Cause we were just kids when we fell in love - Warston

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{ cause we were just kids
when we fell in love }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Nikolaï Warren

Elle ne sait pas, Isabella. Elle ne sait pas si elle peut vraiment parvenir à mettre tous ses sentiments, ses ressentiments, de côté. Elle ne sait pas si ses états d’âme peuvent être si aisément effacés. Oubliés. Elle est trop facilement submergée par ses démons pour faire comme si de rien n’était. Mais, quelque part, c’est ce qu’il lui demande, Nikolaï. Il veut qu’elle écarte tous leurs sujets de discorde pour un soir. Qu’elle leur offre un peu d’espoir. C’est à l’encontre de sa nature écorchée mais elle est prête à essayer. Elle est prête à s’y risquer, juste parce qu’il l’a demandé. Les pupilles tournées vers les stands offerts à leur vue, la Latina admire les couleurs comme elle savoure les senteurs qui émanent du marché. C’est plus rapidement qu’elle ne l’aurait cru qu’elle commence à s’imprégner des lieux. L’enthousiasme enfantin de l’homme qu’elle aime n’y est pas pour rien. Un faible sourire sur le visage, la jeune femme le contemple de temps à autre alors qu’il lui expose tout ce qu’ils peuvent faire. Tout ce qu’ils vont pouvoir faire, maintenant qu’elle a accepté cette trêve. Il est même déjà prêt à tenter la patinoire sous la surprise de sa belle. Son sourire se fait plus amusé quand elle l’entend s’offusquer alors qu’elle essaie déjà de se rattraper. - Mais je n’ai rien dit, enfin, je te posais seulement la question. dit-elle avec innocence, de son visage d’ange. Mais il ne perd pas de temps pour la taquiner à son tour en lui renvoyant sa demande. - Je tiens debout. déclare-t-elle avec un petit sourire humble sur le coin des lèvres. Elle sait très bien patiner, Isabella, elle l’a même souvent fait. C’était une activité qu’elle pratiquait surtout en famille mais cela fait longtemps. Beaucoup trop longtemps. Sa main toujours dans la sienne, le jeune homme l’entraîne plus loin dans le marché tout en formulant l’idée d’illuminer un peu plus leur maison. Il n’y a ni sapin, ni décorations. Il serait temps d’y remédier, il a raison. C’est juste qu’elle a totalement écarté Noël de son esprit, Isa. Il était beaucoup trop accaparé par d’autres préoccupations. Mais elle lui a promis de faire un effort, elle tient son engagement. Ils ne fêteront pas le réveillon chez eux, cette année, mais cela ne les empêche pas pour autant. Cela ne fera que les plonger davantage dans l’atmosphère des fêtes. Elle en aurait certainement besoin, Isabella. - Il doit aussi y avoir des décorations proposées dans les stands. ajoute-t-elle donc presque naturellement, même si pour le moment, c’est surtout son esprit gourmand qui est convoité. Elle ne perd pas de temps pour se rendre jusqu’à l’une des cabanes pour proposer à son petit-ami de partager un bretzel. C’est peut-être minime pour les autres, mais pas pour elle. C’est un premier pas qu’elle fait vers lui, Isa. Le premier pas depuis plusieurs jours déjà. Elle le remercie d’un joli sourire avant de commencer à entamer la douceur à ses côtés. L’ambiance est plus légère entre eux, pas forcément remplie de tendresse, mais sans cette froideur. Sans cette distance entre leurs deux cœurs. Elle se laisse lentement approcher, encore sur la réserve, mais sans plus s’éloigner. Ils avancent plusieurs minutes ainsi, découvrant les différents stands et tout ce qu’ils leur proposent. L’ambiance est agréable, elle prête à la légèreté. Ils peuvent même se laisser tenter par quelques produits naturels. Pendant qu’elle est en plein achat d’un kit artisanal de soins pour sa petite sœur, il s’éloigne quelques instants. Elle remercie le vendeur avant de retrouver Nikolaï... Affublé d’un bonnet de père Noël. Elle se pince les lèvres pour éviter de rire. - Hum, je ne suis pas sure de vouloir me prononcer. confie-t-elle avec son petit sourire sur le coin des lèvres, bien loin de se douter qu’il a le même pour elle. - Mais tu as peut-être trouvé ta nouvelle vocation. Père Noël, pourquoi pas. Il passerait tout son temps avec des enfants. Il s’amuse tellement auprès d’eux qu’elle le trouve complètement fait pour le rôle. Puis, surtout, il a le mérite de lui avoir fait retrouver le sourire, Nikolaï.

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Lentement, mais sûrement, elle se laisse happer par l’atmosphère féerique des lieux. Elle se laisse bercer par l’ambiance chaleureuse et emplie de lumière. Mais, surtout, elle se laisse approcher par sa plus grande source de lumière. Plus que le marché et tout ce qu’il peut proposer, c’est la présence de Nikolaï qui parvient, peu à peu, à lui faire retrouver le sourire. Loin de ses tourments, loin de leurs conflits, elle retrouve une partie de sa relation avec lui. Leur complicité revient au gré de leurs taquineries. Un sourire amusé, trop malicieux pour ne pas être coupable, se dessine sur les lèvres d’Isabella quand elle voit cette moue boudeuse sur le visage de son petit-ami. Elle ne connaît que trop bien ce petit air mécontent, celui qui lui est toujours si tentant. – Je suis certaine que tu patines très bien, je te le promets. affirme-t-elle d’une voix rassurante, exactement comme elle le ferait avec un enfant. Mais il est un peu comme un enfant, Nikolaï. Il a su garder cette part d’innocence, ce brin d’insouciance. Toutes ces choses qu’elle, elle n’a jamais eues, mais qu’elle redécouvre un peu grâce à lui. – Marché conclu. accepte-t-elle finalement, prête à se laisser tenter par la piste de glace qui leur est offerte, quelques mètres plus loin. Ils pourraient passer un beau moment, tous les deux, comme pour se retrouver un peu plus. Au fond d’elle, la Latina n’est toujours pas convaincue que c’est ainsi qu’ils régleront leurs problèmes. Mais elle l’aime. Elle l’aime tellement que cela lui fait un bien fou, en réalité, de le retrouver. Retrouver cette légèreté à ses côtés. Évoquer des projets, même un simple sapin à décorer, cela lui donne la sensation qu’ils sont plus forts que tout ce qui leur est arrivé. Qu’ils sont peut-être en froid, tous les deux, mais qu’il est certain qu’ils se retrouveront pour Noël. Que rien n’impacte suffisamment leur amour pour le faire disparaître.

Qu’il y peut-être des virgules dans votre amour,
Mais jamais de point final,
Jamais d’issue fatale.

Et la soirée se poursuit tranquillement. Sereinement. Elle n’a plus cette boule au ventre alors qu’il est à ses côtés. Plus cette sensation désagréable de l’avoir, tout auprès d’elle, mais déjà trop loin. À la vérité, cela lui est plus facile qu’elle ne l’aurait cru. Le retrouver, être simplement avec lui, elle se rend compte combien elle en avait besoin. Combien elle en a toujours besoin. Ils sont là, tous les deux, à découvrir tous les stands ensemble. Ils ne se séparent jamais de plus de quelques pas. Mais c’est pendant qu’elle est occupée par un vendeur de soins artisanaux qu’il lui échappe. Il ne revient que plus tard, un petit accessoire en plus sur la tête. Elle ne s’attend pas à le voir avec un bonnet de père Noël. Le sourire en coin sur les lèvres, la belle essaie pourtant bien de contenir le rire qui menace de l’envahir. Elle ne veut pas qu’il pense qu’elle peut se moquer de lui, vraiment pas. Seulement il est plus qu’amusant avec cette chose sur lui, c’est un fait. Devant la question de son homme, elle est presque un peu embarrassée. Gênée de devoir l’avouer. – Eh bien, tu ne serais pas élu l’homme le plus élégant de l’année. déclare-t-elle en toute sobriété. Mais le sourire taquin sur son visage disparaît vite quand il dégaine un bonnet, identique au sien, qui lui est visiblement destiné. Mais elle ne peut pas enfiler une chose pareille. Il n’a peut-être pas peur du ridicule, mais ce n’est pas son cas à elle. - Il est hors de question que je... Trop tard. Il vient de mettre ce bonnet, ce bonnet rouge et affreux, sur sa tête. - Je n’arrive pas à croire que tu viens de faire une chose pareille. clame-t-elle, sous le choc, comme stupéfaite. Elle n’aime pas se donner en spectacle, Isabella, elle se sent ridicule. Elle s’apprête à le dire, d’ailleurs, quand elle voit cette lueur dans les deux océans de l’élu de son cœur. Un seul regard qui suffit à réchauffer le sien, son compliment ne faisant qu’en ajouter un peu plus. Un petit sourire intimidé, mais touché, s’esquisse sur le doux visage d’Isabella. - Je n’en suis pas certaine mais... merci. le remercie-t-elle tendrement, sans avoir le cœur à ôter ce bonnet. Pas quand il la contemple comme il le fait. Pendant quelques instants, le monde autour semble disparaître. Il n’y a que lui et elle, comme il n’y a toujours eu que lui et elle. D’un petit signe d’acquiescement, elle répond finalement à sa question. - Oui, et je pense que nous devrions faire un tour sur cette fameuse patinoire avant d’être davantage chargés. propose-t-elle alors que sa main retrouve timidement la sienne. Et ses prunelles qui ne quittent pourtant pas les siennes.

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Elle retrouve l’essentiel. Mais ce n’est pas grâce au marché de Noël. C’est uniquement grâce à Nikolaï qui fait, pour la première fois, un pas vers elle. Cela ne signifie pas que tout va pour le mieux. Ni que tout va s’arranger entre eux. Il y a beaucoup de choses qu’elle a encore sur le cœur, tous ces doutes qui lui font peur. Elle n’est plus certaine, non pas de son amour, mais de celui que lui, il peut avoir à son égard. Elle ne sait plus très bien s’ils sont sur la même longueur d’ondes. Peut-être qu’elle l’aime bien plus qu’il ne l’aime. Peut-être qu’elle a su se dévoiler à lui comme elle ne l’a jamais fait auparavant… sans qu’il ne puisse en dire autant. Ou peut-être qu’il est juste terriblement effrayé à l’idée de la perdre, peut-être qu’il tient à elle, bien plus encore en fin de compte qu’elle ne le croit, pour réagir comme il a pu le faire. Elle ne sait pas, Isabella, elle ne sait plus. Et, en cet instant, elle n’y pense pas. Elle essaie d’oublier ou, à défaut, de tout mettre de côté. Elle parvient à se comporter avec lui avec insouciance. Même si elle n’est pas certaine de pouvoir lui offrir sa  complète présence. Pendant quelques minutes, elle a la sensation apaisante de le retrouver. La complicité entre eux renaît alors qu’ils partent en exploration dans le marché. Ils passent un bon moment tous les deux, un moment rien qu’à eux. Les taquineries reviennent, elles aussi, au plus grand damne de la belle Latina quand il ose poser un bonnet de Noël similaire au sien au-dessus de sa tête. Pourtant, malgré le ridicule de la situation, elle le laisse faire, Isabella. Elle le laisse profiter de cette vision d’elle qu’elle n’aurait pas imaginé lui offrir un jour, encore moins ce jour. Elle est plus détendue qu’au début de la soirée, la  légèreté de leur conversation commence même à laisser place aux premiers regards, ceux qui s’attardent. Celui de Nikolaï quand il la voit affublée de ce bonnet, le sien qu’elle ne parvient pas à détourner de ses pupilles bleutées. Un timide sourire sur le coin de ses lèvres, la jeune femme se sent surtout déstabilisée par ces deux océans dans lesquels elle se noie trop facilement. – Je le garde uniquement pour toi. lui affirme-t-elle, avant qu’il n’en rajoute un peu plus. Il tomberait amoureux s’il ne l’était pas déjà. Qu’il lui dise qu’il l’aime, ce n’est pas rare, mais depuis ces quelques jours, c’est bien la première fois. Elle lui adresse un joli sourire avant de secouer légèrement la tête de gauche à droite, comme pour s’opposer à ses propos. Cela lui fait du bien et, à la fois, c’est un peu trop tôt. Comme si c’était un stade encore trop haut, pour partager ces mots. Les actes lui ont toujours été plus faciles que les discours, à Isa. C’est encore comme cela qu’elle montre le mieux son amour. C’est ce qu’elle fait lorsqu’elle décide de l’entraîner jusqu’à cette fameuse piste de glace. Ils vont pouvoir faire ce petit tour de patinoire. Après un petit temps d’attente, plutôt rapidement, les voilà sur leurs patins. Il monte le premier sur la glace, puis lui tend la main pour qu’elle en fasse de même. Elle s’en saisit pour se laisser glisser, avec une belle agilité. Elle s’aventure sur la piste avec fluidité, ses doigts toujours entremêlés à ceux de son petit-ami. Elle le regarde, un instant, tout sourire. – Tu devrais peut-être l’amener aussi, la prochaine fois. Mais cette fois, c’est elle qu’il a voulu à ses côtés. Elle qu’il voulait avec lui dans ce marché. Peut-être qu’il a compris, cette peur de ne pas être sa priorité. Ses deux opales posées sur lui de temps à autre, elle ne peut qu’admirer l’aisance de Nikolaï. Il ne lui avait pas menti, au contraire, il se débrouille merveilleusement bien. Devant ses mots, elle ne sait pas tout de suite comment réagir. Ce qu’elle est censée dire. Lui aussi, il lui a manqué. Mais cela, elle l’a déjà avoué. Et ce n’est pas le plus important pour elle, l’essentiel est qu’ils sortent de ce blocage entre eux. – Je n’étais pas loin, tu sais. J’étais juste à côté de toi. Mais il n’a pas su le voir. Pas quand sa vie allait mal… comment aurait-elle pu soudain réapparaître à la fin de ses problèmes. Elle retient un soupir entre ses lèvres, Isa. Elle ne veut surtout pas tout gâcher. Pas après la peine qu’ils se sont donnés. – Je suis heureuse d’être avec toi aussi. confie-t-elle finalement alors qu’ils continuent d’avancer sur la patinoire. À la recherche d’un brin d’espoir. Sans un mot de plus, elle se penche vers lui pour déposer un baiser, sûrement un peu trop chaste, contre sa joue rafraîchie. Il lui manque, il lui manque tellement lui aussi.

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Isabella, la femme au tempérament trop paradoxal. Isabella, la femme aux réactions si contradictoires. Elle a les doutes qui l’assaillent, la peur d’une issue fatale. Mais, en même temps, elle agit comme s’ils n’étaient pas en danger. Comme si elle n’avait rien à sauver. Parce qu’elle est capable de se battre par amour devant l’ennemi. Parce que, pour lui, elle serait même capable de donner sa vie. Pourtant, devant les rouages bien emmêlés de son propre esprit trop écorché, elle est comme impuissante. Presque absente. Comme si les abysses dans lesquels elle s’enfonce sont bien plus forts qu’elle. Déjà trop forts pour elle. Il y a cette partie d’elle qui a accepté de jouer le jeu, pour Nikolaï, plus que pour elle-même. Seulement parce qu’elle l’aime. Elle n’a pas eu la force de lui refuser une sortie ce soir, pas alors qu’il faisait un pas vers elle pour la première fois. Elle avait envie d’y croire, parce qu’elle a vu en lui cette lueur d’espoir. Mais elle ne sait pas occulter toutes ses pensées torturées, elle ne sait pas oublier toutes ses craintes, alors qu’elle en est submergée. Peut-être qu’elle aurait préféré parler. Parler vraiment, à cœur ouvert, de tout ce qui a bien pu envahir ses pensées. Mais ce n’est pas Nikolaï, le responsable, c’est elle. Elle n’a pas su le dire, elle n’a pas été capable de quoi que ce soit, quand lui a tenté quelque chose vers elle. Alors comment, comment aurait-elle pu le repousser ? Comment aurait-elle pu lui expliquer que, ce n’est pas en retrouvant le sourire à ses côtés, qu’elle pourra oublier ses plaies ? Elle ne sait pas l’exprimer, ironie du sort pour une communiquante, elle est incapable de se confier ouvertement. Alors, le suivre dans ce marché malgré tout, c’est encore la seule chose qu’elle pouvait lui accorder indéniablement.

Mais les minutes passent,

Et ne creusent qu’un peu plus la distance,
comme si c’était en sa présence,
que tu sentais le plus ta propre absence.

Il y a eu sa petite déclaration d’amour à laquelle elle a été incapable de répondre correctement. Sa main qu’elle garde précieusement dans la sienne, comme pour se raccrocher à lui. Comme pour qu’il la retienne contre lui. Elle a peur, Isabella, peur de le perdre. Elle ne sait juste pas comment le retrouver. Comment passer au-delà de cette sensation terrible, celle de ne pas compter. Elle a retenu ses raisons, elle les a répétées tant de fois dans son esprit en fusion. Qu’elle les connaît désormais par cœur, ses explications. Mais elles ne lui ôtent pas ce sentiment d’avoir été mise à l’écart, ce sentiment plus douloureux encore qu’il ne lui laisse pas cette place. Celle qu’Isabella, elle, lui a donné il y a déjà des mois. Elle est apeurée à l’idée qu’il lui échappe, pourtant c’est elle qui lui file entre les doigts. Elle qui reste si détachée, quand tout autour d’eux est fait pour les rapprocher. C’est plus vrai encore sur cette piste de patinoire trop romantique pour être occultée, cette piste de glace où elle ose tout juste le regarder. Il semble l’avoir remarqué alors qu’il essaie de faire un pas vers elle, dans la tendresse. Il lui avoue que c’est avec elle qu’il veut être. Mais elle ne lui demande pas de mettre sa famille de côté, Isa, juste de pouvoir elle aussi compter. Et pas seulement pour vivre de jolis moments, non, elle veut être là à chaque instant. Même les pires, peut-être même surtout les pires.

Et tu ne réalises pas à quel point tu peux être complexe,
à quel point tu peux le perdre,
à tout garder dans ta pauvre tête,

Et tu ne réalises pas davantage à quel point tu représentes pour lui un mystère,
Et le mystère, cela attire au début,
Mais ça peut faire fuir ensuite.

Non, peut-être qu’elle ne voulait pas vraiment de cette sortie. Peut-être qu’elle avait besoin d’autre chose avec lui. Mais elle a accepté, Isabella, elle l’a accepté de bon cœur. Elle l’a accepté pour leur donner cette chance qu’il attend. Les iris assombries posées sur la piste de glace, elle oublie vite cette préoccupation devant les mots qu’elle entend. Confidence à laquelle elle n’est pas préparée, qu’elle ne sait pas comment appréhender. Son regard ébène se pose sur l’océan de ses yeux, juste quelques secondes, alors qu’il lui affirme qu’elle était là mais… mais quoi ? Mais ce n’était pas comme d’habitude. Elle le sait, Isabella, mais que peut-elle bien rétorquer ? Elle ne pouvait pas faire semblant, elle ne peut toujours pas faire semblant, visiblement. Il commence à déceler les douloureux songes de son esprit envahi par les tourments. Un reproche, non, ce n’est pas son genre.Ou peut-être que si. Peut-être qu’elle ne peut pas mentir.

Tu étais là,
C’était à lui de faire le premier pas,
Mais, même ça, tu n’arrives pas à le dire à haute voix.

Elle secoue la tête de gauche à droite, négativement, sans quitter ses prunelles des siennes. – Ce n’était pas mon intention. déclare-t-elle, la voix neutre, peut-être même trop neutre. Elle sent qu’ils s’engagent sur un terrain glissant. Et, contrairement aux apparences, ce n’est pas le lieu, ni le moment. Elle essaie de se reprendre, Isa, elle essaie de retrouver la sérénité de leurs échanges précédents. Elle lui assure qu’elle est heureuse d’être avec lui, ce qui est vrai, mais elle ne s’attend pas à la demande qu’il lui fait. De sa main, il l’attire contre lui, Nikolaï. Par chance pour elle, la Latina est à l’aise sur ses patins, elle maintient l’équilibre. Mais elle est peut-être moins à l’aise avec les mots qui s’ensuivent. – Te le prouver…? demande-t-elle, sans comprendre, à quoi il peut bien jouer. Elle ne saisit pas, peut-être qu’elle ne veut pas saisir. Mais elle n’a plus aucune possibilité de s’enfuir. Moins encore quand il capture ses lèvres dans un baiser. Un baiser fougueux, un baiser passionné. Un baiser comme ils n’en ont plus partagé. Il y a son cœur qui s’emballe, les frissons qui lui parcourent la colonne vertébrale. Elle sent tout son être réagir, instinctivement, la poussant à lui répondre. Mais elle ne prolonge ce baiser que quelques instants, avant de s’écarter, trop rapidement. Le regard fuyant, encore plus paumée, plus tourmentée qu'auparavant. – Je crois qu'on devrait rentrer. elle confie dans un murmure, la gorge nouée, le cœur serré. Elle creuse un peu plus entre eux ce fossé, cette distance qui va les tuer.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @Nikolaï Warren

Elle ne sait pas, elle ne sait plus. Elle est perdue. Perdue dans les envies de Nikolaï qui se confondent avec ses propres besoin. Perdue dans ses tourments dont elle ne lui dit rien. Elle voudrait être avec lui, vraiment avec lui. Elle le voudrait réellement, sinon elle n’aurait pas accepté de le suivre pour cette soirée en tête à tête avec lui. Sinon, elle ne serait pas ici, sur cette patinoire, à tenter de garder cette proximité avec lui. Elle essaie de conserver leur relation de toujours, elle le fait uniquement par amour. Au même titre que lui, elle souhaite que la situation s’arrange entre eux. Mais il faut croire qu’elle n’en est pas capable, pas quand elle va en réalité si mal. Mal à l’aise à cause de sa demande, la jeune femme répond toutefois à son baiser. Seulement pas vraiment comme en temps normal elle le ferait. Elle le prolonge à peine, brièvement, avant de reculer rapidement. Elle n’est pas capable de faire semblant, pas sur ses sentiments. L’embarras qui l’envahit, elle décèle ce malaise qui s’installe entre eux malgré elle. Malaise qu’elle a engendré, certainement, en demeurant incapable de se rapprocher de lui. Elle voit la déception dans les iris bleutées de son petit-ami. Déception qui lui lacère le cœur sans qu’elle ne puisse pour autant l’empêcher, il est déjà trop tard, et lui déjà parti. Elle le contemple alors qu’il s’éloigne, laissant échapper à son tour un faible soupir. C’est en train de les détruire. Ils sont en train de se détruire. Et elle le sait au fond d’elle, Isabella. C’est elle, la cause de tout cela. Prenant une profonde inspiration, elle finit par le rejoindre à l’extérieur de la piste. La culpabilité ne la quitte pas, alors qu’il ne daigne pas lui offrir un regard. Elle n’en fait pas plus, acceptant docilement le silence qui s’impose. Peut-être qu’ils ont juste besoin d’une pause. – Je te suis... dit-elle doucement, le cœur qui se serre, devant cette distance. Comme si cette soirée n’avait servi à rien, comme s’ils n’étaient plus rien. Elle le regarde s’éloigner avant de rejoindre sa propre voiture, située un peu plus loin. Elle retire ce bonnet de père Noël qui ne lui aura décidément pas porté bonheur, avant de s’installer dans son véhicule. Elle ne démarre pas tout de suite, comme si elle avait besoin de réfléchir. Besoin de comprendre ce qu’ils sont en train de devenir. Elle a peur, Isabella, peur de ce qui est en train de se dérouler. C’est le moral en berne qu’elle commence à rouler, direction leur foyer. Elle met quelques minutes seulement à arriver, mais elle voit déjà la voiture de Nikolaï dans l’allée. Elle gare la sienne à ses côtés avant de récupérer son sac à main ainsi que son seul achat du marché. Elle rejoint la villa avec hésitation, surtout, avec appréhension. Elle redoute leur prochaine conversation. Mais elle ouvre la porte pour pénétrer à l’intérieur, décelant déjà sa silhouette dans le salon, comme s’il l’attendait. Elle pose ses affaires lentement, trop lentement. Mais elle ne peut pas repousser ce moment éternellement. À pas feutrés, elle le rejoint dans le salon, le contemple quelques instants. – J’avais envie d’être avec toi, crois-moi, c’est vrai. C’est juste qu’elle s’est sentie soudain… oppressée. Comme s’il la confrontait trop brutalement à la réalité. Elle n’était pas prête à tout ça, mais elle ne l’avouera pas. Pas à haute voix. – Je vais prendre une douche. énonce-t-elle avant de tourner les talons. Elle n’attend pas sa réponse, pas prête à une confrontation. Tu es en train de le fuir Isa, ça ne te ressemble pas. Mais, la vérité, c’est qu’elle a peur. Peur de l’issue d’une quelconque discussion avec l'élu de son cœur.