais y passer, c'est que ce serait le moment. » esprit résigné, parce que la vie lui a appris qu'on ne choississait pas. que la peine, la mort nous tombaient dessus sans qu'on y comprenne rien. l'esprit revient sur xinyi, ses yeux aussi. il croise son regard et se prend à le questionner à son tour. « t'as pas à t'inquiéter, j'te protégerais toujours. » parce que son père le lui ordonne. non, pas parce qu'il ressent un étrange picotement au coeur à l'instant présent ; parce qu'il n'aime pas voir xinyi dans cet état indescriptible. pièce qui semble replonger dans le silence. et shun, il regarde le visage toujours troublé de xinyi. « tu penses encore à la dernière fois ? » dit-il, sa main se posant sur le coeur de xinyi pour en sentir les battements sans pour autant le lui dire. il le fixe, attendant une réponse honnête cette fois-ci.

c'est étrange cette sensation. quelques semaines auparavant, les deux ne pouvaient pas se sentir. regards noirs, pics acerbes ont laissé place à de l'inquiétude, de l'empathie. chose déstabilisante pour xinyi qui n'arrive plus à se comprendre lui-même. il peine à contrôler ses pensées et les rêves qui viennent torturer ses nuits. ça le trouble, le met mal à l'aise mais il ne fait rien pour changer quoi que ce soit. shun n'est pas stupide, il le sent mais xinyi a honte. s'il savait... il se foutrait de moi. non ?

pourtant ce soir, shun se retrouve non loin de lui, ce visage d'habitude si impassible dévoilant une inquiétude nouvelle. ça le touche xinyi de voir qu'il n'est pas le seul à s'intéresser un tant soit peu à l'autre. alors il confie quelques craintes. il reste vague mais aborde quand même ce sujet qui le ronge depuis des jours maintenant. doit-il mettre des mots sur ses vrais tracas ? doit-il avouer qu'il est paniqué à l'idée qu'un jour shun ne soit plus de ce monde, qu'il tient un peu trop à lui à présent et que son esprit lui montre des images macabres presque toutes les nuits ? c'est sûrement trop tôt.

alors xinyi écoute les mots de shun. mots qui ne l'apaisent pas. « mais si je devais y passer, c'est que ce serait le moment. » le moment ? comment peut-il dire une chose pareille ? les sourcils du plus jeune se froncent devant le fatalisme de shun. il voudrait répliquer. lui hurler qu'il a tort, qu'il est trop jeune, que des gens - lui surtout - l'apprécient et seraient tristes de sa disparition, mais il n'en fait rien. il se contente de le fixer sans même cligner des yeux comme pour imprimer chacun de ses traits et se prouver qu'il est bel et bien vivant.

« t'as pas à t'inquiéter, j'te protégerais toujours. » son coeur s'emballe. encore. depuis que shun s'est approché de lui, xinyi ne parvient plus à contrôler les battement de ce fichu muscle. ces sensations, il ne les a jamais ressenties auparavant. ça en serait presque désagréable tellement ça lui fait peur mais il ne peut empêcher une chaleur satisfaisante de se propager en lui. ces paroles, presque trop affectueuses pour sortir de la bouche de shun, rassurent xinyi. il sait que shun en a l'obligation par son père mais il ne lui a jamais dit d'une façon si sincère. tient-il a lui à présent ? xinyi ne veut pas se faire de faux espoirs mais il lui est impossible d'effacer cette idée.  

aux gestes de shun, l'esprit de xinyi court-circuite. son coeur déjà complètement affolé ne se calme plus. shun doit le sentir mais xinyi fait comme si de rien n'était. le repousser trop vivement serait avouer son trouble alors il se concentre sur sa respiration. inspirer. expirer. inspirer. expirer. encore. et encore. « j'y pense constamment... » concède-t-il d'une voix faible, tremblante. « je sais que... t'as sûrement vu pire, qu'il y aura des épreuves plus dures que ça... mais moi, ça me rend malade. » les conséquences possibles lui font peur. « ma petite vie de solitaire me faisait pas de telles frayeurs... » seul, il n'avait pas à se soucier des autres. pas d'attaches, pas d'attentes. aujourd'hui, la vie de shun est en ligne de mire et sa présence lui est devenue si indispensable en quelques temps qu'il ne peut s'imaginer vivre sans lui. il se sent con, tellement con de ressentir ça mais son coeur et son esprit ne lui laissent aucun choix. « j'suis condamné à avoir peur jusqu'à la fin de mes jours ? » doucement, xinyi accroche sa main à celle de shun avant de rouler pour se retrouver sur le dos. ses yeux fixent le plafond alors que ses doigts se resserrent de plus en plus autour de ceux de l'homme qui le perturbe un peu plus chaque jour. « j'voudrais ne pas avoir à me soucier de ma mort possible.. ni de la tienne. » finit-il par admettre. il fait passer son angoisse pour sa propre vie avant mais aujourd'hui il ne sait plus ce qu'il ressent vraiment. une fois mort, lui n'aurait plus aucune sensation mais l'idée de se retrouver seul sans shun lui parait bien plus terrifiante à présent.

les choses changent. certitude dont il ne peut se défaire parce que c'est sous ses yeux que le spectacle est joué. il se trouve à côté de ce lit, à s'intéresser au sort de xinyi alors qu'il aurait dû l'ignorer. qu'il aurait dû continuer à dormir, à lui tourner le dos. mais il ne le fait pas. fatalité qui s'écoule de ses lèvres, shun à la vie mouvementée. perspectives bousculées de nombreuses fois. et il ne pouvait pas oublier toutes les fois où il avait pensé que c'était son heure. gravées en lui, pour toujours. il lui dit qu'il le protégera toujours et il y croit. parce qu'il le doit à monsieur li, que xinyi est une mission et il devrait le rester, logiquement. mais shun, il avait tort.

il se prend à toucher son coeur, littéralement. et sous la pulpe de ses doigts, il en ressent les battements effrénés ; causés par la peur. parce qu'autre chose n'était pas possible, ni viable entre eux. parce qu'il n'y avait que le travail, pas vrai ? et xinyi lui confesse qu'il pense à la mort. que son battant s'en trouble. la voix est tremblante, presque inaudible. et shun, il ne trouve rien de bon à dire alors il écoute. ils ne sont pas pareils. xinyi se confie à lui et pour une fois, un dialogue semble exister. « tu devrais pas, ça sert à rien. » de penser à ce qui pourrait arriver. de penser trop à la vie au lieu de la vivre. shun, il avait ses défauts et une certaine insouciance mais ce n'était pas toujours négatif ; encore moins en étant dans sa situation.

il paraît sûrement insensible mais il comprend xinyi, autant qu'il le peut. « mais c'est fini. tu peux pas revenir en arrière. » à cette époque bénie. il ne peut qu'accepter ce que son père a voulu pour lui. xinyi, il ne peut pas se défaire de ses responsabilités et ils le savent tous les deux. ils ne seraient pas dans cette chambre d'hôtel si c'était le cas. et la question résonne dans la pièce. ses doigts sentent le coeur de l'autre une nouvelle fois. « ce sera pas pour toujours, tu changeras. » comme lui il a changé, peut-être. une part de shun voudrait pourtant que xinyi reste ce gamin pathétique et fragile, qu'il a méprisé dès les premières secondes. il est différent, aussi peu enclin à l'avouer qu'il soit. xinyi, il n'est pas comme les autres et il le prouve chaque jour.

sa main est accrochée, captive alors que xinyi se met sur le dos. il regarde le plafond tandis que les yeux de shun oscillent entre lui et le mur. et il sent la prise du garçon qui se referme sur lui. shun il écoute, encore et c'est plus qu'il ne l'a jamais fait. « quoi, t'as peur que je crève ? » qu'il souffle, le visage désormais plus rieur. mais à l'intérieur, c'est un joli chaos des sentiments. il voudrait lui dire qu'il est immortel, que c'est pas possible mais toutes ses cicatrices prouvent le contraire. « arrête de penser, faut dormir maintenant. » qu'il dit, se redressant et en lui vient l'hésitation. moment de doute mais pousse aisément xinyi vers l'autre côté du lit ; comprenant ses angoisses sans pour autant les partager. il n'a pas peur de la mort. du moins, il n'en a jamais eu peur ces dernières années. peut-être que tout pouvait être chamboulé. « j'suis vraiment un babysitter. » ajouté comme pour justifier sa présence aux côtés de xinyi, le fait qu'ils partagent un lit dans l'obscurité et que la proximité soit reine. shun, il se ment.

peut-il réellement faire confiance à cet homme qui l'a maltraité, humilié ? xinyi voudrait se dire fermement que non, shun ne mérite pas sa confiance, qu'il lui a fait trop de mal. pourtant, il est incapable d'être ferme, de le repousser. pire, il veut shun près de lui. tout le temps. présence devenue désirée alors que quelques semaines auparavant, xinyi aurait tout fait pour se retrouver seul, le voir disparaitre totalement de la surface de la terre. aujourd'hui, le plus jeune est terrifié à l'idée que celui qui fut son bourreau lui soit arraché. c'est ridicule, il le sait parfaitement mais il est incapable de contrôler son esprit ni même son coeur. ses nuits tourmentées en sont la preuve. le vie de shun lui est devenue beaucoup trop précieuse.égoïstement, il voudrait se dire qu'il ne pense qu'à sa propre protection, que sans shun, il risque d'être en danger, mais xinyi sait qu'il y a plus que ça. son coeur se serre désagréablement en imaginant shun quitter son monde.

malgré son désir d'être toujours proche de shun, sa présence le trouble à chaque instant. il ne s'attend pas à des gestes de réconfort ni des paroles apaisantes, pourtant c'est ce que son ainé tente de faire à cet instant. fataliste, il prend la vie comme elle vient et xinyi voudrait faire de même. il n'a cependant jamais été sûr de lui préférant rester dans sa bulle. à présent, la réalité frappe un peu trop violemment à sa porte et il aurait aimé pouvoir être assez fort pour faire comme shun et vivre tout simplement. celui-ci semble penser qu'il en est capable, qu'il peut changer mais xinyi n'arrive pas à se voir évoluer.

la situation lui prouve le contraire. main liée à celle de shun, il sait que ses sentiments ont changé. tout est possible.  « quoi, t'as peur que je crève ? » cette phrase lancée sur le ton de la plaisanterie provoque une vague de gêne chez xinyi. malgré lui, sa main se crispe un peu plus autour de celle de son ainé. n'aurait-il pas du le repousser en lui balançant une réponse cinglante ? non. il n'est pas d'humeur. au lieu de ça, il se contente de grogner. il ne nie pas. et xinyi sait que shun comprendra facilement ses craintes. bien sûr qu'il a peur qu'il crève.

dormir. ça semble facile pour shun. xinyi  n'a pas fait une nuit paisible depuis de longues semaines. perdu dans ses pensées, imaginant déjà une autre nuit remplie de cauchemars, le plus jeune sursaute en sentant shun se glisser avec lui sous les draps. figé, les yeux presque exorbités, xinyi n'ose même plus respirer.  « j'suis vraiment un babysitter. » réplique qui fait voler en éclats sa stupeur et arrache un rire nerveux au jeune Li. sa main vient doucement frapper le torse de cet homme qui chamboule tout en lui. « t'as le don pour rassurer les gens toi. » xinyi ne lui en veut pas. il est gêné oui, mais tellement rassuré de l'avoir un peu plus près encore. au fond, il pense cette phrase qu'il vient de lui glisser. oui, shun le rassure. pas dans ses mots, mais dans ses gestes, ses attentions. « les babysitters ne dorment jamais dans le même lit que leurs protégés tu sais... » il le taquine mais sa voix reste faible. un souffle qu'il n'aurait pu entendre s'il n'avait pas été à ses côtés. « mais ça m'va... » s'empresse-t-il d'ajouter avant que ses mots ne fassent changer l'avis de cet homme si imprévisible. « merci... d'être là pour moi. » doucement, ses yeux se ferment, son attention fixée sur la respiration de shun. il compte chaque inspiration comme une berceuse. il ne se sent même pas partir. le sommeil l'emportant facilement.

noirceur.
des bruits de pas. des cris puis des coups de feu.
silence. horrible silence.
sur ses mains. il sent quelque chose de visqueux.
les ténèbres se lèvent laissant apparaitre le visage de shun.
visage tordu de douleur.
panique.
sur ses mains tremblantes : du sang.
du sang qui ne s'arrête pas de couler.
il appuie. il appuie fort sur cet abdomen pour empêcher l'hémorragie.
« reste avec moi ! » souffle-t-il sans cesse. « pars pas. allez. »
les larmes tombent et se mêlent au sang.
il ne doit pas mourir.
shun ne doit pas mourir.

cauchemar trop réel.
xinyi ne se rend pas compte que shun n'a pas été touché par balle.
shun est avec lui. dans le même lit.
pourtant, xinyi appuie sur son ventre comme s'il voulait arrêter cette hémorragie. il voit tout le sang. il est là. il est bien là.
« meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... meurs pas... ».
les yeux ouverts, il pleure.
pourtant, xinyi est loin de la réalité. bien trop loin.

la paix n'a jamais été si longue entre eux. avant l'incident, tout n'était que trop différent. et shun le réalise un peu plus à chaque seconde. xinyi et lui s'entendraient presque dans leurs silences trop longs et dans leurs regards qui en disent plus que prévu. il n'aurait jamais pensé se retrouver à ses côtés ainsi. il lui pose une question idiote, comme si la réponse pouvait être positive. pourquoi xinyi aurait-il peur qu'il meurt ? cela n'avait pas de sens. malgré leur sorte de rapprochement, ils ne seraient jamais égaux et shun le savait mieux que personne. la main se crispe autour de la sienne, de quoi le surprendre. shun, il a peur de comprendre ce que ça veut dire. peut-être aussi qu'il fermerait les yeux parce qu'il a une réputation à tenir. et il ne répond rien, qu'un simple grognement auquel shun ne répondra rien non plus. il ne peut que le regarder, comme depuis longtemps.

atmosphère qu'il a l'impression de détendre en parlant de babysitting, pensant réellement qu'il en s'agissait. il se glisse sous les draps sans réfléchir. il valait mieux ne plus penser s'il devait être à ses côtés. lui, il n'avait aucun problème à dormir. shun, cela faisait depuis longtemps qu'il avait abandonné l'idée d'avoir un sommeil réparateur. il ne laisserait pourtant jamais ses démons l'empêcher de fermer l'oeil ; eux comme ses peurs. draps partagés et xinyi rit légèrement quant à son commentaire. shun sent sa main frapper son torse, un geste qui autrefois l'aurait fait bondir mais il n'en fait rien. il laisse xinyi faire et soupire gentiment face à ses mots. « t'y habitues pas. » à lui ainsi. shun, il ne baisse pas souvent ses défenses. il a peur de trop perdre. et xinyi parle à nouveau, mots qui font écho dans la pièce. taquinerie qu'il relève. « je peux aussi retourner dans mon lit. » qu'il dit, presque un air de défi. xinyi semble en paix avec sa présence, comme le traduisent ses autres mots.

silence d'un instant avant que xinyi ne parle à nouveau. et à son remerciement, il ne sait toujours pas quoi dire. il ne faisait rien à part respirer à ses côtés et envahir son espace vital. oui, shun n'était qu'une présence dans son lit. il le voit qui ferme les yeux alors que lui aussi le fait. et il entend sa respiration d'un peu plus près, sent sa chaleur comme il ne l'a jamais fait. étrangement, c'est agréable. et shun, il déteste l'idée d'apprécier ça. nullement dérangé par des cauchemars, il retombe rapidement dans les bras de morphée.

et la nuit aurait pu continuer longtemps, si seulement il ne s'était pas fait réveiller par la voix de xinyi et ses mains sur son abdomen. réveil désagréable, en sursaut. shun, il a besoin de quelques secondes avant de comprendre ce qui se passe. et instinctivement, ses mains s'emparent des siennes et sa voix retentit. « xinyi, j'suis là. » son prénom, comme pour l'interpeller et le réveiller pleinement. xinyi, qu'il dit encore.

ses bras finissent par l'entourer, coquille pathétique qui pleure pour ne pas arranger les choses. et shun hésite quelques secondes mais parle à nouveau. « je vais pas mourir, je suis là. » qu'il répète pour le rassurer, sans trop savoir comment faire. il ne s'est jamais entendu dire ça auparavant. il préfère le sarcasme à l'espoir. pourtant ce soir, c'est différent. il continue de le serrer contre lui et ses doigts glissent dans ses cheveux. il les caresse avec délicatesse, un geste qui ne lui ressemble pas. c'est encore de la douceur dont il ne se pensait pas capable. xinyi éveille en lui des instincts inconnus. « c'est fini...» qu'il ajoute, tentant encore de calmer ses angoisses et les perles salées. c'est fini, qu'il répète encore. le cauchemar, xinyi en est sorti. il ne va pas mourir shun, pas aujourd'hui.

et shun, il ne s'extirpe pas du lit. non il ne fuit pas pour le laisser avec ses problèmes. il est là pour lui et peut-être qu'il ne devrait pas.

ce quotidien qui est le sien aujourd'hui, xinyi ne s'y fait pas. ce monde aurait dû lui rester inconnu. son père a choisi cette voie sans jamais l'imposer à son fils et xinyi espérait pouvoir s'en tirer sans devoir suivre ses traces. foutaises. tensions, sang, disputes, guerres, armes, sexe... tout ce qui l'entoure ne semble que menaces. lui, il aurait voulu être écrivain, bibliothécaire. ne côtoyer la violence que dans les livres. peut-être était-il naïf d'imaginer s'en tirer sans que son père ne lui oblige de prendre sa suite. il avait promis. xinyi se sent stupide d'y avoir cru. son paternel n'a cessé de manipuler son monde, pourquoi aurait-il été une exception ?
alors aujourd'hui, comme tous les jours et toutes les nuits, xinyi a peur. ses angoisses le rongent et envahissent ses rêves pour les transformer en scènes d'horreur. du sang. des coups de feu. la mort. shun blessé. shun qui souffre. shun qui ne survit jamais.

pourquoi est-il devenu si important dans sa vie ? pourquoi c'est de lui qu'il rêve presque à chaque fois ? pourquoi... xinyi ne peut et ne veut pas trouver la réponse à cette question. elle est presque aussi terrifiante à ses yeux que les images affreuses de ses cauchemars. il ne peut pas s'avouer ce qu'impliquent ces rêves. ça serait détruire le peu de relation qu'il ont réussi à établir. seulement, ça devient de plus en plus dur pour lui de cacher ses angoisses.

et cette nuit ne change pas.
cette nuit encore, il voit shun se vider de son sang.
shun mourir dans ses bras.
alors il le secoue, il pleure, il crie.
c'est beaucoup trop réel. il sent la chaleur du sang couler sur ses doigts. il entend la respiration de shun devenir beaucoup trop erratique jusqu'à s'arrêter totalement.
des détails trop importants rendant ce rêve presque authentique.
« xinyi, j'suis là. »
c'est loin. beaucoup trop loin. shun est mort.
pourtant des bras viennent enserrer un xinyi tremblant de peur, le ramenant petit à petit à la réalité.
shun est vivant. son corps se presse au sien et si xinyi tend l'oreille il peut distinguer les battements ce ce coeur qui s'est éteint à jamais dans son fichu cauchemar. c'est dur de revenir à l'instant présent. d'effacer ces images horribles. alors, xinyi s'agrippe aux bras nus de shun y griffant certainement la peau tendre. il est incapable de se contrôler, les larmes coulent malgré lui.  « je vais pas mourir, je suis là. » il voudrait lui hurler qu'il y a quelques secondes, ses yeux venaient de se fermer pour toujours. que ce cauchemar était beaucoup trop réel pour ne pas paniquer mais rien ne sort. seuls des sanglots ridicules se faufilent d'entre ses lèvres meurtries d'avoir été mordues sous l'angoisse.

petit à petit, la panique cesse grâce aux caresses dans ses cheveux. les doigts de shun, se voulant délicats, parviennent à lui faire oublier un instant la terreur qu'il vient de ressentir, de vivre. son coeur ralentit, ses larmes se tarissent alors qu'il se concentre sur la respiration de cet homme qu'il n'aurait jamais imaginé tenir dans ses bras quelques instants auparavant. doucement les doigts de xinyi relâchent cette prise trop forte qu'ils exerçaient sur la peau de shun. « désolé... » murmure-t-il, désemparé.
désolé d'avoir lacéré ta peau.
désolé d'avoir pleuré, paniqué. peut-être même crié parce que t'étais mort.
« désolé d'être... aussi faible. »
il a honte xinyi. honte d'être comme il est. honte de ne pas parvenir à contrôler ses angoisses. honte de ne pas gérer ses émotions. « s'te plait.. te fous pas de moi. juste... pas sur ça... » leur relation est trop chaotique, il ne sait plus quoi penser, ni ce que shun peut faire. alors doucement, il redresse le visage, se décollant à regret de cette étreinte si rassurante. lorsque ses pupilles croisent celles de shun, xinyi ne sait plus où il est ni même ce qu'il ressent. son coeur s'emballe. panique. stress. attirance. « pourquoi.. tu m'fais ça...? » questionnement vague. xinyi voudrait comprendre pourquoi shun le change autant. pourquoi, alors qu'il pensait le haïr, se retrouve-t-il irrémédiablement attiré par lui comme un aimant ?

lui ne peine pas à trouver le sommeil. non, l'habitude l'emporte. il n'y a que xinyi qui pourrait l'empêcher de dormir, s'il s'autorisait à penser à lui. et shun, il ne veut pas. il ne peut même pas. comment sortir ces viles pensées de sa tête s'il les laissait s'installer ? impossible. il ne voulait pas de ce genre de problèmes, il en avait déjà assez. et il se fait surprendre par le corps en pleine crise, l'esprit embrumé. xinyi qui s'éveille à cause d'un cauchemar. et il n'a jamais vu quelqu'un comme ça. tous les membres du clan sont habitués. nuits tranquilles depuis qu'ils ont compris que la vie était éphémère ; surtout la leur.

la pression contre son corps est forte. il sent xinyi qui panique, l'entend aussi. alors il doit le rassurer, au moins essayer. le réveiller, le sortir de là. il le faut, pas d'autre choix en vue. et shun, il passe ses bras autour de lui. plus un réflexe que ce qu'il devrait faire. il n'aurait jamais pensé le faire sauf lors d'une bagarre éventuelle, causée par leurs nombreux différends. et il se fait doux, ses doigts hantant les cheveux du garçon. et leurs corps se pressent. le lit paraît presque trop grand, tant ils sont proches. shun sent xinyi qui s'agrippe à lui, ses ongles se plantant même dans sa peau. et les larmes coulent, humides contre eux deux. il tente encore, lui dit qu'il ne va pas mourir. et aucune réponse n'est entendue, que des larmes auxquelles il ne peut pas grand chose.    

il ne peut que lui dire que c'est fini. parce que c'est le cas, qu'il est là avec lui. caresses distraites dans les cheveux et finalement, les perles salées semblent se calmer. prise trop forte qui se détend, doigts relâchés et un murmure à peine audible. une excuse à laquelle il ne répond rien, avant qu'elle ne soit plus explicite. « pourquoi tu t'excuses ? » pour envers lui. lui qui n'avait jamais rien demandé, encore moins des excuses quant à cela. oui, il lui avait dit cent fois qu'il était faible, minable. mais aujourd'hui, il ne dirait rien. xinyi le supplie de ne pas rire de lui et shun comprend finalement l'ampleur de la situation.

« j'ris pas. » qu'il souffle. il le voit se décoller de lui, leurs yeux se croisant et tout paraît long. temps qui s'arrête, son coeur qui en fait des siennes. stupide organe. la question le frappe. vague et si explicite d'une certaine manière. il aurait pu lui demander la même chose, curieux quant à ce fil invisible qui semblait s'être tissé entre eux. et il n'y a rien de bon à répondre, rien de prévisible. que les yeux curieux qui vibrent. shun qui le fixe, quelques longues secondes. « je juge pas. » ignorance qu'il feint avant que ses doigts ne se posent à nouveau sur les cheveux de xinyi. affection silencieuse, que lui-même ne comprend pas. il n'est pas de ce genre, non. shun, il aimera jamais un garçon. encore moins quelqu'un comme xinyi. alors pourquoi il lui fait ça ? lui aussi voudrait le questionner. il réajuste les draps avant d'entraîner xinyi sous ces derniers. et contrairement à la première fois, son corps se fait plus proche du sien. il laisse un bras passer autour de xinyi, son souffle venant contre le garçon. « crois pas que je...» qu'il commence, incertain. soupir qu'il laisse échapper. « j'suis pas comme ça. c'est juste pour que tu dormes. » une justification idiote mais il était stupide. menteur aussi parce qu'il se mentait depuis longtemps, ne voulant pas assumer ce qu'il y avait en lui. ses yeux se ferment et il a l'impression de sentir le coeur de xinyi battre ; à moins que ce ne soit le sien.