good as hell. (lilith)

Elle acceptait de parler et Ismaël il ne pouvait la lâcher des yeux.
Dévorant chacune de ses mimiques, chacun de ses mots.
Il tentait de voir les fêlures dans son regarde, n’y parvenait pas puisqu’elle détournait ses yeux sombres Lilith. Se dévoilant avec pudeur. Elle ne connaissait pas son père, lui, tentait de comprendre ce qu’elle pouvait ressentir. Une solitude pour laquelle il aurait tout donner durant son adolescence, ne se rendant pas compte encore aujourd’hui de la chance qu’il pouvait avoir. Lilith, elle lui apprenait l’humilité, était en mesure de le rendre meilleur. Il gardait sa main contre sa joue, s’évadant jusqu’à sa nuque, à ses cheveux qu’il caressait du bout des doigts. Elle n’en disait pas long sur qui elle était, éveillait la curiosité qui sommeillait dans le cerveau du blond. Il ricanait à ses sous-entendus, acquiesçant d’un signe de tête. Le cœur en ébullition, il en voulait plus, toujours plus. Ses jambes l’obligeant à se rapprocher toujours plus de lui.
T’es pas vraiment seule, j’suis là. Enfin, j’veux dire…
Il se perdait dans ses émotions l’héritier, ne sachant pas ce qui était bon ou non à dire.
Il secouait la tête, avalant avec difficulté sa salive, cherchant une échappatoire qui était inaccessible maintenant qu’ils en étaient là. Il aurait aimé lui dire qu’elle pouvait compter sur lui, qu’il ne disparaitrait pas. Mais la trouille l’empêcher de parler. Des promesses qu’il ne savait pas s’il pouvait les tenir. Parce que à Lilith, ce soir, il ne voulait pas lui mentir. Rester vrai en toutes circonstances.
Tu vis seule, depuis que t’as quel âge bébé ?
C’est qu’il s’inquiétait tout à coup.
De son passé, de son avenir.
Contre toute attente, il se laissait sombrer dans ses sentiments. Acceptait de ressentir chacune des vibrations sous sa peau, celles créaient par Lilith elle-même. Celles qu’il avait ressenti dix ans auparavant, celles qui avaient fait qu’elle n’était jamais sortie de son crâne. Le ressentait-elle aussi ?
Pourquoi tu fais ce boulot ? … Pourquoi t’arrêtes pas ?
C’est que ça le travailler, un peu trop. Qu’il n’avouera jamais, qu’il serait plus rassuré de la savoir ailleurs, pas obligée à vendre son corps et son âme pour quelques billets verts. Ce serait égoïste, mal placé alors qu’il avait lui-même était client.
J’ai pas à te dire quoi faire, j’sais bien, mais. J’aime pas ça.
Il haussa les épaules, descendant du plan de travail pour l’enlacer avec force. Une manière de ne pas mettre les mots sur tout ce qui lui traverser l’esprit à l’heure actuelle. Il taisait l’importance qu’elle avait à ses yeux à présent, lui qui la regardait comme la huitième merveille du monde. Lui qui était touché plus que de raison. Il en deviendrait malade, de cet amour naissant.

C'était comme si, progressivement, elle s'ouvrait le coeur pour qu'Ismaël lise sa personne en profondeur, Lilith qui disséminait des parties d'elle pour qu'il puisse un jour comprendre la noirceur qui la rongeait. Lilith, l'âme malade, l'esprit égaré dans ses tourments infâmes, elle avait mal, mal à crever de cette vie détestable, de ses émotions qui la poussaient à son propre désastre, les opales qui vrillaient autour d'elle pour épancher sa peine, pour récupérer de l'oxygène, jusqu'à replanter ses prunelles dans les siennes. Ismaël, il provoquait des soubresauts dans son myocarde détraqué par la peine. Elle avait peur de s'accrocher à ses mots, Lilith, peur de le vouloir trop fort, jusqu'à en perdre sa raison, et pourtant, c'était déjà ce qu'elle faisait dans le fond.

- Je sais que t'es là. Et... J'aime ça.

Elle avait cherché à rattraper son malaise pour le soulager, Lilith le comprenant sans qu'il n'ait eu besoin d'en dire plus, parce qu'elle savait à quel point c'était dur de se laisser aller à sa vérité, à ses vulnérabilités. Ses questions la faisaient réfléchir. Elle ne savait pas vraiment depuis combien de temps elle baignait dans sa solitude, parce que même en présence de sa mère, c'était tout ce qu'elle avait toujours connu.

- Depuis toujours en quelques sortes. Ma mère s'est jamais vraiment occupé de moi. C'était... Compliqué.

Droguée à l'héroïne, les veines piquées à vif, Lilith, elle se souvenait de ces douloureux moments où elle ramassait sa mère par terre, à moitié sonnée, les iris délavées par le manque de came que Lilith ne savait gérer, en proie à ces hommes qui visitaient sa génitrice pour mieux la dépouiller de sa dignité, en s'attardant sur sa poupée au visage de l'innocence qu'ils vinrent briser. Elle n'en avait jamais parlé Lilith. C'était la première fois qu'elle parlait ne serait-ce qu'un peu d'elle et de son enfance meurtrie. Les yeux brillant d'émotions, elle plissa les lèvres à sa question, pas sûre de la réponse, plus sûre de rien dans ses envies de destruction. Elle accueillit l'étau de son corps autour du sien avec ferveur, Lilith, les pensées brûlantes de tous les maux qu'elle n'arrivait pas à suspendre sur ses lippes, ses ongles s'accrochant fermement à son haut comme s'il s'agissait de son radeau de survie. C'était ce qu'il était en cet instant, Ismaël, la lumière au bout du tunnel.

- Peut-être bien qu'un jour j'arrêterai pour quelqu'un, si j'suis assez attachée. Peut-être bien que ça pourrait être toi si tu viens pas tout gâcher.

Elle murmura, en proie à ses nerfs à vif, les lippes venant embrasser doucement sa joue.

- Je peux rester ce soir... ? Je crois que j'ai juste besoin de toi là...

Vulnérable, elle avait juste envie de reposer son âme contre la sienne, le temps d'y trouver du calme, les opales caressant doucement son visage.

Son cœur voulait être là pour Lilith, lui offrir tout ce qu’il était en mesure de lui offrir. Sa raison, elle, voulait prendre la fuite dans l’instant. La peur au corps. Il la sentait partout. Bientôt elle redeviendrait haine. Bientôt, il exploserai comme la bombe à retardement qu’il était.
La mexicaine parlait, se confiait sous les questions invasives du Sartier. Intérieurement, il se promettait de ne jamais se servir de qu’il était en train d’apprendre, de ne pas laisser ses gènes de requins dans les utiliser à mauvais escient.
Il scella cette promesse silencieuse dans une étreinte où il pouvait sentir le cœur de la brune battre contre le sien. Fermant les yeux, ses bras l’englobant alors qu’elle continuait a lui murmurer des mots au creux de l’oreille. Était-il méritant ? Pour qu’elle cesse ce boulot qui était sa seule source de revenu. Serait-il à la hauteur ? Ou comme elle l’avait signifié, il gâcherait tout. Piétinant leurs complicité naissante pour se sentir pousser des ailes.
Il était rare qu’il soit si peu sûr de lui le blond.
je ne te ferai pas de promesses, j’en suis incapable, mais je resterai là, quoi qu’il arrive.
Peut-être pas de la meilleure des façons, peut-être derrière des barreaux, mais il ne cesserait jamais de penser à elle. Comme il n’avait jamais cessé depuis presque dix ans. Elle embrassait sa joue et après son ultime phrase, l’homme dériva jusqu’à ses lèvres. Il mourrait d’envie d’y regoûter depuis cinq jours. Il se laissait aller à une douceur qu’il n’offrirait qu’à elle. Ses doigts dans sa nuque, ayant du mal à rompre l’étreinte qui remplissait son corps d’une accalmie bienfaitrice.
Evidement que tu peux rester, ce soir et demain si tu as envie, le reste de la semaine...[/i]
Il souriait contre sa bouche, y déposer encore de léger baisers.
Je ne comptais pas te laisser repasser cette porte de si tôt de toute façon...
La garder près de lui.
La garder en sécurité, loin de ce monde néfaste qui faisait d’eux de pauvres diables.
Il s’éloigna, s’appuyant sur le plan de travail, ses bras croisés contre son torse.
et si tu préfères qu’on passe tout le reste de la soirée à discuter, j’peux nous commander à manger ? Ou tu tiens vraiment à me démontrer tes talents de cuisinière ?
Le sourire espiègle, il était heureux le gosse Sartier.

Lilith elle avait ce goût d'abandon sur les lèvres, ces bouts de verres pillés qui écorchaient ses veines, cette colère qu'elle ne savait pas taire, qu'elle criait dans chaque rail de cocaïne qui la menait vers son Enfer, le purgatoire de ses peines. Lilith, elle était loin d'être sage, elle balançait ce mirage juste pour mieux se faire du mal, pour attirer les autres dans son naufrage. Peut-être bien qu'Ismaël en ferait partie, s'il s'accrochait trop, ils se perdraient dans la marée haute de ses échecs à deux. Et quelque part Lilith, ça lui allait bien, c'était comme si elle fonctionnait mieux quand elle réfugiait ses pensées dans ses yeux. C'était son âme tout entière qui se collait contre Ismaël, qui s'imprégnait de sa chaleur pour se regarder renaître, s'éloigner de toutes ses horreurs qui la rongeaient de l'intérieur. Elle avait pas besoin de promesses, elle voulait juste continuer d'approfondir cette complicité qu'elle rejetterait surement un jour, et puis elle y reviendrait, surement par amour, surement pour obtenir encore une fois le goût de ses lippes qui deviendrait son tout.

- Ca sonne comme une promesse ça... T'es vraiment trop attirant quand t'es juste... Toi.

Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure, le regard amusé, baigné par tous ses sentiments survoltés alors qu'elle découvrait encore et encore les essences de son parfum qui la rendaient folle de lui, Lilith qui se rendait accro à contact, jetant son ancre sur sa peau qu'elle voulait sans arrêt sentir sous ses doigts. Elle souffla tendrement contre son visage quand il s'accapara ses lèvres dans un baiser doux qu'elle approfondissait, ses mains caressant son torse pour glisser jusqu'à ses côtes, pour mieux le garder tout près de son corps.

- T'as pas peur d'en avoir marre de moi ? Moi j'en aurais surement marre de toi avant.

Elle le taquinait, le laissant déposer de vifs baisers sur ses lèvres avant de venir mordiller la peau de son cou de manière espiègle. Elle sourit à ce qu'il vint ajouter, Lilith qui n'avait envie que d'être avec lui ce soir, et même pour toute la semaine, si seulement elle ne devait pas se rendre au travail.

- J'ai pas envie de perdre trop de temps si je dois profiter de toi, alors... On peut commander ?

Qu'elle demanda, les yeux lumineux, s'approchant encore une fois de lui pour caresser ses bras.

- Comme ça tu pourras peut-être répondre à une question que je me pose bébé. Est-ce que t'étais déjà insupportable quand t'es né ou c'est venu après ? A la base, j'en ai rien à foutre de la vie des mecs que je me tape. Mais... Faut croire que t'es pas comme les autres.

Elle sourit presque timidement, soudainement gênée de ce rapprochement qui faisait battre un peu trop vite son palpitant.