battlefield. (lilith)

Un enterrement, d’vie de garçon.
C’est pour cette raison qu’ils s’étaient réunis les fils de bonne famille.
Parce qu’Amaury avait posé le genoux à terre, et était sur le point de se passer la corde au cou. Une idiotie. C’est ce que lui avait répété Ismaël et tout les autres. Une belle connerie. Une de plus à ajouter à la liste. Il faisait ça pour sa mère, comme ils le feraient tous tôt ou tard. S’affilier à un autre grand nom pour faire perdurer leurs héritages. Dans ce cercle restreint cela fonctionnait comme au temps des rois. Les valeurs d’une génétique parfaite mise au tapis par l’épaisseur du compte en banque.
Ils avaient commencé dans l’un des meilleurs rooftop de la ville, affichant leurs american express avec excès, commandant des magnums de champagne et autres dérivés tout en s’en foutant plein le nez. C’était une amitié plate et hypocrite qui les liaient les uns aux autres. Ce genre de relation construite sur des faux-semblants depuis leurs enfances. Ils aimaient être vu ensemble, pour le principe, faisaient parfois la une des tabloïds pour le plus grand malheur de leurs parents respectifs.
En pénétrant au Closer, ils avaient déposé une liasse de billets considérable sur le comptoir. Réservant de ce fait tout un carré privatif, ainsi que leurs meilleures danseuses. C’est accompagné de femmes vénales qu’ils avaient franchis les portes, et qu’ils avaient pris place sur des banquettes confortable à souhait. De la discrétion, c’est ce qu’avait demandé le futur marié, ainsi, c’est derrière d’épais rideaux qu’ils se trouvaient. Sifflant sans vergogne les serveuses qui ramenaient à boire, abusant des bouches de leurs accompagnatrices, s’impatientant que le spectacle commence.
- comment elle s’appelle déjà, ta future femme ?
- sofia... que répondais Amaury, entre deux rails de coke.
- tu vas passer la bague au doigt à la fille des émirats, comment t’as fait ton compte, t’es dans la merde putain, qu’il ricanait Ismaël, prenant ses aises sur l’assise, grognant lorsque celle qui s’appelait Lucie lui adressait la parole,
- si tu t’fais choper ce soir, tu peux dire adieu à ton mariage princier, et à tes couilles au passage.
Ils étaient cinq ce soir, neuf avec les demoiselles qui les avaient harponnés au premier bar. Chacun occupé avec l’une d’entre elle, sauf Ismaël, qui comptait ses billets verts pour savoir combien de pourboire il lâcherait ce soir.
Ce soir, comme tous les soirs, ils étaient des rois.
Des êtres cruels assoiffés de pouvoir. C’est pour ça qu’ils avaient mis les pieds dans ce club aux mœurs légères, sachant pertinemment qu’ils pourraient se faire tailler une pipe, ou s’envoyait en l’air avec la première strip-teaseuse qui leur ferait de l’effet.
Ce soir, comme tous les soirs, ils ne respecteraient rien, ni personne.
Abuserait de leur statut, par pur plaisir.
La première danseuse arriva, très vite suivit par une camarade de jeu. Les garçons n’entendaient même plus la musique, leurs attentions focalisées sur ces corps qu’ils étaient en train d’acheter. Les filles qu’ils avaient ramenées se prêtaient au jeu, glissant avec sensualité des billets de vingt dans les décolletés plongeants.
Puis comme un mirage, elle apparut.
La reine de ses pulsions maladives.
Lilith, dans une tenue digne des magasines de lingeries les plus tendancieux.
Comme si le destin se foutait ouvertement de sa gueule.
Ses neurones explosèrent comme du pop-corn.
- p’tain, c’est celle là qui finira sur ma queue ce soir les gars !
Qu’il se vantait, le futur époux. Laissant un Ismaël ruminant, alors qu’extérieurement il était tout sourire.
- tu vas perdre ton temps, elle est pas terrible au fond d’un lit.
Qu’il mentait, le Sartier. Se rendant compte par la même occasion du regard carnassier qu’Amaury posait sur elle,
- c’est peut-être parce que t’as jamais su comment la prendre.
Tout était prétexte à une rivalité hors normes lorsqu’il s’agissait des femmes, que tous considéré comme des objets. Il sentait ses molaires grincer, avala d’une traite sa coupe de champagne, ayant du mal, tout à coup à apprécier le spectacle. Espérant secrètement, qu’elle leur donnerait tord à tous. Parce qu’elle hantait son crâne, que son myocarde perdait déjà son rythme de base.

Tout était prétexte à la dissimulation, Lilith, courbes déployées pour faire rêver sous les lumières tamisées, la bouche en coeur pour cacher le gouffre qui s'ouvrait à l'intérieur, elle dansait pour mieux s'oublier, elle dansait pour exister, pour rompre le sort qui la maintenait toujours trop près de la mort, aimant sentir les regards sur son physique aux épines invisibles, comme si Lilith, tout ce qu'elle voulait était de voir de ses yeux joueurs quelqu'un qui risquerait sa vie pour se blottir contre son âme sans vie, toxique à en crever, acide à s'en consumer. Elle était partie en pause pour s'aérer l'esprit dans un rail de cocaïne, parce que Lilith, elle était pas assez barge pour rester seule avec sa propre personne sans aide illégale. Elle se faisait peur avec ses instincts déteints dans la noirceur, et en même temps, la mélancolie était sa plus vieille amie, le répit de ses pensées meurtris, de son traumatisme qui avait tranché ses souvenirs à vif. Elle était revenue peu de temps après, se faisant dire par une collègue qu'un groupe de personnes était venu pour leur quémander leurs services, Lilith qui acquiesça sans se faire prier, pensant aux nombreux billets qui s'agiteraient dans l'élastique de son sous-vêtement, elle qui voyait l'appel délectable de la drogue danser dans sa conscience. Elle se ramena sur l'estrade, Lilith, après ses collègues, la démarche féline et les yeux brillants d'un faux désir, les courbes apprêtées d'une robe qui mettait en valeur le moindre centimètre carrée de sa peau qu'elle allait dans tous les cas dénuder, son coeur vrillant en croisant le regard d'Ismaël, qu'elle reconnut au travers de la pénombre ambiante. Elle le reconnaîtrait entre milles, c'était ça, qu'elle avait voulu fuir depuis le début, cette réalité qu'elle ne pouvait pas s'offrir, son visage en boucle dans son esprit qu'elle voulait juste détruire. Elle faisait comme si elle ne l'avait pas vu, comme elle le ferait avec un client lambda, et pourtant, son regard ne trompait pas. Elle aurait vu que lui au milieu de la salle si seulement elle se le serait autorisée dans ses envies instables. En s'avançant, elle voyait bien que l'homme à côté d'Ismaël la dévorait de ses opales, y trouvant là le jeu auquel elle voulait jouer pour le rendre détestable, fou de rage. Elle avait pas envie de finir comme toutes les autres, Lilith, elle voulait encore une fois marquer le fond de son crâne. Alors, elle s'avança encore, faisant le choix de venir se déhancher devant l'homme qui semblait la désirer, s'amusant des tourments qu'elle pouvait semer à Ismaël alors que ses hanches s'agitaient pour leur provoquer à tous de l'urgence.

- Salut toi. T'es nouveau ici, je t'avais jamais vu.

Qu'elle murmura à son oreille d'une voix sensuelle, admirant du coin de l'oeil celui qui lui faisait réellement de l'effet.

- Si j'avais su, je serais venu plus souvent. On peut toujours rattraper ça. Je pourrais payer très cher pour t'avoir ce soir.

Un sourire se développa au coin de ses lippes, Lilith se redressant, jouant avec la bretelle de sa robe pour inciter davantage le désir de l'interdit.

- Ah ouais ? Combien tu payerais pour m'avoir ?
- Assez pour que tu puisses me faire jouir toute une nuit. Après, lui il me dit que t'es pas si bonne que ça, faudrait que tu fasses tes preuves.

Elle lâcha un petit rire Lilith. Presque froid, acide.

- Peut-être bien que j'vais faire taire les rumeurs alors.

Elle haussa les épaules, un air de défi inscrit sur les traits en regardant Ismaël, la colère pulsant dans ses veines.

Sa vie était une vaste blague.
Une comédie à la fin tragique.
Lilith après dix ans d’absence apparaissait tel un feu follet sur son chemin. Une flamme lumineuse qu’il ne pouvait qu’apercevoir dans la noirceur de son existence.
Il lui suffit d’un regard pour retomber dans ses pensées vagabondes. Elle s’était accroché à chacune des particules de son cerveau, s’était glissée sous son épiderme, était en train d’empoisonner ce qu’il restait de pur dans son sang.
Des jours entiers qu’il ne voyait qu’elle sur l’écran de ses paupières, ses sens se rappelant son effluve et son corps se crispant de vivre dans une frustration inutile. Il avait goûté à d’autres femmes, mais aucune n’avait réussi à produire l’effet que ses neurones désirait. Pourtant d’une beauté subjuguante, elles avaient été fade.
Salut toi. T’es nouveau ici, je t’avais jamais vu. Si j'avais su, je serais venu plus souvent. On peut toujours rattraper ça. Je pourrais payer très cher pour t'avoir ce soir.
Il observe le spectacle Ismaël, la femme qui se déhanche, les mots qu’ils échanges. Il sourit en coin, un sourire nerveux, crispé. Un sourire tout de même. Il tente de faire abstraction, puisque d’autres danseuses arrivent, toutes vêtues de robes sublimes, spécialement choisies pour ces fils de riches. Elles les quitteront bien vite, dans des danses lascives.
Les mecs étaient en feu, leurs regards intrusifs, leurs mains déjà trop baladeuses. Ismaël, lui, s’évertuait à vider la bouteille de champagne avant de s’attaquer à celle de tequila qu’il dé bouchonnait avec hargne sous le nouvel échange de paroles. Il ricane, presque au même temps que Lilith, relevant son regard vers elle puisqu’elle le cherchait.
Que le jeu commence. Donne toi à un autre sous mes yeux, fais semblant de gémir, fais lui croire que c’est lui, et seulement lui que tu désires. Fais de moi un esclave de ses sentiments qui me tourmentent.
Bien qu’une femme s’effeuillait devant lui, ses yeux azurs n’avaient de cesses de s’accrocher à la sensualité de Lilith. Il zieutait devant lui quelques secondes, pour revenir aux formes qu’elle offrait à son pote, qui devenait d’instinct un homme à abattre.
Sur la banquette, il se sentait à l’étroit maintenant qu’ils s’étaient tous fait grimper dessus par leurs danseuses respectives. La poupée aux yeux verts qui se trouvait sur lui, l’invitait à effleurer son corps, de ses cuisses à ses hanches, de ses hanches à son ventre, de son ventre à ses seins, se contorsionnant au rythme d’une musique appelant tout les vices. Elle le cherchait de son bassin, puisque en ces lieux, un client qu’on parvenait à faire bander était un client qui allongerait d’autant plus de billets. Mais il n’en était rien pour Ismaël, son corps restait inerte. Dans son veine ne pulsait que la haine, la colère qu’il ne voulait pas laisser paraître.
[color=tan]combien tu crois que j’devrai filer, hein Isma ?[/tan]
Il avait une de ses mains accroché à son sous vêtement, l’autre se tenant l’entre-jambe pour montrer à tout le monde l’effet qu’elle avait sur lui. Dans d’autres circonstances, le blond se serait prêtait au jeu. Aurait lancer les enchères, aurait rit en cœur avec tout ces hommes qui ne réfléchissaient plus. Il n’y parvenait pas, enfermé dans des pensées meurtrières. De manière hypnotique, il laissa ses doigts glisser jusqu’à la cuisse de la principale concernée, un soupire de frustration s’échappant de ses narines.
putain, c’est quoi ton problème ? c’est la dernière que t’as baisé avant de partir en taule ou quoi.
Il riait le marié en herbe, sans se rendre compte d’à quel point il disait juste.
vas te faire foutre.
L’homme vexé se redressa, attrapant la main de sa danseuse pour s’extirper avec elle dans une alcôve plus privée. La fierté tellement grosse, qu’il préférait s’en taper une autre sans plaisir, plutôt qu’avouer que ce soir, il n’en désirait qu’une seule. Ils se jetèrent l’un sur l’autre après qu’il ait posé des billets sur la nouvelle banquette. Elle l’embrassait sans retenu, glissait ses mains ici et là, sans qu’il n’est la moindre réaction. Rien, absolument rien ne se passait à l’étage du bas. Malgré tout ses efforts, elle l’abandonna là, la ceinture défaite, la chemise entrouverte, après des insultes moqueuses lancées en pleine gueule. Ça ne le touchait même pas. Il s’alluma une clope, les doigts tremblants d’une colère sombre.

Lilith, elle portait encore le goût d'Ismaël sur ses lippes, ses ténèbres qui étaient venues s'infiltrer droit dans ses veines, sa saveur que la cocaïne n'avait même pas réussi à altérer. Elle l'aurait voulu, Lilith, parce que depuis cette soirée, y'avait son visage qui tournait en boucle dans ses pensées, leur relation charnelle morte-née dans le jeu de leurs instincts déchainés. Elle aurait pu s'abandonner toute entière à son âme qu'elle avait désiré, mais elle avait préféré rester sage dans le carnage de ses gestes déplacés, le touchant quand même pour laisser sa trace, sa toxicité qui avait eu besoin de se faire une place sur sa peau qu'elle avait autrefois goûté. Elle ne voyait que lui, même si elle faisait semblant de s'intéresser à ses connaissances qui l'affligeaient de par leur comportement, Lilith s'ennuyant avec l'autre mâle qui tentait d'être dominant, la brune s'amusant avec véhémence tout ça pour provoquer le palpitant d'Ismaël, tout ça pour continuer à percuter sa conscience de son image excitante. Elle aimait pas sentir la frustration assécher sa peau, Lilith, désireuse d'ordonner à l'autre danseuse sur Ismaël de disparaître, de lui laisser sa chair qu'elle voulait toujours autant sentir contre la sienne, les minutes, les heures ouvrant le manque de lui dans ses veines, même si le déni se chargeait de dissimuler ses sentiments délétères par de la colère, de l'arrogance, son sourire mesquin perlant sur ses traits alors qu'elle s'amusait avec ce mec, tentant son désir comme si c'était Ismaël devant ses courbes qui se déhanchait, sentant le regard du blond sur elle, son indifférence qu'il ne savait taire et son regard à Lilith, qui l'admirait de ses yeux aux couleurs des Enfers, laissant son pote jouer avec elle comme s'il la possédait pour de vrai, arquant un sourcil curieux à sa réaction renfrogné suite à la remarque du type, comprenant qu'il avait été touché en plein dans une partie sensible, elle qui n'était pas au courant d'une partie importante de sa vie, le regardant s'en aller avec l'autre fille, les nerfs en vrille, les émotions tanguant au bord du vide.

- Attends quoi, il est allé en taule ?
- Il t'as jamais dit ? Au pire tu me tailles une pipe et tu lui demanderas des compte tout à l'heure ?
- Même pas en rêve connard.

Elle était énervée, explosant sous l'effet des questionnements incessants qui tournaient à l'intérieur de ses tempes, alors Lilith, elle laissa en plan le client permissif pour marcher jusqu'aux loges privées, tirant le rideau pour trouver Ismaël à moitié dénudé, une clope fumante entre les doigts.

- Ça te gêne pas de vouloir te taper ma collègue sur mon lieu de travail, et en plus j'apprends que t'es un ex taulard ? T'en tiens une couche toi. J'veux même pas savoir pourquoi t'es allé en taule.

Elle s'approcha, se plantant devant lui, redressant son menton volontairement pour qu'elle puisse mieux se perdre dans le fond de ses iris.

- J'veux pas savoir tu sais pourquoi ? Parce que j'aurais pu être attirée par toi et que j'ai pas envie d'être encore plus dégoutée de toi à cause de tes conneries.

Le myocarde à la ramasse, ses maux lui faisaient délicieusement mal.

A défaut de tirer une femme, c’est sur sa clope qu’il se vengeait.
Marmonnant des plaintes pout lui-même, ricanant de sa propre connerie.
C’est son mental qu’il maudissait, se trouvant lamentable et faible de ne pas maîtriser ses pensées. Lilith gravitait dans sa tête avec une puissance telle, qu’il était incapable à l’heure actuelle de réfléchir avec lucidité. Il se laissait envahir par un désir viscéral, qui se transformait au fil des minutes en une haine douloureuse. Lilith, il l’avait gardé enfermé dans une boîte à souvenir qu’il avait scellé après ses années prisons. Une boîte qu’elle était venue faire exploser, à coup de regards aguicheurs, de mots tranchants. Les ressentis de leur seule et unique nuit lui explosaient en plein visage. Des piqures de rappels qui s’injectaient dans ses veines sans jamais lui donner la bonne dose. Il en voulait encore et encore. Il ne pensait qu’à ça. Qu’à l’odeur de sa peau, l’étau de ses cuisses, la chaleur de son souffle.
Et quand elle apparu une nouvelle fois, il se retint de rire nerveusement.
Putain de karma.
C’était donc elle, la pénitence pour ses erreurs passées.
Elle était en rogne la gamine. Les yeux sombres et les paroles violentes.
c’est pas ça le deal ici ? si on allonge les billets, on peut sauter celle qu’on préfère ? qu’il répond du tac au tac alors qu’elle s’approche, la lionne. Son menton relevé de force, il avait le regard troublé, les mains toujours tremblantes de nerfs. c’est pas ce que t’allais faire, te taper l’autre connard ? qu’il crache par-dessus la tirade qu’elle lui sert. Il n’était pas d’humeur hypocrite. Trop occupé à retenir son corps tout entier pour ne pas exploser d’une rage sans limite. Il soufflait par le nez Ismaël, rejetant la proximité établie d’un mouvement de tête. C’est que les doigts de la brune brulaient son épiderme, que le contact était aussi jouissif que corrosif. quoi ? ça te choque ? les filles comme toi n’sont pas habituée à fréquenter des raclures de mon genre ? il siffle plus qu’il ne parle, un sourire venimeux au coin des lèvres. Il pourrait tout lui dire, lui expliquer aussi peut-être, mais il ne l’a jamais fait pour personne. Ni même à ses parents, ni même à sa tribu d’avocats véreux. Alors, pourquoi à elle, cette femme qui joue l’indifférence, alors qu’il sent la tension qui les lie. La tension qui les ronge. alors pourquoi t’es là ? hum ? il se lève, écrase sa clope sur la table devant lui, son pouce venant ensuite malmener la lèvre inférieure de la danseuse, son corps se rapprochant jusqu’à ce qu’elle heurte le premier mur venu, pourquoi t’es là ? tu voulais vérifier que ma queue n’était pas dans sa bouche, non ? il ricane, mauvais à souhait, c’est bien que tu me portes un semblant d’intérêt bébé.
Il ne veut pourtant pas d’aveu.
Il voudrait seulement que son sang se calme, que la rage diminue, que le désir ne le détruise pas autant.
puisque t’es au « boulot » va m’chercher le fric que ta copine a pris pour acqui. il s’éloigne après cette phrase, reboutonne son pantalon, et se laisse tomber sur la banquette. Ses mains englobant la totalité de son visage, pour ne plus être obligé de l’regarder.

Lilith, elle aurait bien voulu lui demander de partir, juste pour tenter de retrouver le souffle qui s'était échoué dans son désir, dans ces images qui lui faisaient perdre l'esprit, Ismaël, comme un démon qui démolissait sa volonté de lui résister, maintenant affaiblie par sa seule présence dans son champ de vision, les pensées qui tournaient en rond autour de son prénom. Il s'était infiltré beaucoup trop loin dans son esprit, et elle comprenait qu'elle était addict, à sa peau, à ses lèvres, à lui, sans jamais se l'avouer pour ne jamais se dire qu'il avait gagné, Lilith, persuadée qu'il finirait tôt ou tard par sortir de sa destinée, comme il l'avait déjà fait par le passé. Elle avait pas envie de s'accrocher à son âme en lambeaux avec laquelle elle s'était prise à se lier, le temps d'une soirée, le temps qu'il ne vienne incruster les séquelles d'un désir qu'elle aurait voulu savoir mort et enterré. Son corps trahissait le mensonge arraché qu'elle aurait aimé réaliser pour de vrai, sa colère le percutant de plein fouet alors qu'il l'avait imaginé avec sa collègue, quand elle, elle aurait voulu se perdre dans ses chaines, s'étouffer dans son étreinte passionnelle.

- Y'a pas que les billets qui s'allongent quand tu choisis ta préférée normalement ? T'as pas misé sur la bonne fille.

Lilith, elle avait sa fierté qui se consumait dans l'incendie présent dans ses pupilles. Elle aurait voulu être cette fille, lui donner du plaisir comme ce n'était pas permis, la rage qui vacillait devant l'océan clair de ses prunelles qui la submergeait.

- Qu'est-ce que ça peut te foutre ? Tu lui as sorti que j'étais pas un bon coup, je peux au moins l'être pour lui, nan ?

Son estime piquée à vif, Lilith, elle rendrait pas les armes devant lui, elle voulait l'écorcher de ses épines toxiques, comprenant qu'ils étaient tous les deux atteints par leur colère acide.

- T'es le genre de raclures toxiques que j'évite parce que je m'empoisonne déjà assez comme ça.

Et elle aurait pu encore sombrer Lilith, parce qu'à lui seul il parasitait la moindre pensée raisonnée qui se délitait dans son esprit. Ses mots et son corps comme une délicieuse torture qu'elle s'infligeait, comme un sort qu'elle ne voulait rompre, une malédiction qui l'attirait dans ses tréfonds. Elle le regarda se redresser, ramener son être contre le sien, le souffle s'ébruitant contre sa main qui était venue caresser sa lèvre, le dos contre le mur, le regard happé par la courbure de ses lippes qu'elle voulait dévorer dans l'intimité de leurs deux corps aimantés.

- C'est que je suis protectrice avec elle. On sait pas sur quelle genre de queues elle peut tomber justement. Tu te fais des films bébé.

Elle mentait, prenant un air hautain et fier, elle en avait rien à faire de sa collègue, elle avait juste envie d'écraser son poing sur sa tête. Elle rit Lilith à sa demande, de manière ironique.

- Puisque j'suis au boulot, j'vais chercher le fric que j'ai pris pour acquis.

Elle avait l'impression de reprendre le contrôle sur son coeur quand il s'éloigna, balançant sa chevelure en arrière avant de s'avancer vers lui, prenant place sur ses cuisses sans lui laisser le temps de la faire fuir. Elle était comme ça Lilith, quand on s'éloignait, elle se battait pour revenir.

- J'vais faire rêver ton pote... Comme je t'aurais fait rêver toi... En passant mes mains et mes lèvres sur ton corps...

Elle murmura à son oreille, ses mains caressant son torse pour le réchauffer.

- J'aurais pu te dévorer ce soir, j'aurais pu être à toi...

Elle continua, ses lèvres glissant sensuellement dans son cou avant de remonter jusqu'à ses lippes.

- Mais t'as tout gâché.

Elle planta son regard dans le sien avant de subitement se redresser, tirant le rideau pour chercher l'autre qu'elle avait envoyé balader.

Plus il attaquait,
Plus elle mordait Lilith.
Tout ce qui était à sa portée finissait entre ses crocs acérés. Ils étaient semblables. Ne s’arrêtaient jamais, fouillant toujours plus profondément à la recherche d’une écorchure qui les ferait hurler de douleur.
Plus il voulait se détacher d’elle,
Plus ils se rapprochaient.
Leurs êtres s’entrechoquant dans un ballet qui devenait de plus en plus douloureux. C’était une attraction étrange, qui lui filait presque la nausée au Sartier, tant il ne pouvait aller contre. Encore une fois, malgré toutes les lames acérées qu’ils s’envoyaient au visage, elle était là. Son bassin enfermant ses cuisses, son épiderme cherchant le sien. Ses mains glissaient sur son torse, et c’était une torture qu’il ne parvenait pas à se supporter. Incapable de réprimer les frissons qui marquaient sa peau sous les gestes de la brune. Il prenait chacune de ses paroles comme des coups de poignards en plein thorax, étouffant sous son souffle, gémissant malgré lui.
Plus il voulait se la sortir du crâne,
Plus elle s’y implantait.
Prenant racine dans les tréfonds de son esprits, empoisonnant la plus petite zone encore stérile. Il se détestait pour ça Ismaël, il la détestait encore plus. Ses yeux clairs ancrés dans les siens, alors qu’il se retenait de dévorer ses lèvres, de la faire sienne ici même. Dans ce lieu de débauche, où beaucoup d’autres avait sans doute payer pour ses services.
Mais t’as tout gâché.
Il grogna le blond, accepta avec grand mal qu’elle se redresse.
Si tu crois que j’en ai quelque chose à foutre.
Qu’il crachait dans son sillage, se levant à son tour, refermant sa chemise avant de la suivre jusqu’à l’autre salle plus bruyante. Ici les danseuses continuaient leurs show. Les mecs étaient bouillants, Lilith était retournée avec ce connard d’Amaury. Et Ismaël lui, jeta le reste de ses billets sur la table, adressant un clin d’œil à la femme de ses tourments.
C’est pour moi, occupe toi bien d’lui surtout.
Il n’attendit pas qu’on lui réponde.
Il avait besoin d’air, besoin de se faire éclater la gueule, besoin de se vider l’esprit d’une manière où d’une autre.