Y a des échos d'ta douleur enfouie dans ton crâne et t'arrives pas à les chasser alors c'est tout de noir déguisée qu'tu t'faufiles dans les rues d'la grande pomme, le cœur en vrac, l'âme en peine, cherchant désespérément un moyen d'abréger cette souffrance qui n's'arrête pas d'hurler dans ta tête. Bombe à la main, c'est ta colère et ton chagrin qu'tu jettes sur un mur à l'abri des regards curieux. Et le temps file à mesure qu'ton œuvre prend forme. Ton seul exutoire quand plus rien n'est efficace contre ces épines qui n'cessent d'faire saigner ton cœur. Des épines bien incrustées qu'tu n'cherches même plus à retirer, trop profondément ancrées, impossible à extraire, elles finissent d'pourrir c'palpitant qui n'bat qu'lorsque la mort le guette. Un shot d'adrénaline pure qui l'relance un temps avant la décadence. Mais ce soir, ça n'a pas suffit. Ce soir, il te fallait coucher tes maux, les exprimer autrement qu'en les réprimant. Une vraie éponge qui n'ait plus capable d'absorber le trop plein d'émotions qui malmène ton être. Et parce que c'est ton jardin secret, personne n'est au courant qu'ces graffitis sont le fruit des fêlures d'ton myocarde sinistré. L'appel de la fête bien trop tentant pour être ignoré, tu parfais ta création, habillant désormais ce mur autrefois sans vie, tu l'pares de tout c'que t'es incapable d'laisser sortir, même si les mots s'bousculent dans ton cerveau sans queue ni tête, ta bouche les emprisonne et ta gorge les noie dans c'désespoir qui t'broie les entrailles lorsque les ténèbres t'englobent et qu'les cauchemars t'empêchent d'plonger dans les bras d'Morphée. Une sérénité qui t'es toujours refusée dès lors qu't'es sobre alors tu triches et t'enivres pour berner les monstres qui te privent d'tes nuits.
Un bref arrêt à ton appartement pour changer d'tenue, histoire d'éviter les questions faussement désabusées, celles qui pourraient t'amener à t'dévoiler plus que tu n'le voudrais. T'oublies pourtant d'effacer les traits colorés qui marquent tes mains, trahissant ton secret. Pressée d'arriver puisque la fête a déjà commencé et qu'tu vas devoir rattraper le retard qu'ton arrivée tardive a engendrée. Tu débarques en territoire conquis, un verre qu'tu piques au passage tandis qu'tu fais l'tour des convives. Des têtes connues et d'autres moins. Pas d'signes d'Leo ni d'Litith, c'est pas comme si tu les avais invité mais peut-être que le hasard aurait pu bien faire les choses pour une fois. La déception ternit tes traits quelques instants et c'est un cul sec qu'tu t'enfiles pour éviter aux sombres pensées d'rappliquer. L'ivresse ne monte pas assez vite à ton goût alors t'enchaînes les shots, histoire d'museler l'ennui qui s'pointe trop facilement. Le dance floor est un passage obligé qu'tu prends à cœur d'exécuter mais t'es pas d'humeur à t'faire aborder et ta patience s'envole aussitôt qu'les chiens rôdent autour d'tes courbes. Ta main part et ton g'nou finit d'achever le malheureux qui a osé t'marquer comme sa propriété. C'est sans un regard qu'tu l'quittes, à la recherche d'sensations, à la recherche d'un quelconque amusement. Et soudain, un visage capte toute ton attention. Troublée par c'que tes yeux capturent, tu t'avances en espérant que ce ne soit pas un mirage. D'un autre côté, t'aimerais qu'ton cerveau confus par la tequila s'trompe. Ce serait une sacrée coïncidence que d'le retrouver là, New-York est assez grande pour que n'vous vous croisiez pas à chaque recoin. « Ismaël.. ? » Et lorsqu'tu te plantes d'vant lui, la surprise t'envahit et tu comprends clairement que l'homme devant toi n'a rien à voir avec l'objet d'tes convoitises, si tenté qu'il y en ait réellement.
P't'être qu'il n'est pas celui qu't'espérais mais il te sauve définitivement d'l'ennui dans lequel tu t'enlises depuis qu'tes pieds ont passé l'entrée d'cette soirée sans grand intérêt. Passée la surprise, c'est la malice qui gagne tes traits. Un sourire carnassier alors qu'tu prends place à ses côtés. Est-ce que l'imposteur va s'révéler ou s'empêtrer dans sa fausse identité qu'tu lui as collée ? « J'pensais pas t'croiser ici ce soir. P't'être qu'enfin j'vais m'amuser. » Et tu refermes ton piège sur l'agneau égaré qui n'sait pas à quelle sauce tu vas l'manger. T'espères qu'il sera aussi divertissant qu'l'a été son frangin parce que c'est impossible qu'il n'soit pas d'la même famille à ce stade. D'ailleurs, ça t'revient maintenant, la fratrie Sartier, les triplets. De c'que t'as entendu, sa gueule d'ange n'est qu'une illusion mais t'préfères voir par-toi même ces vagues suppositions.