liaisons dangereuses. (warston)

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{ liaisons dangereuses }
crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

À la lueur du crépuscule, la nuit déjà tombée, Isabella est assise sur le lit. Elle est là, mais sans vraiment être ici. Ses mains étalent la crème aux senteurs de vanille le long de ses jambes depuis une dizaine de minutes maintenant alors que son esprit est totalement ailleurs. Elle pense aux derniers jours qui viennent de s’écouler. Elle pense au retour de son ex-mari depuis qu’il a retrouvé sa liberté. Luke, il accapare certainement un peu trop ses pensées. Ce n’est pas de l’amour, ce ne sont pas des sentiments retrouvés. C’est l’espoir qu’il ait changé ou, peut-être, la culpabilité qui ne s’en est jamais allée. Elle ne songeait plus à tout ce qui avait pu se passer entre eux, elle n’y songeait plus depuis qu’il n’était plus dans sa vie. Mais le voilà revenu, pour la chambouler à nouveau, pour s’immiscer encore dans son esprit. Il n’y est pour rien, Luke, du moins elle ne le pense pas. C’est elle qui se laisse trop submerger, c’est elle qui le laisse avoir cette emprise sur elle sans le vouloir. Sans même vraiment le savoir. Elle ne se rend pas compte du pouvoir qu’elle lui donne, Isa. Elle ne se rend pas compte que, ses souffrances passées, sont directement en train d’influer sur sa vie actuelle. Elle ne se rend compte de rien, alors qu’elle le laisse peu à peu revenir auprès d’elle. Alors qu’elle se laisse peu à peu prendre au piège. Elle avait promis à Nikolaï de faire attention. De prendre toutes ses précautions. C’est ce qu’elle fait, à peu près, chaque fois que Luke réapparaît. Elle garde en tête l’idée qu’il pourrait lui faire du mal, leur faire du mal. Mais elle est loin d’en être persuadée. Tout ce qu’elle voit en lui, c’est un homme qui regrette ses erreurs. Un homme qui en a beaucoup sur le cœur. Un homme qui ne demande qu’une nouvelle chance à la vie. Elle ne peut pas faire autrement que la lui offrir. Elle ne sait pas s’ils sont en train de redevenir amis. Mais, lentement, il reprend cette place dans sa vie. Elle n’en a pas tout à fait conscience mais il est de plus en plus présent. Des réceptions mondaines, il a fini par se rendre dans leur maison. Et, depuis, ils ont eu quelques coups de fil. Ils ont même partagé un café, un matin. Elle est là pour lui, répond présente quand il en a besoin. Il accapare une partie de ses pensées. Il n’empêche que c’est vers un autre que son cœur est tourné. Si tout son amour est dédié à son petit-ami, elle sait qu’il a un peu de difficulté à voir Luke revenir. Elle l’a rassuré, plusieurs fois, mais Nikolaï réagit plutôt bien jusqu’à présent. S’il n’appréciera jamais son ancien rival, il se montre plus que compréhensif à son égard. Il lui a même assuré qu’il serait prêt à faire des efforts pour elle… uniquement pour elle. Il ne sait pas combien elle lui en est reconnaissante, Isabella. Ni combien elle l’aime, pour cela. Pour cela et pour des milliers d’autres raisons. Et c’est toujours vers lui, en fin de compte, que se tournent ses pensées. Elle en sort brusquement lorsqu’elle entend cette voix qu’elle connaît si bien briser le doux silence de la chambre. – Pardon, tu as dit quelque chose ? demande-t-elle en tournant la tête vers lui, à l’embrasure de la porte. Elle ne sait depuis combien de temps il est là, ni depuis combien de temps elle enduit sa peau de la crème parfumée. Ses prunelles retrouvent ses yeux d’azur alors qu’elle lui adresse ce doux sourire, empreint de malice et d’idées déjà moins sages. – Je me demande ce que tu attends pour venir auprès de moi. elle lui demande, son regard déjà noyé dans le sien, alors qu’il est encore bien loin. Trop loin.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

Elle mesure chaque jour la chance qu’elle a de l’avoir. Nikolaï, dans sa vie, il sonne comme cette lueur d’espoir. Ce bonheur à portée de main, le seul homme dont elle n’a jamais eu besoin. Elle est heureuse auprès de lui, indéniablement, plus qu’elle ne l’a jamais été auprès de tous les autres. Mais elle se laisse pourtant faire devant les tentatives de rapprochement de celui qui l’a déjà une fois prise au piège. Elle se laisse approcher par Luke quand elle devrait tout faire pour le fuir. Lui échapper, ce serait tellement compréhensif, après tout ce qu’il lui a fait. Mais elle n’y arrive pas, Isabella. Elle n’y pense même pas. Ce ne sont pas ses sentiments qui la rendent aussi vulnérable face à lui. C’est la culpabilité, les remords, et toutes ces choses qu’elle n’arrive pas à se pardonner. C’est cette emprise dont elle n’a pas totalement su se délivrer. Comme si c’était normal, de laisser faire un homme qui lui fait du mal. Comme si c’était normal, de le garder dans son entourage. Cela l’est peut-être, pour elle, plus que pour la plupart des gens. Car elle est de ceux qui ont pris l’habitude de supporter leurs tourments. Cette noirceur en elle, cette souffrance qui est devenue si naturelle, elle ne saurait s’en défaire. Elle ne saurait faire sans elle. C’en est même dangereux, de se dire qu’elle a peut-être bien besoin de cette ombre qui plane au-dessus d’elle. Comme elle a si longtemps supporté celle de son propre père. Elle subit aujourd’hui, celle de son ex-mari. Victime consentante d’un mal qu’elle a accepté, mais qu’elle impose aussi à l’être aimé. Celui qui est toujours présent, à ses côtés. Celui qui ferait n’importe quoi, pour elle, même accepter l’inacceptable. Elle l’oblige, sans se rendre compte, à prendre sur lui pour la laisser poursuivre sa vie comme elle l’entend. Elle l’oblige, inconsciemment, à taire sa propre conscience pour écouter les besoins de la femme qu’il aime éperdument.

Et tu lui fais mal, sûrement,
Et tu vous fais mal, probablement.

Elle ne mesure pas la situation avec clairvoyance. Pourtant toujours dotée d’une certaine capacité d’analyse, elle se fourvoie en acceptant de donner cette seconde chance. Elle est, comme, hypnotisée. Envoûtée. Ou, juste, à la merci de celui qui l’a longtemps rendue prisonnière de lui. Elle met à mal son couple, mais aussi Nikolaï. Ses convictions, ses peurs, ses états d’âme. Elle le néglige, lui qu’elle aime, au profit de celui pour qui elle n’éprouve plus de sentiment. Mais elle ne se rend pas compte, Isabella. Elle ne se rend pas compte parce que, malgré tout ce qu’il peut ressentir, il est étonnamment compréhensif. Silencieux, il tait ses propres inquiétudes, pour son bien-être à elle. Pour ses sentiments à elle. Il garde sa jalousie pour lui, ses préoccupations pour lui. Il la laisse gérer la situation, tout bonnement. Jusqu’à ce qu’il ne tienne plus, jusqu’à ce qu’il soit au bord de l’explosion. Loin d’y songer, elle est pourtant bel et bien perdue dans ses rêveries. De l’ex-homme de sa vie, elle se retrouve à penser à celui qui la partage aujourd’hui. Celui qui est là, à quelques pas, en train de l’observer. Ce n’est que lorsque sa voix se fait entendre qu’il la sort brusquement de ses pensées. Devant sa question, elle lui adresse un tendre sourire, déjà conquise. – Je pensais à un certain homme dans ma vie... dit-elle, la voix mystérieuse, alors que c’est comme une évidence. C’est à lui, toujours, qu’elle pense. Pourtant, son esprit était envahi par d’autres songes, quelques secondes plus tôt seulement. Mais Nikolaï a le don de tout éclipser, dès lors qu’il arrive dans ses pensées. C’est plus vrai encore quand il est juste à ses côtés. Mais, encore trop loin à son goût, elle l’incite à venir jusqu’à elle sans plus attendre. C’est ce qu’il fait sans se faire prier avant de se pencher à sa hauteur pour lui voler un tendre baiser, aussitôt prolongé. Elle savoure la douceur de ses lèvres mais elle en est privée bien trop vite. Un sourire amusé se dessine sur le visage de la belle quand il fait remarquer l’odeur sucrée de sa crème. – Mais je ne suis pas comestible, tu sais... lui susurre-t-elle alors qu’il est déjà en train de lui prouver le contraire. Les paupières qui se ferment, elle profite des baisers dévorants qu’il lui offre, alors que naturellement sa tête se penche en arrière. Elle savoure chaque contact, chaque geste de tendresse. Jusqu’à se laisser basculer sur le lit pour l’inciter à venir s’allonger au-dessus d’elle. Ses mains glissent tout de suite le long du dos de son homme pour le caresser avec délicatesse avant que ses lèvres ne s’emparent à nouveau des siennes. – Tu peux m’expliquer comment tu parviens à me manquer alors que je te vois tous les jours…? demande-t-elle dans un murmure entre deux baisers. Comme si elle n’en avait jamais assez.

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C’est incroyable la place qu’il a pris. Dans son cœur, dans sa vie. Dans chaque parcelle de son existence, il est là, quelque part. Il ne la quitte pas. S’il n’est pas à ses côtés, il vient submerger ses pensées. Elle est heureuse auprès de lui, plus heureuse qu’elle ne l’a été avec n’importe qui. C’est ce qui rend son attitude vis-à-vis de son ex-mari aussi incompréhensible. Ce n’est pas seulement son cœur qui l’incite à le laisser revenir auprès d’elle alors qu’il avait jusqu’à présent disparu. Bien sûr, en partie, ce sont ses sentiments qui la poussent à lui donner cette place qu’il n’a plus. Un reste de tendresse, empreinte de culpabilité, à l’égard de celui qui l’a perdue. Celui qu’elle a abandonné, au profit de l’homme qu’elle lui a préféré. C’est aux côtés de Nikolaï qu’elle se trouve désormais. C’est lui qui partage chaque instant de sa vie. C’est ce qui compte pour la jeune femme, la seule chose qui importe, c’est bien de savoir avec lequel elle a envie de passer sa vie. Mais elle n’a pas conscience de jouer à un jeu dangereux. Elle ne réalise pas que, il n’y a pas si longtemps, c’est Luke qui partageait sa vie. Et pourtant, c’est de Nikolaï qu’elle est tombée amoureuse. Son cœur vacille, entre le passé et le présent, sans même qu’elle ne s’en rende compte. Les pensées focalisées vers son petit-ami, alors qu’il y a encore quelques minutes, elles étaient tournées vers son ex-mari. En vérité, elle s’inquiète pour lui. Ils ne se sont pas parlé aujourd’hui. Juste quelques messages, la veille, dans lesquels il n’avait pas l’air dans son assiette. Isabella, elle a tendance à répondre présente chaque fois que l’on demande son soutien. Chaque fois que l’on en a besoin. C’est dans sa nature, c’est ce qu’elle est. C’est ce qui la définit.

Mais peut-être ne devrais-tu pas le faire avec lui,
pas avec celui qui ne devrait plus être dans ta vie,
pas avec ton ex-mari.

Elle ne réalise pas combien cette relation est nocive. Ne se souvient plus, on dirait, combien elle était toxique. C’est comme si, peu importe ce qu’elle peut faire, ce qu’elle peut dire. Peu importe tout le bonheur qu’elle peut vivre. Il y aura toujours cette partie d’elle attirée par les ténèbres. Sa propre noirceur, qui la pousse à s’y complaire. Comme si elle était faite pour se faire du mal, comme si la souffrance lui était finalement bien plus familière… que tout ce qu’elle vit avec Nikolaï. Mais c’est lui dont elle a besoin. Lui dont elle ne peut se passer. Lui, sa source de lumière. Il suffit de voir le sourire qu’elle a, chaque fois qu’il est près d’elle. À peine remarque-t-elle sa présence qu’il éclipse déjà tout le reste. Elle l’incite à s’approcher, comme s’il était beaucoup trop loin pour son cœur dépendant. En quelques secondes, il fait naître ce bien-être en elle au rythme de ses baisers ardents. Elle ne répond pas à sa question, trop occupée à profiter de toutes ses attentions. Ses lèvres contre son cou, ses dents qui viennent la mordiller, comme s’il voulait dévorer. C’en est déjà assez pour la troubler. La captiver. La faire succomber. N’y tenant plus, la Latina l’attire avec elle sur le lit pour mieux profiter de lui. Nouveau baiser qu’ils partagent, passionnément, langoureusement. Quand il recule ses lèvres, c’est pour plonger ses prunelles dans les siennes. Et lui expliquer, qu’elle est juste accro à lui. Elle le contemple, amusée, alors qu’il entreprend de se déshabiller. Elle ne manque pas une seconde la vision attrayante qui lui est donnée, le regard empreint de cette lueur charmée. Mais, quand il demande qui peut résister à ce corps de rêve, il déclenche un rire spontané de sa belle. Un rire heureux, amoureux. Elle le dévore un peu plus des yeux. – Effectivement, je ne vois pas qui le pourrait… C’est d’une évidence. confirme-t-elle, à demi-malicieuse, et pourtant bien sérieuse. Elle, elle est incapable de lui résister. Il suffit de voir la manière dont elle vient prolonger son baiser. L’envie déjà bien ancrée, elle laisse ses mains venir caresser sa peau si douce. – Je pense que je devrais arrêter les bijoux, ou toi la police… On devrait travailler ensemble. Pour être tout le temps ensemble. Paroles candides d’une femme amoureuse, elle glisse sa main contre la joue de l’élu de son cœur pour le caresser avec tendresse. Elle capture délicatement ses lèvres dans un autre baiser, cette fois elle en profite pour les faire basculer. Il se retrouve au-dessous d’elle alors qu’elle lui adresse un sourire qui en dit long sur ses intentions. Elle commence à parsemer son torse de ses tendres baisers, de plus en plus brûlants, de plus en plus enivrants. Elle descend lentement jusqu’à arriver en bas de son ventre. C’est à ce moment que la sonnerie de son portable se fait entendre. Encore penchée sur lui, elle se redresse sans aucune envie, pour lire l’identité de celui qui l’appelle… Luke.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

Elle ne sait pas ce qu’elle fait. Elle paraît, le savoir. Comme elle paraît, avoir la tête sur les épaules. Mais elle a l’esprit beaucoup plus confus, submergé pas seulement par Luke. Mais, surtout, par tous les démons de son passé, toutes les plaies qui n’ont pas cicatrisé. Ses actes d’aujourd’hui sont le reflet de la souffrance qu’elle a toujours ressentie. Celle dont elle ne s’est jamais totalement délivrée, celle qui a gardé un bout de son âme prisonnière. Elle ne maîtrise pas ses propres émotions, ses propres réactions. C’est comme si quelque chose prenait le contrôle sur elle. Comme si elle n’était pas tout à fait elle-même. C’est plus fort qu’elle, cette proximité avec son ex-mari. Il a comme gardé cette emprise. Cette mauvaise emprise. Celle qu’il avait quand il la forçait à rester avec lui, celle qu’il avait quand elle était prise au piège. Celle que son propre père avait, quand elle subissait ses sévices sans jamais les raconter. La douleur comme moteur, elle l’a rendue plus sombre qu’elle n’en a l’air. Plus sombre que tout ce qu’elle paraît être. Nikolaï, il a conscience de cette partie plus obscure de son âme. Mais il l’a décelée par intermittences, n’en a pas vu les conséquences. Il ne peut pas deviner tout ce que cela implique, ni comprendre tout ce qu’elle peut vivre. Isabella, elle-même, ne le réalise pas. Parce qu’elle a toujours gardé ses plus sombres secrets pour elle, parce qu’elle n’a jamais confiés ses blessures pour qu’elles puissent être soignées. Elle n’a jamais cherché à comprendre l’impact de cette souffrance sur elle. Sur sa vie, sur ses décisions, sur ses réactions. Elle a seulement tenté de vivre avec, comme elle le fait depuis qu’elle est enfant, comme elle a appris trop jeune à le faire. Mais peut-être pas si bien, tout compte fait. Parce qu’elle s’enlise dans cette relation destructrice sans mesurer le danger qu’elle frôle chaque fois qu’elle laisse Luke s’immiscer un peu plus dans sa vie. Sans mesurer que, à force, c’est son amour qu’à chaque instant elle risque. Elle pourrait simplement savourer ce bonheur avec Nikolaï, laisser éclater toute sa joie. Elle pourrait, pour la première fois de sa vie, laisser cette lumière l’éclairer. Mais c’est comme si elle n’en était pas tout à fait capable. Comme si elle avait besoin de se faire mal. Comme si, finalement, elle ne connaissait que cela. Elle maîtrise mieux la souffrance que le bonheur. Elle sait supporter son mal-être, elle sait vivre avec cette douleur. C’est beaucoup plus difficile de se laisser atteindre par cette lueur d’espoir. Beaucoup plus difficile de se laisser aller à y croire.

Comme si t’étais conditionnée pour souffrir,
Comme si tu ne pouvais jamais en guérir.

Elle ne le réalise pas, tout ça. Elle se laisse aller dans les méandres de cette vie qui l’a trop souvent tourmentée. Elle ne se laisse pas couler, certainement pas. C’est pire encore, ce qu’elle fait. Elle détruit elle-même, lentement, inconsciemment, toutes ses chances d’être heureuse. Elle en a perdu beaucoup, des hommes, de cette façon. Mais Nikolaï, il est toujours là. Il tient le coup depuis des mois. Il fait tout pour la garder dans sa lumière, en haut, auprès de lui. Mais cela devient de plus en plus difficile avec la présence accrue de son ex-mari. Il pourrait lui ouvrir les yeux, aussi. Il pourrait lui montrer combien son attitude est insensée. Injustifiée. Seulement elle n’a pas l’air de lui laisser un quelconque choix, Isa. Elle prend ses propres décisions depuis l’âge de dix ans. À quatorze ans, elle les prenait même pour ses frères, sa sœur. Elle ne laisserait pas un homme influer sur ses choix, même pas l’élu de son cœur. Elle ne lui laisse pas l’occasion de veiller sur elle, parce que personne n’a jamais veillé sur elle. Parce qu’elle estime qu’elle n’en a pas besoin, quand elle en a en réalité peut-être bien plus besoin que la plupart des gens. Ce n’est pas de Luke, ni de n’importe qui d’autre qu’elle devrait être préservée, Isabella, mais d’elle-même. Pourtant elle pense encore avoir le contrôle de la situation. Elle pense encore maîtriser ces deux relations.

Liaisons dangereuses qui t’échappent totalement,
Comment pourrait-il en être autrement,

Quand tu te sens si bien près de l’homme que tu aimes éperdument ?

Blottie contre lui, elle savoure chacun des baisers échangés, cette douce proximité. Elle profite de sa présence comme à chaque fois. Comme si c’était la dernière fois, comme si c’était la première fois. Ses mots la font rire, mais son corps révèle effectivement bien en elle ce désir. Un sourire attendri sur les lèvres, elle lui donne raison même si ce ne sont encore que des chimères. – Je peux t’assurer que je ne m’en plaindrais pas. murmure-t-elle avant de l’embrasser encore. Elle en profite pour inverser la tendance entre leurs deux corps. La voilà sur lui, en train de parsemer chaque parcelle de sa peau de ses baisers. Elle savoure la douceur de sa peau, son odeur, tout. Elle sent même l’envie d’aller beaucoup plus loin, mais elle est interrompue en plein élan. Elle se redresse, difficilement. Cela l’est toujours, difficile, de se détacher de lui. Mais elle ne peut pas ignorer la sonnerie incessante de son téléphone, ni l’identité de celui qui l’appelle… son ex-mari. Nikolaï se redresse à son tour, laissant ses lèvres s’emparer des siennes dans une tentative pour lui faire oublier. – Je ne peux pas en être sûre si je ne décroche pas... dit-elle, l’air désolée. Mais elle ne peut pas s’en empêcher. – Je fais vite. promet-elle, toujours assise sur ses genoux, avant de se saisir de son portable et décrocher. – Allo, oui ? (…) – Non… Non, tu ne me déranges pas... Un peu, en réalité, mais elle ne va pas l’avouer.  

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crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

C’est difficile de croire en quelque chose auquel elle n’a jamais eu droit. Difficile d’envisager, véritablement, obtenir d’un seul homme tout ce qu’elle n’a jamais eu autrefois. Il aura beau lui répéter, Nikolaï, tout le bonheur qu’il peut lui offrir. Combien, tout ce qu’il souhaite, c’est la guérir. Il aura beau lui dire qu’il l’aime des milliers de fois. Tant qu’elle ne fera pas ce pas, psychologiquement, cela lui sera impossible d’y croire. Pas totalement, pas véritablement. Pas du plus profond de son âme. C’est plus naturel de se complaire dans la noirceur. C’est, comme, instinctif, quand on a pris l’habitude de la douleur. Et pourtant, elle croit en Nikolaï. Elle croit en lui plus qu’elle n’a jamais cru en n’importe qui. Il est sa lumière, comme un soleil, au milieu de ses ténèbres. Il est celui qui vient l’éclairer, de toute sa bonne humeur, de ce sourire enjôleur, et de tout cet amour qu’il lui livre en même temps que son cœur. Il est peut-être bien celui qui pourrait la sauver. La sauver de ces hommes et de leurs souffrances, la sauver d’elle-même et de ses tourments. La sauver de la vie qui n’a jamais voulu d’elle. La libérer, l’envoler, loin de ses enfers, juste du bout de ses ailes. Il n’est pas seulement l’homme qui partage sa vie, Nikolaï. Il est aussi son ange gardien. Celui qui la maintient auprès de lui, dans la lumière, quand elle pourrait si vite se laisser submerger par la noirceur qui submerge son cœur. C’est ce qu’il fait, constamment, tout le temps. Il est là, même quand il ne la comprend pas. Même quand elle fait des choix discutables, sans lui demander son avis, juste en espérant qu’il respecte ses décisions. Il est là, même quand n’importe qui se serait déjà enfui. Il ne l’abandonne pas, jamais.

Mais c’est comme si tu ne le voyais pas,
Comme si tu ne le méritais pas,

Comme si tu étais dépassée par tout cet amour.

Autant qu’elle est dépassée par la situation. Autant qu’elle se laisse submerger par ces relations. Par cette liaison interdite avec son ex-mari, quand l’amant est devenu celui qui partage sa vie. Elle essaie de séparer l’un de l’autre, les dissocier, exactement comme elle le faisait, quand la situation était inversée. Quand Nikolaï était celui qu’il valait mieux cacher, et Luke celui qui s’endormait chaque soir à ses côtés. Cercle vicieux qu’elle engendre toute seule, sans le voir, sans même le percevoir. Alors qu’elle est là, blottie contre l’homme de sa vie, à savourer chaque baiser enflammé. Ils sont plongés dans cette bulle magique, unique. Celle qu’ils ne vivent qu’à deux, celle qui laisse tout le reste loin d’eux. Heureuse, autant qu’elle est amoureuse, elle lui sourit avec la tendresse de celle qui est déjà charmée. Envoûtée par l’instant, elle se laisse transporter. Un peu plus, dans cet amour, qui mûrit davantage chaque jour. – Hum… j’ai une vague idée, là, qui me vient. lui répond-elle, le sourire mutin. Les opales encore plus assombries, elle le contemple alors qu’il lui confie ses propres pensées, bien plus sages que celles de la Latina. – Je dirais même que tu es plus que pas mal. ajoute-t-elle avant de lui voler un nouveau baiser. Travailler auprès de lui, elle pourrait sérieusement y songer, mais c’est ailleurs que ses pensées sont accaparées. Leurs corps déjà basculés, elle se retrouve au-dessus de lui, pour mieux en profiter. Ses lèvres quittent les siennes pour glisser le long de ce corps qui la rend dingue, ce corps dont elle connaît chaque parcelle. Elle est déjà loin, très loin, du monde réel. Mais c’est sans compter sur cet appel. C’est très difficile de résister, ne pas succomber à cette envie de le dévorer. Ce désir qui l’enivre et ne demande qu’à la consumer. Mais elle tient bon, Isabella, la raison toujours là. Elle se redresse pour récupérer son téléphone malgré les protestations de son homme. Elle s’excuse, cet air navré sur le visage, mais décroche déjà pour celui qui est son ex. Il n’avait pas l’air d’aller bien, Luke, lors de ses derniers messages. Une impression vite confirmée si elle se fie à sa voix. Elle essaie de se focaliser dessus, et pourtant. Pourtant ce n’est pas facile avec Nikolaï et ses baisers ardents. Ses doigts enivrants. Ils glissent le long de son dos alors que ses lèvres prennent d’assaut le cou de la belle. D’instinct, elle ferme les paupières. Sous l’effet hypnotisant de ses caresses, autant que de ses baisers, elle a du mal à se concentrer. Elle essaie de ne pas l’écouter, mais lui ne semble pas davantage prêt à patienter. Reculant son buste pour croiser son regard, elle essaie de lui faire savoir… Il vaut mieux qu’il arrête. Et Luke, qui lui avoue qu’il n’est pas du tout dans son assiette. – Oh… je suis désolée de l’entendre, mais je… je suis persuadée que c’est simplement une mauvaise passe. (…) – Mais parce que tu es quelqu’un de fort et... Elle laisse échapper un soupir de plaisir sans pouvoir le retenir. Bon sang, elle se sent horrible. Mais il est trop déstabilisant, trop… entreprenant, pour qu’il en soit autrement. – Non, Luke, je… Elle se redresse finalement, quitte sa place au-dessus de Nikolaï, pour mieux se concentrer. Elle se retrouve debout, près du lit, légèrement détournée de son petit-ami. – Et si je t’invitais à boire un café… Demain, qu’en dis-tu ? demande-t-elle, en dernier recours. Le contrôle retrouvé, maintenant qu’elle est loin de son amour.